Pas sûr que ce soit suffisant sur Chabal.
L'eau et le sable de son cerveau ne se mélangent pas correctement d'après certaines études.
énorme ..
Posté 21 octobre 2024 - 08:59
Pas sûr que ce soit suffisant sur Chabal.
L'eau et le sable de son cerveau ne se mélangent pas correctement d'après certaines études.
énorme ..
Posté 02 novembre 2024 - 17:05
Pas sûr que ce soit suffisant sur Chabal.
L'eau et le sable de son cerveau ne se mélangent pas correctement d'après certaines études.
Heureusement qu'on y rajoute pas de la chaux !
Posté 27 novembre 2024 - 11:18
Depuis début novembre, des personnes équipées de tablettes ont fait leur apparition sur les bords de pelouse du Top 14. Ils ne sont pas là pour scruter les statistiques de la rencontre ni pour évoluer les données fournies par les GPS des joueurs. Non, ce sont des médecins indépendants alertés en temps réels par les éventuels chocs enregistrés par les protège-dents connectés des joueurs. Tout ceci dans le but de cibler mieux encore les commotions cérébrales.
Concrètement, comment ce dispositif fonctionne-t-il ? Des puces situées à l’intérieur des protections dentaires captent en temps réel la vitesse de l’impact frontal ainsi que celle du mouvement de la tête des joueurs en question. Si le seuil est dépassé, une alerte est envoyée par Bluetooth à l’arbitre central ainsi que sur la tablette du médecin indépendant.
Dans ce cas précis, le joueur doit suivre le protocole commotion classique. S’il est favorable, il revient sur le terrain. Si ce n’est pas le cas, il est bien évidemment pris en charge.
"Un progrès important"
Ce dispositif rendu obligatoire possède un but clair et précis : éviter de laisser sur la pelouse un joueur ayant été victime d’un choc important. Bien souvent, ces derniers ont tendance à vouloir rester sur le terrain à tout prix.
Du côté de l’ASM, on a été sensibilisé très tôt aux risques liés à la commotion. Et les Clermontois n’ont pas attendu l’obligation du dispositif pour le porter en match. Ni pour comprendre son utilité sanitaire.
« On le met depuis le match face à Vannes, explique le talonneur Etienne Fourcade. C’est un progrès important même si à Clermont, on l’utilise depuis deux ou trois ans déjà grâce à World Rugby. C’est bien pour notre santé et cela va dans le bon sens. On sent que c’est une sécurité supplémentaire ».
Point négatif, sa taille plus imposante qu’un simple protège-dents classique. Même s’ils sont moulés sur-mesure, la puce électronique située sur la gauche prend quand même de la place dans la bouche. Et cela peut être incommodant. Autre détail, il faut le charger régulièrement comme on le ferait avec des écouteurs.
Des petits bugs
« Cela ne me dérange pas de le porter car c’est primordial pour la sécurité des joueurs, quand même ce n’est pas très confortable. Il me reste six mois de compétition je ne vais pas m’en plaindre (rires). Lorsque je bute, je préfère quand même l’enlever. Si vous regardez bien, je le mets dans ma main droite », avoue l’ouvreur Benjamin Urdapilleta.
Reste que cette technologie, qui n’en est qu’à ses balbutiements, demeure perfectible. Comme toute technologie d’ailleurs. En octobre dernier face à Pau, le Toulousain Paul Coste avait perdu son protège-dents classique et avait donc dû mettre son appareil connecté. Celui-ci avait enregistré un choc trop violent et le centre avait donc été contraint de sortir du terrain.
« C’est un peu incompréhensible. J’avais déjà subi une alerte à l’entraînement quand j’avais fait une tête avec un ballon de foot. On a besoin de réajuster encore le dispositif je pense », avait-il déclaré au micro de Canal +. « Moi je serais furieux de sortir si cela bipe pour rien. Surtout si c’est un match important », peste Benjamin Urdapilleta.
Mais la santé des joueurs est à ce prix-là. Il faut sûrement en passer par ces quelques bugs. Car comme le veut l’adage, mieux vaut prévenir que guérir.
L'ASM Clermont, club précurseur pour l'utilisation des protège-dents connectés
Une vaste étude avait été lancée en 2021 par World Rugby concernant l’utilisation des protège-dents connectés. Pour ce faire, l’instance suprême avait mandaté quelques clubs pour l’expérimentation : le Leinster, Trévise, Otago et donc l’ASM Clermont.
