Montferrand 27 Narbonne 21
Course-poursuite.
A Montferrand (Stade Marcel Michelin) le dimanche 31 janvier 1999 a 15h05.
AS Montferrand bat RC Narbonne-Méditerranée 27à 21 (12-14)
Points pour Montferrand: 8P (13é,18é,30é,40é,42é,48é,71é,74é) de Merceron, 1D e Nadau (78é)
Points pour Narbonne: 2E (Arlettaz, 33é), Racine (58é); 1T (33é), 1D(20é) et 2P (7é,26é) de Valls.
Arbitre: M. Gillet (Périgord Agenais) assisté de MM. Jutge et Florens (Midi-Pyrénées).
Carton jaune: Azam (63é)
Temps glacial, vent fort en faveur de Narbonne puis de Montferrand
Spectateurs: 10000
Montferrand: Toulouze (Nadau, 70é); Morante (Marlu, 70é), Bory D; Ribeyrolles (cap); (o) Merceron, (m) Castaignède; Lhermet, Lecomte, Costes; Sarraute (Guntert, 72é), Barrier; Heyer, Azam (Laurent-Varange, 72é), Menieu
Narbonne: Serre; Calvel, Arlettaz, Stoica, Schizano; (o) Valls, (m) Buada; Raynaud, Hill, Giovanelli; Plataret, Bourguignon (cap); Tzabadzé, Racine, Poux
C'est le genre de rencontre qu'attendaient les Montferrandais. De l 'indécision, une course-poursuite qu'ils ont su mener jusqu'a la ligne d'arrivée. Cette attitude est vraiment nouvelle dans les rangs auvergnats. En effet, a l'heure de jeu quand les Narbonnais réussissaient leur deuxième essai de l' après midi par l' intermédiaire de Racine, on pouvait croire qu'ils allaient lâcher prise. D'autant plus que les Audois dominaient aisément l'ASM en touche et dans le jeu de mouvement. En revanche, ils furent moins à l'aise en mêlée et concédèrent trop de pénalités que le pied efficace de Gérald Merceron se fit un plaisir de convertir. Véritablement l'homme du match. Ainsi suspendu à une bonne pointure, les Auvergnats sont allés jusqu'au bout de leurs convictions. L.'ASM forçant la décision d' une rencontre ou toutes les fautes ont été payées cash. Prélude d'un Top 16 qui arrive enfin. Et malgré le froid, les deux formations sont rentrées avec appétit dans cette demi-finale. Développant de nombreux temps de jeu pour déstabiliser la défense adverse. Des défenses d'ailleurs toujours à la limite du hors-jeu. Ce
qui nécessita la vigilance de Monsieur Gillet n'hésitant pas à sanctionner de part et d' autres dans ce domaine.
   Par ailleurs, l'ASM avec l'absence d'Olivier Merle en premier sauteur, connaissait de réel problème dans l'alignement. Du
coup, c'est sur la mêlée que les Auvergnats se rattrapèrent pour faire souffrir les Audois. Dans le reste du jeu, les nombreuses
fautes de mains anihilèrent les actions offensives. Jusqu'a la 33é minute, ou, sur une grosse toile défensive de l'ASM Stoica 
servit de leurre, Arlettaz en profita pour se faire la malle et atterrir dans l'en-but auvergnat. Les Asémistes ayant heureusement le loisir de faire leur retard sur une échappée de Merceron donnant une pénalité aux Auvergnats.
   Et Merceron. dans son jardin. vint encore ajouter six points supplémentaires. Le vent dans le dos, il ne restait aux Auvergnats qu'a occuper le camp adverse. Mais un deuxième essai audois vint doucher leurs ardeurs. Néanmoins, sans capituler les Auvergnats, soutenus par un public inconditionnel, réussirent à renverser le cours du jeu pour s'imposer. Faisant oublier que la dernière défaite concédée sur leur terrain fétiche en avril 1997, L'avait été face à ces mêmes Narbonnais quatre ans auparavant !
   Les meilleurs: à Montterrand, Merceron, la première ligne, Costes, Lhermet, Bory et Morante méritent la citation. A Nar-
bonne, Hill. Raynaud, Racine, Stoica et Buada se sont battus.
Frédéric DAUPRAT (Midi Olympique)
Sous le Bouclier arverne...
Cinq ans après sa dernière finale de championnat en 1994, l'ASM retrouve les chemins de la finale ! D'après les Auvergnats ce sont les changements intervenus cette saison qui expliquent en grande partie ce succès. Explications des dessous de la révolution tranquille arverne.
L'AS Montferrand atteint donc la finale du Bouclier Européen en ayant écarté, avec difficulté, les Narbonnais.
Cinq longues années après avoir disputé la finale du championnat de France contre Toulouse (mai 1994), les Asémistes retrouvent le goût unique de disputer un titre. Même si Jean-Marc Lhermet évoque à ce sujet un coupe d'Europe "chocolat"...
N'empêche, au bout du chemin, il y aura peut-être une place dans la prochaine grande Coupe d'Europe. Qui sait ?
Mais là n'est pas notre propos.
