« Je n'ai jamais été mal à l'aise avec mon corps, même enfant. Il est comme il est. Cette perception vient, je pense, de mon père. Il me disait : "Il n'y a pas de standard. Ce n'est pas parce que tu es plus grand, plus foncé ou plus petit que les autres que ça change quelque chose." Ces réflexions m'ont accompagné toute ma vie. Donc je ne juge pas les physiques et je ne tolère pas qu'on le fasse, ça me rend fou si j'entends quelqu'un le faire. Il y a forcément des gens qui, en me voyant, se sont dit : "Il est trop gros." Tout ce qui est dit sur moi, je m'en bats les steaks... Au rugby, gamin, des parents d'adversaires disaient que j'étais trop costaud pour avoir mon âge. Mais si ton enfant n'aime pas être plaqué, qu'il pratique une autre discipline !
Est-ce que le sport m'a fait comprendre que mon corps pouvait être un atout ? Oui et non. Au rugby, toutes les morphologies peuvent trouver leur place. Personnellement, j'ai vite compris que mon rôle serait de jouer devant pour fracasser des mecs et pousser en mêlée. Mais je n'aime pas qu'on me mette cette étiquette sur le dos. J'aime bien jouer à la baballe, aussi.
Enfant, j'ai pratiqué plein de sports : du badminton, du tennis de table, du volley, des lancers... Au disque et au poids, j'ai même battu des records scolaires de Jonah Lomu. J'ai commencé le rugby à 4 ans. Ce qui était pénible, c'était que j'étais obligé de jouer dans la même équipe que mon grand frère, parce que mon père ne pouvait pas nous emmener dans deux lieux différents les jours de match.
« Je sais que mon corps est fait pour entrer dans un mur »
À 4 ans, je jouais avec les U6, à 6 ans avec les U8. Même si j'étais plus grand qu'eux, leurs corps restaient plus développés que le mien, ils étaient aussi plus lucides. C'était chiant mais ça m'a beaucoup aidé. Plus jeune, j'ai aussi fait du théâtre, j'ai joué notamment Shakespeare, Le Roi Lion, Aladin... C'était une autre utilisation de mon corps. J'ai appris à prendre la parole devant les autres, ça m'a permis de gagner en confiance. Ça m'aide encore aujourd'hui quand je dois parler devant toute l'équipe avant un match. En tant que sportif de haut niveau, j'ai aussi appris à prendre soin de mon sommeil et de mon alimentation. Tu pourrais te dire "c'est mort, vu son poids, il ne fait rien", mais ce n'est pas si simple. Pour des mecs costauds comme moi, ça va tellement vite de prendre ou perdre 2 ou 3 kg...
En 2015, pour la Coupe du monde, j'étais descendu à 140-142 kg. C'était passé crème ! (Rires.) Bon, après, quand je suis retourné en Nouvelle-Zélande dans ma famille, j'avais vite repris. Le plus dangereux, c'est lorsque j'arrive vers les 150-151 kg. Je sais que mon corps est fait pour entrer dans un mur. Donc il faut être prêt à prendre des impacts, avoir des cervicales vraiment fortes. En 2019, je m'étais d'ailleurs fait opérer, j'ai fait beaucoup de renforcement du cou dans la foulée et je me suis senti plus costaud.
En clair, il faut connaître ton corps par rapport à ce que tu dois faire sur le terrain. Sinon, ça peut devenir dangereux. Quand tu vois le nombre de commotions qu'il y a par an, ça fait peur. Si ton corps n'est pas prêt, si tu ne l'es pas mentalement non plus, tu peux te blesser.
J'ai eu la chance jusqu'ici de ne pas connaître beaucoup de blessures violentes. Mais c'est peut-être parce que je cours moins vite que les autres, que les impacts sont moins importants. (Il sourit.) »
Taille 13 : à son arrivée en équipe de France, en 2014, l'intendant des Bleus a sorti pour Atonio un maillot de cette taille ce qui n'était jamais arrivé dans l'histoire du quinze de France.
Quatrième appui : le moment où il atteint sa vitesse maximale. Si la mobilité n'est pas son fort, Atonio est un joueur étonnement explosif considérant son poids.
53 sélections en équipe de France.