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Combinaisons/Skills/Technique


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77 réponses à ce sujet

#61 Arverne03

Arverne03

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Posté 05 mars 2024 - 08:10

C'est un peu circulaire comme raisonnement, mais pour moi c'est justement parce qu'on ne travaille pas assez ou pas assez bien les automatismes. On sait qu'on aura des periodes de match, voir certains matchs complets, ou on sera en difficulte, ca arrive a toutes les equipes. C'est dans ces moments la qu'il faut avoir un nombre limite de structures qui ont ete repetees ad nauseam de telle sorte que les joueurs peuvent les executer les yeux fermes. Et quand ca tangue, on doit pouvoir s'appuyer sur ces structures la pour passer le moment difficile et/ou rebatir un peu de confiance.

 

Non pas que c'est un remede miracle qui marche a chaque fois, mais j'ai l'impression qu'on peut largement s'ameliorer dans ce domaine, et ce depuis des annees, sans doute du aux multiples changements de strategie et vision sur les ~ 4 dernieres saisons.

 

Peut être; mais a t'on les bonnes personnes ? 



#62 Silhouette

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Posté 05 mars 2024 - 15:55

Peut être; mais a t'on les bonnes personnes ? 

Chez les joueurs ? L'idee c'est justement que si tu n'as pas des joueurs "dominants" par rapport aux adversaires, c'est le travail collectif et la repetition a l'entrainement qui te permet de compenser. 



#63 Arverne03

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Posté 06 mars 2024 - 08:11

Chez les joueurs ? L'idee c'est justement que si tu n'as pas des joueurs "dominants" par rapport aux adversaires, c'est le travail collectif et la repetition a l'entrainement qui te permet de compenser. 

 

Faut alors une véritable osmose et que les joueurs s'investissent à fond; mais je ne pense pas que ce soit le cas...................



#64 Lavande50

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Posté 29 mars 2024 - 18:43

Le début d'une série de courtes vidéos "Dans l'oeil du volcan", mise en ligne par l'ASM, voici l'épisode 1 dédié à la mêlée : https://www.instagra...el/C5EFk6Rtk6B/


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#65 el landeno

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Posté 19 avril 2024 - 06:01

Pourquoi la touche les rend cinglés Depuis quelques années, la touche est devenue incontournable, en attaque comme en défense, pour sortir de son camp. Dans toutes les équipes de haut niveau, un voire deux entraîneurs s'occupent de ce secteur où bluff, instinct et vitesse sont indispensables.

« Patrick Tabacco, la touche, il ne pensait qu'à ça ! » se souvient Julien Puricelli, ancien troisième-ligne réputé pour ses contres, aujourd'hui spécialiste de ce secteur dans le staff du LOU. Coéquipiers à Castres, au début des années 2000, ils font partie de ces joueurs ayant développé un vrai savoir-faire en matière de touche, qu'ils essaient de transmettre aujourd'hui.
 
 

Tabacco, surnommé « l'Albatros » pour son envergure dans les airs, aujourd'hui consultant auprès de la sélection belge, résume brièvement : « Quand on a démarré, on n'avait pas le droit aux ascenseurs et il y avait beaucoup de filouteries dans les alignements. Cela a changé en 1997, pour rendre cette phase de jeu plus propre et plus lisible pour les arbitres et le public. Nous sommes des autodidactes, on a tout appris sur le tas : le lift, le contre, tout ça n'existait pas. »

Aujourd'hui, ce sont ces anciens joueurs qu'on retrouve aux manettes de la touche dans les clubs de Top 14 : Julien Puricelli à Lyon, Romain Carmignani à La Rochelle, Jean Bouilhou à Toulouse, Antoine Battut à Montpellier, Sergio Parisse à Toulon, Karim Ghezal au Stade Français (même s'il est entraîneur en chef aujourd'hui), Yannick Caballero à Castres... Il y a aussi d'anciens talonneurs, comme Dimitri Szarzewski au Racing 92 car, dit-il, « c'est un poste où on a développé une compréhension du timing à force de lancer sous pression, on connaît toutes les combinaisons et on est exigeants avec les sauteurs et les lifteurs. »

La touche un boulot à temps plein

S'occuper de la touche, depuis quatre ou cinq ans, est devenu un boulot à plein temps. « Les statistiques montrent que plus de 40 % des essais ont pour origine une touche, constate Julien Puricelli. Avec l'importance prise par le jeu au pied, c'est également devenu un point important en défense. Stratégiquement, les positions des touches ont évolué par rapport à ce fort jeu d'occupation. On fait désormais des sorties de camp en utilisant la touche. Cela génère de plus en plus d'attention sur ce secteur. » Avec le stress et la pression qui vont avec.

Quand ils préparent un match de Top 14, où en moyenne 28 touches vont être disputées (27 en matches internationaux), joueurs, analystes vidéo et entraîneurs concernés donnent l'impression d'être figurants dans un film d'espionnage. Il faut les voir, casque sur la tête, demander le silence autour d'eux car ils ont cru repérer un mot, un geste en rapport avec une combinaison en touche. « C'est comme si on déchiffrait un code, rigole Romain Briatte, un des lifteurs du Stade Français, perturbateur reconnu des touches adverses. En général, ce sont des mots courts, une syllabe pas plus, ou des mouvements imperceptibles : un mec qui se touche un sourcil. Quand on trouve, ça fait plaisir. »

 
 

Mais cela peut aussi se retourner contre ces casseurs de code, comme le raconte Puricelli : « Lors d'un match contre Clermont, on avait décrypté les codes de Rob Simmons (deuxième-ligne). Il se touchait le menton, tendait un bras vers le bas. On avait missionné notre leader de touche pour qu'il s'adapte en fonction de ça. On avait bossé toute la semaine dessus. On a contré le premier ballon mais Simmons s'en est aperçu et s'est adapté. Toute notre stratégie défensive, basée sur ses codes à lui, est tombée à l'eau. »

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Le responsable de la touche du LOU, Julien Puricelli avec ses joueurs. (A. Martin/L'Équipe)
Gérer les sorties et les sorties de secours

Car aujourd'hui, chaque annonce se décompose en plusieurs options. « Avant, on avait une seule sortie (possibilité) par annonce, explique Puricelli. Aujourd'hui, les joueurs doivent avoir deux ou trois sorties par annonce pour pouvoir changer au dernier moment. L'intérêt mis sur ce secteur a complexifié les choses, c'est devenu ultra-compétitif, toutes les équipes s'attachent à contrer l'adversaire. »

