Cette semaine, comme depuis de nombreuses saisons et à l'exception de celui de jeudi, veille de match, tous les entraînements du groupe pro du Clermont Foot ont été ouverts au public. Une rareté, même en Ligue 2, et le signe que le club auvergnat ne fera pas de révolution.
Au pied des monts, on ne parle pas de traumatisme ou de vestiaire meurtri par la relégation vécue en fin de saison dernière, après trois ans en Ligue 1.
« Il n'y avait pas d'extrême euphorie quand le club est monté pour la première fois de son histoire et il n'y aura pas plus de drame aujourd'hui, résumait mercredi le président et actionnaire majoritaire, Ahmet Schaefer. Ma responsabilité reste de pérenniser le Clermont Foot, sans faire n'importe quoi. Le football peut vous rendre fou et très rapidement. Il faut être lucide sur qui on est et d'où l'on vient. »
L'homme d'affaires, en bon gestionnaire suisse, marche dans les pas de son prédécesseur Claude Michy, à qui il avait racheté le club auvergnat en mars 2019.
« Lorient, Metz et le Paris FC sont bien plus armés »
Sébastien Bichard, entraîneur de Clermont
À Clermont, pas de place pour la folie des grandeurs. « Il faut décorréler les résultats sportifs de l'entreprise dans son ensemble, poursuit le dirigeant. Notre objectif, c'est de minimiser les erreurs. Je sais, ce n'est pas très sexy, pas très excitant, mais notre boulot est de ne pas se tromper. » Avec le retour en L2, le départ à la retraite de Pascal Gastien, coach emblématique du Clermont Foot, le club a basculé dans un nouveau cycle.
Il faut à nouveau construire et « anticiper tout le temps » clamait Schaeffer. Comme lorsqu'il a décidé de faire venir en cours de saison dernière Sébastien Bichard, 41 ans, aux côtés de Gastien, avec l'étiquette de futur numéro 1.
« Je ne regrette pas, estime l'ancien adjoint d'Habib Beye au Red Star, alors en National. J'ai vécu cette expérience en situation. Cela m'a permis de m'imprégner du club, de rencontrer les gens, les joueurs. C'était comme un audit en direct au quotidien. On a tous gagné du temps. »
Bichard a pu aussi rapidement se projeter sur les contours de son effectif. Avec une priorité : installer une colonne vertébrale avec des hommes d'expérience dans chaque ligne. Les arrivées de Damien Da Silva (ex-Melbourne) en défense, d'Henri Saivet (ex-Pau) en attaque, la promotion de Massemba N'Diaye dans le but et la prolongation de deux ans de Johan Gastien sont allées dans ce sens.
« Ce club ne s'est jamais pris pour un autre et sait rester à sa place. Cela ne l'empêche pas d'évoluer. J'ai parfois l'impression d'être dans un nouveau club, admet le milieu de terrain et capitaine auvergnat. Il y a le coach, jeune, dynamique, avec des nouvelles idées. »
À Clermont, on ne désespère pas de jouer à nouveau les premiers rôles, même si aujourd'hui « Lorient, Metz et le Paris FC sont bien plus armés », dixit Bichard. La prudence légendaire auvergnate n'empêche pas l'ambition.
L'agrandissement du stade Gabriel-Montpied (de 10 800 à 16 200 places, début 2025 ?), l'arrivée en fin d'année d'un centre d'entraînement flambant neuf et les investissements sur le centre de formation doivent préparer l'avenir.
« En France, vous dites qu'il faut donner du temps au temps et c'est ce que l'on fait. On mène notre barque, dit Schaefer. Le club n'a pas de dettes et paie ses impôts à Bercy. On vit une phase de transition en gardant nos principes, notre ADN. Le Clermont Foot va rester lui-même. »
