Qui pour remplacer Romain Ntamack en demi d'ouverture chez les Bleus ? Avec Romain Ntamack forfait, les Bleus perdent leur demi d'ouverture numéro 1 et les certitudes tactiques qui l'accompagnaient. Le quinze de France n'a néanmoins jamais disposé d'autant d'options à ce poste.
On croyait le rugby français enfin réconcilié avec un poste qui lui a souvent causé bien des tracas. Après des décennies de bougeotte, il avait enfin installé ces derniers mois à l'ouverture un numéro 1 identifié : Romain Ntamack. Un temps en balance avec Matthieu Jalibert, le Toulousain avait su profiter de l'absence de son compère lors du Grand Chelem 2022 (blessé à la cuisse) pour se rendre indispensable. Histoire d'en remettre une couche, après avoir frappé un grand coup en novembre 2021 face aux All Blacks (40-25) en amorçant une relance aussi culottée qu'efficace, rappelant à tous sa capacité à renverser un match sur une action.
Pour l'ancien demi de mêlée international Julien Dupuy, le forfait de Ntamack ne change « pas grand-chose ». « On sent que le staff met un point d'honneur à ce que les mecs jouent pareil. Pour une fois, en 10, on a du choix, qu'on en profite ! », invite-t-il. Selon nos informations, c'est le finisseur de luxe Jalibert qui tient la corde. Malgré une carrière en bleu hachée par les blessures, à l'image d'une première sélection tronquée le 3 février 2018 face à l'Irlande au Stade de France (sortie dès la 30e, rupture partielle du ligament croisé postérieur du genou gauche), l'ouvreur de Bordeaux-Bègles est le plus expérimenté à ce poste (13 titularisations).
Même s'il ne bénéficie pas de la même complicité avec Antoine Dupont que Ntamack. « C'est différent des automatismes qu'on peut construire en club, mais la complicité, ça se rattrape vite. Et puis connaissant "Toto" (Dupont), il s'adaptera à tous », relativise l'ancien entraîneur Serge Milhas, qui a lancé Dupont à Castres. « La stratégie est en place. Il est là depuis quatre, cinq ans, ça fait trois mois qu'ils bossent ensemble, l'équipe de France ne changera pas foncièrement du fait des caractéristiques du joueur qui démarrera à ce poste », complète Dupuy.
Si la tactique ne devrait pas changer dans les largeurs, Jalibert, fidèle à lui-même, devrait néanmoins exposer plus que d'autres des caractéristiques d'avaleur d'espaces et d'évitement qui font sa marque de fabrique. « Matthieu n'est pas un mec qui va poser le jeu, il va mettre de la dynamite partout », décrivait son coéquipier en club et chez les Bleus, Maxime Lucu, en juillet 2022. Charge à lui, de montrer qu'il sait trouver l'équilibre entre distribution et initiatives individuelles pour doser précautionneusement les batteries collectives.
Ceci étant dit, la bande au sélectionneur Fabien Galthié - scrupuleusement attachée à anticiper le plus de scénarios possibles - a plus d'un tour dans son sac. La carte Antoine Hastoy n'est pas à écarter non plus. Si son vécu en équipe de France est plus récent, l'ancien Palois est désormais champion d'Europe avec le Stade Rochelais, compétition qu'il a terminée comme meilleur marqueur. D'un profil plus dynamiteur à la Section, il a su se faire plus « distributeur » pour répondre à la philosophie de jeu plus directe des Maritimes. En cela, il s'approche dans sa gestion de Ntamack.
« Mais il a gardé cet appétit pour porter les ballons comme Ntamack ou Jalibert peuvent le faire. J'ai souvenir de deux ou trois matches cette année, comme au Racing 92, où il s'engouffre dans la défense et fait très mal », relève encore Dupuy.
