Eh bien non. Renseignements pris, il s'agissait plutôt de travailler les réceptions des balles hautes dans des conditions extrêmes. En gros, s'ils parviennent à maîtriser des ballons avec des moufles géantes et un bandeau sur les yeux à l'entraînement, ils y arriveront forcément encore mieux en match face à l'Irlande, dimanche, dans le contexte hostile de l'Aviva Stadium, une fois débarrassés de ces attirails handicapants. Il faut dire que les Bleus avaient été particulièrement agressés dans ce secteur, et finalement très vulnérables, face aux Anglais, lors de la sévère déculottée subie à Twickenham (44-8, le 10 février).
«Je m'attends à être ciblé en début de match» - Thomas Ramos, arrière des Bleus
« Ça avait été très compliqué parce que leur jeu au pied était parfait, se souvient l'arrière Thomas Ramos. À chaque fois, c'était dans la bonne zone au bon moment. Pour contrecarrer ça, il faut davantage de communication entre les deux ailiers, l'arrière, le demi de mêlée, et même le 8 quand il se replace en troisième rideau. Ce sont des détails qui se règlent. » Et qui se travaillent au quotidien, comme l'observe le sélectionneur Jacques Brunel : « Bien sûr qu'on bosse ce secteur-là, parce que c'est une caractéristique qu'on doit maîtriser, quel que soit l'adversaire. » Le prochain, l'Irlande, s'annonce aussi pénible que l'Angleterre, notamment avec ses deux artificiers de la charnière, Jonathan Sexton et Conor Murray.
Les Bleus n'ont sûrement pas oublié les trois coups de pied irlandais (un renvoi aux 22 m récupéré, une diagonale sur l'aile droite pour gagner du terrain et un drop de Sexton pour conclure) qui précipitèrent leur chute, l'année dernière, dans les cinq dernières minutes (13-15). « On connaît notamment la qualité de leur demi de mêlée (Murray) sur les coups de pied en chapeau (de pression),prévient le centre Mathieu Bastareaud. Mais on sera prêt pour répondre à ça. »
Thomas Ramos s'est d'ailleurs préparé à l'idée de subir un déluge de chandelles en guise de bienvenue pour sa première à Dublin. « Forcément, je m'attends à être ciblé en début de match. C'est normal, je suis encore un jeune joueur (23 ans), avec très peu de sélections derrière moi (2)... Mais j'appréhende ça plutôt bien. Il faudra juste que j'assure sur le premier ballon. »
Et le jeu au pied des Français dans tout ça ? Il se travaille aussi, même si c'est moins naturel. « On est moins enclin que d'autres à le pratiquer, reconnaît Brunel. Parce que, historiquement, on a plus tendance à privilégier le jeu à la main. On doit donc trouver un équilibre, ce qu'on avait plutôt bien réussi à faire contre l'Écosse (victoire 27-10). »