MONTFERRAND-HARLEQUINS: 32-9

Montferrand s'envole

Brillants vainqueurs des Harlequins, les Montferrandais confirment leur 
changement de stratégie de développement. A l'image d'Olivier Magne, 
actuellement au sommet de sont art. (Photo Bernard Garcia)

FICHE TECHNIQUE

A CLERMONT-FERRAND (Parc des Sports Marcel Michelin, samedi à 17h) - A. S. Montferrand bat Harlequins 32-9 (13-6).

Montferrand: 4E Troncon (16e ), Magne (45e ), Marlu (56e ), Lazerges (76e ). 3T Merceron (16e , 56e ) et Nicol (76e ). 1P (36e ) et 1D (20e ) Merceron.
Harlequins: 3P Schuster (26e , 34e , 55e ).
Arbitre: Jim Fleming assisté de John Steele et Alan Forest (Ecosse). Suppléant: Alain Poux (Ile-de-France). Superviseur et commissaire à la discipline: Patrick Robin.
Spectateurs: 9500 environ.
Fort vent en faveur des Harlequins puis de Montferrand.
Cartons jaunes à Brooke (Harlequins, 4e ) et Lecomte (Montferrand, 60e ).
Absents: Costes, Marsh et Ribeyrolles à Montferrand; Barnes, Daniel, Greenstock, Nepia, Richards, Ridgway, Williams aux Harlequins.
Remplacements: Pedrosa par Azam (14e ), Lecomte par Gabin (23 à 24 puis 63e ), Barrier par Merle et Heyer par Burnell (53e ), Merceron par Nicol et Marlu par Viars (68e ), Troncon par Lazerges (73e ) à Montferrand. Llewellyn par White-Cooper (mt), Murphy par Mitchell (58e ), Leach par Sheasby et Officer par Carling (63e ), Graham par Mathieson et Harries par Wright (71e ) aux Harlequins.


Si les Montferrandais éprouvèrent quelques difficultés à développer leur jeu, au cours de la première mi-temps, à cause de ballons perdus en touche et de fautes les empêchant de poursuivre le mouvement, ils marquèrent cependant un essai de toute beauté en disant long sur leur volonté offensive.

C'est au cours de la deuxième période qu'ils allaient enfin trouver la bonne carburation, multipliant les relances et les temps de jeu pour étouffer les Harlequins grâce à une belle variété d'initiatives.
Mais on ne saurait également passer sous silence leur superbe organisation et détermination défensives qui leur permirent de repousser sans coup férir les initiatives anglaises. Le tout au cours d'un match d'excellente facture.

Les meilleurs.- Troncon, Magne, Bory, Sadourny, Audebert, Merceron, Thion, Ngauamo, Heyer, Nadau, Azam à Montferrand. Llewellyn, Schuster aux Harlequins.
J.-R. D.


L'ASM joue l'ouverture

Une ASM au nouveau visage est en train de se faire jour. Ouverte au dialogue et au monde.

Les vieux clichés abondamment véhiculés sur l'AS Montferrand pourraient bien être désormais à ranger sur les rayons poussiéreux du musée des nostalgies aujourd'hui dépassées. Certes, le stade Michelin dresse toujours ses installations en plein coeur de « l'empire », dans ce quartier de Montferrand où bat le pouls de tout un monde, d'une ville.
Mais il a maintenant accédé au standing de Parc des Sports Marcel- Michelin. Il s'est transformé en un complexe où la modernité et la fonctionnalité se sont substituées à la tendresse que l'on garde pour les cadres désuets qui ont accompagné bien des souvenirs que l'époque a laissés sur le bord du chemin.

Un viatique pour le rêve

Mais sans rien y perdre de son âme, bien au contraire. Nous aurions en effet tendance à dire que cette enceinte, ainsi rénovée, semble avoir inspiré un nouvel élan, suscité de nouveaux coups de coeur. Du complexe un peu vieillot qui semblait défier le temps, nous sommes passés à des installations résolument ouvertes sur leur époque et proposant aux générations à venir un sacré viatique pour le rêve.

Certes, le seul cadre, aussi beau qu'il soit, ne suffirait pas à nous propulser sur les routes des bonheurs à venir. On connaît trop de splendides vaisseaux de bétons uniquement promis aux lendemains qui déchantent. Et c'est justement là que s'inscrit la magie de ce stade: dans cet esprit qui désormais l'habite, ouvert aux vents de l'aventure. Ne dater ces nouvelles ambitions de jeu que de ces jours menant aux portes de l'an 2000 serait à coup sûr faire injure à l'ASM et aux efforts de quelques générations passées.

Mais il faut néanmoins constater que cette saison déploie sur le terrain un autre discours de la méthode ou du moins une autre illustration de ce discours que l'on savait déjà présent l'an passé.

Montferrand joue l'ouverture. Vers un rugby bien mieux léché, vers de nouveaux rivages élargissant son horizon. Et c'est tant mieux. Victor Boffelli l'assure lorsqu'il explique: « C'est un nouveau courant qui passe entre tous les joueurs, les anciens et ceux qui arrivent. Nous avons demandé à un gars comme Paul Burnell de s'exprimer sans contrainte lorsqu'il remarque quelque chose qui ne fonctionne pas ou qui pourrait être amélioré. De même pour les Néo- Zélandais, pour Olivier Magne ou pour Alessandro Troncon. Ou pour n'importe lequel des joueurs.