L’ensemble de l’effectif avait reçu le fameux appareil. La société américaine Prevent Biometrics avait fourni au club, une caméra optique visant à scanner toutes les dentitions pour réaliser des moulages sur-mesure.
À l’époque, cette expérimentation avait pour but de rassembler les données exactes du nombre de contacts mesurés sur une semaine d’entraînements ainsi que bien évidemment leur intensité. Et cela avait été d’ailleurs vu d’un bon œil de la part des joueurs.
« Je suis incapable de dire à quelle intensité et à quelle fréquence nous sommes soumis à des chocs, concédait Rabah Slimani sur le site officiel du club. Nous avons forcément un sentiment. Nous savons tous que les chocs sont plus intenses lors des matchs mais c’est un ressenti, difficile de le quantifier… C’est super intéressant d’avoir un retour sur une technologie qui était encore inimaginable il y a quelques années. »
Ses premières expérimentations n’auront donc pas été vaines…
Arnaud Clergue (LM - 27/11/24)
Posté 28 novembre 2024 - 06:56
Sorti du terrain au début de la seconde période du match contre Pau, le 19 octobre dernier, après une alerte envoyée par son protège-dents connecté (il avait été autorisé à revenir en jeu après avoir été évalué dans le cadre du protocole commotion), le jeune centre du Stade Toulousain Paul Costes avait critiqué le dispositif « imposé » par World Rugby depuis le 1er janvier 2024 dans les matches internationaux et en Super Rugby et désormais étendu à toutes les compétitions professionnelles .
« Apparemment, le médecin du match a senti une zone rouge sur un impact, avait-il ironisé. J'en ai subi une en début de semaine dernière quand j'ai fait une tête avec un ballon de foot. » En février, le All Black et capitaine des Crusaders Scott Barrett s'était également insurgé : « Cela va trop loin ! », quand deux joueurs médusés (son coéquipier Quinten Strange et Anton Lienert-Brown, le centre des Chiefs) avaient été sortis par le médecin du match, leurs protège-dents ayant envoyé une alerte visiblement injustifiée. World Rugby avait alors autorisé, temporairement, les médecins à entrer sur le terrain pour s'assurer que les joueurs avaient bien besoin de passer un test HIA1 (questionnaire d'évaluation d'impact à la tête lors de la rencontre).
Malgré ces quelques couacs, on semble pourtant loin de l'exagération. Réunis à Lisbonne fin octobre pour la conférence médicale annuelle de World Rugby, les experts scientifiques ont dévoilé des statistiques intéressantes. En neuf mois d'utilisation, les PDi (protège-dents instrumentés) ont permis d'enregistrer 156 000 accélérations élevées de la tête (hommes et femmes confondus), déclenchant 116 alertes auprès des médecins de match, soit une toutes les 1351 accélérations.
« Pour convaincre les réticents, je leur dis qu'il vaut mieux perdre une dent qu'un cerveau ! »
Romain Loursac, médecin du LOU
« On sait aujourd'hui qu'un match de rugby génère en moyenne 1000 accélérations de la tête », explique Ross Tucker, un des experts. « Pour l'instant, l'alerte est déclenchée par la combinaison de deux signaux, indique le responsable de la commission médicale de la Ligue nationale de rugby (LNR), Bernard Dusfour. Chez les hommes, les seuils ont été fixés à 75g (accélération en ligne droite) et à 4500 radians par seconde (vitesse de rotation). Ils seront réévalués en fin de saison puisqu'on est dans le cadre d'une étude. »
Officiellement introduits en France depuis début novembre et la 9e journée de Top 14 mais pas totalement obligatoire (voir ci-dessous), ces outils connectés sont critiqués par certains. Lors du dernier Tournoi des Six Nations, où les internationaux français avaient dû s'y mettre, Thomas Ramos avait déclaré : « Certains joueurs ont des occlusions, des petits problèmes de dents ou des habitudes. Certains ne jouent même pas avec des protège-dents (entre 20 et 25% selon les estimations de la LNR), d'autres ont le leur. Certains protège-dents vont jusqu'au fond, d'autres non. Ce sont des détails, mais dans un match, c'est chiant de penser que le protège-dent ne te va pas bien, alors que tu as d'autres choses à faire. »
