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EDF de Galthié


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Posté 14 mars 2025 - 07:15

« Un rapport poids-puissance incroyable » : décryptage de la fusée Bielle-Biarrey, l'insaisissable ailier de l'équipe de France Louis Bielle-Biarrey est l'un des rugbymen les plus rapides du monde. La vitesse de l'ailier des Bleus et de l'UBB lui permet de faire rapidement des différences, avec ou sans ballon.

C'est qui le plus fort ? Le rhinocéros ou l'hippopotame ? Et le plus rapide entre Bryan Habana et un guépard ? Pour la bonne cause, en 2007, l'ailier sud-africain s'était lancé dans un duel improbable avec un félin avant de s'attaquer, six ans plus tard, à un A380 dans le cadre cette fois d'une publicité. On aurait aimé aussi le voir à l'oeuvre aujourd'hui face à la fusée « LBB ».
 

Car Louis Bielle-Biarrey va vite. Très vite même. Sa vitesse maximale record atteinte en match est de 37,8 km/h. Elle date de mai 2024. « Lorsque je rattrape (le Rochelais) Dillyn Leyds l'année dernière », nous a précisé l'intéressé cette semaine. « 37,8, c'est monstrueux, reconnaît Thibault Giroud, directeur de la performance de l'Union Bordeaux-Bègles après avoir occupé le même poste chez les Bleus (2019-2023). Louis est capable, notamment sur des chasses et des escortes, de toucher des vitesses très hautes. Honnêtement, aujourd'hui seuls cinq mecs peut-être vont aussi vite sur la planète rugby. Si on le mettait sur un 100 mètres, ce qui n'a pas vraiment d'intérêt pour nous, il pourrait faire largement 10"80. »

Le 16 novembre dernier, il avait été flashé à 34,9 km/h, à Saint-Denis, sur son essai contre la Nouvelle-Zélande (30-29). Après une passe au pied de Thomas Ramos, le joueur de 21 ans avait déposé les All Blacks Sevu Reece et Anton Lienert-Brown. « Plein de mecs vont très vite mais le problème c'est qu'ils n'arrivent jamais ou très rarement à le faire en match, note Giroud. Chez nous, Louis est capable de toucher plus de 35 km/h très souvent et de le répéter, avec très peu de repos, et avec très peu de déviation et de perdition de vitesse. Il peut en plus accélérer sur n'importe quelle position et changer de direction. Son application horizontale d'accélération est impressionnante. »

« Au début, ils (l'encadrement des équipes de France jeunes) pensaient que c'était une erreur mais les temps étaient bien les bons »

Alexandre Correard, ancien préparateur physique de Louis Bielle-Biarrey au FCG

 
 
 

Sur 10 mètres, Bielle-Biarrey est redoutable. Il ne lui faut que 154" (son record) pour parcourir cette distance. Dans un temps extrêmement court, l'ailier au casque rouge parvient à apporter énormément de force et à maintenir ses efforts. D'où les différences qu'il crée régulièrement sur des petits espaces malgré un gabarit presque quelconque (1,84 m, 86 kg). « Il est vraiment au-dessus des autres, selon Giroud. Il n'est pas très lourd mais il a un rapport poids-puissance incroyable avec un train moteur très fort. » Et ce n'est finalement pas si nouveau.

 

À ses débuts en 2008, à Seyssins, alors qu'il n'était âgé que de cinq ans, puis surtout à quelques kilomètres de là, à Grenoble dès 2016, Bielle-Biarrey était déjà doué sur un terrain. Il jouait ouvreur. Et il butait aussi, souvent de 50 mètres. « Quand il est arrivé au FCG, c'était encore un enfant, se souvient Alexandre Correard, ancien préparateur physique des jeunes Isérois. Il avait intégré le club car c'était avant tout un très bon joueur, et pas du tout pour ses qualités physiques. Mais à partir de 15-16 ans, il a passé un cap. Il y a eu vraiment une explosion de ses chronos. »

L'encadrement des équipes de France jeunes, en lien avec Correard, n'y croyait pas. « Au début, ils pensaient que c'était une erreur mais les temps étaient bien les bons, se marre celui qui fait désormais partie du staff de la Section Paloise. Les tests sont dépendants des façons dont on les fait. Nous, on faisait des tests de 20 mètres aux cellules. Louis faisait 2"64, moins que Teddy Thomas, qui jouait en sélection. Ça allait très, très vite. »

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Louis Bielle-Biarrey sous le maillot bleu. (A. Mounic/L'Équipe)

Cinq fois par semaine, dont la séance du mercredi dédiée uniquement à la vitesse, jusqu'à son départ à l'UBB en 2021, Bielle-Biarrey a peaufiné sa condition physique à Grenoble, comme d'ailleurs le néo-Toulousain Ange Capuozzo, autre ailier-arrière supersonique du Top 14. Ses qualités naturelles se sont encore affirmées. « Souvent, les joueurs ont soit la vitesse max soit les 10 premiers mètres, ajoute Correard, toujours proche du Bordelais et de sa famille. Louis a la chance d'avoir les deux. Physiquement, dans l'idéal de certains entraîneurs, il faudrait qu'il ait un physique à la Nemani Nadolo, qu'il pèse 110 kg avec les mêmes qualités pour avoir le joueur parfait. Mais ce n'est pas ce qu'on demande à Louis. Pour lui, qui est rarement blessé, ce qui compte c'est d'être fort dans le duel, d'être bon sur les choix, de bien défendre son couloir et de marquer des essais» À ce jeu, il est quasiment imbattable.

« Il pourrait sans doute encore améliorer sa vitesse par du travail très spécifique mais c'est d'abord un joueur de rugby, pas juste un mec qui prend un ballon et qui va vite »

Thibault Giroud, directeur de la performance de l'Union Bordeaux-Bègles

 
 
 

Avec les Bleus, « LBipBip » en est aujourd'hui à 17 (dont 7 dans ce Tournoi des Six Nations 2025) en 18 sélections, et 23 en 19 matches (soit un ratio de 1,2) toutes compétitions confondues depuis le début de saison. « Il pourrait sans doute encore améliorer sa vitesse par du travail très spécifique mais c'est d'abord un joueur de rugby, pas juste un mec qui prend un ballon et qui va vite, souligne Giroud. Nous, ce que l'on veut, c'est surtout le faire progresser sur la répétition à haute intensité de sprints, le faire monter sur des énergies plus importantes et plus longues, et qu'il ait une déperdition de vitesse et d'accélération encore moins importante que ce qu'il a aujourd'hui»

Correard acquiesce et complète : « En sortant de Grenoble, il avait déjà des qualités explosives incroyables mais il avait du mal à répéter ses efforts. Aujourd'hui, il est impressionnant. Plus Louis sera capable d'être rapide souvent sur le terrain, plus il fera la différence» Et plus il marquera (encore) des essais avec l'UBB et le quinze de France.

Guy Ontanon : « J'adorerais bosser avec Louis »
Guy Ontanon, entraîneur d'athlétisme qui a notamment coaché Christine Arron, Muriel Hurtis et Jimmy Vicaut. « Vu le travail qu'on a fait avec les joueurs de l'équipe de France à 7, dont Antoine Dupont à ce moment-là, j'adorerais vraiment bosser aussi avec Louis. Il a des attitudes. Je suis convaincu qu'il a encore une marge de progression. Il peut aller encore plus vite avec un travail de courses. Je travaille depuis très peu de temps avec les filles de France 7 et je vois déjà qu'elles ont capté certaines choses. La course se joue sur des tout petits détails purement techniques. Louis doit être capable d'avoir ce panel des tout premiers appuis jusqu'aux grands espaces comme il est capable de le faire. Il a cette capacité à lire le jeu et s'impliquer dans ces grands espaces, comme sur son essai contre le Stade Français (le 4 janvier).

Dans ses 30 mètres, il avait tapé un coup de pied pour lui-même, le rebond lui avait été favorable et il a fait une course de plus de 60 mètres. Mais il sait aussi le faire sur de très petits espaces, comme on l'a vu encore contre l'Irlande. Je me régale devant ses matches. Sur toutes ses accélérations, on voit de l'engagement et du placement. On a eu des sprinteurs qui n'étaient pas forcément hyper musculeux, lui est assez longiligne. Il met beaucoup d'engagement dans ses courses. Il engage avec le haut du corps mais avec du placement en dessous. Il n'est pas complètement sur un cycle avant mais il se rapproche énormément des coureurs de 400 mètres, qui peuvent avoir ces types de vitesses. Il va donc se rapprocher aussi des vitesses des coureurs de 400. C'est intéressant. »

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Posté 14 mars 2025 - 20:57

« Tu as honoré notre famille et plus encore tout notre territoire » : Yoram Moefana, le petit prince de Futuna qui s'est imposé en équipe de France À l'âge de douze ans, partagé entre les deux royaumes de son île du Pacifique, Yoram Moefana s'était autorisé un rêve plus grand : rejoindre la Métropole et jouer en équipe de France. Il s'impose aujourd'hui comme une évidence dans l'entrejeu des Bleus et est devenu la fierté des siens.

 

À Futuna, confins de notre République où l'on vénère deux rois (*), Yoram Moefana a grandi en petit prince. « Au coeur de notre île coule la rivière Vainifao, raconte le joueur de 24 ans. Elle dresse la frontière entre les royaumes d'Alo et de Sigave. Moi, comme mes parents étaient séparés, je passais la semaine dans le royaume d'Alo, avec ma mère, et le week-end je rejoignais celui de Sigave où vivait la famille de mon père. »

 
(*) Depuis la loi du 29 juillet 1961, mettant fin au statut de protectorat de Wallis et Futuna pour devenir des Collectivités d'outre-mer, la République a reconnu officiellement le rôle des rois coutumiers. Ils n'ont pas de pouvoir législatif mais un rôle central dans les affaires culturelles, sociales et foncières.

Yoram est le fils de Taofi, l'aîné des dix enfants de la famille Falatea, un clan hautement respecté à Sigave. Le soir, à la veillée, les anciens aiment raconter comment leurs aïeux ont repoussé les invasions de guerriers Tongiens sanguinaires. Pour l'état civil, le joueur se nomme Moefana, le nom de sa maman, Odette, née d'une noble lignée du Royaume d'Alo.