« Si j'annonce un milieu de touche, précise Briatte, et qu'en face je vois que l'adversaire a constitué un bloc à cet endroit, je dois être capable de changer en une fraction de seconde. On appelle ça les sorties de secours. C'est beaucoup de répétitions à l'entraînement et ce n'est pas simple pour les talonneurs qui doivent modifier leur lancer. Il y a beaucoup de bluff, on se tourne d'un côté alors qu'on va soutenir de l'autre, on amorce un mouvement des bras vers le haut alors que c'est un autre joueur qui doit capter la balle... »

De l'extérieur, le langage des joueurs de touche semble incompréhensible, amalgame de chiffres, de lettres et de mots. « Il faut trouver un moyen de nommer le sauteur, la zone où on va lancer et quel mouvement on va exécuter, explique Szarzewski. Les mouvements gardent les mêmes noms d'une année sur l'autre mais à l'intérieur, il y a des dizaines de possibilités. »

« À Castres, on utilisait des couleurs, se souvient Puricelli. Les chiffres restent les mêmes, peu importe le mouvement. Si tu as trois gars serrés devant, le premier sera toujours le 1, le deuxième le 2... Le B3, c'est le mouvement B avec le sauteur 3 qui saute. »

Plus que sur la complexité des annonces, la différence se fait aujourd'hui sur la précision et la rapidité d'exécution, pour les touches offensives, et sur l'étude de l'adversaire pour les touches défensives. « Tout est tellement scruté, note Patrick Tabacco, que demain, dans les staffs, il y aura un entraîneur pour les touches offensives et un autre pour les touches défensives. » C'est déjà le cas dans certains clubs, comme à La Rochelle, avec Donnacha Ryan et Romain Carmignani, ou au Racing 92 avec Dimitri Szarzewski et Yannick Nyanga.

Entre alchimie et décryptage de codes

« Selon moi, la défense et la défense en touche sont indissociables, estime Carmignani. Toutes les semaines, on essaie, avec nos leaders de touche défensive (Skelton, Piquette, Haddad), qui ne sont pas les mêmes que ceux de la touche offensive, de trouver des moyens de forcer l'attaque adverse à lancer dans certaines zones. Devant, bien sûr, pour qu'ils aient une plus longue passe à faire mais surtout, on s'attache à brouiller les pistes d'un week-end sur l'autre pour que les adversaires ne sachent pas où lancer. »

Contrairement à La Rochelle, qui ne saute pas pour défendre en touche mais gène l'adversaire en contrant au sol, le Racing 92 est la seule équipe du Top 14 à défendre en miroir, chaque joueur en réaction sur son vis-à-vis, plutôt qu'en bloc (c'est-à-dire en ciblant des zones à l'avance avec des blocs de joueurs). « C'est une question de culture mais aussi d'effectif, analyse Szarzewski. Nous pouvons aligner sept joueurs capables de sauter ou de lifter, des gars au gabarit plus léger (Chouzenoux, Woki, Lauret, Baudonne). C'est plus de travail à mettre en place mais le fait de savoir qu'on défend toutes les touches, cela met les talonneurs adverses sous pression. »

Pour Patrick Tabacco, la touche est une alchimie. « Il faut de très bons sauteurs, c'est-à-dire des gars performants en l'air mais capables de passer au soutien en 1/10e de seconde ; des gars qui lisent très vite une situation en englobant plusieurs paramètres (position des adversaires, attitude, vent, mouvements de leurre), genre Abadie, Macalou, Chouzenoux, Flament.

Et il faut confronter ceux qui ne font pas leur boulot : un pilier qui doit lever un deuxième-ligne, il ne doit se concentrer que là-dessus, s'il regarde ailleurs et essaie lui aussi de voir où va le ballon, il sera en retard pour lifter, c'est mathématique. Il n'y a pas de secret, quand on déclenche le saut au dernier moment, dans une sorte d'urgence qui donne à la structure toute sa vivacité, et que le lancer est précis, les gars en face auront pu décrypter tous les codes, le ballon sera impossible à contrer. »

 
 

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#66 InASMWeTrust

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Posté 19 avril 2024 - 07:55

Sacré Rob. Comme quoi ça, sert, l'expérience. 


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#67 Codorplusàvie

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Posté 19 avril 2024 - 08:04

Sacré Rob. Comme quoi ça, sert, l'expérience. 


J'en connais une qui va rater sa mise en plis ce matin.

#68 el landeno

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Posté 19 avril 2024 - 10:01

Arthur Iturria : « C'est tellement complexe, la touche... »
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Arthur Iturria (à gauche) vole un ballon en touche au Toulonnais David Ribbans. (Scoop Dyga/Icon sport)
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Arthur Iturria, meilleur contreur du Top 14 en 2023 avec Bayonne, détaille la préparation d'un match pour les leaders de touche.
D.I.mis à jour le 19 avril 2024 à 09h26
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« Comment se déroule la semaine d'un leader de touche, comme vous l'êtes à Bayonne ?
Les analystes vidéo et les entraîneurs nous préparent des clips sur l'adversaire, qu'on reçoit le week-end. En général, on étudie leurs quatre matches précédents plus le match aller. Comme je m'occupe de la touche offensive, je ne m'y penche que trois jours avant le match mais un joueur comme Thomas Ceyte, leader sur les touches défensives, ou un de nos analystes, aime bien essayer de trouver leurs codes et y passe beaucoup de temps, du dimanche au jour de match ! Moi, pas trop. J'observe leurs structures et les statistiques pour voir dans quelles zones ils sautent le plus souvent (*). On a plein de chiffres à disposition : les sauteurs prioritaires, les déviations, le pourcentage de ballons portés... Il faut retenir l'essentiel pour que ça revienne vite sur le terrain, quand on est fatigué.

 
 
(*) Dans un alignement on distingue trois zones de saut : le début d'alignement (5 m-8 m), le milieu d'alignement (8 m-12 m), le fond d'alignement (12 m-15 m).

Vous êtes le meilleur contreur du Top 14, avec 13 ballons volés cette saison...
C'est anecdotique comme classement, c'est tellement complexe, la touche. C'est vrai que voler un ballon, ça fait plaisir sur le coup et que je me suis parfois servi des infos dénichées par les copains pour contrer l'adversaire mais c'est vraiment l'exécution qui compte. Si on va assez haut et que le lancer est précis, le contre a forcément un temps de retard. Pour cela, il faut se creuser la tête et trouver comment perturber l'adversaire.

