Vous étiez coéquipiers de 2006 à 2011, étiez-vous proches dans le vestiaire rochelais ?
Rémi Talès. Il était plus vieux que moi (Boboul 43 ans aujourd’hui, a trois ans de plus, NDLR). Il y avait donc un gros écart, à cette époque-là (sourire).
Sébastien Boboul. J’avais déjà un gosse, donc (sourire)… On s’appréciait, même si on ne faisait pas forcément partie des amis très très proches. L’ensemble du groupe était pote mais on n’était pas tout le temps fourrés ensemble.
R. T. En fait, il y avait le clan clermontois, et le clan montois (sourire).
S. B. Il y a ceux qui jouaient aux cartes et ceux qui allaient boire des cafés (rires).
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Alors que son absence liée à sa fracture de l’avant-bras était estimée à quatre mois, le 3e ligne fidjien de 35 ans a dû prendre un peu plus son mal en patience. Il jouera son premier match face à Vannes, ce samedi (16 h 30)
Aviez-vous deviné, à cette période, que vous deviendriez coaches tous les deux ?
R. T. À cette époque-là, je vous avoue qu’on ne se posait pas toutes ces questions.
S. B. Non, mais on a quand même passé notre DE (diplôme d’État, NDLR) ensemble. On avait commencé à le passer avec Vincent Favreau, qui avait organisé une formation en interne. C’était plus dans l’idée de faire autre chose, on n’avait pas forcément la volonté d’être entraîneur… encore que. Il y avait « Flo » (Florian) Ninard, « Alex » (Alexandre) Barès, « Momo » (Sébastien Morel), Thomas Soucaze – le seul qui n’est pas devenu entraîneur.
R. T. Ah oui, c’est vrai. Je crois qu’il y avait « Gégé » (Gérald) Merceron, aussi ? Je crois, même s’il ne jouait plus à La Rochelle. Je ne sais plus… On est la première génération du DE, au CREPS à Bordeaux. Toi, tu avais le BE (brevet d’État), déjà. C’est vrai qu’on a commencé ensemble, donc finalement (sourire)…
Au regard de votre relation, quelle réaction avez-vous eue, Sébastien, quand vos dirigeants vous ont annoncé le retour de Rémi Talès en tant qu’entraîneur pour la saison 2023-2024 ?
S. B. J’étais content que ce soit lui, honnêtement (sourire). Parce que quand j’ai entendu que Ronan (O’Gara) cherchait peut-être un entraîneur des trois-quarts, forcément, je me suis demandé qui allait arriver. Le fait que ce soit Rémi, quelqu’un que je connais, c’est beaucoup plus facile. On savait qu’on pouvait travailler ensemble et qu’on n’aurait aucun problème à ce niveau-là, même si je ne dis pas que je n’aurais pas pu travailler avec quelqu’un d’autre.
« On a évolué cinq ans ensemble, on a été formés par Serge Milhas et même si lui était Clermontois et moi Montois, on avait la même vision »
Rémi Talès et Sébastien Boboul se sont retrouvés à La Rochelle douze ans après le départ du premier pour Castres.
Jean-Christophe Sounalet / SO
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Il y avait eu toutes sortes d’interprétations lorsque cette arrivée a filtré…
S. B. Oui, il y avait même eu un article qui disait que j’étais en désaccord avec le staff.
R. T. Ah bon ?
S. B. Oui, c’est allé loin. Heureusement qu’on s’entendait bien (sourire). Ça avait été changé, parce que le club avait appelé de suite.
Avec Pierre Venayre, le directeur général, Robert Mohr, le directeur sportif, Romain Carmignani, l’un des entraîneurs des avants, vous faites partie de la même génération d’anciens joueurs aujourd’hui aux responsabilités. Est-ce important ?
