« On ne méritait pas de gagner, ni de faire match nul. » La déclaration est signée Yannick Bru, le manager de Bordeaux-Bègles, après la défaite de son équipe à Perpignan (37-30). Comme il y a deux ans, l'USAP a anéanti les espoirs de qualification directe de l'UBB pour les demi-finales (défaite 22-15 lors de la 26e et dernière journée). En 2022, le contexte était différent avec de la tension entre le manager Christophe Urios et certains de ses cadres, à commencer par Matthieu Jalibert (l'UBB, qualifiée en barrage à domicile face au Racing 92, avait ensuite été éliminée en demi-finales par Montpellier, futur champion).
« C'est plutôt frustrant. On sait qu'on a les armes »
Maxime Lamothe, talonneur de l'UBB
Cette fois, le revers ramené de Catalogne a scellé le sort des Bordelais avant l'ultime journée et la réception d'Oyonnax samedi prochain. « Notre première période n'est pas normale, a pesté le talonneur Maxime Lamothe. On fait trop d'erreurs, de fautes bêtes, on subit trop les plaquages. Quand on joue au rugby et qu'on n'avance pas, c'est compliqué. » Après cette « première période en dessous de nos standards et pas acceptable dans l'engagement », dixit aussi Bru (31-16, 4 essais encaissés), les Bordelais-béglais ont continué d'exister, grâce à une fulgurance de leur facteur X Damian Penaud, auteur de son 13e essai personnel.
Est-ce inquiétant à l'approche de la fin de saison ? « Non, c'est plutôt frustrant, a poursuivi Lamothe. On sait qu'on a les armes. » « C'est une piqûre de rappel, on y est habitué, sourit Bru. On souhaitait prendre au moins un point de bonus. C'est un échec. On voulait avoir de la marge pour gérer la fraîcheur de notre effectif, c'est raté. Tout le monde nous voit beaux... Mais la réalité, c'est que dans les moments difficiles, on manque de constance. Nous avons du mal à élever le curseur sur l'engagement et la solidarité. »
Le baromètre de Bordeaux-Bègles est souvent incarné par Maxime Lucu. Le demi de mêlée sait porter son équipe. Quand Maxime Lucu va, l'UBB va. Samedi après-midi, l'international tricolore n'a jamais semblé trouver la bonne carburation. Il a d'ailleurs été remplacé par Yann Lesgourgues avant l'heure de jeu (57e).
Pour son compère de la charnière Matthieu Jalibert, même constat. L'ouvreur n'a pas été aussi tranchant qu'habituellement. Hésitant, il a également distillé quelques passes mal ajustées. Interrogé sur la prestation mitigée de son maître à jouer, le manager Yannick Bru l'a défendu : « Je vous (les journalistes) trouve sévères avec Matthieu. Mis à part cet en-avant sur une réception de chandelle (73e), il n'a pas fait d'erreur. » Il est vrai que Jalibert a notamment réalisé un un 100 % face aux perches (6/6, 15 points), permettant à son équipe de rester dans le match. Mais on attend forcément plus d'un joueur de son calibre dans une équipe qui aspire à gagner un titre.
À première vue, la réception d'Oyonnax, dernier et déjà relégué, s'annonce comme une formalité à Chaban-Delmas. Un succès, même sans bonus, assurerait aux Girondins un barrage à domicile, dès le week-end suivant. Et pourtant, la venue des Oyomen sera considérée comme « un huitième de finale » a estimé Lamothe. « Tous les scénarios sont possibles. À nous de faire le travail, on a notre destin entre nos mains. On n'a pas vu notre vrai visage. C'est rageant, on n'a pas su élever notre niveau, mais rien n'est fini. »
Dans un scénario catastrophe, l'UBB pourrait néanmoins se retrouver cinquième et donc dans l'obligation de se déplacer en barrage. Les Bordelais ne sont-ils pas meilleurs quand ils se retrouvent au bord du précipice ? « Oui, on réalise souvent de bonnes performances quand c'est le cas » a reconnu Yannick Bru.