Posted 27 September 2011 - 17:04 PM
Voilà, c'est dommage.
Logique diront certains, mais dommage quand même, notamment pour les pauvres amateurs de rugby de la région...
Rugby : vers la fin du Stade Phocéen Publié le lundi 26 septembre 2011 à 10H48
"Au bord du dépôt de bilan, le club marseillais ne jouera sans doute plus
En pleurs comme bon nombre de ses coéquipiers, le capitaine Pierrick Esclauze s'est adressé une dernière fois à l'équipe à la fin du match. Un gâchis humain et sportif.
Photo E.B.
L'arbitre, M.Carrillo, vient de donner le coup de sifflet final de la rencontre entre le Stade Phocéen et Châteaurenard (23-29). La tête basse, les Marseillais se tapent dans les mains, le regard dans le vide, même si certaines accolades durent plus longtemps qu'à l'accoutumée. Par petites grappes, les joueurs gagnent le centre du terrain et forment un cercle.
Les larmes perlent sur de nombreux visages et, la voix chevrotante, le capitaine Pierrick Esclauze s'adresse à ses coéquipiers. "J'ai été fier d'être avec vous et ce que l'on a vécu tous ensemble, on le gardera à vie." Ce n'était que la première journée de championnat et pourtant, la causerie d'après-match sonne comme un adieu.
Durant de longues minutes encore, certains restent prostrés contre les poteaux et pleurent leur désespoir. À moins d'un miracle, le Stade Phocéen a sans doute disputé hier son dernier match. "Nous n'en sommes plus à rechercher des partenaires qui pourraient nous apporter 50 000€ ou 100 000€, mais carrément un repreneur", lâchait d'ailleurs avant la rencontre le président de la SASP, Jean-Philippe Claret.
Problème, cet hypothétique repreneur devra mettre sur la table aux alentours de 2 millions d'euros. Et les mécènes ne courent pas les rues. "Maintenant, nous allons faire en sorte d'accompagner au mieux les joueurs, glisse, fataliste, l'entraîneur Alain Hyardet. Voir tous ces gamins en pleurs résume parfaitement la situation et évite les longs discours. On va essayer d'aider le maximum d'entre eux à rebondir ailleurs."
Entre les joueurs, le staff et les personnels administratifs, ce ne sont pas moins de 45personnes qui risquent de se retrouver sur le carreau dans les tout prochains jours. Toute la semaine précédant la rencontre, les dirigeants se sont réfugiés derrière l'argument de l'absence de stade pour expliquer la situation. Certes, le fait de ne pouvoir compter sur aucune entrée payante, ni de recette à la buvette est fortement handicapant, de même que de ne pouvoir mettre de la panneautique pour attirer les partenaires. Mais cela n'explique pas tout.
D'emblée, le club s'est lancé dans la course au rugby de haut niveau en boitant, traînant comme un boulet les erreurs de gestion des directions successives tant au niveau de l'association que de la SASP. Ainsi, cette dernière, qui concerne seulement l'effectif de l'équipe fanion, doit rembourser chaque mois quelque 9000€ de dettes. Lorsqu'on ajoute à cela la masse salariale, les déplacements et les frais divers, il lui faut aux alentours de 200 000€ par mois pour fonctionner. Une somme pas forcément démesurée si on considère qu'elle concerne 45 salariés, mais qui le devient lorsque les moyens de faire entrer de l'argent sont plus que limités.
Le contexte économique global est également pesant, puisque les investisseurs qui avaient mis le projet sur les rails se retrouvent confrontés à une crise sans précédent qui les empêche de soutenir le club qui, jusqu'à présent, a été pour eux un investissement à fonds perdus. D'autres questions doivent aussi trouver une réponse. Comment la Direction nationale d'accompagnement et de contrôle de gestion, le gendarme financier du rugby français, a-t-elle pu autoriser le club à s'engager en Fédérale 1 si la situation est si catastrophique? Et, plus grave, que vont devenir les quelque 500 licenciés que compte le club dans les sections amateurs ?"
Éric BRETON (ebreton@laprovence-presse.fr)