R. T. Complètement, et ça a été un argument de pouvoir travailler de nouveau avec eux. Déjà, tu sais où tu mets les pieds, tu sais avec qui tu bosses, tu connais la valeur des hommes. Dans notre métier, je pense que c’est presque le plus important même si, forcément, il faut qu’on soit compétent. Mais quand on travaille, on peut se dire les choses en sachant qu’on a un peu la même philosophie de jeu. On a évolué cinq ans ensemble, on a été formés par Serge (Milhas, manager de 2004 à 2011, NDLR) et même si lui était Clermontois et moi Montois, on avait la même vision. Je savais où je mettais les pieds.
« Les critiques, on vit avec. On était conscients de ce qu’on faisait en match »
Est-ce naturel de faire de la place à un nouvel entraîneur au sein d’un staff en place depuis plusieurs saisons ?
S. B. On est nombreux, mais je trouve que c’est important. Quand j’étais entraîneur des trois quarts, Ronan était un petit peu avec moi, même s’il gérait plus l’ensemble. Pouvoir s’appuyer sur quelqu’un, pouvoir échanger, discuter, c’est important. Mettre les idées de tout le monde en commun, c’est une force. Et puis, il y a beaucoup d’entraîneurs des avants (Carmignani, Donnacha Ryan, Gurtrhö Steenkamp, NDLR), ça équilibre (rires).
Ces liens vous ont-ils aidés, la saison passée, à rester soudés au plus fort des critiques concernant le jeu poussif de votre équipe ?
S. B. Franchement, les critiques… Oui, ce n’était pas fou l’année dernière, mais quand on est au cœur du projet quotidiennement, on sait ce qu’on met en place, ce qui est demandé, même si ça ne paye pas tout le temps. Ce qui est important, c’est de savoir où on veut amener les joueurs, ce qu’on fait nous. C’était la première année de Rémi avec nous, il ne connaissait pas forcément le groupe, les joueurs ont commencé à le connaître et à suivre ses idées. Ce n’est pas évident en deux mois, en six mois. Peut-être que le travail porte ses fruits maintenant, mais il n’y avait pas forcément d’inquiétude.
R. T. Les critiques, on vit avec. On était conscients de ce qu’on faisait en match, où l’on ne retranscrivait pas ce qu’on faisait aux entraînements. C’est plus ça qui nous faisait chier.
S. B. Notre discours a toujours été de déplacer le ballon, de jouer dans l’espace libre, mais on a toujours été décrit comme une équipe de bourrins. Rémi le premier, quand il nous voyait jouer, il pensait que les consignes n’étaient que ça, alors qu’on essaie d’avoir un jeu plutôt ouvert, tout en jouant avec nos forces aussi. Oui, on pouvait être frustrés du retour qu’on avait sur les matchs, mais ça ne marche pas tout le temps. L’année dernière était difficile.
Avant la demi-finale 2024, le Toulousain Ugo Mola avait pris soin de souligner à plusieurs reprises le rôle de Rémi Talès dans le jeu plus ouvert de La Rochelle, sans citer les autres entraîneurs. L’aviez-vous relevé ?
S. B. Je ne l’avais même pas vu.
Si les critiques négatives ne vous touchent pas, comment vivez-vous le fait que, cette saison, les gens se disent qu’enfin La Rochelle sait jouer au rugby ?
R. T. Tu les entends aussi, forcément, ça fait plaisir. Mais on n’est surtout qu’au début du jeu qu’on veut mettre en place. On voit qu’il y a encore pas mal d’incohérences par moments, ou d’actions pas jouées. On n’est plus à se dire qu’on a une grosse marge de progression que « ça y est, on a marqué 20 essais en 4 matchs, c’est fini ». On veut aller plus loin parce qu’on a le potentiel, les joueurs pour. On a tous la volonté d’avoir un jeu encore plus léché, avec des mecs qui prennent vraiment plaisir, avec un jeu complet en se servant de la puissance de nos avants. Car quand ils avancent, c’est quand même beaucoup plus facile pour nos trois-quarts.