Vendredi 30 août, un souffle de nostalgie a traversé Marcel-Deflandre quand, sur la pelouse, les joueurs promus en 2014 ont pu fêter les dix ans de leur montée en Top 14 en « affrontant » la génération 2010, celle qui avait montré le chemin quatre ans plus tôt. Vincent Merling et Pierre Venayre, qui étaient déjà président et directeur général à l’époque, ont-ils profité du spectacle pour se remémorer ce qu’étaient alors ce stade – avec trois tribunes et 12 000 spectateurs – et leurs ambitions pour 2015 – se maintenir dans l’élite avec un budget de 15 millions d’euros et 3 000 places supplémentaires ?
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Aujourd’hui, ils sont à la tête d’un poids lourd du rugby français, un club sacré champion d’Europe en 2022 puis 2023 qui s’appuie sur un budget plus de deux fois supérieur (entre 37 et 38 millions d’euros). Un Stade Rochelais dont plus de 99 % d’abonnés ont choisi de conserver leur carte (38 seulement ont été rendues sur 11 200 personnes dites grand public), et dont 98 % des plus de 1 000 partenaires que comptent les Maritimes seront toujours présents au stade. Un dernier taux historique à La Rochelle, ce qui est d’autant plus parlant qu’elle reste sur un exercice 2023-2024 en demi-teinte (5e et demi-finaliste en championnat, quart de finaliste en Champions Cup).
13,7 millions d’hospitalités
Cela n’a évidemment rien d’anodin dans un contexte économique global morose, mais aussi au regard des difficultés que peut par exemple rencontrer le football professionnel français, très dépendant des droits TV. Ici, le revenu global des partenariats est de 20 millions hors taxe – dont deux tiers sont issus des hospitalités au stade (13,7 millions) et un tiers du sponsoring (6,3 millions) –, alimenté à hauteur de 7,45 millions par les 17 sociétés les plus engagées financièrement (partenaires dits premier, majeurs et officiels). 60 % des entreprises liées avec le club sont issues de la Charente-Maritime (et 40 % de l’agglomération rochelaise), 25 % des départements alentour (Deux-Sèvres, Vendée, Vienne et Charente) et 15 % d’ailleurs, mais toutes sont à Deflandre les jours de match.
Le manque de places VIP dans l’enceinte limite la croissance de leur force de frappe financière
C’est une des forces du Stade Rochelais, qui peut compter sur un socle fidèle (23 % des partenaires sont là depuis dix ans) et élargi (50 % l’ont rejoint depuis cinq ans). Sauf que, comme pour les particuliers (seulement 1 889 places sur 16 700 sont mises en vente avant chaque match, alors que 7 500 personnes sont sur liste d’attente pour obtenir un abonnement), le manque de places VIP dans l’enceinte des Jaune et Noir limite la croissance de leur force de frappe financière.
Rien de rédhibitoire pour les troupes de Ronan O’Gara, les Maritimes étant au maximum du salary cap, la masse salariale autorisée. Sauf qu’un budget global ne concerne pas que les joueurs, mais aussi le staff, le personnel administratif, les ressources allouées aux équipes féminines ainsi qu’au centre de formation, aux actions sociales, à l’accueil du public (à travers la fameuse « expérience clients ») et aux infrastructures, qu’elles soient à Marcel-Deflandre ou en dehors.
Deflandre va encore grandir
Aussi, le plan de développement à l’horizon 2030 du club prévoit – entre autres points qui devraient être dévoilés au cours de la saison après avoir été adoptés en hiver – une évolution du centre d’entraînement et l’agrandissement de la plus ancienne tribune latérale (et la fermeture de ses virages). Deux éléments qui portent désormais le nom de Macif, maison mère d’Apivia et partenaire premier de La Rochelle qui a prolongé cet été son engagement six ans de plus (et non plus quatre comme initialement imaginé) pour coller à la stratégie du club.
Certaines entreprises ont accepté de devenir actionnaires et membres du conseil de surveillance
Six des dix partenaires majeurs (Picoty, Sarrio, Cogep, Cafés Merling, Léa Nature et Sodebo) du Stade Rochelais en ont fait autant, donnant lieu à chaque fois à des communications officielles, et cela n’a rien d’une coïncidence. Ce futur projet de développement est en effet l’argument principal des décideurs jaune et noir dont, d’ailleurs, font partie certaines de ces mêmes entreprises, qui ont accepté de devenir actionnaires et membres du conseil de surveillance afin de participer à la croissance de la caravelle maritime.
« On n’accompagne pas des résultats mais une construction à long terme. Ça crée de la sérénité dans les relations », souligne Stéphane Doucet, le directeur marketing. « On a un président qui a su diffuser ça assez tôt, en s’ouvrant à des personnes et à des entités. Des aventures humaines, des liens se sont créés », complète Stéphane Cueille, le directeur commercial. En partageant son projet, sa vision et sa stratégie, le Stade Rochelais, auparavant vu comme un club fermé, pour ne pas dire secret, s’est aussi ouvert la voie de la réussite.