Romain Loursac, ancien joueur et aujourd'hui médecin de Lyon, club pilote qui a introduit les PDi début 2023, connaît bien le sujet pour s'être occupé de l'équipe de France féminine où cette technologie a été introduite dès la Coupe du monde 2021. « C'est indéniable que la qualité de ces protège-dents n'est pas optimale par rapport à ceux faits sur-mesure chez les dentistes et que la puce où se trouve l'accéléromètre produit un renflement gênant. Il y a trois ans, chez les filles, certains ne prenaient plus la charge et il y en avait même qui avaient fondu dans leur boîtier ! Mais tout cela va s'améliorer et ce serait dommage que cela joue en défaveur de cet outil qui a un intérêt majeur, au-delà de détecter des chocs qui passeraient inaperçus : monitorer la charge de travail des joueurs en enregistrant tous les impacts qu'ils subissent sur le long terme. Pour convaincre les réticents, je leur dis qu'il vaut mieux perdre une dent qu'un cerveau ! »
« Sur le temps long, on pourra évaluer une forme de fatigue neurologique, liée à des impacts répétés, pouvant rendre le cerveau plus vulnérable face à un énième choc »
Sylvain Blanchard, médecin du Racing 92
Les PDi enregistrent en effet chaque impact subi supérieur à 5g, en match ou à l'entraînement. Au LOU, dans le cadre d'une thèse, les chiffres ont été décortiqués sur une année et associés aux images vidéo de tous les plaquages. « On s'est par exemple posé la question : quelle différence en termes d'onde de choc si on place la tête du bon ou du mauvais côté lors d'un plaquage ? explique Loursac. Eh bien quand la tête est inversée, on augmente de 40% l'intensité délivrée au cerveau. Quand on plaque à hauteur d'épaule, l'augmentation se situe entre 30 et 40%. Ce système permet d'identifier les zones à risques, il y a beaucoup de pédagogie à faire auprès des joueurs pour leur faire comprendre l'utilité de ces protège-dents. »
Lors de la conférence médicale sur le sujet, à Lisbonne, Ross Tucker expliquait que d'ici un an, les scientifiques disposeraient d'environ un million d'enregistrements d'accélérations de la tête et que cette perspective était une opportunité pour le rugby. « On observe déjà que la force des impacts varie selon les postes mais aussi selon la technique de plaquage de chaque joueur. Les données relevées lors du dernier Tournoi montrent par exemple que deux des talonneurs qui y ont participé, qui avaient disputé le même nombre de minutes (280) et le même nombre de matches (5), qui étaient à plus de 80 plaquages chacun, n'avaient pas du tout subi le même nombre d'accélérations de la tête au-dessus de 20g : l'un en avait trois fois plus que l'autre. La technique joue, l'attitude au contact aussi. »
À moyen terme, il s'agit donc d'optimiser les charges d'entraînement et le nombre de matches tout en poussant certains joueurs à modifier leur technique pour diminuer la pression sur leur cerveau. « Et à plus long terme, on pourra connaître l'influence des impacts sur toute une carrière. » Des objectifs « sur le temps long, comme explique le médecin du Racing 92 Sylvain Blanchard, peu visibles pour le joueur et le grand public. On pourra évaluer une forme de fatigue neurologique, liée à des impacts répétés, pouvant rendre le cerveau plus vulnérable face à un énième choc, avec la survenue d'une commotion ou d'une autre blessure ou une baisse des performances. » World Rugby, qui a beaucoup axé sa communication sur les protège-dents autour de la possibilité renforcée de détecter des commotions en cours de match - alors que le protocole commotion est déjà bien fourni-, aurait peut-être intérêt à insister sur ces possibilités à long terme alors que l'accumulation des sub-commotions (ces chocs pas forcément forts mais répétés sur le long terme) est une vraie problématique chez les joueurs de rugby.
Posté 02 décembre 2024 - 22:14
Posté 03 décembre 2024 - 14:22
Incroyable (désolé si déjà mis)
https://www.lefigaro...-essai-20241202
Je pensais que ce type de poteaux avec transversale amovible; n'existait plus pour, justement, éviter les accidents. Un peu ( toutes proportions gardées ) comme les cages de football non fixées et qui, à une époque, avaient occasionnées des dommages corporelles !
