Formés au CAB lorsqu’ils étaient plus jeunes, Kévin Viallard et Tani Vili ont ensuite pris la direction du voisin clermontois où ils ont désormais pleinement leurs chances. Alors forcément, ce dimanche, le derby aura une saveur particulière pour eux. On rembobine le film de leur histoire à Brive.
« Bonjour monsieur. Excusez-moi, on cherche Tani Vili, vous le connaissez? »
La scène se déroule le dimanche 22 mai… 2016 à Sainte-Livrade-sur-Lot. Ce jour-là, les Cadets du CAB affrontent leurs homologues de Colomiers pour une place en finale du championnat de France et de la buvette jusque dans les tribunes avant le match, on ne parle que d’un joueur : Tani Vili, trois-quarts centre et capitaine briviste.
Plusieurs parents des joueurs columérins ont évidemment effectué le déplacement pour l’occasion et tous veulent voir de près le Corrézien, monstre de puissance à seulement 16 ans. « Il paraît qu’il est vraiment impressionnant. Mon frère doit défendre face à lui… », nous confie alors le grand frère d’un 3e ligne de Colomiers, un poil inquiet.
D’inquiétude, il en est aussi question ce 22 mai 2016 pour Michel Reynier. Le co-entraîneur briviste avec Sylvain Vigier, n’est jamais du genre serein avant les rencontres.
« Dans ce cas de figure, Kévin (Viallard) et Tani venaient me voir pour me rassurer. Ils me disaient : “Michel, t’inquiète, ça va le faire, on va gagner”. » Mais, sans doute pour l’une des premières fois, les deux tauliers de l’équipe de l’époque se trompent car Brive manque la finale pour un tout petit point.
Depuis cette folle aventure, l’éducateur corrézien suit évidemment avec la plus grande attention l’évolution de ses poulains qui ont débuté ensemble pour la première fois un match de coupe d’Europe avec… l’ASM, face à l’Ulster après être partis respectivement en 2018 et 2017.
« Franchement, devant ma télévision, j’ai eu des frissons. Surtout que j’ai aussi eu Damian Penaud chez les jeunes à Brive. De les voir tous les trois en coupe d’Europe, c’était fort. Mais je ne suis absolument pas surpris par leur carrière. Même si tout peut aller très vite quand on est jeune, ils avaient tout pour y arriver », renchérit Michel Reynier.
« Kévin, c’était le patron de l’équipe derrière la mêlée, il avait les clés du camion. Il sentait et comprenait le jeu », poursuit l’entraîneur qui en avait aussi fait son buteur attitré.
S’il y en a un autre qui peut témoigner de l’impact sur le jeu de Kévin Viallard, c’est Marius Marty, actuel arrière des Espoirs du CAB qui évoluait, à l’époque, à l’ouverture. Et qui est évidemment resté très lié avec l’actuel numéro 9 de l’ASM.
« Avec Kévin, Tani et Thibault (Olender, qui jouait 2e centre), on est meilleurs amis depuis des années. Dès qu’on a un moment de libre, on le passe ensemble. Avec Kévin, sur un terrain, je crois qu’on ne s’est jamais pris la tête. On n’avait pas besoin de parler pour se comprendre », confie Marius Marty qui avait aussi joué à Malemort, chez les plus jeunes, avec Tani Vili.
« Tani, il a longtemps évolué numéro 8. C’était un monstre physique. Il faisait peur à tout le monde. On ne l’appelait pas Pumba pour rien, hein », se marre l’arrière des Espoirs.
C’est Michel Reynier, en Cadets, qui l’a repositionné au centre du terrain. « Il pouvait traverser le terrain s’il l’avait décidé. Mais à l’époque, il pouvait aussi disparaître pendant 20 minutes. Tu ne le voyais plus et d’un coup, il avançait de 50 mètres avec le ballon. Il manquait un peu de foncier et de régularité. Il a travaillé fort physiquement depuis », glisse, amusé, l’éducateur.
Benjamin Pommier (LM 22/12/2021)