Posté 06 mai 2022 - 16:28
Paroles d'Ex - Jamie Cudmore : « Le gendarme me dit "Je pense que ce n'était pas une bonne idée" »
« Quel est le meilleur joueur que vous avez affronté ?
J'ai eu la chance d'affronter énormément de très grands joueurs, notamment au même poste que moi. Je pense en particulier à Sione Lauaki (troisième-ligne de Clermont, de Bayonne et des All Blacks, décédé en 2017) avec qui j'ai joué mais que je n'ai jamais affronté. Lui, quand il était en forme, il était très fort. Quand il voulait percer, il le faisait, quand il voulait faire des offloads il y arrivait. Et s'il voulait démonter quelqu'un avec un gros tampon, il n'avait aucun mal à y parvenir ! Je vais en citer un autre qui était vraiment un extraterrestre, c'est Sitiveni Sivivatu (ailier international néo-zélandais passé par Clermont et Castres). Ces deux-là, c'était le top du top.
Avez-vous des regrets concernant votre carrière ?
Aucun. J'ai tout le temps joué à fond. Je suis quelqu'un d'entier. J'ai tout donné.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Notre titre de Challenge Cup avec Clermont en 2007 (remporté 22-16, face à Bath) parce que c'était le début d'un grand groupe. Bien sûr, il y a eu aussi le bouclier de Brennus remporté en 2010 avec Clermont (19-6 face à Perpignan), la meilleure finalité possible pour moi, pour le club, pour l'équipe et les supporters.
Quelle est la troisième mi-temps la plus mémorable ?
Ouf ! Il y en a eu plusieurs à cette époque-là, notamment lorsqu'on gagnait des matches à l'extérieur. Je m'en rappelle d'une belle lors d'une victoire à Toulouse au Stadium. On avait bien fêté ça au fond du bus sur le retour à Clermont...
Quelle est la bagarre qui vous a le plus marqué ?
Là aussi, il y en a eu quelques-unes (rires), notamment contre le Munster, Perpignan ou les Saracens. Maintenant, il y en a de moins en moins dans le rugby moderne, à cause des caméras et de la vidéo. Il n'y en a pas une spécifiquement qui me revient en mémoire, mais on avait quelques chamailleries avec certains joueurs, on se marrait bien, et surtout, on buvait une bonne bière après !
Quel est le stade dont vous gardez le meilleur souvenir ?
Marcel-Michelin, bien sûr ! Le club a vraiment investi dans le stade au fil des années. Je me souviens que lorsque je suis arrivé à Clermont, il n'y avait que deux tribunes. Quand je suis parti, le stade était fermé par quatre tribunes... Pour mon dernier match, j'ai joué devant 18 000 personnes, deux bandas et ces fervents supporters qui sont les meilleurs du monde. Vraiment un endroit magnifique pour jouer au rugby !
Quel est le plus beau match que vous avez disputé ?
(Il réfléchit) La finale en 2010 parce qu'on arrivait pour la quatrième fois en finale et, enfin, on a arraché le Bouclier. Donc ça reste évidemment pour moi le meilleur match...
Racontez-nous ce moment lors de la finale 2015, où votre fameuse phrase "C'est bien bro, continue comme ça bro" adressée à Julien Bardy, est devenue virale ?
C'était une très longue journée (rires). Déjà, on partait à Paris avec deux bus : un pour les vingt-trois qui disputaient la finale et un pour ceux qui étaient hors groupe, accompagnés par quelques jeunes. J'étais blessé et je me retrouvais donc avec les anciens. On s'était mis au fond du bus, et on est arrivés au stade en début de soirée, un peu chauds, mais on s'était bien marrés. Bien sûr, on avait bu quelques bières. Ensuite, pendant le match, quand Julien a pris le carton, il y a un ancien du Stade Français qui a sorti "Oh, ça aurait dû être un rouge !" Et là, je lui réponds : "Mais ce n'est pas possible, t'as jamais joué au rugby dans ta vie"(rires). Tout a été filmé et voilà comment ça a créé un petit moment folklorique.
Quel est l'entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Quand j'étais à Grenoble, j'appréciais vraiment la manière de travailler qu'avait Jacques Delmas. J'ai énormément appris à son contact. Quelques années plus tard, j'ai découvert Vern Cotter à Clermont, un très grand entraîneur, un super mec et un vrai homme. Par la suite, il y a eu aussi Joe Schmidt et Jono Gibbes avec lesquels j'ai progressé sur la précision : ils avaient une vision très claire des détails qui permettent de gagner des matches.
Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
Je me rappelle d'un beau moment lorsque nous avons gagné le titre en 2010. On est sortis du vestiaire après le match pour remonter dans le bus avec le Bouclier de Brennus. J'étais avec un autre joueur, je ne vais pas dire qui, mais quand on est arrivé devant le car, il y avait deux gendarmes sur deux motos et ils nous ont demandé s'ils pouvaient prendre une photo avec nous et le Bouclier. Ce joueur a répondu : "Pas de souci, mais en échange, tu me laisses ta moto". Jamais je ne pensais qu'il allait dire oui ! Mais finalement, le gendarme l'a laissé monter sur la moto. Le joueur a mis la sirène et il a fait le tour de l'intérieur du Stade de France (rires). Il est parti comme une flèche et moi, j'étais là avec le Bouclier et les gendarmes, et l'un des deux me dit "Je pense que ce n'était pas une bonne idée"(rires). Il n'y a pas eu d'accident, le joueur est bien arrivé, mais c'était incroyable. »
Sa vie d'Ex
« Le bûcheron », ainsi surnommé, a passé douze saisons (2005-2016) à Clermont, après avoir évolué deux ans à Grenoble. Ce deuxième-ligne international canadien (43 sélections) a disputé quatre Coupes du monde entre 2003 et 2015 avant de terminer sa carrière à Oyonnax (Pro D2). Devenu entraîneur en charge de la conquête, il a ensuite rejoint Provence Rugby comme manager, avant de rentrer au Canada. En 2019, il était aux commandes du pack de la sélection nationale. Aujourd'hui, il s'occupe, en tant que consultant, des équipes U18, U20 et seniors du Canada.
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