Posté 17 décembre 2024 - 07:13
Devant les élèves de l'école primaire d'Ossen, un petit village niché au-dessus de Lourdes, Mathias Dantin, qui aura 19 ans le 30 décembre, est venu parler de son handicap. Tétraplégique depuis le 14 décembre 2022, après avoir subi ce que la justice a qualifié, dans la convocation au procès qui se tiendra mardi à Tarbes, à partir de 13 h 30, de « plaquage cathédrale à retardement », il raconte son quotidien dévasté avec un naturel qui force le respect. Il montre ses doigts repliés qui ne lui obéissent plus et le petit crochet qui lui permet d'attraper sa gourde ; il explique qu'il ne peut plus faire ses besoins tout seul, qu'une infirmière lui administre tous les matins un suppositoire - « vous savez ce que c'est, un suppositoire ? » demande-t-il aux enfants - pour le « forcer à faire caca » ; que toutes les trois ou quatre heures, jour et nuit, quelqu'un doit l'aider à « enfoncer un long tuyau dans son pénis » pour qu'il puisse faire pipi ; qu'il ne peut pas lire un livre tout seul ni ramasser son téléphone s'il tombe. « D'un seul coup, je me suis retrouvé dans le corps de quelqu'un d'autre, image-t-il, je suis un adulte avec les capacités d'un bébé qu'on doit aider à manger, à faire ses besoins. »
Quasiment toutes les semaines, depuis dix-huit mois, Mathias Dantin, accompagné de son père, Jérôme, ou de sa mère, Fabienne, se rend dans des établissements scolaires ou des clubs de rugby pour parler de son histoire, dire qu'être handicapé, « cela n'enlève pas la dignité humaine » et que le sport doit tout faire pour éradiquer le moindre geste de violence. Touchant, il raconte à tous ces jeunes qui l'écoutent ce match de rugby inter-lycées, organisé sous l'égide de l'UNSS (Union nationale du sport scolaire), qui a bouleversé sa vie et celle de sa famille. Il en est ressorti avec deux cervicales luxées et fracturées, deux artères touchées, la moelle épinière compressée. « Les joueurs de l'autre équipe, ils avaient mon âge, ils auraient pu être mes copains. Il faut toujours vous dire ça avant de rencontrer un adversaire : qu'il faut garder son calme, respecter les autres car on n'est pas là pour se faire mal. »
Cet après-midi, dans la salle d'audience du tribunal de Tarbes, il ne sait pas si P. L. (ses initiales), l'auteur du « plaquage », poursuivi pour « violence ayant entraîné une infirmité permanente », sera présent. Depuis la plainte contre X déposée par la famille Dantin, en mai 2023, le jeune homme, âgé de 19 ans, joueur amateur du Rugby Club Quint-Fonsegrives et lycéen à Toulouse, a choisi de garder le silence, tout comme son avocat, Me Pascal Nakache, spécialisé dans les préjudices corporels.
«Pour moi, ce qu'il a fait, ça ne peut pas être qualifié de plaquage, ni même de plaquage cathédrale, c'est une agression. Il y avait volonté de nuire, de faire mal»
Mathias Dantin au sujet de son agresseur
Même avant cela, alors que Mathias, placé pendant deux semaines en réanimation, luttait pour réapprendre à respirer seul, sans diaphragme, ni P. L. ni sa famille n'avaient présenté d'excuses. « Lors du tournoi précédent, se souvient Mathias, j'avais repéré ce gars, car on m'avait donné le rôle d'entraîneur de mon équipe, et je voyais qu'il avait un comportement assez arrogant. Je l'avais fait remarquer aux enseignants. Un mois plus tard, lors du match où j'ai été blessé, je l'avais percuté sur une action, balle en main, il était tombé et je me dis qu'il a dû se sentir humilié et qu'il a voulu se venger. Mais pour moi, ce qu'il a fait, ça ne peut pas être qualifié de plaquage, ni même de plaquage cathédrale, c'est une agression. Il y avait volonté de nuire, de faire mal. Il m'a pris par-derrière, sans ballon, m'a porté sur trois ou quatre mètres et m'a enfoncé dans le sol, tête en bas... »
Dans l'ancien salon de ses parents, réaménagé en chambre puisqu'il ne peut plus emprunter le moindre escalier, Mathias montre le nouvel environnement qui est désormais le sien à jamais : l'immense douche, le lit médicalisé avec un matelas qui se gonfle et se dégonfle régulièrement pendant son sommeil pour lui éviter les escarres et l'immense appareil qui le treuille chaque matin de l'un à l'autre.
