Le poids de Merceron
A Clermont-Ferrand (Stade Marcel-Michelin - Dimanche à 15h15)-
A. S. Montferrand bat Castres Olympique par 36 à 31-(22 à 17)
Montferrand: 2 E de Morante (30e ), Bory (51e );
1 T (51e ) et 7 P (10e , 17e , 24e ,
37e , 44e , 72e , 80e ) de Merceron;
1 D de Nicol (75e )
Castres: 3 E de Garrigues (4e ), Sarraméa (34e
), Artiguste (39e ); 2 T (4e , 39e )
de Castaignède; 3 P de Castaignède (14e , 78e
) et Sarraméa (57e ); 1 D de Castaignède 60e
).
Arbitre: M. Patrick Thomas (Drôme-Ardèche) assisté de MM.
Pruvot (Provence) et Vivès (Languedoc).
Suppléant: M. Clot (Drôme-Ardèche). Délégué
sportif: M. Zunino.
Spectateurs: 10 618 entrées payées pour 12 000 spectateurs environ.
Vent pour Montferrand puis pour Castres.
Carton blanc à Bourdet (Castres) à la 70e .
Absents: Azema, Gabin, Lecomte, Merle et Ribeyrolles à Montferrand; Bonventre,
Chinaro, Escalle et Labrousse à Castres.
MONTFERRAND: Toulouze (Nadau, 60e ); Marlu, Morante (Merceron, 63e ), Marsh, Bory (Morante, 63e ; (o) Merceron (Nicol, 63e ); (m) Castaignède; Lhermet (cap), Courteix, Costes (Bonvoisin 20e à 22e ); Sarrraute, Barrier(Guntert, 69e ); Heyer, Azam, Menieu.
CASTRES: Mola; Sarraméa, Artiguste, Bede (Aué, 73e ), Garrigues; (o) Castaignède; (m) Albouy; Lassissi, Hallinger (cap), Diaz (Gommard, 52e ); Davidson, Bourdet; Lafforgue (Reggiardo, 74e ), Batut (Vigneaux, 76e ), Toussaint.
FICHE TECHNIQUE. - Touches: 10 (6+4) pour l'ASM, dont 1 (0+1) sur lancer castrais; 9 (4+5) pour le CO, dont 2 (1+1) sur lancer montferrandais. Mêlées: 12 (3+9) pour l'ASM; 9 (6+3) pour le CO. Pénalités: 9 (6+3) pour l'ASM, dont 7 (4+3) tentées et réussies; 8 (5+3) pour le CO, dont 4 (2+2) tentées et 3 (1+2) réussies. Drops-goals: 2 (1+1) tentées par l'ASM, 1 (0+1) réussi; 3 (1+2) tentés par le CO, 1 (0+1) réussi. Plaquages: 53 (19+34) réussis par l'ASM; 89 (27+62) réussis par le CO.
Montferrand a réussi à contenir le Castres Olympique
au bout d'un match aux multiples rebondissements (36-31).
En demi finale, les Auvergnats affronteront à Lyon le FC Grenoble, qui
a encore créé la surprise en
l'emportant à Colomiers aux Sept-Deniers, 28-26.
En marquant un essai plein d'opportunisme par Garrigues, échappant à l'étreinte de son vis-à-vis dès l'entame, les Castrais ne pouvaient rêver d'un meilleur scénario. S'arc-boutant en défense pour contrer les percussions en rafale des avants montferrandais, les Tarnais étalèrent alors une belle détemination en même temps que des intentions offensives de la meilleure veine.
Face à cela, les Montferrandais en étaient réduits à faire parler leur puissance individuelle et à compter sur la botte de Merceron pour ne pas se laisser distancer par les initiatives castraises. Un essai tout personnel de Morante maintenait la pression, mais les deux superbes actions empreintes du plus pur classicisme aboutissant aux essais de Sarraméa et Artiguste allaient permettre fort justement aux Tarnais de virer en tête à la pause.
