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Je le remets là au cas où :
Marius, quelle est votre vie quotidienne onze ans après larrêt de votre carrière professionnelle, aux Sharks ?
Je vis à Paarl, en Afrique du Sud, aux côtés de ma femme, Stephanie, et de mes trois enfants. Nous avons également une société de conteneurs qui nous prend pas mal de temps, on achète et on vend des conteneurs et cela marche pas mal. Il y a beaucoup de problèmes de sécurité sur les chantiers en Afrique du Sud et les conteneurs sont des vraies solutions pour garder les équipements et les matériaux.
Vous avez fini votre carrière aux Sharks de Durban en 2013, vous souvenez-vous de votre dernier match ?
Je men souviens très bien oui, cétait un match de Currie Cup, javais marqué deux essais ce jour-là mais je métais cassé la cheville. Cette blessure a mis fin à ma carrière, malheureusement ce nétait pas une fin de conte de fées, et cela a été très émouvant de dire au revoir à mes coéquipiers, au rugby en général et à tous les moments que javais vécus au cours de ma carrière. Chaque sportif de haut niveau veut finir tout en haut, mais cela a été bien différent pour moi. Javais trente-quatre ans à ce moment-là, et cétait vraiment dur darrêter pour me lancer dans une nouvelle vie.
Vous êtes lun des rares joueurs à avoir joué pour les Sharks et Clermont. Quel est votre regard sur la demi-finale de Challenge Cup entre les deux clubs ?
Les deux équipes ont des saisons similaires. Elles ont toutes les deux changé dentraîneur récemment et ont eu du mal à dominer dans leurs championnats respectifs, mais elles arrivent en demi-finale avec une confiance maximale au vu de leurs dernières performances. Clermont a notamment livré un gros match face au Stade français et les Sharks restent sur plusieurs victoires de rang, donc cette affiche promet beaucoup !
Quel secteur sera décisif lors de cette rencontre ?
La conquête. Les matchs de phase finale se jouent très souvent sur la domination du paquet davants. Les Sharks ont un pack énorme, mais si Clermont arrive à résister tout en étant performant en conquête ils iront en finale. Car derrière, ils ont des joueurs comme George Moala ou Alivereti Raka qui font tellement de différences. Jespère vraiment que Clermont entrera dans cette rencontre avec une faim énorme de ramener un trophée cette saison. Cela risque dêtre très compliqué pour le Top 14 donc ils devront tout mettre en Challenge Cup.
En 2007, vous arrivez à Clermont en provenance des Stormers et avec le statut de Springbok. Quest-ce qui vous a convaincu de rejoindre lAuvergne ?
À cette époque, je navais pas été retenu dans léquipe sud-africaine qui allait remporter la Coupe du monde en France. Je sentais que cétait le moment de partir, Vern Cotter et Jean-Marc Lhermet mont contacté à ce moment-là. Jai été approché en même temps que John Smit, le capitaine des champions du monde, et je pensais que ce changement de vie serait extrêmement bénéfique pour moi, surtout dans un club historique comme Clermont. À côté de Cotter, Joe Schmidt était lentraîneur des arrières donc cela pèse aussi. Au niveau des joueurs, jarrivais au sein dune équipe bardée de sélections avec Rougerie, Ledesma, Bonnaire Cétait très difficile de dire non et jétais très heureux dêtre approché par lASM !
Marius Joubert, lors de sa première saison à Clermont, face à Bourgoin.
Marius Joubert, lors de sa première saison à Clermont, face à Bourgoin. Jean Gervais / Icon Sport
Comment vous êtes-vous adapté à ce changement radical ?
Ce nétait pas dur, les joueurs et le staff étaint très accueillants et professionnels. Jétais habitué à avoir des entraîneurs aussi durs que Vern, et tout était plus simple parce quon commençait à beaucoup gagner. Jai été élu homme du match face au Munster en coupe dEurope, donc cela ma beaucoup aidé en termes de confiance. Jétais également à laise en jouant premier ou deuxième centre, en fonction du positionnement dAurélien Rougerie. Cétait une formidable expérience, jai vraiment adoré mon passage à Clermont.
Quels sont vos meilleurs souvenirs à Clermont ?
Lannée 2010. Mon premier fils est né cette année-là et on a enfin soulevé le bouclier de Brennus ! On avait tellement perdu avant que cétait un soulagement immense, et je me sens privilégié davir pu jouer dans cette magnifique équipe.
Quelle est votre meilleure anecdote ?
Après une défaite à La Rochelle, en 2010, Vern nous avait incendiés dans les vestiaires. Il nous avait hurlés dessus très fort et nous avait donné rendez-vous au centre dentraînement le dimanche matin à 8 heures. On avait tous un peu peur et on sattendait à faire beaucoup de physique et de contacts rudes, mais quand on est arrivé au petit matin, notre vestiaire était rempli de bières ! Tout le monde a partagé un excellent moment et je pense quon en avait besoin en termes de cohésion et détat desprit, Vern lavait bien compris. Mais cétait une belle surprise !
La défaite face à La Rochelle en 2010 reste chargée en souvenirs pour Marius Joubert.
La défaite face à La Rochelle en 2010 reste chargée en souvenirs pour Marius Joubert. Romain Perrocheau / Icon Sport
Avez-vous gardé contact avec vos anciens coéquipiers clermontois ?
Bien sûr et je regarde encore tous les matchs. Jaimerais voir le club un peu plus haut, mais je crois quils ont prévu de grandes choses pour le futur, et jai hâte de les regarder face aux Sharks, samedi. On a un groupe Whatsapp avec les anciens de 2009-2010 où on se parle beaucoup. Jai gardé des relations proches avec Brock James et Aurélien Rougerie, et récemment jai rencontré Didier Retière et Jean-Claude Pats, le président de lASM. Nous avons lambition de créer un programme d'échanges et de tisser des liens entre Clermont et lAfrique du Sud, notamment pour les jeunes joueurs.
Vous avez joué avec plusieurs clubs sud-africains (Stormers, Cheetahs, Sharks), lequel a une place particulière dans votre coeur ?
Les Stormers. Jai joué plus de cinquante matchs en Super Rugby avec eux, jai été Springbok durant mon passage là-bas, on avait une communauté de supporters incroyable Les Stormers et Clermont sont mes deux clubs favoris.
Voudriez-vous revenir à Clermont ?
Oui ! On a envie de faire des choses avec les dirigeants comme je lai dit, donc on verra. Peut-être que mes fils porteront eux aussi le maillot jaune et bleu dans quelques années (rires).