Au mur, quelques-uns des quatre-vingts maillots qu'on lui a offerts : celui de l'équipe de France qui l'a accueilli une journée à Marcoussis avant la Coupe du monde de 2023 ; celui des champions du monde U20 avec qui il avait échangé par visio-conférence, lors de leur titre de 2023, remis par leur entraîneur, Sébastien Calvet, venu jusque chez lui avec le trophée ; celui des All Blacks signé par chaque joueur ; celui de Cyril Baille, le parrain de son association, Courage Mathias, devenu son ami, et celui de son club de Bagnères-de-Bigorre, où il jouait à l'arrière, avec un mot de tous ses copains. Sur une petite table, des boîtes de médicaments : « Je tourne à 15 comprimés par jour. »
«Humainement, les gens que je rencontre veulent bien être présents, mais pour le côté financier, il n'y a plus personne»
Mathias Dantin
Quand on lui demande ce qu'il ressent aujourd'hui, en pensant à cet autre jeune homme, qui a le même âge que lui et qui sera tout à l'heure sur le banc des accusés, il est d'une totale franchise : « Cela dépend beaucoup de mon humeur du jour... Quand, comme ça m'arrive parfois, je me fais dessus dans mon fauteuil, j'ai la haine. À d'autres moments, je me dis qu'il y aurait pu y avoir une relation entre nous, s'il m'avait fait un signe. Mais aujourd'hui, deux ans après, il ne m'a toujours pas demandé pardon. Désormais, mon objectif n'est plus de pardonner. » Son objectif, c'est d'obtenir justice. Très vite, il a compris qu'il n'y avait pas, ou peu, de possibilités d'améliorations marquantes et que toute sa vie se passerait dans un fauteuil. « Ce qu'on souhaite, explique Jérôme, son père, c'est que notre niveau de vie reste identique à celui d'avant sur un plan matériel. Alors qu'il était licencié FFR (Fédération française de rugby), il n'a pas le droit à l'assurance GMF (4,5 millions d'euros pour les handicaps comme le sien) car le match était organisé sous l'égide de l'UNSS (qui n'est pour l'instant pas poursuivie dans ce dossier). Jusqu'ici, on a perçu 20 000 € et tout le monde se rejette la responsabilité pour ne pas avoir à payer. »
Le fauteuil de Mathias a coûté 35 000 € (payé à l'aide d'une cagnotte), l'aménagement de sa chambre 5 000 €, sans compter le matériel médical ; s'il veut prendre un avion, il lui faut payer 300 € d'accompagnement en plus du billet ; ses parents doivent l'accompagner partout et louer un appartement pour les personnes à mobilité réduite (PMR) pour ses études à Toulouse... « Humainement, les gens que je rencontre veulent bien être présents, mais pour le côté financier, il n'y a plus personne, lâche Mathias. Je veux qu'on me reconnaisse comme une victime, je ne suis pas un dommage collatéral. C'est pour cela qu'on a porté plainte, sinon on devait se contenter de ces 20 000 €. »
Pour eux, ce serait inadmissible. « Je vais à ce procès la peur au ventre », reconnaît le père, qui, depuis deux ans, se démène pour, qu'en plus de son corps dévasté, de son mental instable, Mathias n'ait pas à s'inquiéter des questions administratives ou financières. Fabienne, complètement abattue pendant quelques mois, se bat aussi fort qu'eux désormais. Mais il y a des moments terribles, ceux où Mathias se laisse submerger par la détresse, incapable de supporter ce corps qui ne lui répond plus ; ceux où ses parents craquent à leur tour, tellement démunis face à leur enfant privé de liberté et à l'injustice de sa situation.
