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Adieu Poupou


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9 réponses à ce sujet

#1 Le vieux Tullois

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Posté 13 novembre 2019 - 10:46

Encore un gros morceau de mon enfance qui s'en va !!

Il était limousin, comme moi; il était issu d'une famille de tout petits paysans, comme moi !

Entre anquetilistes et poulidoriens, j'avais tout de suite choisi mon camp : Poupou un de mes grands héros sportifs de mes années 1960 ... Anquteil le sportif que j'ai le plus haï sans pouvoir m'empêcher de l'admirer 

Poupou m'a fait vibré en 1964 dnas le Puy de Dôme, en 1967 dnas le Ventoux , etc .... Poir moi il aurait pu et dû gagner les trous 1964-65-66-67-68  et faire le pont entre Anquetil et Merckx. Pour celà il aurait fallu qu'il soit mieux entouré. Et deux Auvergnats célèbre ont joué un rôle clé dans toute cette histoire : si Antonin Magne avait managé l'équipe de Maître Jacques et si Raphaël Géminiani avait managé la Mercier .... les choses et les palmarès auaient été snas doute très différents 



#2 Le Marseillais

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Posté 13 novembre 2019 - 10:48

Euhhh  :wacko:



#3 P'tit Jaune (et bleu)

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Posté 13 novembre 2019 - 11:09

Pas immortel mais bel et bien éternel...

#4 Parigot_Paris

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Posté 13 novembre 2019 - 11:42

Le mano a mano contre Anquetil en 1964, l'année de ma naissance... :crying:

 

Vas-y-Poupou ! ET lui il est pas mort à 50 balais comme tant de cyclistes, propre Poupou, il courait à la caféine ! :crying:



#5 sneazzy95

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Posté 13 novembre 2019 - 20:59

Le Tour de France  ne sera plus le même sans lui, il restera à jamais gravés dans nos mémoires.



#6 El Mariachi

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Posté 13 novembre 2019 - 21:56

Un pan d'histoire, une autre époque. Je ne l'ai pas connu en tant que coureur. Mais c'est une histoire qui se raconte à travers le temps. Poulidor, Poupou, l'éternel second, sa légende, sa popularité. Il y a souvent plus à dire à son propos que sur les cyclistes actuels. C'est un monument et son nom restera dans le temps comme celui de Fangio.
Ce n'est pas un adieu car Poupou restera dans les mémoires encore un certain temps.

#7 el landeno

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Posté 13 novembre 2019 - 22:04

Raymond Poulidor, c'était la « Poupoularité » Raymond Poulidor, qui s'est éteint à l'âge de 83 ans, fut un phénomène de longévité mais surtout de popularité. Sans avoir porté le maillot jaune, souvent malchanceux, il était le symbole d'une France qui se reconnaissait dans cet éternel deuxième.

C'était au temps du Général De Gaulle et de Georges Pompidou. Les années soixante, les chanteurs yéyé, les débuts de Johnny Hallyday. Avec sa mine resplendissante de paysan limousin, Raymond Poulidor n'était pas seulement une force de la nature, il était le symbole d'une certaine France. Avec Jacques Anquetil, ils avaient fini par la couper en deux.

 

Dans les chaumières, il y eut même des scènes de ménage. Le vocabulaire dut s'adapter à la situation. D'un côté, les Anquetilistes, de l'autre les Poulidoristes. Deux visions opposées de l'existence. Presque une lutte des classes.

Celui que l'on n'allait plus tarder, par affection, à surnommer « Poupou » incarnait une France laborieuse et consciencieuse, souvent rattrapée par une dure réalité, mais finalement contente de son sort. C'est un peu Monsieur-Tout-le-Monde qui se reconnaissait en Poulidor, un nom en or.

Dans les années soixante-dix, un grand magasin parisien lança cette campagne publicitaire absolument géniale : « On trouve tout à la Samaritaine », affirmait le slogan. Et sur l'affiche, on pouvait voir Poulidor, souriant, avec ce Maillot jaune qu'il n'avait jamais porté de sa vie sur la route !

« Votez Poulidor »

Sa popularité (la fameuse « poupoularité » d'après le bon mot d'Antoine Blondin) fut un phénomène sans équivalent dans le sport français. La cote d'amour dont il jouissait dépassait très largement l'étendue de son palmarès, pourtant respectable.

