Pour cette même raison, il a refusé d'être présenté au public, à la pause de la rencontre qui opposait le 23 février Brive à Valence-Romans (29-3). Il était arrivé la veille, à Toulouse, avec son épouse et ses enfants qui le suivront dans cette nouvelle aventure, lui qui, à 35 ans, n'a connu qu'un club avec lequel il aurait aimé continuer et terminer sa longue carrière.
Mais Northampton n'a pas pu ou voulu lui offrir ce qu'il voulait. Les Saints ne roulent pas sur l'or et doivent faire des choix. La saison passée, ils avaient renoncé à conserver David Ribbans. Lewis Ludlam, le capitaine de Northampton, va le suivre à Toulon... Alex Moon, le deuxième-ligne, a, lui, signé à Bayonne.
Même s'il a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale à l'issue de la demi-finale de Coupe du monde perdue face à l'Afrique du Sud (15-16), le 21 octobre, Lawes (105 sélections) n'est pas fini. Il est encore considéré comme l'un des meilleurs flankers de son pays. Alors comment Brive est parvenu à le convaincre de signer ce contrat de deux ans ?
Tout est parti d'un message écrit sur WhatsApp. En épluchant la presse, le manager sportif du club corrézien Pierre-Henry Broncan découvre que Lawes a été approché par Aix-en-Provence, un autre club de Pro D2 (3e). Il trouve que l'idée est bonne, en parle au directeur général Xavier Ric et au président Simon Gillham.
Broncan récupère le numéro du joueur auprès d'Eddie Jones, l'ancien sélectionneur anglais, et le donne à son président. « Mi-décembre, Simon lui envoie un message, raconte Xavier Ric. Courtney lui répond dans la foulée. Les deux hommes s'appellent, discutent. Simon lui parle du club, du projet, de l'histoire, de notre actionnaire majoritaire Ian Osborne, qui est anglais... On convient d'un rendez-vous, d'une visite. »
Ils auront lieu le 10 janvier. « Simon, notre actionnaire, Courtney et son agent se voient d'abord à Paris, puis après cette réunion, Courtney et son agent prennent un avion pour visiter les installations, poursuit Xavier Ric. Le joueur a toujours été limpide et franc, nous expliquant qu'on n'était pas seul, qu'il y avait Aix, mais aussi Montpellier, et un club japonais (Suntory), et qu'il ne fallait pas non plus oublier Northampton. »
La visite de l'international anglais doit être discrète, c'est raté. Il ne passe pas inaperçu. Un peu par hasard, le gaillard de 2,01 m rencontre le maire de la ville, Frédéric Soulier (LR), qui l'invite à boire un café. La presse locale révèle la présence du joueur. C'est l'effervescence autour du siège.
Lawes rencontre Broncan. « Le courant est très bien passé, et très vite, explique Ric. Ils ont des points communs, notamment leur proximité avec Eddie Jones. Pierre-Henry lui propose d'aller sur les terrains du club, on est un mercredi, il y a plein de gamins qui évidemment le reconnaissent. C'est rigolo parce que, peu de temps après son arrivée, j'ai reçu un appel de Jamie Noon, l'ancien centre de Brive (2009-2013), un Anglais, qui me demande si c'est bien vrai, si Courtney est bel et bien arrivé en Corrèze. Je lui dis que c'est vrai. La nouvelle va très vite. Et en se promenant autour des terrains, Courtney est tombé sur le fils de Jamie, Lewis, qui est au centre de formation chez nous. Ils ont échangé ensemble. »
Cette première prise de contact est une vraie réussite, les dirigeants brivistes sont aux anges mais savent que la conclusion du deal n'est pas encore certaine.
Les discussions se poursuivent, les échangent se multiplient et, le 3 février, Ric reçoit un message de Lawes en personne. Le joueur anglais a réfléchi et a tranché, ce sera Brive. Le discours, l'environnement, l'histoire du club et le salaire, évidemment, l'ont convaincu.
« Il est donc revenu le 23 février, le jour de son anniversaire. Sa femme a visité la ville, a commencé à regarder les maisons, s'est renseignée sur les écoles. Courtney a aussi passé la visite médicale. C'était un super moment », conclut Ric.
La saison prochaine, la recrue évoluera en troisième ou deuxième-ligne. « On pense qu'il y a une grosse différence mais c'est un peu pareil, justifie l'entraîneur. Il y a une différence en mêlée mais, en touche, aucune, et il peut jouer dans un couloir. Je crois qu'il se moque un peu de tout ça. C'est un garçon hyper intelligent, j'ai beaucoup échangé avec Eddie Jones à son sujet. C'est le joueur d'un seul club et, dans cette position, tu peux avoir tendance à te reposer sur tes lauriers, à t'endormir. Cela n'a jamais été son cas. Il a bossé pour être international, il a bossé pour le rester et devenir quasiment capitaine. »