L'autre jour, à l'évocation du procès, de ce qu'ils allaient pouvoir ressentir au moment de la plaidoirie de l'avocat de la défense et du témoignage de l'accusé - s'il se présente -, Mathias, fermement, plein de cette sagesse qui le rend si digne, a dit à son père : « Papa, je ne souhaite pas que tu sois présent à ce moment-là. » Épuisé par les moments de souffrance qu'ils traversent régulièrement tous les trois, Mathias explique : « Moi, je sais que je serai capable de passer au-dessus des choses qui seront dites et qui vont nous blesser ; des remarques, j'en entends tous les jours sur ma condition. Mais papa, qui était présent quand ça m'est arrivé, qui veut prouver que son fils a été agressé, je sais qu'il va ressasser. Et si jamais on doit faire appel et que la situation reste incertaine pendant un ou deux ans encore, je ne veux pas revivre ces scènes à la maison. Car mon père, il peut tourner en boucle et, comme il ne pourra pas répercuter sa colère sur le mec, sur son avocat, ce sera sur nous, maman et moi. »
Il dit cela sans vouloir blesser son père : « Mes parents, je leur fais subir mes humeurs. Si je pouvais, je donnerais tout pour leur épargner ça. » Mathias Dantin, qui après un semestre d'études de droit à Toulouse, a compris qu'il n'était pas fait pour ça - « Avocat, c'est trop tordu par rapport à ce que j'ai au fond de moi ; je crois que je serais incapable de défendre quelqu'un qui a fait quelque chose de mal » -, voudrait pouvoir se projeter complètement sur la suite. « J'ai trouvé mon combat, alerter sans relâche sur la situation des handicapés. J'ai aussi trouvé ce que j'aimerais faire comme métier : préparateur mental pour les sportifs. »
Il se revoit le jour du drame, au sol, sans plus pouvoir actionner ses membres après avoir entendu son cou craquer. « Avant, je voulais intégrer les forces spéciales de l'armée de terre, j'étais en bac pro "métiers de la sécurité", j'avais mon diplôme de secouriste et j'ai tout de suite compris. J'ai dit à mon père d'appeler les pompiers et je me suis dit que j'allais laisser ma famille sans les avoir rendus fiers... » Dans la cuisine familiale, sous le regard attendri de son grand-père Joseph, il a un dernier mot pour « l'autre », celui dont il sera question au tribunal aujourd'hui : « À la fin de ce procès, j'aimerais qu'il comprenne ; j'aimerais que le jour où il aura un enfant, si celui-ci lui dit : "Papa, je veux faire du rugby", il hésite à lui répondre et qu'il lui raconte mon histoire, en lui disant qu'il ne faut surtout pas agir comme lui. »
Posté 18 décembre 2024 - 07:11
Mathias Dantin, la jeune victime, bientôt 19 ans, s'avance en chaise roulante, tétraplégique, qui a gardé la mobilité d'une main. Il parle, rythme endiablé, sans haine, intelligent et structuré, combatif, et a besoin de justice, pour lui, pour ses parents, convaincu que « sur le terrain ou le pré d'à côté, il y avait la même intention de nuire. » Après cinq heures d'audience, le procureur a réclamé 18 mois de prison avec sursis tout en répétant qu'un geste « pas maîtrisé » n'est pas forcément un geste « voulu ».
Ils s'étaient affrontés, plaqués, feintés sur ce terrain de Tarbes. Le 12 rouge et le 9 bleu, les deux capitaines, parce que joueurs de club eux, au contraire de la plupart de leurs équipiers débutants, étaient des guides, qui devaient montrer l'art du jeu et l'exemple. Dans la salle, bondée, ils n'ont pas pu se regarder, même positionnés à deux mètres l'un de l'autre. Leurs mères, le plus souvent, gardaient leur tête dans leurs mains.
C'est un match que Mathias et P.L. n'auraient jamais voulu revoir. Mais la finale du tournoi, un 7 contre 7, redéfile, là sur une vidéo amateur, parce que Mathias, ambitieux, pour progresser encore, avait demandé à une amie de filmer. « Vous pouvez sortir si vous voulez », suggère la présidente. Les images sont lointaines. Le procureur, qui a l'accent des pays de rugby, ne retient pas un « oh p... », suivi d'un « c'est un soleil. » Un plaquage, des jambes en l'air, une tête qui atterrit la première sur l'herbe. Un plaquage dit cathédrale. C'est proscrit, interdit, vilipendé.
« Si on doit juger n'importe quel acte de violence, on met ce sport à mort »
Maître nakache, avocat du prévenu
Une fois, deux fois, cinq fois, les images sont décortiquées. « C'est quand même rugueux », affirme le procureur, qui s'y connaît. « C'est le rugby », suggère un avocat. « On est en scolaire », reprend le magistrat. Peut-être n'aurait-on pas dû, en scolaire, mélanger joueurs de club, joueurs d'école et joueurs d'âges différents, mais l'UNSS n'a pas été inquiétée.