« En 2011, on avait passé quinze jours en Nouvelle Zélande et rencontré les Bleus qui disputaient la Coupe du monde. À notre retour, Yoram m'a dit "c'est ce que je veux faire de ma vie" »

Nisié Feleu, entraîneur de Yoram Moefana lorsqu'il était enfant

 
 
 

Six mois après la naissance de Yoram, le 18 juillet 2000, Taofi a tout quitté, Futuna et les siens, pour tenter sa chance dans le rugby en France. L'idylle contrariée aurait pu s'avérer tragique mais par sa lumière et son parcours Yoram a réussi à rassembler les deux clans et unir son île dans une même fierté.

À l'âge de douze ans, Yoram avait fait le tour de Futuna. « En 2011, on avait passé quinze jours en Nouvelle-Zélande et rencontré les Bleus qui disputaient la Coupe du monde, se souvient Nisié Feleu qui fut son entraîneur dès l'école maternelle. À notre retour, Yoram m'a dit "c'est ce que je veux faire de ma vie" ». Prescience de l'enfance.

 

Animé d'une conviction hors pair, cet ado malingre va s'employer à convaincre les adultes pour parvenir à ses fins. « C'est un malin, prévient son oncle Tapu. Fin 2012, il m'a appelé sur Skype pour me dire "Tonton, je veux te rejoindre en France !" ». Je jouais à Limoges en Fédérale, lui avait bien prévu son coup : il était dans la maison de mes parents à Futuna. C'est leur premier petit enfant, le choyé auquel on ne refuse rien chez nous. »

Yoram avait aussi préparé le terrain auprès de sa mère et de Malisiana, sa grand-mère maternelle, toutes deux institutrices. Au moment d'entrer au lycée, il a instillé l'idée que la Métropole serait un bien meilleur choix pour étudier qu'aller sur l'île voisine de Wallis ou même Nouméa à 2 000 km de là. Depuis les années soixante et le « boom du nickel », nombre de jeunes Wallisiens et Futuniens ont déserté leurs îles pour aller louer leurs bras dans l'extraction du minerai en Nouvelle-Calédonie.

Cette migration massive de Polynésiens a créé des conflits avec les Kanaks mélanésiens, peuple premier. « Ma mère redoutait les tensions, les bagarres », résume Yoram avec une once de malice dans le regard. Il n'a pas déçu Odette, tenu parole et décroché un Bachelor en Marketing en 2023.

La Métropole, la France, c'était ce chemin mystérieux qu'avait pris Taofi, ce père loin duquel il avait grandi. Ce centre ailier prometteur était parti jouer à Orléans, à Niort et à Auch. Il s'apprêtait à signer à Dax mais une blessure au genou ruinera ses espoirs. Taofi vit aujourd'hui à Dumbéa dans la banlieue nord de Nouméa où il dirige l'URCD, club de la ville.

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Yoram Moefana avec son oncle Tapu Falatea, pilier droit de 147 kg et papa de substitution à son arrivée en Métropole. (Tapu Falatea)

C'est Tapu Falatea, son petit frère, qui fera office de papa de substitution en accueillant Yoram à Limoges. Après avoir joué pilier dans nombre de clubs de Top 14 et Pro D2, ce colosse de 147 kg est devenu surveillant dans l'administration pénitentiaire. À la prison de la Santé (Paris), les détenus reconnaissent à l'oreille sa pointure 50 lors de ses rondes nocturnes « au petit trot, histoire de garder la forme ».

Le tonton s'émeut puis se marre quand il se remémore la façon dont son neveu a « pris l'intervalle » pour débarquer dans sa vie. « J'étais en couple avec deux enfants et mon ex-compagne a refusé de l'accueillir. On s'est séparés suite à ça. » Tapu se voulait fidèle au « Faka opo opo » un terme futunien qui rassemble les notions de « devoir », de « soutien mutuel » et de « solidarité » au sein du clan.

« Quand je partais en déplacement, je prenais un livre au hasard et lui disais "tu lis ces dix pages". À mon retour, je lui faisais une dictée. S'il faisait plus de cinq fautes, il était privé d'entraînement et pleurait toutes les larmes de son corps. »

Tapu Falatea, oncle de Yoram Moefana

 
 
 

« Yoram était hyperénergique, poursuit Tapu. Sa grand-mère maternelle a fini par nous rejoindre. Elle lui faisait son linge, préparait son repas, son cartable... Il faisait ce qu'il voulait. Quand il dépassait les bornes, elle m'appelait. Là, il détalait de peur de ramasser une taloche. Elle est restée un an. Quand elle est repartie pour Futuna je lui ai dit : "regarde-moi bien : je ne suis pas ta grand-mère. J'espère que tu as bien retenu tout ce qu'elle a accompli pour toi parce que ce n'est pas moi qui vais le faire." »

La saison suivante Tapu signe à Colomiers où Yoram le suit. « Quand je partais en déplacement, je prenais un livre au hasard et lui disais "tu lis ces dix pages". À mon retour, je lui faisais une dictée. S'il faisait plus de cinq fautes, il était privé d'entraînement et pleurait toutes les larmes de son corps. »

« En 2018, alors que Tapu (Falatea) jouait à Castres, on a récupéré les programmes de préparation physique des séniors auprès de monsieur Urios pour faire bosser Yoram »

Tiaki Falatea, oncle de Yoram Moefana

 
 
 

Quand, en 2016, Tapu est recruté par Narbonne, c'est un autre oncle, Tiaki, centre ailier à Montauban, qui prend la relève. « On a été très sévères avec lui, avoue Tiaki. Trop parfois, peut-être. Mais on tenait à ce qu'il réussisse. En arrivant en Métropole, entre 2007 et 2011, Tapu et moi on avait dû bosser comme éboueurs alors le petit, on était toujours sur son dos. Avant lui, c'est son père qui aurait dû réussir en France. Dans les îles, tout le monde ne parlait que de notre frère aîné. Notre père rêvait de voir Taofi en équipe de France. Cette histoire je la racontais tout le temps à Yoram. Regardez ses cuisses énormes. C'est en partie génétique mais beaucoup de travail aussi : on lui faisait enchaîner les squats pour renforcer ses genoux, un point faible chez nous. Je réveillais Yoram à 6 h pour aller courir au moins une heure. En 2018, alors que Tapu jouait à Castres, on a récupéré les programmes de préparation physique des séniors auprès de monsieur Urios pour faire bosser Yoram. »

Par un coup du sort, c'est ce même Christophe Urios qui devient l'entraîneur de Moefana recruté par l'Union Bordeaux Bègles en 2019. « Yoram avait 19 ans, se souvient le coach désormais en charge de Clermont. Extrêmement discret, il dégageait de la maturité et de l'ambition. Intelligent, malin. Un buvard. En équipe de France, je le trouvais timide et maladroit. Moins fluide contrairement à ses prestations en club. Il avait besoin de se sentir en confiance. Là, il est inarrêtable, très fort dans les "un-contre-un", apte à s'engager dans les espaces pour jouer debout. Ou d'aller au sol et se relever. Défensivement, c'est un chien. Il n'est pas timide, juste réservé. Capable de débattre, d'échanger et de proposer. Il n'a pas 25 ans mais je le vois parti pour un long bail en équipe de France. »

À l'autre bout du monde, Taofi se lève les nuits pour regarder jouer son fils. « Je le trouve bien meilleur aujourd'hui avec les Bleus, confie le papa. Il avait stagné pendant deux ans, trop concentré sur les tâches défensives il n'avait plus de gaz quand il touchait le ballon. Il a trouvé l'équilibre. » Père et fils ont un rituel d'échange avant chaque match. L'an passé je lui ai dit : « tu es notre fierté ». Le centre de l'équipe de France (35 sélections) a ri, par pudeur. « J'ai insisté : "je te jure !" ». Taofi veut réparer le temps.

« Je lui ai dit : "tu sais, je peux mourir en paix. Tu as réalisé mon rêve et même été plus haut : tu as honoré notre famille et plus encore tout notre territoire." »

Taofi Falatea, père de Yoram Moefana

 
 
 

« Moi j'avais une relation difficile avec mon propre père. Aujourd'hui, à 47 ans, je bénis ces moments de partage avec mon fils. Dès que je peux je lui envoie des émoticones bisous, raconte le père du joueur. Je veux qu'il connaisse mes sentiments, sache qu'il ne pourra jamais me décevoir. J'ai parfois peur qu'il s'imagine ça après un match moyen. Je lui ai dit : "tu sais, je peux mourir en paix. Tu as réalisé mon rêve et même été plus haut : tu as honoré notre famille et plus encore tout notre territoire." »

 
 

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Posté 15 mars 2025 - 07:26

Jeu de passes des avants, utilisation des touches, coups de pied rasants... : qu'est-ce qui rend l'attaque des Bleus « indéfendable » ? Longtemps adeptes des contres, les Bleus sont passés à un jeu plus complet lors de ce Tournoi des 6 Nations. La preuve en quatre nouveautés.

 
 
 

Dans la liste des records qui pourraient tomber samedi soir, le plus significatif n'est pas forcément celui dont on parle le plus. Pensez : l'équipe de France 2025 en est à 26 essais inscrits dans ce Tournoi, et si elle suit cette voie, elle dépassera l'Angleterre de 2001, celle de Jonny Wilkinson et Clive Woodward, l'équipe qui avait remporté le Tournoi en marquant 29 fois avant de s'adjuger la Coupe du monde deux ans plus tard.

 

Battre ce record ferait date, mais pas besoin d'attendre pour faire le constat d'une grande puissance offensive. « Les défenses ont du mal à nous contrôler », glissait Fabien Galthié après la victoire en Irlande (27-42, le 8 mars), et ce n'est pas un hasard si quelques experts (Jean-Baptiste Elissalde, Thomas Lièvremont ou l'ancien deuxième-ligne écossais Jim Hamilton) ont tous eu le même mot pour qualifier le jeu français sur certaines séquences : « indéfendable. » Comment l'attaque française s'est-elle propulsée à ces sommets ? Éléments de réponse à partir des données des actions qui ont débouché sur un essai.

La minute, frontière brisée

Dans l'ère Galthié, ce chiffre est une révolution : 7 essais ont été inscrits après une action dépassant la minute. Au bout d'un chantier de deux ans, la France est donc enfin passée des « fulgurances » aux longues séquences, de la dépossession au bout de 20 secondes si le jeu n'avait pas avancé à un forcing presque tout-terrain. Pour tenir cette ambition, le système offensif a été considérablement enrichi : les avants s'appuient sur trois animations différentes, les trois-quarts sont passés au dézonage collectif et tous les joueurs ont davantage de liberté pour déplacer le ballon.