C'est après que les choses allaient se gâter pour eux avec des Auvergnats appuyant sur l'accélérateur, en début de seconde période, pour une fin de match à suspense. Montferrand poursuivait toujours dans cette stratégie toute en puissance avec des percussions dans l'axe de ses avants usant progressivement le pack castrais. En s'offrant également quelques beaux déboulés comme celui de Jimmy Marlu tout près d'aboutir après 60 mètres de course.
Un drop de Thomas Castaignède allait tout de même permettre aux Tarnais de repasser devant. Mais le carton blanc infligé à Bourdet devait peser lourd dans la balance finale. D'autant que l'impeccable Merceron continuait à réussir ses coups de pied comme à la parade. Une dernière pénalité de Castaignède en forme de baroud d'honneur ramenait les Castrais à deux petits points, mais cela ne devait pas suffire pour maîtriser l'ultime coup de collier des Montferrandais.
L'ouvreur montferrandais fut l'homme-clé de ce succès par son exceptionnel taux de réussite au pied mais également par sa conduite du jeu. Avec lui, il faut bien évidemment mettre en exergue les avants auvergnats au premier rang desquels Olivier Azam, tonitruant en ce printemps, Jean-Marc Lhermet et Arnaud Costes, véritables poumons de la défense, la deuxième ligne Christophe Sarraute-David Barrier. Mais on ne peut aussi passer sur quelques bons éclairs de Jérôme Morante et sur la puissance de Tony Marsh.
Côté castrais, José Diaz fut comme d'habitude un poison en défense avec Ismailia Lassissi. Jeremy Davidson se tailla la part du lion en touche, s'octroyant plusieurs ballons sur lancer montferrandais, alors que Bourdet s'appliqua au combat. Derrière, Thomas Castaignède fut un chef d'orchestre idéal, s'offrant quelques belles échappées, jouant judicieusement au pied et manoeuvrant à la perfection. Il fut, il est vrai, servi sur un plateau par Alexandre Albouy dont la qualité de passe et la vivacité furent précieuses.
Citons également la sûreté et les initiatives d'Ugo Mola ainsi que la détermination de Philippe Garrigues et d'Olivier Sarraméa.
J.-R. D.
LE FAIT DU MATCH
L'ASM a gagné... pendant la mi-temps!
Dans un match aussi indécis
que cet ASM-CO, le moindre détail a, bien sûr, son importance.
Mais l'aspect tactique joue
néammoins un rôle essentiel surtout en cours de match...
Quand on perd un match avec moins de trois points d'écart, les questions viennent toutes seules: quand le match a-t-il été perdu? Ou plus exactement: quand le match n'a-t-il pas été gagné? Et l'on oublie souvent toutes les occasions perdues... par l'adversaire d'aggraver le score!
Après ce quart de finale, les Castrais pouvaient, à chaud, se poser « quantitativement » deux questions:
- En toute fin de première mi-temps, Hallinger part à ras d'une mêlée à 5m de la ligne montferrandaise, est plaqué après avoir avancé, mais la mi- temps est sifflée aussitôt après le plaquage. Monsieur Thomas indiquant au capitaine castrais un contact avec l'un de ses partenaires. Placé à 15m face aux poteaux, Castaignède attendait ce même ballon pour un drop- goal dit « facile »...
- En toute fin du temps règlementaire, pénalité aux 22m face aux poteaux (Castres est mené 33-28 et joue à 14). Castaignède aurait voulu taper en touche pour jouer un « penalty » à 5 (ou 7 points) mais reçoit l'ordre de la tenter (c'est ce que nous aurions également choisi à cet instant du match). Mais comme les Castrais ont finalement perdu de 5 points, un essai transformé n'aurait pas suffi: il aurait manqué un point... donc un coup de pied!
CO: deux essais en première main
Et pourtant, ils avaient bien mené leur barque en première mi-temps, ces Castrais! Avec des conquêtes propres (à part ce mauvais lancer sur « penalty » à 1m de la ligne, 20e ), un pressing défensif très organisé et un jeu au pied efficace, le plan « anti-ASM » était bien en place. Restait à franchir la défense montferrandaise.
