Avec le retrait de la GMF, la Fédération française de rugby perd gros
Partenaire historique depuis 1985, la GMF, qui est aussi depuis 1999 l'assureur des licenciés de la FFR, ne sera plus sponsor du quinze de France à partir de juin prochain, tandis que le contrat-licence fait l'objet d'un appel d'offres. Sur fond de déficit abyssal de l'institution.
Mardi, à Marcoussis, durant la présentation de ses voeux aux salariés de la FFR réunis pour l'occasion, le président Florian Grill a évoqué, entre autres choses, le retrait de la GMF (Garantie mutuelle des fonctionnaires) du pool des partenaires privilégiés de la fédération, et ce après presque quarante ans de bons et loyaux services.
On se souvient que le premier contrat avait été signé en 1985 par Michel Baroin et Albert Ferrasse. Mais ainsi que nous l'avons appris par une source au sein de cette entreprise, cette information n'a pas encore fait l'objet d'un communiqué au sein de la Mutuelle dont l'épicentre se situe à Levallois-Perret. Seul transpire du quartier général l'appel d'offres, distinct du partenariat, lancé pour l'assurance des licenciés de la FFR à échéance du présent contrat liant la GMF et la FFR.
Une défection majeure
Plusieurs compagnies françaises ont désormais le dossier en main, dont la GMF. Mais la question demeure de savoir si elle voudra poursuivre l'aventure...
Un coéquipier historique - par ailleurs engagé auprès de nombreuses institutions sportives ovales comme le quinze de la police, de la marine, de la gendarmerie, des sapeurs-pompiers, de l'École de guerre et de la sélection nationale pénitentiaire - quittera donc le navire fédéral à la fin de la saison. « Nous nous devions de les remercier pour toutes les années passées », précise Grill, qui se serait néanmoins bien passé de cette défection majeure alors même que la FFR présente un bilan financier catastrophique.
Son déficit, abyssal, s'élève à environ 40 millions d'euros au cumul des deux saisons, 2022-2023 et celle en cours. Ça aussi, Grill, élu il y a sept mois après que Bernard Laporte a été contraint de démissionner à la suite de sa condamnation en décembre 2022 à deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d'amende et une interdiction d'exercer toute fonction dans le rugby pendant deux ans (il a fait appel), l'a annoncé aux salariés de la fédération.
Des perspectives de renflouage très minces
Avec de très minces perspectives de renflouage. « La Coupe du monde, qui est globalement gagnante pour tout le monde, financièrement, ne comblera pas ce déficit », ajoute le président. Le dépôt de bilan d'une des agences agréées pourrait même ajouter quelques millions au très lourd passif financier.
Le départ d'un solide pilier comme la GMF ne fait qu'ajouter des teintes sombres à ce tableau déjà passablement noirci. « Nous avons hérité d'une nouvelle grille de partenariat », avance le patron de la fédération pour expliquer cette rupture, grille qui n'a pas eu l'heur de plaire aux dirigeants de l'assureur, habitué depuis 1985 à être visuellement valorisé dès lors qu'il s'agit du rugby et du quinze de France.
À noter que les trois partenaires « textile » de rang 1 - selon la terminologie fédérale - que sont Altrad (maillot), Société générale (dos du maillot) et Renault (short), se sont engagés chacun à verser entre 6 à 12 millions ; tandis que le tarif pour être partenaire de rang 2 est de 2,5 millions. « La GMF n'a pas souhaité monter en rang 1, et n'était pas intéressée par un partenariat de rang 2, qui dispose de moins de visibilité. » Et Grill d'ajouter : « C'est un tournant, car la GMF est dans le rugby depuis toujours. J'aurais préféré qu'elle reste avec nous pour une double raison : humaine et financière. » D'autres compagnies sont sur les rangs et les discussions ont commencé depuis quelque temps déjà. Mais aucune annonce n'est encore à l'ordre du jour.
« Il nous faut faire 10 millions d'économie et augmenter les ressources. »
Florian Grill, président de la fédération
En attendant, c'est un peu l'histoire du tonneau des Danaïdes qui se répète. « Nous avons 15 M € de déficit d'exploitation à couvrir, souligne Florian Grill, qui met les bouchées doubles pour combler ce puits qui semble aujourd'hui sans fond. Il nous faut faire 10 millions d'économie et augmenter les ressources, à savoir le partenariat, le mécénat avec le fonds de dotation Rugby au coeur et les recettes de billetterie, que ce soit concernant le quinze de France, les féminines et les moins de 20 ans. »
Là aussi, à l'approche du Tournoi des Six Nations, la FFR doit « encaisser » le fait qu'à chaque rencontre disputée par le quinze de France - il y en aura trois qui se tiendront à Marseille, Lille et Lyon - ce sont deux millions d'euros qui n'entrent pas dans ses caisses par la faute d'une « convention avec le consortium du Stade de France, dont je me demande comment elle a pu être signée par la précédente gouvernance de la FFR, qui ne prévoit pas de compensation pour les matches qui ne sont pas joués au Stade de France du fait des travaux liés aux Jeux Olympiques... C'est une situation burlesque et aberrante que la FFR paie des travaux effectués pour le compte des Jeux Olympiques », regrette amèrement l'actuel président de la FFR.