Le jeu au pied de Camille Lopez soulage Bayonne
Précieuse depuis le début de la saison, la patte gauche de Camille Lopez sera encore une arme offensive capitale pour Bayonne contre La Rochelle.
Les artistes qui dirigent les réseaux sociaux de l'Aviron Bayonnais se sont fait plaisir sur une petite vidéo d'une quinzaine de secondes, fin septembre : ils y ont compilé les trois passes au pied distillées par Camille Lopez qui ont abouti à des essais en y transformant le ballon en autant de bonbons tournoyants. Et c'est vrai que contre Toulon, le Racing 92 puis l'UBB, l'ouvreur des promus a régalé grâce à cette patte gauche, qu'il n'hésitera certainement pas à utiliser contre le champion d'Europe rochelais samedi après-midi.
« J'appelle ça "sa spéciale", sourit Morgan Parra, son vieux complice des années clermontoises, aujourd'hui exilé au Stade Français. Il a un gros toucher de balle et dépose le ballon où il veut ! Et à l'ASM, il l'utilisait aussi de ses propres 22 mètres pour aller toucher les ailiers, il n'a pas peur ! » L'intéressé, après sa passe avec rebond pour son troisième-ligne Pierre Huguet contre Bordeaux, il y a deux semaines, parlait sobrement d'un geste réalisé « à l'instinct ». Ce que Parra soutient, parce que Lopez, dit son ex-numéro 9, « ne va pas répéter le geste 46 000 fois à l'entraînement ». « C'est un geste instinctif, et travaillé ! tient toutefois à ajouter Xavier Sadourny, son ancien entraîneur auvergnat. Parce qu'il a aussi la lecture, la qualité et la confiance pour le faire. »
C'est ce que confirme Gerard Fraser, le coach des trois-quarts bayonnais, depuis qu'il a hérité de Lopez dans son effectif : « On a des systèmes en place qui permettent d'avoir des joueurs dans les couloirs extérieurs pour réceptionner ce genre de coups de pied, parce que dans le jeu offensif on doit être exigeant sur le placement des joueurs. »
« Camille (Lopez) garde la tête longtemps en bas après un coup de pied, pour ne pas casser sa posture. Sa gestuelle est réfléchie »
Gerard Fraser, coach des trois-quarts bayonnais
Le technicien néo-zélandais se souvient du jeune Camille Lopez, dont il a été le coéquipier à l'UBB entre 2010 et 2012. Débarqué un peu brut de Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) et de la Fédérale, il utilisait beaucoup moins cette option. « C'est l'état actuel du rugby qui l'y pousse, avec des défenses agressives qui montent haut : on peut davantage trouver de solutions au pied », explique-t-il.
Si Lopez a parfaitement assimilé l'importance de cet outil tactique, il a peaufiné l'art de le mettre en pratique. Fraser évoque la rapidité de son joueur à prendre l'information sur le positionnement de la défense adverse pour y repérer les espaces, et sa capacité à enchaîner tout aussi rapidement avec le geste juste : « Ça va vite du cerveau au pied. » Mais la gestuelle de l'ex-international est tout aussi fluide, et elle a toujours impressionné Morgan Parra. « Il a une vraie vitesse d'exécution, insiste le demi de mêlée. Dans le jeu, il n'est jamais positionné très en profondeur et pourtant il est très rarement contré parce qu'il se dégage vite. À peine il attrape la balle qu'elle est déjà sur son pied ! »
Cette vivacité, Lopez la complète d'un geste propre. « Personne ne parle de ses renvois... Mais c'est pareil, il y est d'une précision redoutable ! Il a un toucher incroyable », admire Sadourny. « Parce qu'il est exigeant sur la méthode, précise Fraser. Par exemple, Camille garde la tête longtemps en bas après un coup de pied pour ne pas casser sa posture. Sa gestuelle est réfléchie. » La panoplie est totale, technique et tactique, pour que Lopez poursuive ses offrandes par botte à ses coéquipiers basques et les responsables des comptes Twitter ou autres de l'Aviron auront encore de quoi s'amuser dans leurs futures vidéos.