article Sud Ouest du jour
L’opposition à la gouvernance de la Ligue se structure
Des réunions avec près de la moité des présidents de Top 14 et de Pro D2 se tiennent en marge de la Ligue René Bouscatel, président de la LNR, encadré par Bernard Laporte, son homologue à la FFR et Serge Simon, vice-président de la fédération.
La présence de René Bouscatel lors de la remise du Trophée des Six-Nations à Antoine Dupont, le 19 mars dernier suite au succès de la France sur l’Angleterre synonyme de Grand Chelem, semblait renvoyer l’image d’un rugby français conquérant et enfin apaisé.
Après des années de luttes intestines, l’instantané figeant ce jour-là le président de la LNR encadré par Bernard Laporte et Serge Simon, respectivement président et vice-président de la FFR, avait valeur de symbole. Celle d’une union retrouvée permettant le renouveau du XV de France. Cette traduction n’est pas fausse. Mais elle mérite d’être nuancée.
Derrière cette jolie photo de famille, certaines dissensions subsistent pourtant au sein du rugby professionnel près d’un an après l’élection particulièrement animée ayant fait de René Bouscatel le successeur de Paul Goze au détriment de Vincent Merling. Le mercredi 30 mars dernier, une quinzaine de présidents et d’acteurs ont ainsi participé à Bayonne à une réunion organisée en dehors du cadre de la LNR.
À l’invitation de Philippe Tayeb, président de l’Aviron Bayonnais, des personnalités telles que Yann Roubert (directeur général de Lyon), Jacky Lorenzetti (Racing), Simon Guilham (Brive), Vincent Merling (La Rochelle), Jean-Michel Guillon (Clermont), Laurent Marti (UBB), Bernard Pontneau (Pau), JeanRobert Cazeaux (Mont-de-Marsan), Régis Dumange (Nevers), Paul Goze ou encore Thomas Castaignède (personnalité qualifiée à la LNR) ont échangé sur les grands dossiers du rugby. En présentiel ou en distanciel.
Aréopage hétéroclite Cette liste non exhaustive tisse un aréopage hétéroclite : des opposants de la première heure (Merling, Lorenzetti…), des nonalignés et des membres de l’actuel comité directeur (Roubert et Pontneau).
Il ne s’agissait pas là d’un coup d’essai. Quatre rendez-vous similaires avaient déjà été donnés par le passé, au Racing ou à Nevers par exemple, et un prochain aurait déjà été fixé à Castres. Les échanges sont bien structurés et régis par un ordre du jour clair rythmant la journée. Des comptes rendus sont également rédigés.
« On dirait un comité directeur bis », s’étonne un observateur. Pour quelle finalité ?
« Beaucoup de choses se discutent, souffle sur le ton de la confidence l’un des invités. Il n’y a pas une opposition totale à ce que se fait à la Ligue, l’approche se veut constructive. » « Vous savez, il y avait déjà des réunions de présidents en marge de la Ligue du temps de Paul Goze », minimise un autre intervenant. Contre-pouvoir ?
Cette lecture apaisée ne prend pas en compte la genèse de cette démarche. « Quand je suis arrivé, j’ai bien compris que je n’étais avec les amis de Bernard Laporte », plaisante un des participants.
À l’origine, autour de Vincent Merling et Jacky Lorenzetti, ils n’étaient que cinq ou six à se réunir. De manière un peu caricaturale, les tenants d’une ligne plus dure vis-à-vis de la FFR que celle que défend René Bouscatel. L’initiative regroupe désormais près de la moitié du rugby professionnel dont une large part du Top 14. Tout sauf neutre.
Si cette affaire balade un parfum de putsch, cette extrémité ne serait pas atteinte. Dans l’immédiat, ce « groupe » entendrait d’abord entre sa voix, qu’il n’estime pas suffisamment audible, auprès de René Bouscatel et du bureau de la Ligue. Cocasse lorsqu’on se souvient que l’actuel président avait fait campagne sur le thème d’une gouvernance participative…
« Il faut faire remonter des messages », insiste-ton. Comment ? L’idée de faire de Simon Guilham une sorte de porte-parole de cette tendance au sein du bureau serait ainsi avancée.
Cette agitation n’est pas neutre. Au rang des grands dossiers actuellement en gestation dans le rugby français figurent la réforme du calendrier international, la création d’une Ligue mondiale et la nouvelle version de la convention FFR - LNR. Didier Lacroix (Toulouse) et Thierry Emin (Oyonnax) sont notamment chargés de finaliser ce texte qui dictera notamment les principes de la mise à disposition des internationaux à compter de 2023. Le texte devrait être présenté devant les présidents avant l’été. Denys Kappès-Grangé (avec L. Z.)