Cela débouche sur des mouvements impressionnants, qui concernent plus de monde (50 % des essais ont vu au moins la moitié de l'équipe toucher le ballon). Une stat pour souligner davantage l'évolution du jeu tricolore : la proportion des essais inscrits après au moins 1 minute d'action est passée de 5,9 % lors du Grand Chelem 2022, sommet de cette génération à ce jour, à 26,9 % cette année.

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Les passes d'avants, valeur en hausse

« On a la chance d'avoir des avants qui peuvent faire cette passe de plus, et qui travaillent avec des cellules qui leur permettent d'être au bon endroit au bon moment », disait cette semaine William Servat, l'entraîneur des avants. Illustration de ces propos : les « gros » ont effectué un total de 41 passes sur les essais français, soit 37 % du total hors demi de mêlée et 1,57 par essai (contre 1 en 2022).

« Vrillée » de Jean-Baptiste Gros en pleine course ou en position de 9, sur un pas de Grégory Alldritt, « pivot » de Uini Atonio, offload d'Emmanuel Meafou... Toutes les passes y sont passées, le jeu français a gagné en vitesse et en menaces, et pour les défenses, qui avaient déjà du mal à contenir la puissance de tous ces joueurs, l'équation est devenue très dure à résoudre.

Une touche d'hyper-efficacité

Dans ce Tournoi, quand ils obtiennent un lancer dans le camp adverse, les Bleus ont 40,6 % de chance de marquer (13 sur 32). Énorme, et révélateur à nouveau de la bascule de leur style. Eux qui se gavaient des ballons de récupération (64,7 % des essais en 2022) sont désormais plus efficaces en partant de leurs touches ou de leurs mêlées (65,4 % des essais en 2025). Grâce à la stabilité de son alignement (1 seul lancer perdu), la France a souvent pu déclencher des mauls impactants, qu'ils ont menés loin ou rapidement transformé en jeu dynamique.

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Des coups de pied qui rasent plus court

Le Tournoi avait commencé par du classique, deux diagonales signées Antoine Dupont et Romain Ntamack. Puis en Angleterre, la palette des coups de pied français s'est enrichie d'un nouveau genre : les rasants courts des ailiers. Sous forme de passe, comme Damian Penaud sur deux des essais de Twickenham (26-25, le 8 février) ; ou de dribble, comme Louis Bielle-Biarrey en Italie (24-73, le 23 février) et en Irlande. Une option travaillée, comme nous l'avait indiqué Galthié après le match à Rome, pour trouver une parade à l'adaptation des défenses, qui s'étaient mises à anticiper sur les rasants longs qu'avaient beaucoup tapés les Bleus en novembre.

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Posté 16 mars 2025 - 08:28

« Que Thomas Ramos dépasse les 1 000 points » : Frédéric Michalak admiratif de Thomas Ramos et de son nouveau record Admiratif de son successeur, Frédéric Michalak imagine Thomas Ramos capable d'être le premier marqueur français à quatre chiffres et d'intégrer la caste des Carter, Sexton, Farrell, Wilkinson, O'Gara... Désormais passé de l'autre côté, l'entraîneur de l'attaque du Racing partage une plongée dans la psyché d'un buteur.

Le 23 août 2015, Christophe Lamaison, tout juste devenu ex-recordman des points inscrits avec le XV de France, clamait dans L'Équipe : « Quand j'ai battu le précédent record, qui appartenait à Thierry Lacroix, je n'avais pas eu droit à un bel article dans la presse (cinq lignes dans L'Équipe le lendemain d'Italie-France 2001). Aujourd'hui, les chiffres font partie du rugby. Qu'il l'explose ce record, Fred ! ». Fred, c'était Michalak, auteur de 17 points ce soir-là contre l'Angleterre en match de préparation à la Coupe du monde. Il n'explosa que modérément ce record. Mais n'a rien perdu de sa passion dévorante pour l'exercice solitaire du tireur d'élite.
 

« Vous avez eu le temps de vous préparer à l'idée que Thomas Ramos dépasse votre record. Il ne lui manquait que 58 points avant ce Tournoi...
C'est bien qu'il dépasse le record. Et surtout, qu'il continue ! Moi, il me régale. Le plus important, c'est que Thomas dépasse les 1 000 points. Son objectif, c'est d'aller chercher cette barre des 1 000 points et se rapprocher des Carter (1 598), Sexton (1 113), O'Gara (1 083), Wilkinson (1 246), Farrell (1 271)... Vous vous rendez compte que j'étais le recordman français avec 436 points... C'est rien, 436 points. Mais ça montre bien que pendant longtemps, en équipe de France, on changeait beaucoup de buteurs, de charnières... Tu butes pendant deux matches, après, on change.

Qu'est-ce que vous remarquez dans l'approche du rôle de buteur chez Ramos, dans sa technique ?
On connaît tous ses qualités de relanceur, d'animateur dans le jeu courant. Comme buteur, je trouve qu'il n'a pas tellement fait évoluer sa technique. Il est plutôt posé devant le ballon. Quand on l'analyse un peu, on voit qu'il a une très bonne approche, assez lente dans un premier temps, puis un très bon impact. Il a vraiment une technique de footballeur, assez facile, naturelle.

Ça veut dire quoi, une frappe de footballeur ?
C'est une frappe qui n'est pas saccadée, pas robotisée.

Ramos disait justement qu'à Colomiers, David Skrela l'avait aidé à travailler pour qu'il ait moins une frappe de footballeur...
Peut-être qu'il l'enroulait un peu trop, qu'il voulait trop la contrôler. Ce que tout ça veut dire, c'est que ce n'est pas parce que votre geste est fluide ou naturel qu'il n'y a pas énormément de travail derrière. Je pense que Thomas a aussi réussi à atteindre cette précision technique grâce à d'autres sports. Il joue un petit peu au golf et quand vous faites du golf, vous savez très bien que si vous forcez un coup, la balle peut aller à droite ou à gauche. Elle vous échappe.

Il faut arriver calme devant la balle, ou le ballon. J'ai fait du golf en fin de carrière mais je vois encore plus le sens maintenant. C'est un geste isolé où tu es face à toi-même, qui mêle approche technique, approche mentale, concentration face à un environnement extérieur, un score, une pression, un temps qui est compté. On retrouve ça au tir à la carabine, au tir à l'arc, au biathlon. Un buteur doit apprendre à se connaître : comment il réagit face à l'échec, comment il gère son geste après une action longue qui l'a fatigué, qui lui fait chercher son souffle. C'est passionnant de réfléchir à tout ça.

 
Frédéric Michalak, en bref
42 ans.
Entraîneur de l'attaque du Racing 92
Ancien demi d'ouverture du quinze de France (77 sélections, 10 essais, 436 points).
Palmarès : vainqueur du Tournoi des Six Nations en 2002, 2004, 2006 et 2010 (Grand Chelem en 2002, 2004 et 2010) ; 4e des Coupes du monde 2003 et 2007, quart-finaliste en 2015.

Quand nous avions posé la question à Owen Farrell, il avait répondu que ce qu'il aimait beaucoup dans la technique de buteur de Ramos, c'était la simplicité de sa routine, le fait qu'il n'ait pas eu besoin de créer une mécanique compliquée...
Oui, il est beau à voir. Très beau à voir. Ce qui est assez surprenant, c'est qu'à cinquante mètres, généralement, il pose son ballon, il recule, il regarde et il tape direct. Garder la simplicité du geste, peu importe la distance, l'enjeu, c'est très beau et ça parle à tous ceux qui ont été buteurs.

« Ce qui relie les grands buteurs, c'est cette envie de répéter, répéter encore »

 
 
 

Est-ce que c'est un autre sport, ou un autre métier, d'être buteur en club et buteur en en sélection ?
Non, c'est pareil. C'est juste le contexte qui change. Qu'il soit face à une pénalité à la sixième journée de Top 14, une pénalité en finale du Championnat ou en Coupe du monde, le buteur doit se concentrer uniquement sur le geste. Ce qui relie les grands buteurs, c'est cette envie de répéter, répéter encore. J'ai travaillé avec Jonny Wilkinson. Lui, c'était deux-trois heures de frappe par jour. Au moins deux heures. C'est très, très long mais c'était son besoin pour avoir confiance, pour avoir la sensation de maîtrise. Aujourd'hui, la nouvelle génération a une approche différente, avec un détachement différent aussi. Ils acceptent aussi plus facilement la contre-performance, ils s'ouvrent sur leur ressenti plus facilement que nous à l'époque.

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Frédéric Michalak a inscrit 436 points avec l'équipe de France. (S. Mantey/L'Équipe)

Vous, en fin de carrière, notamment au moment de la Coupe du monde 2015, vous étiez passé du côté obsessionnel dans le travail de buteur. Avec le recul, êtes-vous allé trop loin dans cette recherche de l'absolue maîtrise ?
Quand tu es un éternel insatisfait, comme je l'étais, même quand tu fais 100 % et 27 points, tu vois un micro-truc à corriger, à refaire. Buter, ça peut te ronger intérieurement. Tout le début de carrière, j'étais très connecté à l'aspect mental. C'est quand je suis parti en Afrique du Sud (en 2008, chez les Sharks) que j'ai commencé à avoir une approche plus technique. J'ai pu parler avec quelqu'un du placement du ballon, des différentes hauteurs de tee, d'autres façons de m'entraîner, de dominer le ballon.

J'ai réfléchi à trouver les bons pas dans la course d'élan pour avoir le meilleur pied d'appui possible. J'ai appris à utiliser la visualisation, comme au golf quand on pense à la trajectoire. La partie cognitive est très intéressante à explorer. Je suis passé du plot de terrain basique à la coupelle télescopique parce que c'est vrai que je manquais de précision. Guy Novès m'avait conseillé de changer. J'ai gagné beaucoup de précision parce que j'avais plus de surface de ballon à taper mais j'ai perdu en longueur. Il a fallu se réadapter.

« Vous voyez un geste mais en réalité, c'est cinquante influences »

 
 
 

Ce qui est intéressant avec les buteurs, c'est aussi d'essayer de comprendre leur relation à l'échec. Ramos dit souvent que dès le lundi, il a besoin de retaper à l'entraînement les coups de pied qu'il vient de rater le week-end. Est-ce une façon d'effacer un parasite dans sa mémoire ?
C'est un truc typique du buteur. Moi aussi je venais le lendemain d'un match retaper les mêmes frappes, même si en match on ne retape jamais deux fois le même coup de pied. Souvent, la force des grands buteurs, c'est d'analyser techniquement pourquoi ils ont loupé telle ou telle frappe. L'échec, c'est le risque du métier. Tu sais qu'il existe, tu sais qu'il faut faire avec. Le plus dur, c'est quand tu es en grande confiance, comme c'était mon cas à la Coupe du monde 2003, et que le jour J du match, ça ne passe pas. Là, tu le prends en pleine gueule. Mais tu essaies vite de comprendre pourquoi. Et le pourquoi, je le comprends mieux aujourd'hui qu'à l'époque parce que j'ai davantage de bagage technique.