« Il faut se creuser la tête et trouver comment perturber l'adversaire »

 
 
 

C'est-à-dire ?
On fait beaucoup de répétitions à vide et deux séances par semaine sur le terrain, avec des joueurs qui simulent l'alignement adverse. On discute avec l'entraîneur et puis après entre nous, autour d'un café. La touche est devenue un lancement de jeu prioritaire et cela demande d'y passer du temps. Mais nous, les joueurs, on reste en surface finalement. Quand on s'y plonge vraiment, la touche, c'est hyper vaste. Des types comme Julien Puricelli, Antoine Battut, Karim Ghezal, Jono Gibbes, ils aiment profondément ça et ils peuvent aller très, très loin ! »



#69 Lavande50

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Posté 19 avril 2024 - 13:34

J'en connais une qui va rater sa mise en plis ce matin.

 

Je t'avais dit que son job c'est la touche, et qu'il le fait très très bien. :P

C'est son anniversaire aujourd'hui, 35 ans, les plus belles années.



#70 el landeno

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Posté 27 avril 2024 - 13:28

je mets ça là parce que finalement c'ets la meilleure palce et c'est ce qui nous manque aussi probablement

 

Poitrenaud et Michalak, copains d'avant et d'aujourd'hui mais rivaux lors de Toulouse-Racing 92 Il y a vingt ans, la complicité entre Clément Poitrenaud et Frédéric Michalak animait le jeu et les coulisses du Stade Toulousain. Quadras assagis, devenus entraîneurs, les voilà aujourd'hui adversaires pour le choc de Top 14 Toulouse-Racing 92, ce samedi (15 heures).

 

Ils tiraient au pistolet à billes plastiques sur les anciens assoupis à l'avant du bus. Excédés, certains se relevaient pour les corriger. « Pelous, quand il te pince, il t'arrache la peau », disait alors Michalak« C'est vrai qu'on est des pénibles, reconnaissait PoitrenaudHeureusement qu'on est là, sinon, c'est la mort. Faut s'amuser ! On met un peu d'ambiance. »

 
 

Ils ne s'arrêtaient jamais. « Genre des doses de moutarde au fond des crampons », se marre Grégory Lamboley, qui barricadait la porte de sa chambre. William Servat et Jean Bouilhou n'ont pas eu cette vigilance. Victimes d'attaques aux bombes à eau, ils durent aller quémander des draps secs au front desk face aux regards circonspects des employés de leur hôtel. « T'inquiète, ils ont ramassé aussi », assure Servat, entraîneur adjoint de l'équipe de France.

Pour se venger, un coéquipier eut un jour l'idée de les scotcher ensemble au sortir de la douche. « Les conneries de Fred et Clem apportaient de la vie dans le groupe, se remémore Servat. Au-delà d'une relation de travail, on était copains. C'est capital en déplacement, ça donne de la force. » Lamboley confirme : « Les mises au vert d'avant match étaient longues, c'était important de rester pétillants. »

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Clément Poitrenaud et Frédéric Michalak entourés de leur coéquipier Nicolas Jeanjean et de l'entraîneur Guy Novès, à Toulouse, en 2001. (N. Luttiau/L'Équipe)

Les deux acolytes (41 ans aujourd'hui) étaient déjà branchés technologie, précurseurs en piratage de messageries vocales. Fabien Pelous, capitaine aux 118 sélections, en a fait les frais : « Ici Peloupeloupelouooooo. Je ne suis pas disponible pour l'instant, on est en train de me raboter le menton. Veuillez rappeler ultérieurement. » Le coach n'a pas été épargné : « Bonjour, vous êtes sur la boîte vocale de Guy Novès, manager, entraîneur, président et principal actionnaire du Stade Toulousain. En cette période d'élection présidentielle... »

 
 

« Leurs conneries boostaient l'ambiance, créaient du lien entre les générations. C'était une saine contamination »

Vincent Clerc, joueur toulousain de 2002 à 2016

 
 
 

Agents d'ambiance tout en intuition, ils ont apporté leur contribution au management du groupe. Leur pétillement jubilatoire fut un ingrédient de l'excellence du Stade Toulousain des années 2003-2005, années des titres européens. « Novès laissait faire, décrypte Lamboley. Il comprenait que c'était important pour le groupe. » Vincent Clerc appuie : « Leurs conneries boostaient l'ambiance, créaient du lien entre les générations. C'était une saine contamination, ça contrebalançait la pression. Et ne les empêchaient pas d'être sérieux à l'entraînement, ils avaient du talent, la science du jeu. »

Peu, à l'époque, imaginaient que ces deux « zouaves » embrasseraient les responsabilités d'entraîneurs. Vingt ans plus tard, quadras assagis, les voilà dans le cockpit de deux grosses écuries du Top 14. « Ils ont bossé dur pour ça, rappelle Lamboley. Ils se sont ouverts sur le rugby moderne. Fred est parti jouer en Afrique du Sud (2008 et 2011-2012), a appris du XIII australien (2021). »

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Nicolas Jeanjean, Clément Poitrenaud et Frédéric Michalak sous le maillot bleu en novembre 2001. (D. Clément/L'Équipe)

Tous deux ont mis fin à leur carrière pro en 2018. Dix ans plus tôt, en 2008, Michalak avait osé quitter la matrice du Stade Toulousain. À Durban, en Afrique du Sud, il avait découvert le Super Rugby avec les Sharks, puis remporté la Currie Cup.

Poitrenaud s'est aussi rendu aux Sharks en 2017. Un temps, il s'est cherché dans la photographie, a envisagé des études de kiné. Le rugby s'est imposé. Il a passé ses diplômes d'entraîneur, a coaché les Espoirs. Il a désormais la charge des trois-quarts du Stade Toulousain « avec le poids et les responsabilités que ça implique ici », note Clerc. Jérôme Cazalbou, le manager du haut niveau, se dit ravi : « Clément répond parfaitement aux attentes du club sur les missions qui lui ont été confiées. Il est en phase avec la "signature" de notre jeu. »

Tous deux sont allés apprendre chez les Sharks, en Afrique du Sud, et les Roosters, en Australie

Michalak a bourlingué, observé et appris. Deux ans à Lyon, conseiller auprès de Yann Roubert le président du LOU. L'ancien ado en échec scolaire a décroché un « Executive MBA » et un DESJEPS de management. « En plus d'être un tacticien, Fred a toujours été attiré par l'innovation et la recherche » note Clerc.

