SPORT AUVERGNE
Auteur d'un début de saison compliqué, l'ASM se déplace ce dimanche à Toulouse, à une semaine du début de la Coupe d'Europe. Un programme des plus copieux mais que l'équipe auvergnate est capable de bien aborder selon Benjamin Kayser. Avec son habituelle franchise, le talonneur se dit convaincu de retrouver rapidement le vrai visage du champion.
Vous vous rendez à Toulouse ce dimanche. Que faut-il faire pour que l'ASM gagne enfin à l'extérieur cette saison ?
« C'est simple : il faut être meilleur en défense, ne pas prendre deux cartons jaunes par match et avoir une conquête impeccable. Voilà ! »
Vous sentez l'équipe capable de ça à Toulouse ?
« Oui, on en est capable. Ça va être très dur mais je pense qu'on est sur la bonne voie. On va tout faire pour gagner. Notre capacité à tenir le ballon sera la clé. Il faut qu'on puisse mettre nos attaquants dans les bons espaces, c'est ce qui nous a fait un peu défaut depuis le début de l'année. Honnêtement, je crois qu'on s'est un peu reposés sur les exploits de Raka et Damian (Penaud). Il faut continuer de s'appuyer sur eux bien sûr, mais en attendant, il faut qu'on tienne le ballon pour qu'on puisse les mettre dans les bonnes dispositions. Il faut qu'on puisse créer des temps de jeu un peu plus longs, qu'on fatigue les défenses, les user, pour ensuite utiliser ces armes. Pour tenir le ballon, il faut évidemment l'avoir et pour l'avoir il faut une bonne conquête. Et en jouant à 14 ou à 13 sur le terrain, c'est infaisable. »
Comment expliquez-vous les difficultés rencontrées dans le domaine de la conquête alors que l'équipe a peu ou pas changé à l'intersaison ?
« Déjà, je voudrais préciser une ou deux choses sur ce secteur. Ok, on a fait un premier match catastrophique en touche à Bordeaux mais après, je ne se pense pas que notre conquête soit catastrophique. C'est juste qu'elle n'est pas assez propre. On prend nos ballons mais ils sont mal exploités. Concernant la mêlée, franchement, on a eu un accroc à 5 mètres de la ligne face au Racing mais le reste du temps on n'a pas été trop mal. Globalement, on manque simplement de cette grinta, cette faim qu'on avait toute la saison dernière. Et je ne parle pas du titre. L'année dernière, à 50, on a eu la dalle tout le temps et on n'a peut-être pensé, encore une fois en occultant complètement le titre, qu'en août ou en septembre ça allait revenir tout seul. Or, ce n'est pas le cas ! On est en train de bosser sur nous-mêmes. On est hyper conscients de nos lacunes : conquête, défense, discipline, tenue du ballon. Mais on est aussi persuadés qu'on a une p... d'équipe et que le jour où ça va tourner, on va faire mal à tout le monde. J'espère maintenant que ce jour où ça va basculer, c'est dimanche soir et qu'on va vraiment lancer notre saison comme ça. Pour l'instant, ce n'est pas qu'on est mauvais, c'est qu'on n'est pas aussi bons qu'on devrait l'être. »
Vous vous attendiez à un début de saison si compliqué ?
« Non, pas du tout. Déjà parce que je suis quelqu'un d'optimiste à la base. Et puis c'était difficile de se dire qu'après un grand bonheur comme celui du titre, on allait "chier dans la colle". On a toujours travaillé dur, on va continuer à le faire. C'est le haut niveau. Dans un match, la marge d'erreur qui correspond à cette petite grinta, ce n'est pas 50 %, c'est peut-être 10 % de plus. Mais si on ne les a pas, on perdra peut-être de quelques points à Toulouse et on sera encore à se demander lundi ce qui nous a manqué. »
Votre entraîneur parle d'un manque d'engagement. Vous êtes d'accord ?
« Ce n'est peut-être pas aussi simple. Je dirais que c'est une absence de férocité continue, cette mentalité qui fait que tu ne lâches jamais. On a secoué des mecs cette saison, on est capable de bien défendre sur quelques temps de jeu. Mais la différence se fait quand ça devient très très dur, des moments où il ne faut rien lâcher et bosser les uns pour les autres. On a mis tout ça sur la table, on s'est vraiment secoués les uns les autres pour le bien de l'équipe. Je pense vraiment que ça va porter ces fruits. »
La jeunesse de l'équipe fait-elle que vous vous sentez investi d'un rôle plus important ?
« Oui et non parce que l'an denrier, quand c'était chaud, les jeunes ont répondu présent. On n'a pas grand-chose à leur apprendre. Ce qui est sûr c'est que plus il y a de jeunes, plus je me sens vieux ! (rire). Qu'on soit jeune ou pas jeune, quand on a quelque chose sur le coeur, on le dit. »
Sentez-vous déjà une différence à l'entraînement, une certaine prise de conscience ?
« Oui mais ça ne veut pas dire grand-chose. On a déjà fait une semaine extraordinaire pour faire un match de m... derrière. On a déjà eu l'inverse également. Donc... »
Inconsciemment, le club ne s'est-il pas dit qu'il ferait le dos rond en attenant le début de la Coupe d'Europe ?
« Sincèrement, non. Ce serait confortable pour moi de dire que c'est une excuse mais ça ne l'est pas du tout. Pour moi, c'est comme marcher dans une bouse du pied gauche et dire que ça va porter chance. C'est le genre de choses que je n'ai jamais comprises. Quand on rate la qualification en Coupe d'Europe il y a deux ans, on nous disait aussi que c'était bien, qu'on allait pouvoir se concentrer sur le championnat. C'est vraiment tirer du positif sur rien. J'aimerais dire qu'on s'est réservé inconsciemment pour la Coupe d'Europe mais ce n'est pas le cas. La Champions Cup, on en n'a pas beaucoup parlé depuis le début de saison. On sait que c'est une autre compétition et qu'elle n'attaque que la semaine prochaine. Là, on est 100 % concentré sur le Top 14. »