Article interressant dans le MIDOL du lundi pour ceux qui ne le lisent pas ou ne l'ont pas lu.
"C’est peut-être à cela que l’on reconnaît un grand entraîneur. Celui qui parvient, en plus des résultats, à insuffler à son équipe une identité de jeu. Or, Joe Schmidt est un grand entraîneur. Celui par qui, avec Vern Cotter, l’ASMCA est enfin parvenue à onquérir le Brennus. Celui par qui le Leinster s’est ensuite imposé, entre 2010 et 2013, comme la province de référence au niveau européen, avec trois titres en trois ans. C’est ainsi que, depuis novembre, Schmidt et son staff ont cherché à transposer la greffe dublinoise à l’équipe nationale d’Irlande, passant dès son troisième test tout près de la première victoire des Verts contre la Nouvelle-Zélande. Un match qui constitue toutefois le socle sur lequel l’Irlande a entamé son Tournoi… « La tournée de novembre a permis au nouveau staff de prendre ses marques vis-à-vis du groupe, explique Bernard Jackman, ancien joueur du Leinster et actuel entraîneur de Grenoble. Le problème en Irlande, c’est que si les quatre provinces sont compétitives en H Cup, leurs joueurs ont
parfois du mal à évoluer sous le même maillot. En passant si près de faire tomber les Blacks, le staff a réussi à les souder. » Ne cherchez pas ailleurs, en outre, la raison principale pour laquelle Schmidt a supplié Brian O’Driscoll de disputer un dernier Tournoi…
BALLONS PORTÉS, LE NOUVEL ATOUT
Toutefois, si l’Irlande a réussi à se trouver aussi vite une cohésion, c’est en premier lieu pour des raisons d’ordre technique, Joe Schmidt ayant réussi en quelques mois la gageure de rééquilibrer le jeu irlandais « Historiquement, sur un match, l’Irlande a toujours su se transcender, rappelle Jackman. Le challenge pour Joe Schmidt consistait à pousser au plus haut le curseur d’exigence quant au système de jeu, afin que les performances de l’Irlande soient moins dépendantes de sa passion. À ce titre, l’influence de John Plumtree (ancien entraîneur des Sharks, N.D.L.R.), se ressent énormément. Ces dernières saisons, l’Irlande voulait dynamiser son jeu en déviant tous ses ballons, or Plumtree est un Sud-Africain, et un fervent défenseur des ballons portés. Il a su rendre un certain équilibre au jeu irlandais. » La performance des coéquipiers de Paul O’Connell contre le pays de Galles en a apporté la preuve, illustrant en outre leur intelligence tactique face à la rush defense des hommes de Warren Gatland. « Joe Schmidt est un vrai spécialiste de l’attaque, prolongeJackman. Il comprend tout au jeu et pousse très haut son niveau d’exigence en créant une atmosphère de haute performance. Tous les joueurs qui ont participé à ses séances d’entraînement ou assisté à ses montages vidéo les adorent, car on en ressort toujours avec le sentiment d’avoirappris une nouvelle information. »
LES REDOUBLÉES DE SEXTON
C’est ainsi que les Irlandais dominent stratégiquement toutes leurs rencontres depuis le début du Tournoi. Or, portés par des plans de jeu très clairs et la capacité nouvelle de leurs avants à porter le danger, les attaquants irlandais se régalent, stimulés par un système de jeu qu’ils connaissent par coeur. Un système tout droit sorti du Leinster, dont sont issus les principaux leaders de jeu de l’équipe (Heaslip, Sexton, O’Driscoll, D’Arcy, Kearney…) et adapté aux qualités propres des joueurs. Ainsi, les Irlandais excellent à lancer le jeu par le biais de passes redoublées autour de Jonathan Sexton, ainsi qu’on l’a encore vérifié contre l’Italie. « La philosophie de Joe Schmidt lui facilite la tâche, estime Jackman. Dans le système irlandais, toutes les courses sont millimétrées et font de Sexton un décideur. Cette organisation lui offre des opportunités qu’il ne peut pas exploiter dans d’autres systèmes de jeu car ce n’est pas quelqu’un qui joue beaucoup sur les appuis. En revanche, il possède une vitesse intéressant une fois lancé. » Laquelle lui permet de faire peser une angoisse permanente sur les défenses, bien aidé par des partenaires qu’il trouve les yeux fermés…"