LE BAL DES ASSISTANTS
Par Léo FAURE et Pierre-Laurent GOU
Les grandes manœuvres sont en marche. Ce mercredi, la FFR devrait communiquer une double information : la séparation d’avec le staff actuel de l’équipe de France (Novès, Bru, Dubois), pour laquelle les courriers officiels ont été postés en fin de semaine. Ainsi que le choix de Jacques Brunel pour prendre le poste de sélectionneur, début janvier, pour préparer le prochain Tournoi des 6 Nations. La révolution ? Pas vraiment, non. Jacques Brunel est de la même génération que Guy Novès, réputé pour une gestion similaire des hommes.
Plus qu’un changement de méthode, c’est donc un changement d’hommes qui sera officialisé mercredi. Laporte a choisi de travailler avec Brunel, en qui il a confiance. Et réciproquement. Tout l’inverse de son mariage contraint par le calendrier électoral de la FFR avec Guy Novès. Pour le nom du sélectionneur, le débat est donc tranché et Laurent Marti, président de l’UBB et actuel employeur de Jacques Brunel, n’est pas fermé à l’idée de négocier son départ.
Qui pour l’épauler ? C’est sur ce point que les négociations vont désormais s’ouvrir. Une rumeur faisait dernièrement état d’un staff tournant, avec des hommes piochés dans le Top 14 et officiant auprès des Bleus à tour de rôle. Une solution qui apparaît aussi grotesque qu’inapplicable. Plus sûrement, la FFR, qui avait envisagé un temps la libération totale du staff dès janvier, devrait se rabattre sur une solution intermédiaire, à l’image de ce qui avait été fait en 2012 pour Yannick Bru et Patrice Lagisquet (voir encadré) : une mise à disposition du staff par les clubs, le temps du prochain Tournoi. Avant de finir la saison en club et une entrée officielle dans les fonctions internationales à compter de juin prochain pour la tournée en Nouvelle-Zélande.
AZÉMA, CHOIX NUMÉRO 1… JUSQU’EN 2023
Pour épauler Jacques Brunel et prendre la direction du secteur sportif, au plus près du terrain, le nom de Fabien Galthié circule depuis vendredi. Brunel et Galthié se sont effectivement joints par téléphone, dans la journée de jeudi, pour évoquer (entre autres) l’équipe de France. Toutefois, selon nos informations, il ne serait pas la cible prioritaire de la Fédération. Récent champion de France avec l’ASMCA, fort d’un bilan flatteur en club et d’un passage remarqué avec les Barbarians, en novembre, Franck Azéma tient la tête de la short-list dressée par Laporte et ses équipes. « Je suis très clair : je ne suis pas favorable au départ de Franck ! Je n’ai eu aucun contact de la FFR pour évoquer ce sujet », a refroidi, ce samedi, son employeur Eric de Cromières dans les colonnes de La Montagne. Ce devrait être bientôt fait, puisque Laporte a inscrit à son agenda des prochaines heures de joindre le président clermontois, pour discuter des possibilités de libération de son entraîneur. Azéma, lui, devrait également être contacté par le président de la Fédération en suivant. Le message est clair : la priorité de la FFR, c’est Azéma. Et pas seulement jusqu’à la Coupe du monde 2019. Dans l’ombre de Jacques Brunel pour les deux prochaines années, le coach clermontois pourrait se voir offrir dès cette semaine le poste de sélectionneur pour l’après-Mondial au Japon. Une offre de prestige et une manière d’assurer la continuité et de préparer, dans les meilleures conditions la Coupe du monde 2023 qui se déroulera en France. Primordial.
Au cas où les négociations n’aboutiraient pas, Laporte pourrait se tourner, dans un second temps, vers Galthié, Mignoni ou Garbajosa. Dans cet ordre d’apparition. Avec, encore une fois, l’obligation de négocier avec les clubs, ces trois hommes étant sous contrat.
SÉBASTIEN BRUNO POUR L’ACCOMPAGNER ?
Chez les avants, la hiérarchie semble moins tranchée, à l’heure où nous écrivons ces lignes. Raphaël Ibanez a fait acte de candidature spontanée, en fin de semaine dernière. Mais sa démarche a (très) peu de chances d’aboutir. Le nom de Patrice Collazo, lui, est très vite apparu beaucoup plus crédible. Son travail au Stade rochelais est unanimement salué. Il est l’entraîneur numéro 1 dans le club en vogue depuis 18 mois. Rien que cela le positionne en favori légitime. Mais aucun contact n’avait encore été pris, samedi lorsque Collazo a plombé cette perspective en conférence de presse, après la rencontre de Top 14 entre l’UBB et le Stade rochelais. En s’attaquant directement à la gestion fédérale du cas Novès. «Aujourd’hui, il n’y a aucun respect des hommes et des institutions. Et ça me gonfle. Déjà, on ne respecte pas les gens qui sont toujours en place. Ça me gonfle profondément, qui plus est parce que je les connais. [...] Moi, je suis dans un club où on respecte les hommes et les institutions. Je crois que je suis bien là où je suis, finalement...». Le Rochelais a le mérite, rare et précieux, d’assumer sa prise de position. Quitte à s’éliminer d’une course à laquelle il participait malgré lui. Dès lors, les regards fédéraux se sont focalisés sur deux noms: Sébastien Bruno et William Servat. Avec une priorité donnée au premier. Si Bernard Laporte connaît bien l’homme et a pu échanger avec Pierre Mignoni sur « Bruno l’entraîneur », l’ancien talonneur du RCT serait également laissé facilement à disposition du XV de France par son club, le Lou. Si besoin...