Reste l'option Thomas Ramos, qui, « à l'ouverture, au centre, à l'arrière, fait partie des meilleurs du monde », pour Serge Milhas, persuadé « qu'il aurait été international français quel que soit son poste ». Le Toulousain a aussi pour lui sa complicité avec Dupont, développée en club, même si Dupuy ne l'imagine pas titulaire au poste de demi d'ouverture : « Je pense qu'il démarrera à l'arrière, et comme deuxième 10 sur la feuille en cas de blessé. C'est peut-être le plus polyvalent, le plus froid. Il est capable d'être gestionnaire, de faire le coup gagnant, de sauver les essais, de mettre les 3 points de la victoire. »
Cyril Baille, l'autre forfait de taille pour le XV de France Le pilier gauche des Bleus Cyril Baille, touché au mollet droit, devrait au moins être forfait pour les deux premiers matches du Mondial.
La France menait à cet instant 27-10, tout allait bien dans le meilleur des mondes, avec deux essais inscrits coup sur coup face aux Écossais, une confiance au top, et il a fallu une anodine mêlée entre la ligne médiane et les 40 mètres pour que la machine s'enraie. Presque bêtement. Une mauvaise reprise d'appuis sur cette satanée mêlée qui partait en crabe. Cyril Baille s'est d'abord mis à grimacer, debout, avant de s'affaisser sur la ligne de touche pendant que le jeu partait de l'autre côté. Il s'est ensuite fait manipuler de longues secondes le mollet droit par l'encadrement médical des Bleus puis a logiquement cédé sa place à Jean-Baptiste Gros.
Mais le véritable couperet est tombé ce lundi matin, et il fait mal : le pilier gauche des Bleus (29 ans, 44 sélections) souffre d'un « décollement musculo-aponévrotique du gastrocnémien interne » selon le communiqué publié par la Fédération française de rugby et « son indisponibilité serait de cinq à six semaines ».
Samedi soir, dans les entrailles de Geoffroy-Guichard, le sélectionneur Fabien Galthié s'était pourtant montré rassurant, évoquant une contusion et un coup sur ce même mollet. L'affection de l'aponévrose diagnostiquée implique évidemment plus que cela. Selon nos informations, et même si le communiqué médical indique cinq à six semaines, l'encadrement des Bleus espère tabler sur une absence comprise entre trois et quatre semaines. Avec un retour sur le terrain dans cinq semaines et une condition physique totale pour le dernier match de poules face à l'Italie (6 octobre).
Dans les faits, sa présence pour la troisième journée face à la Namibie (21 septembre) reste envisageable, au moins pour figurer sur la feuille de match et disputer une partie de la rencontre. Baille, lui, viserait même l'affrontement face à l'Uruguay, lors de la deuxième journée, le 14 septembre.
En attendant le retour du gaucher toulousain, les Bleus doivent s'organiser. D'abord pour s'entraîner. Puis pour les deux derniers matches de préparation. Et bien sûr le début de la Coupe du monde, face à la Nouvelle-Zélande, le 8 septembre. Le Toulonnais Jean-Baptiste Gros (24 ans, 23 sélections) et le Rochelais Reda Wardi sont les deux autres gauchers de la liste (28 ans, 7 sélections). Le premier a remplacé Baille samedi dernier à Saint-Étienne et avait démarré le premier match de préparation en Écosse avant d'être remplacé à la 55e par Wardi. Dorian Aldegheri (30 ans, 10 sélections), titulaire à droite samedi, pourra par ailleurs endosser le rôle de pilier polyvalent gauche-droite.
Toujours en première ligne, le droitier Demba Bamba (25 ans, 26 sélections), sorti sur blessure à Édimbourg, souffre d'une contusion à une cheville et a bénéficié d'un aménagement de son entraînement la semaine dernière. Il a été remis à disposition du LOU cette semaine. Thomas Laclayat (25 ans, 0 sélection), régulièrement appelé lors des derniers rassemblements, a, lui, rejoint le groupe tricolore à Capbreton (Landes).