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ASM-Saracens: Les supporters de Clermont sont-ils les meilleurs du monde de l’univers?
Mis à jour le 12/05/17 à 08h35
La question mérite d’être posée…
On le sait bien, l’immense majorité d’entre vous va (au mieux) nous insulter pour ce titre et les quelques lignes qui suivent. Il faut dire, et c’est bien dommage d’ailleurs, que cette planète porte plus d’être humains non-supporters de Clermont que l’inverse. Ce qui n’empêche pas lesdits supporters d’en être la fine fleur. Et qu’il est aujourd’hui grand temps de leur rendre hommage, à la veille de leur nouvelle défaite en finale de quelque chose, en l’occurrence ici de Coupe d’Europe face aux Saracens.
Bien sûr, vous trouverez en Amérique du Sud des fans de foot plus bruyants. En Angleterre des plus violents. En Allemagne des plus drôles. Et un peu partout des plus fanatiques, passionnés, tout ce que vous voulez. Mais un supporter des Jaune & Bleu, c’est la synthèse ultime de tout ça. C’est être « le meilleur supporter du monde », comme l’expliquait le demi de mêlée clermontois Morgan Parra. Même pas tant pour flatter son public que parce qu’il le pense vraiment. Et nous aussi.
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Ce qu’ils ont de plus que les autres, ce n’est certainement pas aux supporters clermontois eux-mêmes qu’il faut parler, mais à leurs meilleurs ennemis. Stéphane de Brive, le rival voisin, et Georges de Toulon, le rival sportif, avouent sans mal qu’ils s’inclinent. Résumé, ça donne ça
Si vous ne comprenez toujours pas où l’on veut en venir, il faut se mettre cinq minutes à la place du supporter clermontois.
L’admiration : « Si on avait perdu autant de finales qu’eux, ça fait peut-être longtemps qu’on aurait mis les clés sous le paillasson et qu’on aurait dit "débrouillez-vous sans nous" »
L’empathie : « J’étais au stade pour la finale contre Toulon en 2013 et franchement, à la fin du match j’ai croisé des supporters de Clermont et je ne savais pas quoi leur dire. Ils avaient une telle tristesse sur leur visage. »
Le respect : « Ce sont de bons ennemis. Ils chambrent bien, sont de bons vivants, on rigole bien avec eux. »
- Se dire qu’à chaque fois que vous avez la moindre discussion rugby avec quelqu’un, il faut moins de cinq échanges pour arriver au Godwin ovale : « De toute façon vous allez perdre en finale, non ? (rire moqueur). »
- Se dire que quand vous dites à quelqu’un que vous venez de Clermont, son visage va soudainement se liquéfier sous le poids de la pitié. « Ah… ». Et ce « Ah » a généralement trois significations : 1) ta ville est moche (10 %) 2) elle est perdue au milieu de nulle part (10 %) 3) vous perdez tout le temps au rugby (80 %)
- Se dire que tout moindre entretien d’embauche, rencard, moment important de votre vie est vécu à travers le prisme de ce gros « LOSER » tatoué en jaune et bleu sur votre front. Et que le monde entier vous regarde avec cette humiliante compassion.
Et pourtant,il est toujours là, toujours vivant, toujours debout. Clermont, c’est le meilleur public de France, de loin. Celui qui remplit son stade à chaque match. Celui qui transhume son immense Yellow Army à travers l’Europe chaque année. Celui qui aime passionnément sans ne jamais recevoir que du cruel en fin de saison. Mais à chaque fois il revient, et plus nombreux, remplir la place de Jaude.
« Dans le sport, la notion de temps n’existe pas, il y a sans cesse une abolition du temps avec chaque année une nouvelle saison qui commence et donc une nouvelle opportunité pour que le rêve soit à la portée », nous expliquait il y a quelque temps le psychologue du sport Jean-Paul Labedade.
Mais les supporters clermontois n’ont pas que cette résilience d’admirable. Plutôt que de se laisser mourir de dépression, ils ont accepté leur sort d’ambassadeur mondial de la lose depuis longtemps. Et en sont devenus franchement drôle. « Cette année c’est la bonne » est devenu le leitmotiv-autovanne de toute une région. Leur slogan sur le T-shirt spécial finale de Coupe d’Europ
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Clermont a perdu dix finales de championnat de France consécutives avant de remporter son premier titre l’année de son centenaire. Et après deux défaites en finale de Coupe d’Europe, en voilà une nouvelle pour la 100e européenne de l’ASM à Edimbourg.
« 100 ans pour un Brennus. 100 matchs pour une étoile ».
Allez sur le forum des Cybervulcans (oui, oui), vous verrez qu’on y rigole bien. On y apprend notamment que « la numérologie est formelle, cette année c’est la bonne » pour tout un tas de mauvaises raisons. On y rigole sur la façon dont l’arbitre de la finale, Nigel Owens, va trouver le moyen d’avantager l’équipe anglaise.
Cet échange de sms (no fake, promis juré) intercepté par nos services entre deux fans trentenaires de l’ASM résume à lui tout seul la vie d’un supporter Clermontois. La passion, le millième degré, l’espoir, la peur, la mauvaise foi : il y a tout chez un supporter Clermontois.
Alors voilà, si tout se passe comme prévu samedi, Clermont devrait à nouveau perdre. Ses supporters vont être horriblement tristes, puis au fond du trou quand ils enchaîneront en Top14 par un doublé de défaites en finale. Et puis la vie recommencera l’an prochain, en jaune et bleu, comme si de rien n’était.
Et tant mieux pour eux, finalement. « C’est presque un avantage de ne pas avoir réalisé ce rêve, expliquait notre psychologue. Car une fois qu’on atteint ce Graal, on perd une source de motivation. Ce rêve non comblé reste un nirvana à atteindre. »