Buter, c'est un geste technique et on peut toujours se raccrocher à la pure technique pour défaire des noeuds. Aujourd'hui, un buteur possède énormément d'informations. Déjà, des données analytiques : est-ce que ses frappes sur tel match passent plutôt milieu-gauche, milieu-droite ? Ou alors, quelles sont les trajectoires de ses frappes depuis telle zone du terrain ? Il a toutes les images qu'il veut puisqu'il est en général filmé sous quatre ou six angles de vue. Ça permet d'observer la rotation des hanches et des épaules. Ça permet de savoir s'il a forcé ou non, si sa tête a bougé parce qu'il n'a pas assez sorti la poitrine. On peut mesurer son rythme cardiaque, utiliser un neurotracker...

Récemment, au Racing, Nolann Le Garrec a fait venir un entraîneur de golf qui utilise un appareil pour déterminer si on utilise plus la partie droite ou gauche du cerveau, la partie gauche étant celle qui permet de mieux se concentrer. On peut toujours trouver de petites choses. Tout ça, c'est super enrichissant mais si le joueur perd sa concentration au moment de taper et commence à être perturbé par ce qui se passe dans le stade, on passe du côté de l'intelligence émotionnelle, et c'est encore autre chose. Vous voyez un geste mais en réalité, c'est cinquante influences.

« En général, un buteur a toujours rêvé de l'être et il y revient toujours »

 
 
 

Est-ce qu'un buteur de niveau international peut traverser un moment où il n'a plus envie de taper, où ça ne le fait plus rêver, où même ça lui fait peur ?
J'ai beaucoup pleuré après des échecs, dans les vestiaires, dans des toilettes de vestiaires. J'ai vécu ce moment où tu rates et tu ne comprends pas pourquoi. Mais le lendemain, tu repars au travail. Tu essaies de trouver les réponses. En général, un buteur a toujours rêvé de l'être et il y revient toujours. Moi, j'en ai toujours rêvé. Quand tu arrives à 18 ans, que tu fais une finale de Championnat de France et que tu butes, c'est que t'as envie d'être là à ce moment-là.

Il n'y a pas longtemps, Ronan O'Gara disait que lorsqu'il a commencé, il priait pour que son équipe du Munster ne se retrouve pas à la dernière minute avec une pénalité à taper pour ne pas perdre de deux points et plus le temps passait, plus il rêvait de se retrouver dans cette situation...
On rêve tous de cette pénalité à mettre à la dernière seconde. Est-ce que j'ai prié pour ne pas avoir à en taper une ? Non, je n'ai pas souvenir de ça. Depuis tout petit, je voulais être dans cette position. Je tapais devant chez moi, je fermais les volets pour ne pas casser les fenêtres et je devais toucher les volets. Et ça durait pendant des heures. Au milieu de la cité, on avait des poteaux de foot. Alors je tapais entre les poteaux, au-dessus, avec mon tee. J'avais mon tee à moi, je faisais mon truc, je trouvais ça génial. Après, arrive le moment où tu fais ça devant chez toi, sur tes volets, mais tu t'imagines que c'est une finale de Championnat. Et encore après, tu imagines que t'es dans un grand stade avec une pénalité compliquée à taper. Encore que, une pénalité n'est jamais compliquée.

Comment ça ?
Il y a le facteur distance, mais chacun sait jusqu'où il peut tenter le diable ou pas. Il y a le facteur angle mais par principe, une pénalité n'est jamais compliquée pour un buteur quand il la prend. Mais c'est vrai que tout le monde ne veut pas buter. J'ai connu un très grand joueur de rugby à XIII, (James) Tedesco qui a tapé sur un match mais il a très mal tapé. Et derrière, il ne voulait plus. C'était trop de charge.

Est-ce réellement efficace de travailler avec des sonos recréant le bruit des supporters de tel ou tel stade ? Est-ce qu'on peut vraiment s'entraîner à buter sous pression ?
On l'a fait avant Bayonne-Racing cette saison (32-15), ça n'a pas marché. Mais oui, ça peut aider. Je me souviens qu'à Toulouse, quand j'y jouais, il y avait toujours des enfants au club et des chiens, le chien de Franck Tournaire en particulier, qui venaient se mettre à côté du ballon. Ils attendaient que je tape pour aller chercher le ballon. C'est une interférence, c'est intéressant.

On s'entraîne aussi à taper sous fatigue. Je me souviens qu'avant la Coupe du monde 2015, Philippe Saint-André et son staff avaient essayé un truc. On faisait beaucoup de physique sur des "wattbike" (vélos d'appartement). Je me rappelle de séances horribles à Marcoussis. À la fin du "wattbike", nous, les buteurs, devions taper une pénalité de 40 mètres en face pour gagner. Une fois, juste avant le dernier appui, je me suis écroulé en tapant. J'étais gorgé (rire). Ça n'arrive jamais de se retrouver dans cet état extrême en match. Là, on était allé trop loin. »

 
 

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Posté 16 mars 2025 - 12:48

Galthié est passé clampin des montagnes à grand coach en l'espace de 2 ou 3 semaines, ce qui est plutôt chouette. 2 tournois en 6 ans, on reste sur notre faim, mais s'il rajoute un petit 2026 à son répertoire, ça fait un joli doublé (deux ans consécutifs) et 3 tournois en 7 ans qui devient bcp plus luisant comme palmarès, et qui est surtout probable car réception des Angliches et Irlandais à Paris et année paire...



#11061 el landeno

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Posté 16 mars 2025 - 14:23

Décryptage : Lucu-Ntamack, demis de « fermeture » face à l'Écosse en clôture du Tournoi des 6 Nations Face à l'Écosse, pour la deuxième fois de suite, Maxime Lucu et Romain Ntamack ont réalisé un sans-faute au plaquage, alors qu'ils ont été très sollicités. Une solidité qui a pesé, tandis que les trois-quarts français ont, eux, eu du déchet.

 

Il existe deux raisons statistiques de s'intéresser à la défense de Maxime Lucu et Romain Ntamack. D'abord, le volume : la charnière a compilé 23 plaquages (12 pour Lucu, 11 pour Ntamack) en 156 minutes en commun face à l'Écosse, un chiffre proche de celui de la semaine passée face à l'Irlande (19 en 131 minutes). Ensuite, l'efficacité. Alors que la colonne des plaquages ratés par les trois-quarts français face à l'Écosse est copieusement garnie (5 pour Yoram Moefana et Gaël Fickou, 3 pour Damian Penaud et Thomas Ramos, 1 pour Louis Bielle-Biarrey), Lucu et Ntamack ont réalisé un sans-faute. Comme en Irlande.

 

On sait depuis longtemps que les 9 et les 10 sont trop sollicités défensivement pour sortir du terrain avec le maillot tout propre, comme c'était le cas à une époque. Mais les performances défensives de cette charnière tricolore restent notables. Surtout en termes de réussite aux plaquages, car des contre-exemples existent à leur poste respectif. « C'est un atout dans mon jeu, disait d'ailleurs Maxime Lucu après le match. J'ai essayé de donner un petit peu de cette capacité sur ces deux matches, ça aide les gros à souffler. J'ai essayé de combler, par moments, c'était à la limite, mais c'est quelque chose que je travaille beaucoup. »

Lucu et Ntamack avaient chacun une zone prioritaire à « fermer » lors de ce dernier match du Tournoi. Pour ce dernier, sans surprise, il s'agissait de tenir au centre du terrain, là où les attaques envoient du lourd sur les lancements de jeu adverse. Comme disent les Britanniques, l'ouvreur toulousain a mis son corps sur la ligne à quelques reprises, et on ne dira jamais assez à quel point sa qualité défensive, dans la lecture comme au plaquage, est un élément crucial de son statut de titulaire.

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(France 2)
34e minute : Tom Jordan (95 kg), lancé, va affronter directement Ntamack. Ce dernier ne s'écarte pas et se baisse comme il faut. Un plaquage de face sur lequel il va reculer, mais en faisant tomber Jordan.
 

Pour Maxime Lucu, la mission arrivait souvent plus tard, quand l'action, après être partie dans un sens, revenait dans l'autre. Alors replacé sur les extérieurs, le Bordelais devait alors presser, comme on l'a vu dès la 6e minute.

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(France 2)
(1/2) Replacé au large, Maxime Lucu monte avec un temps d'avance par rapport au reste de la ligne défensive. Son objectif : perturber le jeu sur les extérieurs de l'Écosse.
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(France 2)
(2/2) Pendant le temps des passes, Lucu est monté et il plaque le troisième ligne Jamie Ritchie une dizaine de mètres plus haut que la position du ruck précédent (pointillé rouge).

« C'était une consigne, a-t-il expliqué. L'Écosse est l'équipe qui porte le plus le ballon, avec des athlètes sur les extérieurs, et le but, c'était de fermer fort, d'essayer de catcher les passes (intercepter), ou au moins de les obliger à faire des longues passes pour qu'on puisse revenir ensuite. Par moments, on l'a bien fait. D'autres, ç'a été plus compliqué parce qu'ils ont énormément de qualité. »

Sur plusieurs séquences, Romain Ntamack, après avoir assuré sa part du boulot sur le lancement de jeu écossais, s'est replacé à côté de Maxime Lucu. Exposer la charnière dans la même zone, ça peut paraître risqué, mais pas avec ces deux-là.

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(France 2)
28e : Ntamack et Lucu gèrent bien la prise d'intervalle de Huw Jones, qu'ils vont vite amener au sol.
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(France 2)
35e minute : de l'autre côté du terrain, la charnière fait face au colosse Van der Merwe. Lucu prend en bas, Ntamack en haut, avec l'intention de bloquer la possibilité de passe et de ralentir le jeu en maintenant « VDM » debout. Le ballon va sortir en cinq secondes, pari réussi.

Chez Maxime Lucu et Romain Ntamack, la défense est une qualité technique mais aussi un appétit. Une action de ce France - Écosse a souligné cette envie chez Lucu.