« Le rugby était un sport de voyous pratiqué par des gentlemen, il ne faudrait pas qu'il devienne un sport de gentleman pratiqué par des voyous », résume le magistrat, dans une formule un peu éculée. « Si on doit juger n'importe quel acte de violence, on met ce sport à mort », répliquera maître Nakache, le défenseur du prévenu qui a voulu placer aussi le débat sur le plan juridique - « ce qui n'enlèvera rien à ce qu'il a fait d'insupportable », précise-t-il.
Le geste a peut-être été effectué alors que Mathias n'avait déjà plus le ballon. Volontaire ? Pas volontaire ? P.L. est dépeint par plusieurs témoins comme ayant été agressif tout au long du tournoi, voulant « prouver qu'il était le plus fort ». Le plaqueur « assume » sa faute, mais « n'accepte pas qu'on puisse imaginer que ça a pu être réfléchi. » La victime rétorque : « Je ne vois pas comment on peut involontairement soulever des jambes au-dessus de la tête. »
« Après avoir lâché le ballon, je sens qu'on me ceinture, poursuit-il. Est-ce qu'il voit que je n'ai plus le ballon, je ne sais pas. Il m'inflige un geste très violent. Je suis planté dans le sol. » Et tout de suite un crac, et puis un bourdonnement. Il avait 16 ans. Mathias ne remarchera jamais, pas plus qu'il ne concrétisera ses envies d'armée de terre. Ses parents l'assistent à tour de rôle vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
« Aujourd'hui, la scène, je la vois tous les jours, toutes les nuits, c'est comme des oiseaux qui viennent m'attaquer »
Le père de Mathias Dantin
« Aujourd'hui, la scène, je la vois tous les jours, toutes les nuits, ça s'appelle des flashes, c'est comme des oiseaux qui viennent m'attaquer, confie le père, regard plus qu'embué. Il y a dix-sept ans, on a voulu donner une chance à notre fils. Il a été adopté. Pendant treize ans, ma femme n'avait pas réussi à avoir d'enfant. Quinze ans de bonheur. On a voulu lui donner tout le bonheur et en fait... » Lui succède sa femme : « On n'a pas su prendre soin de lui. C'est quelque chose de très dur pour moi. Je ne voulais pas qu'il fasse du rugby, mais mon mari était un ancien joueur, Mathias aussi voulait, j'ai cédé, j'avais un pressentiment. »
Le fils n'intégrera pas l'armée, son objectif professionnel. « Mais je ne serai pas juste un sapin de Noël. Je servirai à quelque chose. On ne m'enlèvera pas ma dignité. » Chaque semaine, il va dans une école raconter sa vie, ses intestins qui fuient sans prévenir, ces escarres qui l'ont contraint à quatre mois de lit en position latérale. Sur son pupitre, l'avocate de la famille Dantin, Hélène Simon Grassa, avait laissé une marque dans un livre de poésie, récemment primé. Elle a lu quelques vers : « Je ne peux plus me tenir verticalement. Je veux tenir horizontalement. »
Elle a refait la dernière journée d'homme valide de Mathias. 6 h 25 levé, petit déj chocolat au lait et confiture puis départ pour le bus à 7h10 : « Il a dit au revoir à son chien, à ce soir, et il n'est pas revenu ce soir-là. » Et puis elle a repris le cours du droit : « Quand la violence fait irruption où elle n'a pas sa place, la loi s'invite (...) quand on ne respecte pas la règle du jeu, on se retrouve dans cette situation-là (celle du prévenu), pas parce qu'on l'a voulu mais parce qu'on a été imprudent et maladroit. »
P.L. s'est ensuite avancé. Il n'a joué que deux matches de rugby ensuite. Il ne peut plus. Il ne regarde plus. Il est étudiant, en alternance. « Je présente mes excuses. Son courage, même de loin, je le ressens. Je suis le seul et unique responsable. Je l'encourage à rester aussi fort. » Délibéré le 18 février. « J'espère, commente maître Nakache, qu'on aura une décision de paix et de justice et qu'on n'ira pas en appel. »
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