» Nous avons par exemple demandé à Tony Marsh ce qu'il pensait des entraînements la veille des matchs. Nous nous sommes rendus compte qu'ils étaient trop longs. Nous les avons raccourcis mais densifiés. C'est plus court mais plus intense. Les Ecossais sont les maîtres dans l'art de jouer les regroupements; pourquoi, dès lors, ne pas se servir de l'expérience de Paul Burnell? Et quand un joueur parle, tous les autres l'écoutent. Il faut utiliser toutes les compétences, comme celles d'un Olivier Magne.

» Et nous apprenons ainsi sans arrêt. Lorsque l'on sait avoir cette humilité, tout ne peut que mieux fonctionner. Et pour nous, entraîneurs, c'est beaucoup plus facile dans la mesure où nous possédons des relais sur le terrain. »Jean-Pierre Laparra ne dit pas autre chose lorsqu'il affirme: « L'apport de cultures différentes, de véritables professionnels qui s'investissent pleinement aux côtés de joueurs qui sont de « vieilles poutres » du club, tout cela est en train de créer une nouvelle dynamique. » De donner un nouvel espoir à une ASM rénovée et ragaillardie à l'aube des années 2000 et qui veut se débarrasser des clichés un tantinet péjoratifs du passé. Qui s'en plaindra?

Jean-Roger DELSAUD envoyé spécial


La question de confiance

Depuis le début de la saison, Montferrand a franchi un palier dans bien des domaines. Grâce à une confiance en soi qui, progressivement, s'instaure.

Une défense appliquée à tisser sans arrêt les mailles d'un filet dans lequel les Harlequins se sont empêtrés comme de vulgaires papillons, un jeu varié à souhait sachant respirer au large comme affirmer la puissance du pack au près: les Montferrandais ont récité à merveille leur nouveau credo face à une équipe anglaise incapable de faire preuve d'autant d'imagination.

Il y avait bien eu, la saison dernière, quelques éclats déjà perceptibles de ce jeu plus endiablé, propre à faire jubiler un public auvergnat découvrant de nouveaux horizons. Mais jamais il n'était apparu aussi prégnant, aussi fermement affirmé.
Christophe Mombet se veut pourtant mesuré lorsqu'il affirme:

« Dans ces matchs de Heineken Cup, nous avons encore fait trop de fautes. Mais il n'en est pas moins vrai que notre approche s'avère plus sereine. Ce qui est sans doute dû à la présence de joueurs d'expérience qui apportent ce genre de sérénité, à la dynamique de victoires, à ces jeunes qui s'intègrent parfaitement dans ce processus. Tout le monde a trouvé ses marques. Et ce, grâce au travail de fond entrepris par les deux entraîneurs.

» Mais il faut que cette équipe dépasse encore ses quelques manques de confiance. Nous n'avons rien à envier à personne, sur le papier ou sur le terrain. Arrêtons de faire des complexes car nous pouvons désormais battre les meilleurs comme cette Heineken Cup le prouve avec ces victoires sur Cardiff et les Harlequins qui sont tout de même des équipes britanniques phares. »

Que Christophe Mombet se rassure, cette confiance semble bien en voie d'habiter cette formation montferrandaise, si l'on en juge par sa prestation de ce samedi. Il est certes toujours difficile de s'arrêter à des symboles, de sortir d'une rencontre des éléments particuliers à même de rendre compte de la globalité. Mais on peut tout de même mettre en exergue quelques faits pour illustrer cette nouvelle sérénité qui habite le jeu auvergnat. Les relances depuis l'en-but d'un Nadau ou d'un Bory, l'appétit offensif d'un Merceron ou encore le superbe culot de Xavier Sadourny.

« Le fait d'atteindre la finale, la saison dernière, nous a sans doute apporté un surcroît de confiance »,avance le centre montferrandais. Cette année, Nicolas Nadau explose littéralement et fait de tout aux adversaires à chaque match. Tous les joueurs ont envie de toucher du ballon, devant, derrière. Il ne s'agit pas d'essayer de jouer en utilisant simplement la puissance de notre pack mais de mettre en oeuvre un jeu le plus complet possible. Nous l'avions, face à Cardiff, encore mieux démontré qu'aujourd'hui. Je crois que le bilan de ce début de saison demeure très positif. »

Et Jean-Pierre Laparra ne dira pas autre chose, même s'il entend apporter quelques bémols: « Oui, la confiance est là. Les joueurs tentent, osent; nous ne les bridons en aucune façon. Ils ont entière liberté pour organiser le jeu comme ils l'entendent. Même si cela est parfois dur sur le plan de l'énergie à dépenser. Heureusement, nos qualités en matière de conservation du ballon nous permettent de renforcer cette confiance. Reste qu'il faudra tout de même revoir certains points dans l'utilisation des ballons. Nous avons parfois trop tendance à revenir vers l'intérieur, à abuser des percussions. Alors, il reste du travail à effectuer. »

Et dès lors, cette Heineken Cup constitue mieux qu'un champ d'expérimentation pour cette formation montferrandaise qui voit son appétit grandir à chaque sortie.

J.-R. D.