«Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?
J'ai vu des mecs forts, puissants, qui se blessaient au moindre truc. Et j'ai vu des gars au morphotype bien plus modeste qui étaient des garçons très durs au mal. Ce qui m'intéressait avant tout, c'était le tempérament. Je pourrais citer Philippe Carbonneau ou d'autres, mais je ne peux pas. Parce que le rugby est un sport collectif et que le plus fort d'un groupe sera toujours moins fort que le groupe.
Alors, quel est le groupe le plus fort avec lequel vous avez joué ?
Je retiens le collectif avec lequel j'ai voyagé, sous l'ère Berbizier, entre 1993 et 1995. Les types de cette équipe-là allaient au charbon ensemble, ne faisaient qu'un. Presque naturellement. C'était l'époque d'Armary, de Califano, Gonzalez, Roumat, Benetton, Cécillon, Cabannes, Ntamack... Que de la qualité avec des personnalités différentes. C'était magique ! Même si on avait le nez dans un regroupement, on savait ce qui se passait sur le terrain avec ces mecs-là.
Quel est le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Celui qui sort du lot, c'est Jonah Lomu. Avec son gabarit de troisième-ligne et sa vitesse d'ailier, il a détoné. Il a explosé tout le monde et a défrayé la chronique. Un peu partout, on a essayé de reproduire ce modèle-là. En défense, Lomu était comme tout le monde, mais en attaque... Et puis, comme tous les Néo-Zélandais, c'était quelqu'un de simple et d'humble. J'ai failli jouer là-bas d'ailleurs. La province de Canterbury m'avait contacté en 1997, mais j'étais blessé. Si ça n'avait pas été le cas, j'aurais tenté l'aventure.
Quel est le joueur le plus méchant que vous avez croisé ?
Être méchant, ça ne sert à rien, il faut être déterminé. Être méchant sur le terrain, c'est se mettre un voile devant les yeux. C'est manquer d'efficacité, flirter avec la connerie. Cela dit, ça veut dire quoi, méchant ? Être agressif, faire mal, vouloir prendre l'ascendant sur son adversaire, ce n'est pas être méchant. Moi, j'avais conscience que, quand des gars comme vous écrivaient, à la veille d'un de mes matches, que le méchant Merle serait titulaire, ça pouvait avoir un impact psychologique sur l'adversaire. Le boulot était à moitié fait (rires). Après, mettre des coups gratuits, ce n'est pas dans l'esprit du jeu. Je ne suis jamais entré sur un terrain en me disant que j'allais oublier mes collègues, les règles et m'occuper de tel ou tel gars d'en face jusqu'à ce qu'il sorte. Après, il y a des circonstances qui font que. Quand Guy Accoceberry se fait marcher sur la gueule par trois Néo-Zélandais (en 1994), là, tu ne t'occupes plus du jeu, tu vas à son secours.
Votre plus grande déception ?
La demi-finale de Coupe du monde perdue contre l'Afrique du Sud (15-19, le 17 juin 1995, à Durban). Les quinze, vingt dernières minutes, on avait campé à cinq mètres de leur ligne. Que des mêlées ! Le coup d'envoi de cette rencontre avait été reporté à trois reprises en raison de la flotte qui tombait sur cette ville où il pleut tous les trente-six du mois. Il fallait avoir le caractère mieux fait que la figure pour rester concentré. Cette demie, c'était du water-polo. On avait de l'eau au moins jusqu'aux chevilles.
La 3e mi-temps la plus marquante ?
Celle avec Grenoble le jour où on se fait voler (essai accordé à tort à Gary Whetton à la 62e minute) le Bouclier contre Castres, en 1993. Elle avait vraiment été chargée en émotions. On a ressenti de la colère, de la tristesse, de la trahison à l'issue de cette finale. Avec la vidéo, on aurait été champions de France. Lorsqu'on est rentrés en Isère, on a été fêté par nos supporters comme si on l'avait emporté. Ça nous a fait chaud au coeur.»
Parallèlement, s'il lui arrive de faire des opérations de communication avec des sociétés d'événementiel, Olivier Merle continue également de s'intéresser au vin, en étant partenaire, depuis près de quatorze ans, d'une cave auvergnate qui propose des cuvées au nom de l'ex-deuxième-ligne international (150 kg au lieu de 138 à l'époque où il jouait). Sollicité en 2005-2006 pour conseiller Cournon-d'Auvergne, un club de Fédérale 3 de la région clermontoise (où il vit), il s'est ensuite proposé à l'ASM auprès des éducateurs pour «faire du réglage fin». Sans résultat. Ce qui ne l'empêche pas de fréquenter aujourd'hui les tribunes du stade Marcel-Michelin avec régularité.
Clubs respectifs : Clermont (1989-1991), Vichy (1991-1992), Grenoble (1992-1994), Clermont (1994-2000), Narbonne (2000-2002), Aurillac (2002-2003).
45 sélections.
1993 : il atteint avec le FCG la finale du Championnat de France marquée par une erreur d'arbitrage qui donna le titre à Castres.
Palmarès : Grand Chelem en 1997 avec les Bleus.