En 2019, Michalak a créé « Sport Unlimitech », un salon qui rassemble chaque année les acteurs de l'innovation dans le sport. Il a aussi vécu un an en Australie, été le coach adjoint des Roosters, en rugby à XIII, ainsi que des Cronulla Sharks. Sa soif d'apprendre l'a aussi conduit en Irlande pour un voyage d'étude au Munster. Revenu en France, il a bossé deux ans pour le RC Toulon, spécialiste des skills.

C'est cet esprit foisonnant que Stuart Lancaster a choisi pour adjoint au Racing 92 l'an passé. Le boss du club francilien a été sélectionneur de l'équipe d'Angleterre (2011-2015) puis l'artisan du renouveau du Leinster (2016-2023). Les hommes fusionnent bien, entre contradiction positive, goût de la proposition et recherche de solutions. « Stuart est super inspirant, confie Michalak. Il est ouvert, continue d'apprendre. Il nous encourage à avoir des mentors, il évoque souvent John Wooden, un coach de basket américain (dix fois vainqueur du Championnat NCAA) ».

Michalak, lui, s'est choisi l'australien Trent Robinson, le boss des Roosters qui est debout chaque matin à 5 heures pour des séances de Chi Qong, gymnastique énergétique chinoise. Michalak est partageur : l'été dernier, Poitrenaud s'est rendu en Australie pour une immersion aux Roosters. « Clément en a ramené des techniques de respiration que les Toulousains font sur le terrain, décrypte Clerc. Fred et lui sont deux passionnés, en quête des détails qui font la différence. »

Michalak bouquine tout ce qu'il trouve sur l'intelligence émotionnelle et la diversité neuronale. Comme des échos de ses intuitions. « Fred a eu très tôt ce sens de l'autre, décrypte Claude Debat, 80 ans, qui fut son coach à Toulouse. Quand il est devenu champion de France UNSS en 1998, alors que ses copains faisaient la fête, lui était allé réconforter un adversaire qui pleurait. Il l'avait pris par le cou. Sa maturité m'avait frappé. Cette distance par rapport à la victoire. »

« Je suis fasciné par leur capacité à avoir si bien basculé vers l'analytique et l'organisationnel

Daniel Boudre, leur ancien prof de lycée à Toulouse

 
 
 

Tant de chemin parcouru. « Clem et moi, on est un peu devenus des profs, sourit Michalak. C'est bon de transmettre, d'aider les autres à rayonner. La victoire, elle est d'abord là. Et puis, enseigner, ça exige de continuer à apprendre pour ne pas être largué. C'est sain ça. »

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Frédéric Michalak (4) et Clément Poitrenaud (5) à 7 ans à l'époque de l'école de rugby du Stade Toulousain.

Daniel Boudre, leur ancien prof du lycée Jolimont, est aujourd'hui un retraité actif. À 72 ans, il revient d'un trek au Népal, marche 15 kilomètres chaque jour. Il y a vingt ans, cet ancien dirigeant du Stade Toulousain avait raconté les frasques du duo dans « Sacrés gamins ! Jouer c'est plus que vivre » (éditions Privat), un livre plein de poésie sur ce binôme hors pair qui, plutôt que plonger le nez dans des cahiers, s'amusait à chiper les pompes des pions en salle de permanence : « Fred et Clément étaient deux mômes intelligents, des joueurs très portés sur l'instinct. Je suis fasciné par leur capacité à avoir si bien basculé vers l'analytique et l'organisationnel, une dimension opposée que nécessite le rôle de coaches. Et ils y excellent. Preuve qu'ils ont bien su compléter une autre partie d'eux-mêmes. »

 
 

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#71 el landeno

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Posté 12 octobre 2024 - 18:36

Pénalité, touche, mêlée : un choix qui se prépare mais s'improvise aussi sur le terrain Souvent crucial, le choix stratégique de tenter une pénalité ou de préférer aller en touche, voire de prendre la mêlée, est un mélange de préparation et d'adaptation à la situation. Où les joueurs ont la main. Et où les managers peuvent donner de la voix.

 
 
 
 

Une pénalité sifflée, une poignée de joueurs qui échangent puis prennent une décision - tenter de prendre trois points au pied, aller en touche ou prendre la mêlée pour viser l'essai - et un entraîneur, sur le banc ou en tribunes, essayant vainement d'indiquer le choix qu'il préconise. Cette scène est devenue un classique du rugby moderne, observable tous les week-ends ou presque sur les terrains de Top 14. La saison 2024-2025 a d'ailleurs commencé par un modèle du genre : un La Rochelle-Toulon (19-15, 1re journée) venteux où les deux équipes s'étaient tour à tour entêtées à choisir des pénaltouches stériles plutôt que de tenter des buts de pénalité, pourtant recommandées à grand renfort de gestes par Ronan O'Gara et Pierre Mignoni.

 
 

Le demi de mêlée du RCT Baptiste Serin avait après match regretté « des mauvais choix tactiques », tandis qu'O'Gara avait lancé avec franchise : « Je ne sais pas pourquoi on ne prenait pas les trois points en première période. Avec dix points de plus, on aurait vu un match complètement différent. » Qu'il ait lieu en début de partie, quand les équipes tentent de construire leur match, ou dans le money-time, ce choix stratégique n'a rien d'anodin. Et c'est pour cela qu'il est bien plus préparé qu'on pourrait le penser. Comment ? « C'est une bonne question, parce qu'il y a tellement de scénarios possibles, note Stuart Lancaster, manager du Racing. Je pense qu'il faut en établir un maximum, on passe du temps à le faire. J'essaie d'entraîner les joueurs à prendre par eux-mêmes les meilleures décisions parce que nous ne jouons pas au foot américain, où l'entraîneur est tout le temps en communication avec le quarterback. Peu importe le choix qu'ils font après une pénalité, ils doivent faire en sorte que ce soit le bon. »