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(France 2)
(1/5) 49e minute : sur une mêlée, alors qu'il était placé côté droit, Lucu a basculé en voyant l'action écossaise partir vers sa gauche.
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(France 2)
(2/5) Lucu poursuit son effort défensif. Alors que les différents appels ont permis à Finn Russell de prendre un intervalle, le Bordelais s'accroche et, en poursuite, plonge sur l'ouvreur écossais. Un retour essentiel car un 2 contre 1 (Russell et Graham face à Ramos) se dessinait.
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(France 2)
(3/5) Lucu se replace rapidement après son plaquage mais, au lieu de le faire à l'opposé, comme prévu, il reste dans la zone du ballon pour parer au plus pressé.
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(France 2)
(4/5) Mais quand il voit que les Écossais veulent aller jouer côté opposé, Lucu sait qu'il n'est pas à la place prévue dans le système. Il sprinte alors pour rejoindre l'autre aile.
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(France 2)
(5/5) Neuf secondes après son replacement dans le couloir gauche de la défense française, Lucu est à l'opposé. Et son replacement est très utile : il transforme un 3 contre 2 en 3 contre 3. Il finira cette action défensive à haute intensité par un plaquage de face sur le talonneur Cherry quarante secondes plus tard.

Au moment de cette action défensive, et notamment du plaquage sur Russel puis du replacement à l'opposé, le score était de 23-13 et le match pouvait encore basculer côté écossais. C'est en tenant compte de ces circonstances, et de cette première partie du match très serré, qu'il faut lire la performance de Lucu et Ntamack en défense.

 
 

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#11062 F@b

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Posté 16 mars 2025 - 20:55

Alors en synthèse perso du tournoi sans ordre :
J'ai trouvé sympa de voir plus de jeu
Je ne supporte plus de voir parler Galthié
Je déteste cet emballement médiatique pour ce qui n'est que le même tournoi année après année
Ce qui entraîne que je déteste voir dans le public toutes ces personnes qui ne sont là que pour la holla ou faire un coeur à la caméra
Pas grand chose à dire sur le 8 de devant oui plutôt d'avoir un avis sur tel ou tel joueur. Auradou petit être. Qu'est-ce qu'il fait là ?
A titre perso, j'espère qu'un Barnabé aura sa chance
Derrière, plus de remarques
Ou est Serin ?
Quel ouvreur ? Jalibert a déçu, Tamak n'est pas encore revenu, Ramos 10 ou 15 ?
Pourquoi encore Fickou ? Non pas qu'il ait été mauvais mais pourquoi ?
Pas convaincu quand même que l'Edf soit si forte, facile à dire après mais les autres équipes m'ont semblé moins forte
Good game

#11063 steph

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Posté 16 mars 2025 - 21:09

On a fait le job en gagnant en Irlande, avec la manière, une équipe qui est en fin de règne, et orpheline d'un ouvreur. Suffisant pour que les commentateurs et observateurs nous voient lancés vers le titre mondial...
Comme d'habitude. Il paraît même qu'on est "injouable". Perso, le 7+1, je pense qu'il n'est pas viable pour nous en coupe du monde.
Mentions à Boudehent, Guillard, Gros, Cros, Moefana et bien sûr LBB. Ramos, j'ai toujours un doute perso, sur sa capacité à ne pas surjouer dans les moments chauds.

#11064 Lourugby

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Posté 16 mars 2025 - 22:03

C'est un beau tournoi avec un vrai match référence en Irlande, un trophée au bout et de belles satisfactions individuelles et collectives. 

 

En revanche, on mesure également toute l'étendue du travail à fournir pour prétendre au mondial. On est beaucoup trop irréguliers, on peine à tuer les matchs et gérer sereinement les moments chauds (un vrai handicap pour une coupe du monde...) et il y a encore des efforts à faire pour étoffer l'effectif.

 

Je l'ai déjà dit et redit, mais Ramos me semble nettement plus à l'aise à l'ouverture où il excelle tandis qu'il affiche certaines limites à l'arrière, même s'il demeure excellent au demeurant. En outre, on manque encore de garanties au centre et sous les ballons hauts. On a progressé derrière mais on voit bien que notre volume et notre profondeur de jeu sont perfectibles et en deça du potentiel affiché. 

 

Je continue de penser que l'association Dupont, Ramos et N'Tamack au centre, complétée avec les bordelais derrière (Moefana, BB, Penaud et Buros), nous offrirait une base plus solide en pouvant capitaliser sur de nombreux automatismes, options de jeu et complémentarités. J'exprime cependant une petite réserve sur Penaud, dont on connait tous le talent, mais un peu trop dilettante et irrégulier sur ce tournoi alors qu'Attissogbe arrive lancé. Si ce dernier réalise une belle tournée chez les Blacks, il toquera très fort à la porte d'une titularisation.

 

Je nous trouve plus fort devant, avec un pack très intéressant et régulier. On aperçoit davantage de profondeur, de palette de jeu et de capacité à peser sur l'adversaire. Je peine cependant à comprendre le rôle d'Auradou, alors que d'autres options sont plus intéressantes, et il me parait essentiel de bien préparer la relève à droite. Le retour de Tatafu va faire du bien car on voit qu'Atonio baisse un peu de régime, ce qui est logique, et je continue de penser qu'il faudrait le sortir du groupe bleu si on veut pouvoir potentiellement compter sur lui en 2027. L'intégrer à chaque match accélérera au contraire sa fin de carrière et limitera le développement d'autres piliers droits.


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#11065 el landeno

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Posté 17 mars 2025 - 07:09

Un jeu offensif abouti, une relève à la hauteur et une défense inconstante : les points positifs et négatifs du Tournoi des Bleus Victorieuse du Tournoi des Six Nations, à deux doigts de décrocher un nouveau Grand Chelem, l'équipe de France a montré d'évidents signes de progression durant la compétition. Mais elle pourrait être encore plus forte.

 

Fabien Galthié l'a reconnu lui-même, samedi soir, quelques minutes après le succès de ses joueurs face à l'Écosse (35-16), synonyme de victoire dans le Tournoi : « Je pense que l'équipe d'aujourd'hui est meilleure que celle de 2023. Elle a progressé. Justement parce qu'elle est passée par la Coupe du monde 2023, et aussi par le Tournoi difficile de 2024. »

 

Tout n'a pourtant pas été parfait. Retour sur ce qui a bien marché et ce qui, au contraire, n'a pas bien fonctionné lors de ce Tournoi 2025.

ce qui a bien marché
 
Un jeu offensif plus abouti

Un chiffre pourrait résumer les progrès des Bleus dans le Tournoi : 30. Comme le nombre d'essais plantés en cinq matches. Jamais une équipe n'avait autant aplati dans l'en-but en une seule édition depuis la création de cette compétition. Cette stat montre que les Français ont élargi leur palette offensive, trouvant notamment dans le jeu en "tank", avec une utilisation massive et répétée des avants autour du demi de mêlée, l'opportunité de resserrer les défenses adverses et d'exploiter les espaces ainsi libérés sur les extérieurs. « On sent qu'on pose des problèmes, reconnaît Galthié. Sur un plan de l'attaque, c'est vrai qu'on a touché du doigt quelque chose qui nous permet de déséquilibrer les défenses. »

Le 7-1, formule gagnante

C'est une idée que le staff tricolore a piqué à l'Afrique du Sud, et il faut reconnaître que ça marche. En intégrant 7 avants à leur banc de finisseurs lors des trois derniers matches, Galthié et ses adjoints ont permis aux Bleus de maintenir leur travail d'usure et de démolition pendant quatre-vingt-minutes.

La règle du jeu ? Demander aux titulaires de ne pas s'économiser et, aux alentours de la 50e, remplacer simultanément six d'entre eux pour apporter du sang neuf. La formule comporte des risques que la France a entrevus en Irlande avec les blessures relativement précoces d'Antoine Dupont (genou) et de Pierre-Louis Barassi (commotion). Mais la polyvalence de ses joueurs, notamment celle du flanker Oscar Jegou, capable de glisser au centre, l'a aidé à s'en sortir.

 
La concurrence, ça a du bon

Lors de son premier mandat à la tête des Bleus, Galthié parlait beaucoup d'expérience collective, de vécu en commun. Il avait une équipe en tête et s'attelait à lui donner le plus de temps de jeu possible pour l'aguerrir. Ainsi, un joueur qui passait à côté d'un match ne risquait pas de perdre sa place pour le suivant. C'est beaucoup moins vrai aujourd'hui.

En novembre, le sélectionneur n'avait pas hésité à se passer de Grégory Alldritt lors du troisième test face à l'Argentine. Et dans ce Tournoi, après la défaite en Angleterre (26-25), il n'a pas manqué non plus de sortir Damian Penaud de son équipe après une prestation défensive insuffisante. Résultat ? Ce regain de concurrence a permis à des joueurs de se révéler (Léo Barré, Théo Attissogbé) et à certains cadres de se remettre en question.

Une relève à la hauteur

Des joueurs ont marqué beaucoup de points durant ce Tournoi. On pense au deuxième-ligne Mickaël Guillard, qui a su saisir sa chance durant l'absence d'Emmanuel Meafou (infection pulmonaire), au pilier gauche Jean-Baptiste Gros, qui a réussi garder sa place de titulaire malgré le retour de Cyril Baille, au flanker Paul Boudehent, dont la dureté au combat s'adapte si bien au jeu actuel des Bleus, ou encore au centre Yoram Moefana, qui semble avoir enfin trouvé sa place dans cette équipe.

Cette édition a aussi prouvé que la France ne manquait pas de ressources, avec des jeunes déjà prêts à endosser le maillot (Attissogbé, Barré, Jegou), et un moins jeune capable de remplacer avec grandeur le maestro Dupont (Maxime Lucu)

 

 

Ce qui a moins fonctionné   L'Arlésienne des ballons hauts

 

L'image de l'essai de l'ailier anglais Tommy Freeman, à Twickenham, après avoir, sur la même action, subtilisé le coup d'envoi au nez et à la barbe du bloc Hugo Auradou- George-Henri Colombe puis mangé en un-contre-un Louis Bielle-Biarrey vient s'ajouter à la liste des insuffisances françaises dans ce domaine depuis de longues années.

À la fin de ce Tournoi, les Bleus possèdent le pire ratio de duels aériens gagnés (10,81 %), loin derrière l'Angleterre (31,15 %), encore plus loin de l'Irlande (36 %). Même si la France n'a pas directement encaissé d'autre essai suite à un jeu au pied de pression mal négocié, ce problème continue de la fragiliser et reste un point à exploiter pour la concurrence.

Une défense inconstante

Face aux All Blacks en novembre (30-29), puis en Irlande en mars (27-42), le quinze de France a été capable de proposer, en début de match à chaque fois, deux longues séquences défensives de très haut niveau, en n'encaissant qu'un essai dans ces deux fois vingt minutes (par le Néo-Zélandais Peter Lakai), sans recevoir de carton.