Ce fut fait trois fois: la première sur une impensable erreur défensive « collective » des trois-quarts de l'ASM laissant filer Garrigues dans l'axe. Les deux autres furent marqués sur des attaques en première main à partir de mêlées fermées: sautée de Castaignède, Mola intercalé, Sarraméa en débordement.
Ecoutez Francis Rui au sujet du troisième: « D'entrée, nous avons écarté deux ou trois ballons, pour habituer la défense à nous attendre à l'extérieur. Alors on a fait « rentrer » Garrigues (à l'intérieur de Castaignède, pour l'essai d'Artiguste venu à hauteur plein champ, ndlr). Comme quoi, avec du timing et un peu d'imagination, on peut encore surprendre un rideau défensif apparemment bien organisé..
ASM: Axe et conservation...
De leur côté, menés (et malmenés) 22 à 17 à la mi-temps, les Montferrandais vont profiter du retour aux vestiaires pour changer de stratégie, signe d'une équipe en pleine maturité.
Quand on lui parle de « victoire tactique », le manager Christophe Mombet ne nie pas: « En début de match, nous avons écarté plusieurs ballons, mais nous avons vite constaté que les Castrais prenaient très bien la largeur en défense, et nous opposaient un gros écran défensif. Nous avons donc décidé d'opérer par passes courtes d'abord, avant de jouer au large.
Et surtout de conserver le ballon le plus longtemps possible. Nous avons su occuper le camp adverse et marquer des points quand il fallait, même si Marlu pouvait « tuer » le match plus tôt. Il faut quand même reconnaître que Gérald Merceron nous a tenus au score tout le match ». Reconnaissance méritée pour le buteur de l'ASM qui, effectivement, a toujours tenu les siens à portée de fusil des Castrais...
« Effectivement, on peut dire que nous avons en partie gagné le match lors de la mi-temps, reconnaît Jean-Pierre Laparra (l'entraîneur des lignes arrières de l'ASM qui « fonctionnait » déjà avec Alain Gaillard). Il fallait essayer de franchir le premier rideau castrais « au coeur », dans l'axe ou au près, avec soutien intérieur pour passer dans le dos de cet extraordinaire « chasseur » qu'est José Diaz. Nous l'avons fait un peu tardivement, mais c'est là que nous gagnons la partie... »
La partie, les Montferrandais l'ont gagnée aussi grâce à ce vieux renard d'Eric Nicol, entré à un quart d'heure de la fin: un coup de pied croisé que les Castais poussent en touche, un drop-goal sur la touche qui suit, et... passez muscade: 33-28, écart évoqué au début. Un « détail » de plus...
De l'un de nos envoyés spéciaux Jacques SOUQUET.
Jean-Marc Lhermet (capitaine de Montferrand): "On s'attendait à ce que ce soit très difficile face à une belle équipe de Castres. C'était mon dernier match au stade Marcel-Michelin, mais je crois que l'aventure ne fait que commencer, ne nous laissons pas griser, l'histoire n'est pas terminée. Je me souviendrai très longtemps de ma sortie ici où j'ai vécu des moment exceptionnels."
Edouard Michelin (PDG de la société Michelin): "Le stade a vibré et moi aussi, c'est extraordinaire. C'était formidable, voir ce public et l'équipe porter en triomphe le capitaine Jean-Marc Lhermet, je crois que je ne suis pas le seul à avoir versé une larme. J'ai pris beaucoup de plaisir et maintenant nous repensons tous à 1994. Nous rêvons donc du Stade de France."
Alain Gaillard (entraîneur de Castres): "Je crois
que l'on a vu une grande partie de rugby. Ca s'est joué sur des détails,
quelques occasions que nous n'avons pas su concrétiser. Je n'ai rien
à reprocher à mes joueurs. Si certains en ont ici, je n'ai aucune
rancoeur et je souhaite aux Montferrandais, bien sûr, d'être champions
de France, ils le méritent."