L'option choisie souvent travaillée en amont

Dans certains clubs, entraîneurs et cadres anticipent donc beaucoup les situations, en fonction notamment de leurs qualités. Dominateurs sur ballons portés, les Rochelais optent ainsi souvent pour les touches. « Je pense que c'est leur ADN, ils aiment aller dans les coins, où ils arrivent souvent à marquer, estime Jean-Baptiste Elissalde, champion dans le staff de Toulouse (2011 et 2012) puis de Montpellier (2022). Et même si ça ne paie pas toujours sur le court terme, ils poussent quand même l'équipe adverse à la faute - pénalités, cartons jaunes - et au bout d'un moment, elle craque. »

L'option choisie est donc souvent travaillée en amont. « C'est une philosophie qu'on doit partager avec les leaders, le capitaine, avance Franck Azéma, manager de l'USAP. On fixe une ligne directrice avant un match, une tendance. Mais c'est quelque chose qui est vivant, on ne peut pas tout décider à l'avance, la tendance fixée change selon le pouls que tu prends tout au long du match. » La forme et la confiance du buteur, l'efficacité de la touche ou de la mêlée, les conditions climatiques, le retard ou l'avance au score, la dynamique de la rencontre, les éventuelles supériorité ou infériorité numériques sont autant de facteurs à prendre en compte. Et toutes les équipes n'ont pas la même marge de manoeuvre. « Chez nous, le choix à faire après une pénalité est très lié au contexte du match, assure Clément Poitrenaud, l'entraîneur des arrières de Toulouse. Dans les moments clés, c'est vraiment la situation de l'instant qui va dicter le choix. Pour ça, les joueurs ne se tournent pas forcément vers le banc pour savoir quoi faire, sauf s'il y a vraiment un doute. »

 
 

« On a toujours un petit oeil sur le banc quand même (rires) pour voir s'ils ne nous gueulent pas trop dessus »

Léo Coly, demi de mêlée de Montpellier

 
 
 

Dès lors, comment les joueurs tranchent-ils ? « Le capitaine prend la décision finale, mais en écoutant le ressenti des leaders de la phase de jeu qu'il pense lancer », explique le pilier du Racing Eddy Ben Arous. Capitaine du MHR, Lenni Nouchi détaille : « C'est une discussion à plusieurs, avec plusieurs paramètres, mais ça dépend surtout du buteur. Je discute beaucoup avec lui. S'il se la sent, il la prend dans 99 % des cas. » Et le buteur montpelliérain Léo Coly de préciser : « C'est une discussion collégiale, mais mon ressenti est important, parce que ce n'est pas Lenni (Nouchi) qui va la taper (...) Et on a toujours un petit oeil sur le banc quand même (rires) pour voir s'ils ne nous gueulent pas trop dessus, entre les trois points ou la touche. »

Si les managers sont unanimement désireux de responsabiliser leurs joueurs, tous ne réagissent pas de la même façon sur le banc. Et ne laissent pas la même latitude à leurs joueurs. Jean-Baptiste Elissalde se souvient en souriant de l'époque où il jouait à Toulouse : « Avec Guy Novès sur le banc, on ne se retournait même plus parce qu'on savait qu'il voulait qu'on prenne dans un premier temps les points au pied jusqu'à ce qu'on décroche l'adversaire. » Manager de l'ASM, Christophe Urios dit surtout être là en cas d'hésitation de ses joueurs. « Quand il y a un questionnement entre eux, le capitaine me regarde. Si je n'ai pas d'avis précis et tranché, je laisse faire les joueurs sur le terrain et 80 % du temps, ce sont eux qui décident. Mais si je sens, pour une raison X ou Y, que je dois faire passer un message, je le fais avec insistance et en principe, ils font ce que je demande. » En principe, seulement.

 
 


#72 frednirom

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    le Var est dans le fruit.

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Posté 12 octobre 2024 - 22:14

les passes dans le dos c'est bossé à l'entrainement ?



#73 el landeno

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Posté 19 octobre 2024 - 08:16

Bord terrain ou en tribunes, les entraîneurs de Top 14 en quête de la meilleure place Placés au plus près du jeu ou juchés dans les gradins, les entraîneurs de Top 14 cherchent la bonne position. Avec le même impératif : garder la capacité d'influer sur un match.

Avant de découvrir sa sanction, en milieu de semaine, ces six semaines de suspension pour avoir explosé de colère au bord de la pelouse du stade Michelin après la courte défaite de son RCT face à Clermont (18-19), il y a presque quinze jours, qui le couperont de ses hommes ce samedi contre Montpellier, Pierre Mignoni avait semblé s'infliger une autopunition.
 
 

Pour le déplacement à Créteil, le coach des Varois avait décidé de suivre le match contre le Racing 92 (6-22) depuis les tribunes, plutôt que du bord du terrain, où il a l'habitude d'officier. Comme pour prendre un pas de recul par rapport à la tension extrême qui peut saisir tous les acteurs d'une rencontre, et s'éviter une nouvelle perte de contrôle.

« Je comprends la décision de Pierre, approuve Patrice Lagisquet, en repensant à son propre vécu de coach du grand Biarritz Olympique. Quand j'ai commencé à entraîner, j'étais en haut en première période et la deuxième, je la passais en bas. Mais au bout d'un moment, j'ai compris que j'énervais tout le monde en bas. Le staff, les joueurs, les arbitres... Il valait mieux que je ne sois pas en bas en train de râler, pester, gueuler ! J'y devenais vite infernal ! » Du genre éruptif, Lagisquet trouvait surtout un réel avantage à se percher dans les hauteurs d'Aguilera : « On y voit les espaces, le mouvement général des joueurs, on repère plus facilement les organisations des différents rideaux de défense ou d'attaque. Ça permet une analyse plus complète des rapports de force. »

« Les connexions bord terrain, c'est fort humainement, ne serait-ce qu'un regard, c'est riche »

Sébastien Piqueronies, manager de Pau

 
 
 
 
 

Un plus qu'apprécie aussi Sébastien Piqueronies, cette « vision panoramique qui aide à la décision et au management ». Mais le manager de Pau, l'un des rares à changer de point d'observation, parfois dans les gradins, d'autres sur le banc de touche, perçoit une limite aux cimes : « L'inconvénient, c'est que tu n'y as pas la proximité émotionnelle avec l'environnement bord terrain et tes joueurs. Tu es éloigné de l'atmosphère. Sur le banc, tu te sens avec et proche de tes joueurs, tu palpes psychologiquement le degré du match. Les connexions bord terrain, c'est fort humainement, ne serait-ce qu'un regard, c'est riche. Dans les moments tendus, les joueurs ressentent la proximité, la détermination du staff. »