Mais en Angleterre, en Italie ou contre l'Écosse, la défense française a aussi concédé du terrain, parfois trop facilement. Les espaces trouvés au milieu du terrain, surtout avant le retour de suspension de Romain Ntamack, les montées pas assez franches face à l'Écosse, jusqu'au nombre de plaquages manqués par les trois-quarts, tout cela mérite d'être reboulonné.

Gare à la nervosité

On ne peut pas donner tort au sélectionneur écossais Gregor Townsend. La poussette déplacée de Thomas Ramos et surtout le coup de tête de Peato Mauvaka sur le demi de mêlée Ben White auraient pu coûter bien plus cher aux Bleus samedi soir. Les cartons rouges reçus l'an dernier dans le Tournoi par Paul Willemse (Irlande) ou Jonathan Danty (Italie) n'ont pas servi de leçon.

Certes, celui de Romain Ntamack pour un plaquage vengeur vis-à-vis de son alter ego gallois n'a pas eu de conséquence directe sur un score déjà réglé mais les Français doivent mieux maîtriser leurs nerfs. La première période contre l'Écosse a aussi démontré que cette équipe restait perméable à des bouffées de fébrilité au moment où la pression du titre s'imposait à elle. C'est un axe de travail pour l'avenir.

 
 


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Posté 17 mars 2025 - 07:37

2022-2025 : ce qui change (ou pas) dans les chiffres des titres des Bleus dans le Tournoi des 6 Nations Trois ans après le Grand Chelem de 2022, les Bleus version Fabien Galthié ont décroché samedi soir un deuxième titre dans le Tournoi des Six Nations. Nous nous sommes plongés dans certains chiffres qui montrent des façons différentes d'aller chercher le prestigieux trophée. Mais aussi certaines similarités.

 

Records de Ramos, de Bielle-Biarrey, d'essais inscrits sur un Tournoi... Sur certains chiffres déjà bien connus, les Bleus de Fabien Galthié ont marqué l'histoire du quinze de France sur cette compétition. C'est le deuxième titre pour les Bleus version Galthié, après le Grand Chelem de 2022 qui consacrait un autre jeu, celui de la dépossession, tombé depuis en désuétude après certaines modifications dans la philosophie arbitrale impulsées par World Rugby.

 

Les Bleus se sont adaptés et plusieurs chiffres témoignent de ce virage dont les Bleus sortent grands vainqueurs, après plusieurs mois de transition vers un jeu offensif plus riche et plus dangereux.

Repossession ? Surtout dans le camp adverse

La grande évolution du jeu français concerne cette faculté à désormais tenir des séquences longues, avec des animations variées. Paradoxalement, les Bleus ne tiennent pas davantage le ballon sur un match : 19min38 de moyenne dans le Tournoi 2022 contre 19'07 cette année. Mais les zones de possession ont radicalement évolué. Les Bleus jouent moins longtemps dans leur camp - 9'25 il y a trois ans, 7'10 cet hiver - et beaucoup plus dans les 22 m adverses : de 3'06 à 5'23.

Logiquement, cela se traduit par une occupation dans le camp adverse qui a culminé à près de 12 minutes en moyenne par match sur ce Tournoi (deuxième total derrière l'Écosse à 14'17), contre environ 10 minutes (10'12) en 2022, en cinquième place, très loin de l'Irlande (14 minutes). Bref, les Bleus ont pris le parti de mettre du volume dans le camp adverse. Cela ne nuit pas à leur efficacité, bien au contraire : ils terminent ce Tournoi à 3,2 points par entrée dans les 22 mètres adverses. C'étaient trois tout pile en 2022.

Un jeu offensif beaucoup plus volumineux

Une fois installés dans le camp adverse, les Bleus ont donc dégainé certaines longues séquences, qui auraient été vues comme trop énergivores par Galthié au début de son mandat en 2020. La poussée de World Rugby sur un arbitrage qui favoriserait plus l'attaque est passée par là. On peut la situer à la fin des tests de novembre 2022 et la résumer avec la nécessité de récompenser sur des critères plus serrés les contests au sol, pour laisser plus de chances à l'attaquant de développer du jeu.

 

Résultat marquant sur le jeu des Bleus : ils tournaient à 3 % de séquences de plus de soixante secondes en 2022 (cinquième équipe du Tournoi), contre 8 cette année (deuxième). Un chiffre d'autant plus remarquable que les Bleus ont joué trois fois à l'extérieur cette saison, ce qui dit beaucoup de leurs intentions, même en Angleterre (26-25) et surtout en Irlande (27-42), où le deuxième essai des Bleus, inscrit par Paul Boudehent (47e) est un modèle de séquence longue et variée qui met les adversaires - et pas n'importe lesquels - sur les talons.

Dans le jeu courant, les Bleus ont autant tapé au pied qu'en 2022 (30 fois en moyenne par match), mais ils ont tenté beaucoup plus de passes (167 contre 114), parcouru des centaines de mètres en plus ballon en mains (759 à 487) et franchi beaucoup plus souvent (7 à 2). Le tout piloté par une conquête très propre (dont un magnifique 63/65 en touche, à 97 % de réussite, contre 92 en 2022), des mauls destructeurs et des avants puissants mais aussi capables de participer à ce jeu de mains.

Toutes les équipes du Tournoi attaquent et marquent plus qu'en 2022 (25 franchissements en moyenne en 2025, 16 en 2022 ; 118 essais à 73) mais les Bleus l'ont fait avec une force de frappe intensifiée par le banc en 7-1, dégainé à partir du troisième match en Italie, magnifié par ses organisateurs toulousains (Dupont-Ntamack-Ramos) et souvent conclu par la fusée Louis Bielle-Biarrey, huit essais à lui tout seul.

Le tout alors que seuls 35 % des rucks français ont duré moins de trois secondes (plus faible total du Tournoi), contre 80 % en 2022. Comme quoi, des libérations moins rapides n'empêchent pas de mettre son jeu en place, au contraire, ni les fulgurances offensives, puisque les Bleus sont aussi ceux qui ont les rucks les plus lents dans les 22m adverses (moins de 10 % de rucks de moins de 3 secondes). Stratégiquement, ce XV de France prend peut-être son temps, mais fait de gros dégâts en termes d'efficacité.

Une défense perméable, des contests moins faciles

C'est un des soucis de ce Tournoi, largement relativisé par le fait que les Bleus l'ont compensé offensivement. Après l'Italie, malgré le large succès (24-73), Galthié s'était inquiété de certaines fragilités défensives. Qui se traduisent sur un chiffre : les Bleus ont tourné à 15,8 plaquages manqués par matches dans ce Tournoi, contre 10,2 en 2022, une époque où leur défense de fer pouvait les faire gagner, comme à Cardiff il y a trois ans (9-13). Cette année, sa défense friable lui a, à l'inverse, coûté très cher dans sa seule défaite, en Angleterre.

Les Bleus ont été franchis 25 fois cette année, contre 9 en 2022. Là aussi, la tendance à l'inflation est globale sur toutes les équipes du Tournoi mais les Bleus devront être plus solides dans le duel. Cela pourrait servir notamment au moment de retrouver l'Afrique du Sud en novembre.

Dans le jeu au sol - et c'est une conséquence directe des nouvelles directives arbitrables - les Bleus ont réussi moins de contests : 32 en 2022 (meilleur total devant l'Italie à 27), quand les Gabin Villière, Jonathan Danty et autres Julien Marchand débutaient les matches, 22 en 2025 (3e ex-eaquo) alors qu'ils en ont plus tenté.

Ils ont aussi été plus contestés au sol avec 18 ballons perdus dans les rucks offensifs (9 en 2022), mais cela reste un bon chiffre dans la dynamique actuelle du rugby puisque seuls les Anglais ont fait mieux sur ce Tournoi (14). Si l'on devait résumer, en trois ans, les forces des Bleus ont changé, mais ne les ont pas empêchées de se renouveler vertueusement pour aller décrocher un deuxième sacre.



#11067 Bon Chasseur

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Posté 17 mars 2025 - 14:00

C'est un beau tournoi avec un vrai match référence en Irlande, un trophée au bout et de belles satisfactions individuelles et collectives. 

 

En revanche, on mesure également toute l'étendue du travail à fournir pour prétendre au mondial. On est beaucoup trop irréguliers, on peine à tuer les matchs et gérer sereinement les moments chauds (un vrai handicap pour une coupe du monde...) et il y a encore des efforts à faire pour étoffer l'effectif.

 

Je l'ai déjà dit et redit, mais Ramos me semble nettement plus à l'aise à l'ouverture où il excelle tandis qu'il affiche certaines limites à l'arrière, même s'il demeure excellent au demeurant. En outre, on manque encore de garanties au centre et sous les ballons hauts. On a progressé derrière mais on voit bien que notre volume et notre profondeur de jeu sont perfectibles et en deça du potentiel affiché. 

 

Je continue de penser que l'association Dupont, Ramos et N'Tamack au centre, complétée avec les bordelais derrière (Moefana, BB, Penaud et Buros), nous offrirait une base plus solide en pouvant capitaliser sur de nombreux automatismes, options de jeu et complémentarités. J'exprime cependant une petite réserve sur Penaud, dont on connait tous le talent, mais un peu trop dilettante et irrégulier sur ce tournoi alors qu'Attissogbe arrive lancé. Si ce dernier réalise une belle tournée chez les Blacks, il toquera très fort à la porte d'une titularisation.

 

Je nous trouve plus fort devant, avec un pack très intéressant et régulier. On aperçoit davantage de profondeur, de palette de jeu et de capacité à peser sur l'adversaire. Je peine cependant à comprendre le rôle d'Auradou, alors que d'autres options sont plus intéressantes, et il me parait essentiel de bien préparer la relève à droite. Le retour de Tatafu va faire du bien car on voit qu'Atonio baisse un peu de régime, ce qui est logique, et je continue de penser qu'il faudrait le sortir du groupe bleu si on veut pouvoir potentiellement compter sur lui en 2027. L'intégrer à chaque match accélérera au contraire sa fin de carrière et limitera le développement d'autres piliers droits.

 

Oui mais c un pb très dur à régler, le Ramos en 15, car sauf coup de théâtre très improbable le staff Galthié ne voudra pas changer de poste soudainement Ntamack et le mettre en 12, donc on peut quasi arrêter d'en parler vu que proba 0.1%.