En remportant cette demi-finale, les Auvergnats ont mis fin à quatre années d'échecs au niveau des phases finale. Face à Narbonne, en jouant à domicile, les joueurs n'ont pas laissé passer l'occasion. Alors que tant de fois, auparavant, ils craquèrent dans ce genre de rencontres guillotines. Qu'est ce qui a ainsi changé pour ce club, les joueurs et l'encadrement prennent enfin conscience de la possibilité de devenir un des meilleurs clubs de France ?
En faisant le tour du vestiaire asémiste, dans une ambiance vraiment raisonnable, ou les hommes affichaient simplement la satisfaction du devoir accompli, les mots comme: discipline, rigueur, travail, groupe, concurrence, état d'esprit, ouverture, professionnalisme... sont constamment remontés à la surface.
Ils auraient pu ajouter humilité et surtout indifférence. Car c'est au fur et à mesure que le Bouclier avançait que les Auvergnats se sont pris au jeu. Cette Coupe d'Europe ne représentait pas du tout l'objectif de la maison asémiste en début de saison ! Peut-être dirigeants et joueurs ne voulait-ils pas se disperser. Pierre Laparra ou Christophe Mombet, jamais l'entourage auvergnat n'a mis une pression particulière sur les joueurs. Lessentiel du message reposant sur l'application à franchir l'obstacle que représentait ce match de haut niveau.
Cinq titulaires blessés !
Car avec seulement deux rencontres dignes de ce nom en championnat à domicile (USAP et Bègles) et une en Bouclier Européen (Bourgoin) les supporters montferrandais n'ont pas assisté à de grandes affiches au stade Michelin. Les joueurs encore moins. Trois chocs en six mois, c'est peu ...
Sans oublier la cascade de blessures qui est venue perturber la préparation de l'ASM. La dernière en date, celle d'Olivier Merle, intervenue lors du dernier entraînement, vendredi soir. Mais auparavant il y avait au Ladouce, Gabin, Marsh et Nicol. Cinq titulaires en puissance manquant à l'appel. En d'autres temps, l'ASM aurait gambergé pour moins que cela. Plus aujourd'hui. Pourquoi ?
   La première réponse vient d'Arnaud Costes, véritablement transformé lui aussi "C'est une somme de petites choses. Comme cette mêlée qui donnait de la gîte et qu'on a su rééquilibrer."
Eric Nicol, spectateur de la rencontre, enchaînait: "Nous avons conscience de posséder un effectif de qualité, regardez la rentrée de Merceron nous a été vraiment profitable. Mais on a aussi planifié la discipline. Joueurs et dirigeants ont signé une charte de bonne conduite en début de saison. L'adhésion à ce projet a été totale, Même si cela fut dur au départ."
Un changement, une évolution qui n'a pas échappé à l'omniprésent Jean-Marc Lhermet: "En 1994, nous rêvions d'atteindre la finale. Y être cela suffisait à notre bonheur. Aujourd'hui, cela ne suffit plus. Nous sommes devenus ambitieux. Et puis, il y a cette prise en charge individuelle qui bénéficie au collectif. Cette professionnalisation indispensable des joueurs et des dirigeants."
Prononcer ce mot dans un club qui a toujours soutenue l'amateurisme marron prêterait presque à sourire. Cela démontre donc un profond bouleversement. D'une ouverture sur l'extérieur. Pour preuve l'apparition de nouveaux sponsors sur le maillot de l'ASM; pour preuve encore cette convention signée dans la semaine avec le crédit Agricole. Néanmoins, Jean-Marc Lhermet rectifie: "Professionnalisme veut simplement dire pour nous l'acquisition d'une attitude plus en rapport avec le sport de haut niveau. Une attitude partagée par les dirigeants et le président Jourdan qui n'ont eu de cesse de structurer le club de l'intérieur. Professionnalisme ne veut pas dire qu'on se fixe seulement une ambition financière."
Car, il faut bien l'avouer depuis quatre saisons le groupe n'a pratiquement pas subi de grands bouleversements. Si ce n'est l'arrivée de l'Anglais Allison et du Néo-Zélandais Tony Marsh (les deux seuls contrats pros du club ...) Arrivés seulement pour équilibrer un groupe déjà structuré -d'ailleurs, ils ne jouaient pas ce week-end-. Il ne faudrait pas oublier Christophe Mombet à la source du changement ...
Et victor Boffelli d'enfoncer définitivement le clou: "Cette rencontre était simplement une étape sur le chemin des objectifs que nous nous sommes fixés. Ma satisfaction, aujourd'hui, c'est d'avoir acquis une victoire avec un groupe élargi. Cela est porteur d'espoirs avant d'aborder le top 16. Mais surtout restons humbles et modestes, et continuons à travailler dans ce sens."
Devant cette petite révolution interne "Ces petits riens qui changent tout" comme l'affirme Gérald Merceron, on se demande comment ce Bouclier peut échapper aux Auvergnats au mois de février. Eux, les Arvernes, les descendants de Vercingétorix, s'abriter sous un bouclier, fut-il européen, tient de la réalité historique! Reste seulement à faire le siège de Gerland en se rappelant Alésia... Et comme le dit moins prosaîquement Olivier Toulouze: "On a battu Bourgoin en amical puis en Coupe d'Europe chez nous. On peut dire qu'on mène 2 à 0!"
Alors, jamais deux sans trois par Toutatis ?
Frédéric DAUPRAT (Midi Olympique)