Ce lien plus direct est vital pour Franck Azéma. En août 2017, alors qu'il était à Clermont, tout juste auréolé d'un Brennus, il avait décidé de monter coacher depuis les tribunes. Un match loin de ses troupes lui avait suffi : la semaine suivante, il était de retour bord terrain. « Je savais très bien qu'il ne resterait pas en tribunes, en avait alors souri son adjoint, Bernard Goutta. C'est un homme de terrain, il a la connaissance des joueurs. »

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Franck Azéma, ici en 2023 avec l'USAP, préfère rester en bord de terrain. (Sy. Thomas/L'Équipe)

Les mots ou les signes à adresser aux joueurs peuvent même convaincre les habitués du pas de recul à quitter leur perchoir : Ronan O'Gara, l'un des rares techniciens de l'élite en France à commencer le suivi en haut, avait modifié sa position en avril 2022. « Les supporters, l'équipe, moi : on avait tous besoin de se resserrer, justifiait-il à l'époque. C'est juste une bonne image pour montrer mon attachement à mon équipe. Peut-être que certains dans mon équipe trouvent ça bien que je les encourage du bord du terrain de temps en temps. »

Des moyens de communication spécifiques à chaque club

Le manager rochelais a vite regagné sa place naturelle, plus à l'aise « pour y donner des consignes très précises ». Parce qu'en bas, « il faut être lucide, selon Piqueronies. Tu ne vois rien sur les espaces et, si tu peux avoir un ressenti sur la lenteur en bord de ruck par exemple, sur les couvertures ou autres, tu vois que dalle ! » Voir ou sentir, il faudrait donc choisir, en somme. Sauf que les staffs, au rugby, ont développé au fil des années des moyens d'avoir un peu des deux, du ressenti comme de l'analyse, en peaufinant la communication entre leurs membres qui sont bord pelouse et ceux qui sont en haut. Talkie-walkie, pour Mignoni, casques plus ou moins proéminents, quasi tout le monde - à l'exception notable d'Ugo Mola, à Toulouse - est branché.

« La vraie clé, c'est ce travail d'équipe, insiste Piqueronies. Chaque membre de mon staff est missionné, relayé par des oreillettes. On ne se parle pas beaucoup mais on doit remonter les informations importantes, on doit se faire confiance pour bien décider. Les canaux de communication doivent être clairs, centralisés : tout le monde me donne des informations jusqu'à ce qu'il y ait une décision. » C'est qu'il faut éviter la cacophonie des ordres et contre-ordres. Ce qui avait poussé Philippe Saint-André, lors de son mandat à la tête des Bleus (2011-2015), à utiliser un canal prioritaire, selon son adjoint d'alors, Lagisquet : « Quand il prenait la parole, ça coupait tous les autres micros et tout le monde l'écoutait. »

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Le coach de La Rochelle Ronan O'Gara (au centre) suit les matches en tribunes. (P. Lahalle/L'Équipe)

Le va-et-vient entre ceux d'en haut et ceux d'en bas nécessite malgré tout plus de souplesse hiérarchique. À Pau, en cas de suspicion de commotion, le staff en tribunes est chargé de vite revoir les images d'un éventuel choc et c'est lui qui, via un nom de code, décide si le remplacement est nécessaire. À Montpellier, l'entraîneur de la touche, Antoine Battut, placé en haut, a « fait une petite formation sur les annonces et les codifications pour les kinés », qu'il alimente en infos depuis sa position, pour qu'ils les transmettent à l'alignement.

Battut a d'ailleurs remarqué que cette saison, l'UBB utilise bord terrain un grand écran qu'il imagine utile. « Ça l'est, confirme Yannick Bru, qui préférerait être en tribunes, mais passe malgré tout les matches en bas. Une action qui n'est pas dans ta zone, ou au ras du sol, tu ne vois rien ! Ces écrans mobiles sur des trolleys de golf, on les utilise aux entraînements pour faire des retours immédiats. On s'est dit, pourquoi ne pas les avoir en match ? C'est connecté immédiatement à notre analyste, qui me repasse les plans et les angles dont j'ai besoin pour me faire une meilleure idée des situations de jeu, et prendre de meilleures décisions. » Beaucoup de staffs utilisent aussi des tablettes, plus petites, sur les bancs. Si les coaches de Top 14 n'ont pas encore le don d'ubiquité, la technologie leur permet de compenser. Sauf s'ils sont suspendus.

 
 


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Posté 27 décembre 2024 - 22:04

Avec l'interdiction des « escortes », l'incertitude va régner dans les airs et la chandelle devenir une arme redoutable Alors que le réceptionneur sous ballon haut avait l'habitude d'être protégé par des coéquipiers placés devant lui, il sera désormais seul. Décryptage d'une nouvelle règle qui fluidifie le combat aérien.

 

Comme à son habitude, World Rugby n'a pas tenu compte du calendrier des compétitions de l'hémisphère Nord pour imposer une nouvelle règle, ou plutôt réaménager une règle existante mais rarement arbitrée qui consiste à interdire la protection du réceptionneur du ballon. Début novembre, exit donc les « escortes », anglicisme dont la traduction aurait mérité davantage d'attention. Sous les ballons tapés haut, ces « escortes » sont autant de coéquipiers au soutien ou gardes du corps en protection placés devant le réceptionneur de façon à former une barrière susceptible de gêner les « chasseurs » adverses.

 
 

« Avant, sous les coups de pied adverses plein champ, tu pouvais te mettre un peu en écran, ce que faisaient souvent les trois-quarts centres devant leur arrière, mais sans changer ton axe de course, que tu dirigeais vers ton sauteur, confirme Aubin Hueber, entraîneur de Grenoble (ProD2). Maintenant, tout le monde est obligé de s'écarter pour laisser un couloir entre le frappeur et le réceptionneur. » La nouvelle réglementation ressemble donc aux couloirs de bus dégagés pour les transports en commun.

« C'est une arme offensive (la chandelle) que je vais privilégier car elle offre de l'incertitude »

Pierre Mignoni, entraîneur du RC Toulon

 
 
 

Présentée aux clubs par mail début novembre sur un week-end de Pro D2 (10e journée) avec précisions techniques et vidéos explicatives et également dès l'ouverture de la fenêtre internationale de cet automne par la commission des arbitres français, « cette nouvelle règle a été conçue par World Rugby pour redonner un challenge équitable sur les ballons hauts en un-contre-un », décrypte Mathieu Raynal, patron des arbitres français.

