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Vous avez annoncé samedi dernier tirer un trait sur l'Equipe de France sans en donner véritablement les raisons. Quelles sont-elles ?
Mon contrat avait été logiquement prolongé d'un an suite au décalage de la Coupe du monde (en raison de l'épidémie de Covid-19). Il se terminait le 31 décembre 2022.
N'y avait-il pas un moyen pour que vous puissiez prolonger votre bail ?
Non. Ce n'était pas envisageable au regard de la façon dont se sont déroulés les derniers mois. Et notamment au niveau des modifications qu'il y a eues dans le staff... Pour moi, il n'était pas question de continuer dans ce cadre-là. Et je pense aussi qu'il est préférable qu'il y ait un nouveau souffle pour accompagner cette équipe de France.
Les tensions qui ont émaillé le groupe lors de la dernière Coupe du monde ont-elles provoqué votre décision ?
Cela l'a conforté. On pouvait vivre quelque chose d'exceptionnel. Des décisions ont été prises et je n'étais pas d'accord avec ce qui a été mis en place. J'ai subi la situation. Personnellement, j'avais promis à certaines joueuses que je ne laisserai pas tomber. J'ai donc essayé de les accompagner comme j'ai pu avec les moyens que j'avais. C'était un contexte particulier et il a fallu vivre avec.
Depuis la nomination de Thomas Darracq au poste d'entraîneur en mai 2022, on vous sentait en retrait et notamment dans vos communications extérieures. Était-ce juste une impression ?
J'ai complètement été écartée de tout ce qui était communication par rapport au XV de France. Quelqu'un a été mis en place par certaines personnes et on lui a donné les pleins pouvoirs sans prendre en compte l'expérience.
Comment les choses se passaient à l'intérieur du groupe ?
On a cru qu'il allait pouvoir tout maîtriser. Et on s'est rendu compte, malheureusement, qu'il n'avait pas tout maîtrisé. En tout cas, pas avec les résultats attendus. C'est très dommageable. Les joueuses en revanche ont été exceptionnelles et hyper solidaires. Malgré toutes ces épreuves supplémentaires, elles ont su être soudées et se battre du mieux possible sur le terrain. C'est ce que l'on avait essayé de mettre en place au fil des années avec Sam Cherouck depuis notre prise de fonction en 2017. Je pense aussi à Olivier Lièvremont et Stéphane Eymard. Ce que l'on aime appeler "l'esprit bleu".
Cet état d'esprit, l'aviez-vous retrouvé à la nomination de Thomas Darracq ?
Non, car c'était une autre façon de fonctionner. Tout était cloisonné. C'était vraiment particulier. Il n'y avait pas d'échanges. C'était une autre façon de voir les choses auquel personnellement je n'adhère pas du tout. C'est un mode de fonctionnement datant de 10 ou 20 ans et qui n'est aujourd'hui plus d'actualité. Mais encore une fois, il ne s'agit que de mon engagement. Si des personnes lui ont fait confiance, c'est bien qu'elles devaient y croire...
On ressent beaucoup de frustration de votre part par rapport à cette dernière aventure en Nouvelle-Zélande...
Cette Coupe du monde était quelque chose que l'on travaillait depuis plusieurs années. On avait créé un groupe pour cet objectif et un certain état d'esprit. Même si je suis consciente que tout n'était pas parfait et je m'inclus dedans. On a fait beaucoup de choses avec notre cœur et notre passion. Mais sur les derniers mois, je n'ai pas pu m'exprimer comme je l'aurais voulu. Apporter ce que je voulais apporter aux joueuses. C'était une situation subie.
Vous n'aviez plus de poids décisionnel...
Complètement.
Jessy Trémoulière avait formulé de vives critiques sur le staff et son management après la Coupe du monde. Étiez-vous d'accord avec ce constat ?
Je n'ai pas participé aux entretiens qu'elle a eus avec les deux entraîneurs et le sélectionneur. Je n'y étais pas donc je ne peux pas trop en parler. Après bien évidemment que, sur certains choix, je me suis interrogée. Sans renier les qualités d'autres joueuses, Jessy pouvait nous apporter, sur quelques matchs couperet, son expérience que peu d'autres possédaient dans le groupe. Je trouvais dommageable que l'on n'ait pas été capable de s'en servir. Pour le reste, je fais confiance à Jessy. C'est quelqu'un qui a toujours fait preuve de franchise et d'honnêteté. Elle a été beaucoup touchée par cette Coupe du monde.
Cette dernière Coupe du monde a-t-elle été un échec pour l'Equipe de France ? (La France a perdu en demi-finale face à la Nouvelle-Zélande 25-24)
Pour moi, c'est un échec. L'ambition était d'être championnes du monde et on avait le groupe pour y arriver. Du moins pour essayer de franchir ce plafond de verre de la demi-finale. De ce point de vue-là, il s'agit donc d'un échec.
Que retiendrez-vous de vos années en tant que manageuse de l'équipe de France ?
J'ai eu la chance de connaître des gens extraordinaires. Que ce soit des dirigeants de clubs, de la fédération, des salariés, des élus qui ont aussi fait beaucoup. Si je fais abstraction des six derniers mois, des gens nous ont beaucoup aidés. On nous a donné les moyens de mettre en place un staff complet. Quand je suis arrivée en 2017, personne n'était dédié au XV de France féminin. Il y a eu également beaucoup d'évolutions au niveau des contrats. Tout le monde a poussé dans ce sens. Et puis j'ai eu la chance d'évoluer avec un groupe de joueuses extraordinaires. Je pense forcément à des filles comme Céline Ferrer, Safi Ndiaye, Audrey Forlani, Jessy Trémoulière... Je pourrais toutes les citer. Ce sont des filles qui ont tout donné avec un état d'esprit remarquable. C'est ce que je veux retenir et j'ai envie de rester sur des choses positives.