Dimanche dernier, Léo Barré a inscrit un essai de grande classe face à Leicester (24-27). Une relance de ses vingt-deux mètres, un petit par-dessus, une nouvelle accélération avant d'aplatir entre les poteaux. Ce n'est pas la première fois que l'arrière du Stade Français s'illustre. Quinze jours plus tôt face à Toulouse (27-12), il avait déjà fait parler son talent en inscrivant un doublé.
Avec ses longues guibolles et ses cheveux dorés, Léo Barré ne passe jamais inaperçu. Depuis ses débuts en Top 14 en 2021, le Parisien, passé par l'équipe de France des moins de 20 ans, est attendu. Pour la réception du Stade Rochelais ce samedi, il enchaîne une quatrième titularisation. L'heure de prendre définitivement son envol ?
« En 15, il a plus de liberté »
Laurent Labit, directeur sportif du Stade Français
Léo Barré a été formé à l'ouverture. Mais depuis ses débuts au Stade Français, il a été baladé du poste d'ouvreur (14 titularisations) à celui de centre (6 titularisations) et d'arrière (17 titularisations). Un couteau suisse, souvent considéré comme le remplaçant idéal (56 % de titularisation). Avec en plus Joris Segonds, buteur hors pair (932 points en Top 14 depuis son arrivée à Paris en 2019), comme concurrent, difficile de s'approprier la tunique floquée du 10.
La donne semble évoluer positivement depuis début décembre. Installé à l'arrière, ce choix du staff booste sa confiance et ses performances. « Nous avons décidé d'arrêter de le balader car ça nuisait à sa progression, explique Laurent Labit, le directeur sportif du club de la capitale. Léo est un formidable relanceur. Il me fait penser à Matthieu Jalibert ou Finn Russell sur l'envie de tenter des choses. À l'arrière, il a plus de possibilités de le faire. En 10, ce désir nuit parfois à l'équipe. En 15, il a plus de liberté, plus de temps de réflexion et moins de responsabilités qu'à l'ouverture. »
« Léo a toutes les qualités pour devenir un grand numéro 10, estime Gonzalo Quesada, son ancien manager au Stade Français, aujourd'hui sélectionneur de l'Italie. Sans doute plus tard. Ce poste d'ouvreur demande du temps et de la maturité. C'est un poste à responsabilités où les prises d'informations, de décisions et les exécutions sont très exigeantes. Aujourd'hui, c'est à l'arrière qu'il peut exprimer au mieux ses qualités, comme la vitesse. Avec des espaces, c'est un atout offensif énorme. Il est également très bon dans le jeu aérien. »
« Il doit développer son jeu au pied »
Laurent Labit
Léo Barré est un joueur complet. « Il a tout », assure Quesada. Une belle passe, une bonne frappe, des qualités de buteur, de la vitesse, des appuis, de l'instinct. Le cocktail est explosif. « Il aime également comprendre les systèmes de jeu, précise l'Argentin. Il me fait penser à Maxime Lucu. »
Laurent Labit voit néanmoins un axe de progression majeur : « Il doit développer son jeu au pied. Il doit être plus précis dans l'occupation du terrain. Il doit également trouver un plus de longueur en tapant des coups de pied plus tendus, ce qui lui permettrait de trouver quelques 50-22. Léo doit parvenir à être plus efficace et régulier dans ce secteur. »
L'arrière, passé par Versailles puis Massy, a également l'avantage de buter, même s'il endosse rarement ce rôle (96 points). « Il doit améliorer son rendement, appuie Labit. Il s'entraîne, il est sérieux. C'est un atout important d'avoir un buteur de secours en cours de match. »
« Il ne doit pas se mettre trop de pression en voulant aller trop vite »
Gonzalo Quesada, ancien manager du Stade Français
Léo Barré peut-il voir plus loin ? « Le plus important est son éthique et sa volonté, assure Gonzalo Quesada. Léo est un joueur exceptionnel, mais surtout un gamin sain, qui aime le rugby, avec de grandes ambitions. Il sait exactement où il veut aller. C'est la base pour devenir un grand joueur. »
Alors qu'il entame sa troisième saison pleine chez les pros, tout n'a pas été rose sous les couleurs du Stade Français. Les matches compliqués, voire ratés, ont jalonné son ascension. « Son niveau d'engagement et de confiance n'a pas changé, souligne encore le sélectionneur de l'Italie. C'est un bosseur qui souhaite progresser au quotidien, mais il doit accepter le temps. Il doit trouver le bon équilibre entre travail et repos. Il ne doit pas se mettre trop de pression en voulant aller trop vite. »
Un défi d'autant plus difficile à relever que son nom commence à pointer le bout de son nez à l'approche du Tournoi des Six Nations (2 février-16 mars). « Il peut viser l'équipe de France, estime Laurent Labit, ancien entraîneur de l'attaque des Bleus. Il a les qualités, la motivation et l'avantage d'être polyvalent. » Nouveaux éléments de réponse ce samedi soir ?