L'AS Montferrand a obtenu sa place pour la première (et peut-être la dernière...) finale de la Coupe de la Ligue en s'imposant face à la Section paloise (44 à 36) à l'issue d'une rencontre d'un bon niveau, très spectaculaire. Partis sur un rythme complètement fou ( « on était totalement asphyxié et à côté de la plaque lors des dix premières minutes » avouera plus tard Jacques Brunel), les Asémistes avaient quasiment tué tout suspense après seulement huit minutes de jeu. A ce moment-là, les partenaires d'Eric Nicol (absolument remarquable, au cours de cette soirée, tout comme Bonvoisin, Ribeyrolles ou Pedrosa) qui avaient inscrit trois essais, menaient 21 à 0. Incroyable et superbe, car ces trois réalisations étaient le fruit de mouvements d'envergure.

Au coup d'envoi, tapé par David Aucagne, la balle échouait aux recevants. Ces derniers, après plusieurs temps de jeu parfaitement maîtrisés, se transportaient de leurs 22 mètres à ceux des visiteurs, contraints de se mettre à la faute. Une
pénaltouche plus tard, Jérôme Bonvoisin aplatissait derrière la ligne paloise. On jouait depuis trois minutes et les « vert et blanc » n'avaient toujours pas touché le ballon.

David Aucagne, le seul Béarnais à pouvoir dire si le ballon était bien gonflé, engageait pour la seconde fois de la soirée. Jimmy Marlu, à l'arrière de l'équipe montferrandaise, héritait du ballon. Il choisissait de le porter, et bien lui en pris puisque, dans les deux minutes qui suivaient, après que Ribeyrolles eut percé et Machacek relayé, Jérôme Morante faisait irrésistiblement l'intérieur à un Nicolas Brusque bien apathique comme, d'ailleurs, l'ensemble de la défense paloise.
Trois tours de trotteuse (8e minute) plus tard, Eric Nicol donnait encore plus d'ampleur à la déroute béarnaise en inscrivant le troisième essai de son équipe et sa troisième transformation personnelle. Une entame à couper le souffle et les jambes des Pyrénéens, mais sûrement pas leur moral puisque, à la suite de cette déferlante « jaune et bleu », ce sont eux qui se lançaient dans de folles chevauchées. Des courses de trois- quarts et des charges d'avants qui leur permettaient de marquer trois essais (Bomati 14e, Aucagne 21e, Arbo 32e) et de recoller aux basques des Auvergnats à la demi-heure de jeu (24-21).

La pause atteinte avec une avance substantielle (41-24) pour les joueurs de Tim Lane qui avaient rajoutés deux nouveaux essais (pénalisation 38e, Reidy 40e) la partie s'orientait différemment dans le second acte. Le jeu devenait plus réfléchi et
plus rigoureux. Manifestement, du côté montferrandais, on avait pris l'option de gérer le score. Appuyés sur une très bonne conquête, notamment en touche, alternant parfaitement le jeu au pied dans l'axe profond et le jeu déployé, les Asémistes gardaient en permanence leurs distances avec une équipe paloise qui avait certes retrouvé ses esprits, mais pas encore suffisamment d'automatismes pour les inquiéter.

Bernard FAURE

FICHE TECHNIQUE
A CLERMONT-FERRAND (Parc des sports de Marcel- Michelin).-Montferrand bat Pau 44-36 (38-24).
Montferrand: 5E Bonvoisin (3e), Morante (5e), Nicol (8e), pénalisation (34e), Reidy (40e); 5T, 3P (28e, 49e, 55e) Nicol.
Pau: 5E bomati (14e), Aucagne (21e, 78e), Arbo (32e, 52e); 4T (14e, 21e, 32e, 78e), 1P (38e) Aucagne.
Temps doux et ensoleillé. Vent léger en faveur de l'ASM en première mi-temps, pelouse en parfait état.
4 000 spectateurs environ.
Arbitre: M. Thomas (Drôme- Ardèche).
Carton jaune: Laperne (65e).
MONTFERRAND.- Marlu; Morante, Ribeyrolles, J. Bory, Chahid (Rougerie, mi-temps); (o) Nicol (cap); (m) Lazerges; Dongieu (Hiot, 73e), Machacek, Bonvoisin; Thion, Guntert; Burnell (Capdevielle, mi-temps), Pedrosa, Reidy.

PAU.- Brusque; Bomati, Arbo, Tabard (Carbonneau, 46e), Cambres; (o) Aucagne (cap); (m) Lannes; Tanir (Agueb, 51e), Bacqué, Combes; Chasseriau (Méla, mi-temps), Charron; Bria (Laperne, 51e), Dal Maso, Larrouy.

L'AS Montferrand disputera donc la finale de la Coupe de la Ligue dimanche prochain. Cette épreuve, négligée par beaucoup d'équipes, aura eu au moins le double intérêt, pour les techniciens asémistes, de conserver sous pression des joueurs qui sont bien plus que de simples doublures et de les confronter au rythme du haut niveau.

Les matches disputés face à Bourgoin-Jallieu, le quart de finale face à La Rochelle et la demi-finale de samedi soir remportée face à la Section paloise, mieux que de simples entraînements, ont permis de mettre en valeur des talents reconnus, mais un peu en retrait cette saison du fait de l'impressionnant effectif asémiste.

Samedi soir, les Thion, Guntert, Bonvoisin, Dongieu, Lazerges, Nicol, Bory, Ribeyrolles, Morante ou Chahid ont fait la preuve qu'ils étaient bien des joueurs de haut niveau. En choisissant de reconduire quasiment la même équipe en finale, les techniciens asémistes jouent, avec lucidité, sur deux tableaux. Ainsi, ils gardent concernés des joueurs qui peuvent rapidement devenir déterminants en cas d'absence de titulaires, en leur permettant de ne pas couper avec le rythme qu'imposent les compétitions d'élite.

Samedi soir, contre Pau, les Marie-Louise « jaune et bleu » ont disputé bien plus qu'un match au courage, à la détermination ou au grand coeur. Ils ont remporté la rencontre en pratiquant un rugby structuré et intelligent, appuyé sur de bonnes conquêtes, un engagement physique total et une utilisation du ballon qui  pourraient enchanter nombre d'entraîneurs de première division. B. F.