 

Ramos bute, donc doit ê titu. Mais pb en 15. Mais tu peux pas le mettre en 10 car y a Ntamack. On retombe constamment sur ce mm pb, et donc du coup, c'est Ramos en 15 avec les risques qu'on y connaît.

 

J'ai juste peur du prochain match que les Bleus perdent sur des chandelles, et qu'on se tienne la tête dans les mains à se dire "comment a-t-on pu ne pas régler ce pb qu'on connaissait depuis longtemps ?"



#11068 el landeno

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Posté 18 mars 2025 - 07:04

« Être juste, c'est dire les choses » : William Servat, entraîneur adjoint des Bleus, justifie l'option franchise du staff Pour le co-entraîneur des avants des Bleus William Servat, le management du staff a été l'une des clés du succès français dans ce Tournoi des Six Nations, bouclé avec quatre victoires et une défaite.

 
 

Au lendemain de l'ultime succès contre l'Écosse (36-15), synonyme de victoire finale dans le Tournoi des Six Nations, et après un déjeuner partagé avec une partie du groupe chez son ami le chef étoilé Romain Fornell, il est rentré chez lui dimanche soir. William Servat (47 ans) y a retrouvé sa famille et la routine quotidienne.

 

Hier matin, le co-entraîneur des avants a d'abord amené sa fille à l'école et fait quelques courses. Puis il est longuement revenu sur le titre remporté par le quinze de France. Durant quarante-cinq minutes, l'ex-talonneur international (2004-2012) a notamment accepté d'évoquer le management du staff des Bleus durant la compétition. Avec quelques choix forts.

« Avec deux jours de recul, quel sentiment vous laisse ce Tournoi ?
On est bien évidemment très satisfaits même s'il y a tout de même un léger goût d'inachevé puisque le revers en Angleterre (26-25, le 8 février) nous a privés du Grand Chelem. C'est dommage car ce match était entre nos mains. On l'a nous-mêmes perdu sur de petits détails. Je ne parle pas des ballons échappés, qui sont des faits de jeu, mais bien des trois rucks capitaux que nous avons manqués. Mais c'est déjà fantastique d'avoir joué cette victoire finale sur le Tournoi, surtout une année impaire avec trois déplacements. On a réalisé une performance incroyable avec une vraie qualité humaine dans ce groupe.

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Entraînement des Bleus à Marcoussis avant Italie-France (24-73), dirigé par William Servat. (V. Joly/L'Équipe)

Cette défaite à Londres n'a donc rien chamboulé à vos convictions ?
Au contraire même. Elle n'a fait qu'affirmer notre position et notre volonté sur le projet de jeu. On était persuadés de ce que l'on voulait faire. On était bien plus en place qu'on ne l'était en novembre. Tout est toujours validé par Fabien (Galthié) qui tranche à la fin de nos discussions. Et le travail fait avec Patrick Arlettaz (entraîneur en charge de l'attaque) est extraordinaire dans la mesure où on a la même conception de notre jeu, avec désormais encore plus de place pour les avants à l'intérieur des cellules. Tout s'est imbriqué. On ne peut jamais en vouloir à un joueur qui fait une faute de main. Ce qui était important, c'est d'avoir construit cette phase de jeu qui a amené à cette dernière.

 

« Là où on ne discute plus, c'est quand les joueurs, malheureusement, passent à côté d'une action parce qu'ils n'ont pas fait preuve d'engagement »

 
 
 

Vous pouvez en revanche râler contre des joueurs qui ratent des plaquages ou sont mal placés sur un ruck...
Il y a deux notions là-dedans, la notion technique et la notion d'engagement. Parler de technique, faire évoluer nos joueurs, c'est notre métier. On peut en discuter. Mais là où on ne discute plus, c'est quand les joueurs, malheureusement, passent à côté d'une action parce qu'ils n'ont pas fait preuve d'engagement. Et c'est aussi pour ça qu'on était tenu de faire des choix de management avec une vraie équité. Ils ont parfois certainement heurté un petit peu les sensibilités.

Mais quand on est joueur, on sait où on en est. On s'auto-évalue. Ce qui me marquait quand j'étais joueur, c'était l'injustice. Là, nos choix de management ont été justes. Et ça c'est le plus important. On a besoin d'avoir de gros caractères. C'est ce que je préfère. Si on leur dit les choses, on peut avancer ensemble. Pour moi, l'humain est capital dans notre sport. Il faut l'être tout en développant l'émulation dans un groupe. Ça permet aux joueurs d'être encore meilleurs.

Parmi les choix forts de ce Tournoi, on pense évidemment à celui d'écarter Damian Penaud pour l'Italie...
On l'a pris en toute transparence avec Damian. On doit faire preuve de loyauté envers tous les joueurs qui composent notre effectif. Être juste, c'est dire les choses. Il faut être transparent avec les joueurs, leur dire où ils en sont par rapport à l'investissement qu'ils ont mis. À partir du moment où ils sont justifiés, expliqués et argumentés, ce ne sont pas des choix arbitraires qui pourraient être une injustice.

« Notre groupe est sans arrêt en mouvance et en concurrence

 
 
 

Notre groupe est sans arrêt en mouvance et en concurrence. Un joueur peut être non pas remis en cause mais remis en question. Je pense à Grégory Alldritt. En novembre, on prend la décision de ne pas le mettre sur le dernier match (contre l'Argentine, 37-23) mais on compte sur lui. Il a certainement été touché parce qu'il a été remis en question. Mais les grands joueurs répondent toujours présent comme il l'a fait ces dernières semaines. Grégory Alldritt a réalisé un de ses meilleurs Tournois. Pareil pour Max Lucu qui fait une rentrée magistrale en Irlande et un match extraordinaire contre l'Écosse. On n'imagine pas l'investissement physique et humain de ce mec dans notre collectif. C'est grâce à ce genre de joueurs qu'il y a un supplément d'âme dans notre équipe.

Cette victoire finale vous donne donc raison ?
Il y a eu beaucoup de commentaires mais on n'a jamais sorti un joueur car il avait fait un en-avant. Damian n'a pas joué contre l'Italie mais il a largement participé à la victoire du quinze de France en Irlande et contre l'Écosse. C'est vrai que ça a été une remise en question pour lui. Il n'en a pas l'habitude et ce n'est jamais facile. Mais ça lui a aussi permis d'être encore meilleur. Si on aime les joueurs qu'on entraîne, il faut être honnête avec eux. Leur dire les choses, c'est les apprécier. Laisser quelqu'un devenir moins performant, c'est ne pas l'aimer car on l'amène vers le bas et à un moment donné, il ne pourra plus jouer avec nous.

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William Servat au milieu des Bleus lors de la tournée d'automne en novembre 2024. (E. Garnier/L'Équipe)

Alors que vos avants ont brillé, ils ont été largement utilisés dans l'animation offensive et l'équipe a remporté la compétition, on imagine facilement que vous êtes un entraîneur heureux...
Bien sûr que je suis un entraîneur heureux. J'ai la conviction qu'on est sur la bonne route jusqu'à la Coupe du monde (en 2027 en Australie). Mais ça ne m'empêche pas d'avoir encore en tête le dernier ruck que l'on perd en Angleterre. Si on ne le perd pas, on gagne cette rencontre et on peut rêver de Grand Chelem.

« J'ai toujours prôné un 6-2 car c'est un outil de performance. Fabien a émis l'idée du 7-1. Et j'y suis rentré à fond »

 
 
 

Depuis quand aviez-vous en tête ce banc en 7-1 mis en place pour les trois derniers matches ?
Pour ma part, j'ai toujours prôné un 6-2 car c'est un outil de performance. Fabien a émis l'idée du 7-1. Et j'y suis rentré à fond. On travaille avec un préparateur mental qui s'appelle Mickaël Campo, de l'université de Dijon. Il s'est appuyé sur des faits de jeu et il a noté le ressenti, de négatif à positif, que l'on peut percevoir pour créer au final un outil que l'on appelle un rapport de force psychologique. Et en Angleterre, il n'a pas été bon. Nos changements n'ont pas apporté de plus-value.

En revanche, la conviction que l'on a eue avec nos hommes sur le 7-1 a été validée dans ce rapport de force psychologique après l'Italie, l'Irlande et l'Écosse. On a fait rentrer (Cyril) Baille, (Julien) Marchand et (Dorian) Aldegheri qui jouent ensemble (à Toulouse) depuis qu'ils ont quinze ans. Ils jouent et vivent comme trois frères. On a fait rentrer Anthony Jelonch, qui a retrouvé son niveau. Quand on voit sa densité physique et celle d'Emmanuel Meafou, c'est incroyable. Selon certains, ce n'était pas possible de faire un 7-1. Mais qui peut dire qu'Oscar Jegou n'est pas capable de jouer au centre après son match de l'Irlande ? Aucun Dieu du rugby n'a décrété qu'un joueur jouait derrière et un autre devant, hormis les éléments de première ligne pour qui c'est un peu différent.

Ce banc en 7-1 est-il appelé à se systématiser afin de garder ce niveau de jeu ?
Non, on ne peut pas généraliser le 7-1 à tous les matches. Il faut s'adapter à nos adversaires, à ce que l'on souhaite faire mais aussi à l'état de forme des joueurs. Quelques jours avant l'Écosse, on n'avait pas tranché. On avait eu l'idée de revenir au 6-2 mais l'alerte musculaire de Thibaud Flament a confirmé le fait de faire un 7-1. »

 
 

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Posté 18 mars 2025 - 19:28

Au niveau individuel, la révélation c'est Guillard. Bravo à Barré et Attisogbe qui ont le talent requis pour briller au niveau supérieur.
Moefana a répondu présent, c'est top.

Il nous faut des piliers par contre, à droite notamment. Il faut se faire un avis sur Colombe et Tatafu.

#11070 el landeno

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Posté 18 mars 2025 - 21:39

Malgré son Tournoi impressionnant au cours duquel il a inscrit huit essais, égalant le record centenaire d'essais marqués sur une seule édition, Louis Bielle-Biarrey, l'ailier international de Bordeaux-Bègles, dont la célébrité est grandissante, garde les pieds sur terre. Il profite, mais veut rester lucide.
Jean-François Paturaudpublié le 18 mars 2025 à 19h09
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Derrière l'incontournable Antoine Dupont, il est en passe de devenir l'autre chouchou des Bleus. À 21 ans seulement, Louis Bielle-Biarrey est entré dans l'histoire du Tournoi en marge du succès contre l'Écosse (35-16), synonyme de victoire finale. Auteur de 8 essais en une seule édition, il a égalé le record centenaire détenu par l'Anglais Cyril Nelson Lowe (en 1914) et l'Écossais Ian Scott Smith (1925). En 19 sélections depuis août 2023, l'ailier au casque rouge en est désormais à 18 essais, dont 12 sur ses 8 dernières apparitions avec le quinze de France.

