PAU - Personne n'est dupe, dans le rugby professionnel, on planifie tout dans le moindre détail, et on sait désormais comment Clermont a organisé sa semaine d'entraînement avant de voyager dans le Béarn. Dans le plus grand secret, Ç'a dû être ateliers en-avant et fautes de main dans toutes les situations imaginables. D'ailleurs, hier, l'arbitre a dû siffler bon nombre de mêlées. Mais là, un pack impitoyable s'est mis en action, broyant l'édifice palois, et tirant à lui toute la lumière de la victoire. Machiavélique !
Bon, peut-être que ça ne s'est pas vraiment passé comme ça du lundi au vendredi en Auvergne, mais c'est l'impression qu'a laissée hier la sortie au Hameau du leader du Top 14. Machine huilée à marquer des essais sur les trois premières journées, les hommes de Franck Azéma ont d'abord semblé chasser le record du monde d'en-avant en un match. Et dans tous les styles s'il vous plaît ! Dans l'en-but adverse, comme Damian Penaud à la réception d'une passe au pied de Lopez (71e). Dans les 22 mètres palois, souvent, sur des tentatives de lancement de jeu. Et une maladresse de Tuicuvu et Grosso qui se sont disputé le même ballon en l'air avait même permis aux Béarnais de mettre la main sur le match par l'essai de Malié (45e, 20-11).
« Les Palois nous ont mis sous pression pendant soixante-dix minutes, ils nous ont perturbés avec des montées défensives très agressives, justifiait Franck Azéma. On n'a pas réussi à mettre du tempo, on a tombé des ballons... » Ce n'était donc pas un coup monté clermontois ! Là où les Jaune et Bleu ont été calculateurs, c'est qu'ils ont réussi à exploiter un de leurs points forts depuis le début de la saison pour trouver une réplique à la hargne paloise. Et c'est passé par la mêlée.
Décembre 2017 toujours dans les têtes
Le pack auvergnat a torturé son vis-à-vis, pénalisé cinq fois dans l'exercice. Et il a récolté neuf points grâce aux buts de Parra (22e) et Laidlaw (54e, 79e) qui ont sanctionné cette domination. Le dernier but de pénalité du maître à jouer écossais donnait le sourire à Didier Bès. « C'était un peu leur rendre la monnaie de la pièce », expliquait le coach de la mêlée clermontoise. Car dans la liste des blessures de la saison dernière figure en bonne place la défaite ici en décembre dernier. Alors que l'ASM menait, son jeune pilier Kakabadze avait dégoupillé sur la dernière mêlée après la sirène et Pau l'avait emporté sur le fil (22-21). Hier encore, même Parra faisait allusion à ce moment. « Notre saison se joue ici sur ce geste qui nous fait basculer dans le classement », rappelait le capitaine.
« Je souris aujourd'hui, parce que l'an dernier, il y avait des pleurs, poursuit Bès. Je n'oublie pas, même s'il ne faut pas vivre que de ça. On n'a pas fait la motivation là-dessus cette semaine ! » Le secteur avait tout de même été ciblé, et Clermont avait remarqué les difficultés paloises de la semaine dernière à Grenoble. Il a porté ses fruits hier, au-delà de toute espérance, presque, seule planche de salut des Montferrandais. Même si c'est un maul qui leur offrait finalement la victoire (76e, 23-24).
« Ça n'a pas été très beau, décrivait honnêtement Parra. Mais ça fait du bien de gagner ce genre de matches. » Qui mettent le paquet d'avants en lumière, quand les trois-quarts récoltaient jusque-là tous les compliments. « Mais même sur ces matches, le gros volume de jeu était la conséquence de la qualité de nos fondamentaux, réplique Azéma. La mêlée, la conquête et la défense ! Là, on a été contré dans le jeu, on s'est débarrassés du ballon, mais avec cette base, on est restés dedans. C'est important de pouvoir s'appuyer dessus. » Et capital pour conserver la dynamique de quatre victoires qui installe l'ASM en tête du Top 14, même en cas de coup de mou.