Samedi dernier, Mediapart révélait que le président de la FFR Florian Grill, élu en juin dernier, était un actionnaire ultra-minoritaire (moins de 1 %) du club de Montpellier. À un jour près, il aurait pu annoncer que Grill était actionnaire du nouveau club de Bernard Laporte, celui où l'ancien sélectionneur vient d'être nommé directeur du rugby. L'entrée au capital en question date de 2006 et correspond à 78 actions équivalant à une somme de 20 000 euros.
« Je suis d'origine montpelliéraine, explique-t-il. À l'époque, le directeur général du club, Jean-Pierre Massines, avec qui j'ai joué en minimes, me demande si ça m'intéresse d'entrer au capital. » Le problème, c'est que cette situation, qu'il n'avait jamais évoquée publiquement, perdure. Et qu'aujourd'hui, le président de la FFR est actionnaire d'un club pro, et pas n'importe lequel. Celui dont le propriétaire - Mohed Altrad - a été condamné, en première instance, pour corruption et trafic d'influence pour des faits commis avec l'ancien président de la FFR (Bernard Laporte). Le même Mohed Altrad qui possède le groupe industriel à son nom, sponsor principal de la FFR.
« Spontanément, avant mon élection, j'avais signalé cette situation au comité d'éthique et de déontologie de la Fédération »
Florian Grill
Il se trouve que depuis son arrivée, Florian Grill a validé le nouveau contrat de sponsoring avec Altrad. N'aurait-il pas dû se déporter ? « Spontanément, avant mon élection, j'avais signalé cette situation au comité d'éthique et de déontologie de la Fédération, se défend-il. Je suis conscient du caractère problématique. Le comité a classé ce lien au deuxième rang (celui nécessitant un déport chaque fois que le comité directeur doit se prononcer sur un sujet touchant au MHR, le premier rang établit une incompatibilité du cumul des deux situations). Le partenariat maillot de la FFR a été passé avec le groupe Altrad, pas le MHR. »
Cet argument, Bernard Laporte avait voulu le faire valoir devant la 32e chambre correctionnelle, expliquant que son contrat d'image, signé avec le groupe Altrad, n'avait aucun lien avec ses interventions présumées en faveur du MHR. Le tribunal avait balayé cette rhétorique.
« J'ai écrit plusieurs fois à M. Altrad et au club, dès 2015, en 2020, en 2022, afin de céder ces actions, explique Grill. Son prix aurait été le mien. Même pour un euro symbolique, là n'est pas problème. Je n'ai pas reçu de réponse. Or, je ne peux pas forcer seul une cession. »
Contactée, la directrice générale du MHR, Jessica Casanova, confirme les courriers mais assure que « nous avons répondu à ses demandes, sans jamais obtenir de réponse pour finaliser ni même d'appel pour analyser la situation. » Dans le courrier qu'il a adressé au MHR en novembre 2022, Grill écrit : « Comme déjà mentionné (dernier courrier en date du 2 janvier 2020 en pièce jointe), je ne souhaite pas participer à la moindre réunion ou décision concernant le club au regard de mon rôle d'élu au Comité directeur de la FFR et d'une nécessaire indépendance. Comme indiqué dans mon courrier de janvier 2020, je suis à nouveau à votre disposition pour céder à qui le souhaitera les quelques actions (souscrites en 2006) qui sont en ma possession, et ce au prix qui vous conviendra. »