C’est sûrement le transfert le plus inattendu de l’été, par sa soudaineté et sa destination. « C’est allé tellement vite, jamais je n’aurais pensé être en Irlande, au Leinster », résumait Slimani fin août après le match de préparation de sa nouvelle équipe à Bordeaux.
L’URC, qui réunit des équipes écossaises, galloises, irlandaises, italiennes et sud-africaines, n’a jamais été le lieu d’expression de beaucoup de joueurs tricolores. Ces deux dernières saisons, le centre Antoine Frisch, dont la grand-mère est native de Dublin, s’y est illustré au Munster jusqu’à obtenir cet été ses deux premières sélections avec les Bleus.
Mais Frisch est revenu en Top 14, à Toulon. Slimani, 57 sélections pour le XV de France, est donc son successeur comme unique Français dans la compétition. « C’est toujours cool d’être le petit Frenchy mais j’attends juste le mois de mars et Irlande-France pour voir ce qui va se passer », se marre le pilier de 34 ans originaire de Sarcelles.
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Si la masse salariale des clubs est limitée à 10,7 millions d’euros, le crédit de 180 000 euros pour certains Bleus modifie sensiblement la réalité. Compensation ou réel avantage ?
« Ça ne se refuse pas »
« C’est un changement pour moi. Si je ne l’avais pas fait maintenant, je ne l’aurais jamais fait, précise l’ancien joueur du Stade français (2009-2017) et de Clermont (2017-2024). Partir à l’étranger, forcément on y pense quand on voit les étrangers venir en France. Quand on est plus jeune, on se pose des questions : Est-ce que je suis prêt, pas prêt ? Là, l’opportunité s’est présentée et c’est quelque chose que l’on ne peut pas refuser non plus. »
Une opportunité née « d’un quiproquo » avec l’ASM. « Quand Jono Gibbes était entraîneur de Clermont, j’ai signé un contrat de deux ans comme joueur puis un an comme entraîneur mais Jono n’est pas resté, précise-t-il. Christophe (Urios) est arrivé, j’ai beaucoup échangé avec lui, j’ai fait ma saison mais on ne s’est pas compris et le Leinster a montré son intérêt. »
L’approche des Irlandais le fait réfléchir, notamment sur le plan familial avec sa femme, sa fille. « J’ai dit Let’s go ! Elles m’ont suivi, ce sont aussi des expériences de vie que l’on ne vit qu’une fois. »
Et voilà Rabah plongé au Leinster, quadruple champion d’Europe et finaliste malheureux des trois dernières Champions Cup. « Ils ont été clairs et honnêtes. Ils connaissent mes aptitudes sur la mêlée, ils pensent à ça aussi », reconnaît Slimani qui a beaucoup parlé avec Leo Cullen, le manager du Leinster.
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Retrouvailles avec Clermont
Lui qui a validé son diplôme d’État pour entraîner l’année dernière est venu pour « transmettre », « apporter mon expérience, même si dans l’équipe du Leinster, il y a la moitié de l’équipe d’Irlande donc il y en a aussi ». Avec un défi supplémentaire : le faire dans un anglais qu’il peaufine. « Bien sûr, I speak English », rigole-t-il. « Avec leur accent irlandais, ça va un peu vite parfois mais j’arrive à les comprendre, c’est l’essentiel. Les termes techniques, je les connaissais parce que j’ai joué avec beaucoup d’étrangers, j’ai eu des entraîneurs étrangers aussi. »
De ses premières semaines dublinoises, Slimani retient « le mode de vie différent et cool, notamment pour les enfants », « la culture du café » chère aux Irlandais. Niveau rugby, « tout va vite tout le temps, tout le monde est prêt tout le temps, les entraînements ne durent pas très longtemps mais c’est intense. Chez nous, la pré-saison, c’est du physique, on court, on court. Là c’est compris dans l’entraînement », détaille le pilier.
Impatient de découvrir l’URC vendredi sur la pelouse des Ecossais d’Edimbourg, Slimani a l’impression « de jouer la Coupe d'Europe tous les week-ends entre l’Afrique du Sud, le pays de Galles… C’est génial à 34 ans ».