Le principe d'équité est un des fondements des règles du rugby, et l'instance internationale s'est aperçue qu'il y avait une dérive. Une sorte de bulle s'était formée autour du réceptionneur, ce qui réduisait la possibilité de contester le ballon. La zone devant le réceptionneur doit désormais être nettoyée pour permettre un « contest équitable ». Reste que cette action de jeu se rapproche ainsi, et c'est un des reproches formulés dans la presse anglo-saxonne, au football australien...

 
 

Une voie royale s'ouvre donc pour les botteurs, qui vont pouvoir chasser à pleine vitesse le ballon frappé haut au pied derrière les mêlées, les rucks ou plein champ dans l'espoir de le récupérer. « Cette règle me plaît, avoue sans ambages Pierre Mignoni, entraîneur du RC Toulon. C'est une arme offensive que je vais privilégier, car ça devient très intéressant dans la mesure où elle offre de l'incertitude. » Ce qu'Aubin Hueber confirme : « Il y a une vraie lutte au ballon et pas d'adversaire pour empêcher la montée en l'air. »

Mais cette arme est à double tranchant : elle peut se retourner contre l'équipe du botteur, note Pierre Villepreux, ancien entraîneur de Stade Toulousain et du XV de France. « Mieux qu'un ballon de turn-over, c'est une remise en jeu pleine d'incertitude qui encourage le jeu car personne ne sait alors comment le ballon va être récupéré, remarque-t-il. Il peut y avoir un contre, c'est-à-dire un effet boomerang au détriment de l'équipe du botteur. Des options offensives peuvent ainsi apparaître, alors qu'elles n'avaient pas été envisagées, tout ça parce qu'on ne sait pas comment et par qui le ballon va être réceptionné... »

Une règle qui pourrait désavantager les Français

Point faible du rugby français, la réception du jeu au pied haut est ainsi mise en lumière par l'évolution de la règle. Sans protection autour de lui, le réceptionneur de la balle se sent bien seul sous les « chandelles ». « La lutte en l'air est fonction de la qualité du receveur, souvent le dix, l'ailier ou l'arrière, ou du chasseur. C'est une question de timing en un-contre-un », précise Aubin Hueber. Domaine dans lequel brillent, en revanche, Australiens et Irlandais, formés dès l'école par la pratique du footy et du football gaélique.

« En défense, sans "escorte", il y a désormais un vrai challenge, qui va demander du travail », assure Pierre Mignoni, qui réfléchit à la façon de construire dans la règle un soutien au réceptionneur-sauteur « à la retombée ». Tous les entraîneurs de Top 14 et de ProD2 ont d'ailleurs inscrit dans leurs plannings d'entraînements une séance spécifique au jeu aérien pour les ailiers et les arrières, « alors qu'avant, nous, en France, on travaillait très peu le jeu au pied » avoue Aubin Hueber, qui fut, à l'époque où il évoluait derrière la mêlée du XV de France, un spécialiste du « kick in the box » (coup de pied dans la boîte).

« Le contrecoup de cette règle, ça sera une recrudescence du jeu au pied »

Pierre Villepreux, ancien entraîneur du XV de France et du Stade Toulousain

 
 
 

Deux bémols s'ajoutent à la clé : l'effet de collision et l'abus de ballons hauts. « Aller au ballon en sautant le plus haut possible et en même temps le jouer pour le contester peut s'avérer dangereux, craint Pierre Mignoni, concernant le premier point. Les "escortes" avaient un rôle de ralentisseurs. Là, ça va monter haut et fort. Il y aura des collisions involontaires en l'air et des chocs à la retombée... » Pour Pierre Villepreux, « le contrecoup de cette règle, ça sera une recrudescence du jeu au pied. C'est une évidence. Mais si ce jeu au pied crée de l'incertitude, alors pourquoi pas... », tempère-t-il en évoquant le second point.

Dans la pratique, la mise en place depuis début novembre de ce nouvel aménagement pose problème. « Les règles qui arrivent en cours de saison nous mettent en difficulté », regrette effectivement Mathieu Raynal. Et la réponse de l'hémisphère nord ne s'est pas fait attendre. « En accord avec la LNR (Ligue nationale de rugby), nous avons appelé le patron des arbitres anglais et, avec l'EPCR (instance organisatrice de la Coupe des champions et du Challenge européen), avons rédigé un courrier commun adressé à World Rugby en demandant à ce que, désormais, les changements de règles et les nouvelles directives soient uniquement actés lors de la fenêtre internationale de juillet, qui convient à tout le monde, que ce soit dans l'hémisphère nord ou dans l'hémisphère sud. » Pour la première fois, c'est à noter, trois grandes instances se sont associées pour monter au front face à World Cup. Ce n'est pas le moindre des effets enclenchés par cette nouvelle règle.

 
 


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Posté 02 janvier 2025 - 21:58

« On doit exiger une maîtrise supérieure à la moyenne » : agresser et protéger, le paradoxe du plaquage Souvent considéré comme un acte d'agression sans violence sur un adversaire, le plaquage doit se faire dans le respect des règles destinées à protéger l'intégrité physique des joueurs. Un équilibre de plus en plus difficile à trouver dans le rugby moderne.

 
 

« Si on voulait définir le plaquage, explique le philosophe Thierry Ménissier, qui a pratiqué le rugby pendant quinze ans et écrit de nombreux articles à ce sujet, on pourrait dire qu'il doit être un acte d'agression, mais sans violence, destiné à bloquer l'adversaire, lui imposer sa volonté et, c'est très important, le protéger. Un vrai plaquage, c'est protéger l'autre autant que soi. » Le règlement de World Rugby le dit explicitement, dans son article 9.11 : « Les joueurs ne doivent rien faire qui soit imprudent ou dangereux pour autrui », une phrase que le père de Nicolas Chauvin, décédé en décembre 2018 lors d'un match espoir suite à un double plaquage provoquant l'arrachement d'une vertèbre cervicale, a obtenu qu'elle soit désormais inscrite sur toutes les licences, véritable appel à faire respecter la règle dans un rugby où les plaquages deviennent de plus en plus violents.