 

Depuis le début de saison, le joueur de l'Union Bordeaux-Bègles en a même marqué 24 en 20 rencontres toutes compétitions confondues. « LBB », nommé pour le titre de meilleur joueur du Tournoi, ne s'enflamme pas pour autant. Lundi, en début de soirée, il s'est confié en longueur sur ses performances XXL et son nouveau statut. Avec une petite voix, mais toujours la même fraîcheur dans ses propos.

« Que retenez-vous de ce Tournoi ?
Il a été riche en émotions et en rebondissements. C'est mon premier titre. Ça restera à vie forcément car ça n'arrive pas à tout le monde, et encore moins avec l'équipe de France. J'ai ressenti beaucoup de fierté. C'était vraiment génial. Même si on a une superbe génération, ce n'est que le deuxième titre (après le Grand Chelem 2022). Ce n'est pas anodin.

Avez-vous bien fêté ce titre samedi soir ?
Je suis resté calme parce que je n'étais pas en forme après le match. J'étais vraiment épuisé. Je suis rentré assez tôt, mais la soirée avait l'air d'être sympa pour les autres. J'ai bien récupéré depuis. Tant mieux car on a encore un match excitant avec l'UBB contre Toulouse ce week-end (dimanche soir, 21h05).

« J'ai l'impression que je peux tout tenter et que tout me réussit. J'essaie de bosser pour être le meilleur possible. Et c'est agréable de voir que ça marche »

Louis Bielle-Biarrey, ailier des Bleus

 
 
 

Avez-vous un peu l'impression de vivre un rêve ?
Oui, j'ai l'impression que je peux tout tenter et que tout me réussit. L'an dernier, le ressenti n'était pas le même. L'équipe de France n'était pas non plus au top, elle se remettait de la Coupe du monde. Mon Tournoi avait été plus mitigé, mais il m'a beaucoup servi, notamment pour me réinventer dans mon jeu. C'était enrichissant. Cette année, je me suis vraiment bien senti. J'essaie de bosser pour être le meilleur possible. Et c'est agréable de voir que ça marche.

 

Avez-vous le sentiment de vivre un état de grâce ?
Oui, c'est sûr. Mais si demain, je fais des performances un petit peu moins abouties, ça va redescendre aussi rapidement. Quand on voit par exemple que Damian (Penaud) a été écarté du groupe (pour le match en Italie), ça nous rappelle que personne n'est intouchable et que ça peut aller très vite. C'est sûr qu'en ce moment je savoure. C'est vraiment génial quand on a la sensation que rien ne peut nous arriver.

Vous tentez des gestes que vous n'auriez pas faits d'habitude ?
Oui, notamment ma passe au pied dans notre camp face à l'Irlande, mais je pense que je ne vais pas la retenter. (Il se marre) Ce n'était pas vraiment une bonne idée... Ce n'est pas du tout ce qu'il fallait faire. Mais finalement, ça me sourit. Quand on est en confiance, on se sent plus libre dans sa tête et on tente parfois des choses qui sortent un peu de l'ordinaire. J'ai les bons rebonds aujourd'hui. Mais je suis conscient que ça ne va pas durer comme ça toute ma carrière. Ou alors ce serait assez spécial ! (Sourire) En ce moment, je suis en réussite et tout va bien. Mais il y aura aussi peut-être des blessures ou des moments où je serais juste moins bon. Je dois m'y préparer. Il ne faudra pas s'affoler pour autant et continuer à travailler. Pour le moment, je vis des choses assez exceptionnelles.

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Louis Bielle-Biarrey a beaucoup tenté pendant ce Tournoi où il a joué la totalité des cinq matches. (A. Mounic /L'Équipe)

En novembre dernier, vous nous disiez que vous ne faisiez pas « une fixation » de marquer des essais. Est-ce toujours le cas après en avoir marqué autant ?
Honnêtement non. Ce qui est plus une obsession, c'est de gagner des titres collectifs : que ce soit avec l'équipe de France, mais aussi avec l'UBB. C'est aussi plus facile de marquer des essais dans une équipe qui gagne et souvent largement. Je me régale. J'ai eu pas mal de très bons ballons à négocier dans ce Tournoi. Et quand on est ailier, on est là pour finir les coups. Peut-être aussi que je les sens mieux. Mais tous mes essais ne sont pas géniaux non plus. Je ne traverse pas le terrain à chaque fois.

Vous avez inscrit 24 essais en 20 matches depuis le début de saison...
(Rire) Vu comme ça, c'est pas mal !

Avez-vous le record d'essais en bleu (38, détenu désormais par Damian Penaud et Serge Blanco) dans un coin de votre tête ?
Évidemment si j'en ai l'opportunité, ce sera avec grand plaisir, mais pour l'instant j'en suis encore loin. Surtout, j'ai plein de trucs à bosser avant d'y penser.

« Je pense que j'ai encore une marge de progression. Je veux conserver ma vitesse et débloquer d'autres palettes dans mon jeu »

Louis Bielle-Biarrey, ailier des Bleus

 
 
 

Notamment les ballons hauts sur lesquels on vous a vu cependant plus à l'aise en deuxième période contre l'Écosse ?
Oui, mais il y en a un où la balle est un peu flottante et je suis passé deux mètres à côté ! Je n'arrive pas à gérer la trajectoire et je me rate totalement. Je m'en voulais un peu, d'autant plus qu'on prend un carton jaune (Peato Mauvaka, 21e) dans la foulée. À ce moment-là, j'étais un peu à l'image de l'équipe. On était un peu en dedans. Fabien (Galthié, le sélectionneur) nous a dit à la mi-temps qu'on devait se réveiller sinon on allait se manger les doigts. Et ça s'est mieux passé après. C'est vraiment assez excitant pour la suite car je ne sens pas du tout mon jeu complet à 100 %. Je pense que j'ai encore une marge de progression. Plein de trucs que je fais encore ne sont pas géniaux. Je veux conserver ma vitesse, peut-être ma qualité principale, et débloquer d'autres palettes dans mon jeu.

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Louis Bielle-Biarrey a trouvé sa place dans le quinze de France. (A. Mounic /L'Équipe)

Comment réagissez-vous si on vous dit que vous êtes la nouvelle star de cette équipe ?
Ça me fait bizarre. Honnêtement, je ne réalise pas forcément. Je suis content que mes performances plaisent aux gens, à l'équipe, au sélectionneur, à tout le monde. Franchement, c'est juste cool.

Redoutez-vous de trop nombreuses sollicitations ?
On n'est quand même pas au foot... Je peux sortir tranquillement dans la rue sans être dérangé. Toutes proportions gardées, j'ai fait un bon Tournoi, mais je ne suis pas non plus Kylian Mbappé.

Que vous disent vos proches ?
Ils sont surtout très contents et très fiers pour moi. Très heureux aussi à leur manière de faire partie un peu de l'aventure parce que je partage beaucoup de choses avec eux. Je pense qu'eux aussi ont un petit peu de mal à réaliser. Comme moi, ils espèrent que ça va continuer le plus longtemps possible.

« Je ne réalise pas trop ce qui m'arrive. Remporter le Tournoi avec le maillot de l'équipe de France et au Stade de France devant 80 000 personnes, c'était franchement magique »

Louis Bielle-Biarrey, ailier des Bleus

 
 
 

Vous avez un discours très mesuré...
(Rire) Je ne réalise pas trop ce qui m'arrive. Remporter le Tournoi avec le maillot de l'équipe de France et au Stade de France devant 80 000 personnes, c'était franchement magique. Peut-être que j'ai un ton un peu mesuré, mais ce n'est pas du tout ce que je ressens intérieurement.

Ce Tournoi a-t-il changé votre rapport aux médias ?
La première chose que j'ai dite en arrivant à Marcoussis pour le Tournoi, c'est que je trouvais que j'avais fait beaucoup d'interviews, peut-être un peu trop. J'avais l'impression de répéter les mêmes choses partout car on me posait les mêmes questions. J'avais une sensation de redite. Ça n'apportait pas vraiment de valeur ajoutée. Du coup, j'ai voulu rester un peu tranquille. Et c'est ce qui a été fait d'ailleurs. J'en avais besoin. Je voulais vraiment être plus focus rugby. Je pense que les erreurs qui pourraient m'arriver, c'est de trop penser à autre chose qu'au rugby. Je ne dois pas oublier que c'est quand même ce qui me fait vibrer et j'ai vraiment envie d'être bon là-dedans, d'être vraiment focus à 100 %.

Avez-vous le sentiment d'être plus installé dans le paysage du rugby français ?
Oui, un peu plus je pense. J'ai eu la chance d'enchaîner les titularisations cette saison, d'être plutôt performant, donc je pense que ça va avec. Ça me plaît, mais honnêtement je ne suis pas stressé pour ça.

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Le Bordelais est le nouveau chouchou des supporters des Bleus. (David Fitzgerald /Sportsfile/Icon Sport)

Vous l'êtes d'ailleurs rarement dans la vie...
(Il coupe) Mis à part peut-être un peu avant les matches, c'est peut-être pour ça que je vomis. (Il éclate de rire) Sinon, je ne suis pas quelqu'un d'inquiet de nature. Depuis quatre ans chez les professionnels, je n'ai pas eu beaucoup de raisons de trop me stresser.

Vous parlez de vos vomis après la victoire contre la Nouvelle-Zélande en novembre ou en début de deuxième période en AngleterreIls ont été largement commentés...
Ça m'est même arrivé à la mi-temps dans les vestiaires. Là, ça ne se voyait pas. C'est vrai que ça a fait beaucoup parler car ce pas commun, mais les personnes qui me côtoient, que ce soit l'UBB ou en équipe de France, avaient plus ou moins l'habitude. Personne n'a vraiment d'explication, mais ça me dérange pas non plus pour jouer les matches.

Sur le ton de la boutade, un de vos proches évoquait récemment l'idée de faire une publicité contre les vomissements...
(Rire) Je ne vais pas forcément pousser le vice jusque-là, mais c'est vrai que je le prends avec un peu d'autodérision. Ça ne me tracasse pas plus que ça.

À quoi rêvez-vous encore en équipe de France ?
De revivre des moments comme ça, d'un Grand Chelem, peut-être et d'une Coupe du monde. Et si j'ai ça, ce sera pas mal ! (Il éclate de rire) »

 
 





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