 

« Je ne le savais pas, explique Bastien Vergnes-Taillefer, troisième ligne de Bordeaux, récemment sanctionné par un carton rouge et suspendu trois semaines après un déblayage dangereux. La prise des licences passe par le club et on ne les voit jamais. Mais oui, je connais le règlement. » Alors comment concilier ces deux injonctions paradoxales, « agresser et protéger », surtout quand on entend, à longueur de championnats, depuis l'école de rugby jusqu'au Top 14, les éducateurs et entraîneurs demander à leurs joueurs de « faire mal à l'adversaire », de le « fracasser » ou de le « défoncer » ? « Quand on répète qu'on doit faire mal à l'autre, poursuit le joueur de l'UBB, ce n'est pas au sens premier du terme. Cela signifie qu'on doit lui imposer notre densité physique, notre style de jeu. »

« Il faudrait éviter ces discours où on entend entraîneurs et joueurs parler de faire mal à l'adversaire »

Vincent Clerc, ancien ailier international et intervenant du « Programme de formation au plaquage »

 
 
 

« C'est vrai que le langage autour du plaquage n'est peut-être pas tout à fait adapté », admet Vincent Clerc, ancien ailier international et intervenant du « Programme de formation au plaquage » introduit dans le règlement par World Rugby il y a deux saisons maintenant. « Il faudrait éviter ces discours où on entend entraîneurs et joueurs parler de faire mal à l'adversaire. Le plaquage est un duel qu'on se doit de remporter et on peut être engagé à 100 % vers ce but, être agressif tout en respectant la règle. Il s'agit de marquer l'autre, surtout mentalement. Quand il s'agit de faire mal pour faire mal, ça devient de la violence. »

La frontière est extrêmement fragile et l'évolution du rugby ces dernières années, avec des gabarits de plus en plus puissants, une augmentation du rythme et des défenses de plus en plus hermétiques, rend le geste du plaquage de plus en plus compliqué à parfaitement maîtriser. « La grande majorité des cartons rouges sont dus à des maladresses techniques associées à un manque de maîtrise, analyse Clerc. Dans certaines situations, s'il est fatigué par exemple, le joueur va moins faire l'effort ou alors il va se retrouver pris par la vitesse et va exécuter son plaquage avec un temps de retard. »

 

« Tout le monde est conscient qu'on pratique un sport à risques et les fautes sont presque toujours involontaires »

Bastien Vergnes-Taillefer, troisième ligne de Bordeaux, récemment sanctionné par un carton rouge et suspendu trois semaines après un déblayage dangereux

 
 
 

C'est dans ces moments de grande tension que les accidents arrivent. Les joueurs y pensent-ils avant d'effectuer leur geste ? « Avant de plaquer, à l'entraînement, on a en tête plusieurs choses, énumère Bastien Vergnes-Taillefer. Plaquer bas pour éviter les zones sensibles, c'est-à-dire viser aux jambes, sous la ceinture, en essayant de mettre l'adversaire au sol le plus vite possible. On cherche aussi à monter vite pour éviter les crochets adverses, les changements de direction. En match, c'est parfois plus compliqué. Mais tout le monde est conscient qu'on pratique un sport à risques et les fautes sont presque toujours involontaires. »

Une idée que ne partage pas tout à fait Thierry Ménissier qui, dans ce qu'il appelle le « néo-rugby », observe désormais « une volonté de faire mal, de détruire l'autre plutôt que de juste chercher à imposer sa volonté ». Selon lui, le rugby est désormais un système capitaliste avec « des joueurs devenus des marchandises, entourés d'agents qui sont là pour faire de l'argent, au sein de clubs qui risquent la faillite quasi en permanence pour la plupart. Il faut à tout prix obtenir des parts de marché et faire comme si on était dans une série Netflix, avec de la violence, du sang et de la fureur. Au fur et à mesure du professionnalisme, on a perdu les subtilités, les nuances du rugby car il y a trop d'enjeux. On fait comme si le rugby évoluait toujours dans cette mythologie de l'amateurisme, du respect de l'autre, alors qu'il y a toujours plus de violence et de moins en moins de nuances. C'est un sport tellement paradoxal que, privé de sa finesse, il peut devenir un combat de rue. »

Le tournant de la « Chabalmania »

Ménissier pense que la confusion a démarré au milieu des années 2000 et plus particulièrement en 2007 avec ce que tout le monde a appelé la Chabalmania. Cette année-là, lors d'une tournée en Nouvelle-Zélande avec l'équipe de France, « le rugby mondial avait placé sur un piédestal Sébastien Chabal, un joueur jusque-là lambda, pour avoir cassé la mâchoire d'un All Black (Ali Williams) et en avoir assommé un autre (Chris Masoe). Les gestes brutaux sont glorifiés et on en est arrivé à chercher des circonstances atténuantes pour éviter de mettre trop de cartons rouges : le plaqué a changé de direction ou il s'est baissé brutalement... Je pense qu'il est possible d'emmener les gens à la limite de la violence, c'est même tout l'art du rugby, mais en retour on doit exiger une maîtrise supérieure à la moyenne de la part des joueurs. Pour cela, il faut être d'un rigorisme sans limite. Être contrôlé par la règle, l'arbitre, l'entraîneur, le capitaine. C'est pour cela qu'il ne faut pas, selon moi, laisser de place à l'interprétation. Les circonstances atténuantes, c'est non. Si on touche la tête, on sort. »

Une extrême fermeté qui n'est pourtant pas appliquée dans un rugby où de plus en plus d'aménagements de la règle viennent, que les dirigeants le veuillent ou non, brouiller le message : introduction du bunker (où un arbitre-vidéo décide, après plusieurs visionnages, de transformer ou pas un carton jaune en carton rouge), discussion autour d'un carton rouge de 20 minutes (où le joueur expulsé pourrait être remplacé par un partenaire)... « Cela me paraît correct de considérer des faits de jeu qui font que le joueur en face n'a pas pu faire autrement, justifie Vincent Clerc. Exposer le jeu à beaucoup de cartons rouges, ça déséquilibre un match. » Et c'est bien là le plus grand paradoxe du débat : assurer la sécurité des joueurs aurait ainsi pour conséquence d'amoindrir la logique sportive et de dévaloriser le spectacle du jeu aux yeux des amateurs purs et sans doute trop durs. Et entre ces différents maux, les instances dirigeantes du rugby préfèrent, pour l'heure, maintenir la dimension spectaculaire de leur discipline.

 
 

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