Dans l'esprit populaire, il fut l'éternel second, au point qu'il en devint un nom commun. Il y eut les Poulidor de la politique, le Poulidor de ceci, le Poulidor de cela. Un éditorialiste du si sérieux journal « Le Monde » titra « Votez Poulidor ! ». Il termina, il est vrai, trois fois deuxième du Tour, monta cinq autres fois sur la troisième marche du podium dont il est le recordman absolu. Ce serait oublier un peu vite qu'il avait aussi gagné plus souvent qu'à son tour : le maillot tricolore de champion de France, un Tour d'Espagne, des classiques (Milan-San Remo, Flèche wallonne), Paris-Nice, le Dauphiné...

« Le champion du remettre à demain »

Surnom donné par Blondin à Poulidor

 
 
 

Il fut un routier complet, excellent grimpeur, et s'il accusa tout d'abord une lacune contre la montre, il accomplit dans ce secteur des progrès notables, au point de remporter le Grand Prix des Nations ou celui de Lugano. Ce serait oublier, surtout, qu'il était par-dessus tout un formidable puncheur et, si sa fin de carrière suscita l'admiration, c'est sur cette qualité qu'il avait fait une entrée tonitruante dans la carrière.

Pourtant, sa légende lui collait à la peau. Antoine Blondin l'avait surnommé, sans méchanceté, « le champion du remettre à demain. » Raphael Géminiani fut plus féroce, lorsqu'il lui fit remarquer : « Tu as fait la première partie de ta carrière dans la roue d'Anquetil et la seconde dans la roue de Merckx... »

Raymond Poulidor, qui ne cultivait guère la vanité, se contenta de faire remarquer « qu'il fallait déjà pouvoir le faire... » Il les aura tout de même sortis de sa roue tous les deux : Anquetil (au Puy-de-Dôme par exemple en 1964) comme Merckx (dans le relais du Chat, le Ventoux ou au Pla d'Adet en 1974) à dix ans d'intervalle, ce qui n'est pas une mince affaire.

Issu de la France profonde

Car Raymond Poulidor fut bien l'un des meilleurs coureurs que le cyclisme français, et même mondial, ait connu, quand bien même on put lui reprocher un tempérament souvent trop méfiant.

Il était issu de cette France profonde où un sou est un sou. On le disait radin. Ses amis s'amusaient de ce qu'il n'offre jamais un coup à boire. Il ne démentait pas, mais Claude Sudres, qui fut son manager dans la grande équipe Gan - Mercier, avait son idée sur la question, en se remémorant les parties de cartes interminables, y compris avec Jacques Anquetil : « On ne peut pas être un grand joueur de poker et en même temps radin ! »

Pourtant, on ne se refait pas. Au crépuscule de sa carrière, « Poupou » eut l'opportunité de gagner Tours - Versailles, à 40 ans, ce qui eut été une fantastique apothéose. Echappé en compagnie du Belge Ronald De Witte et du chômeur français Robert Bouloux, Poulidor avait parfaitement vu le signe que lui adressa Claude Sudres au premier passage sur la ligne d'arrivée.

Le manager de l'équipe Gan-Mercier avait levé l'index et le majeur en forme de V. Non seulement en signe de victoire, mais pour indiquer à son coureur qu'il ne devait pas hésiter à proposer deux briques (deux millions d'anciens francs, soit 3000 euros) au Belge pour qu'il le laisse gagner. Moyennant quoi, « Poupou », près de ses sous, offrit à l'autre 5000 balles, et ce qui devait arriver arriva : 1. De Witte ; 2. Poulidor...


Sa générosité était ailleurs. Dans son approche du public, touché par sa simplicité naturelle et qui l'aimait probablement d'autant mieux qu'il semblait connaître les emmerdes du Français moyen. Il témoignait aussi d'une fidélité infaillible qui ne pouvait laisser l'opinion insensible : dix-huit ans de carrière au sein de l'équipe Mercier, même si Raphaël Géminiani eut l'idée de les réunir sous la même bannière lorsque la fin approchait pour Jacques Anquetil.

Tout droit sorti de sa ferme

Qui sait si ce personnage placide eut forcé les portes de son propre destin sans un coup de pouce providentiel ? C'est Bernard Gauthier, Monsieur Bordeaux - Paris, quatre fois vainqueur de la classique-marathon, qui le recommanda un jour de 1959 à son directeur sportif Antonin Magne, après avoir été impressionné par ce régional dans le critérium de Peyrat-le-Château.

Bernard Gauthier assurait avoir trouvé « l'oiseau rare ». Poulidor sortait tout droit de sa ferme, mais lorsqu'il monta à Paris pour signer son premier contrat pro, la discussion fut âpre entre le directeur sportif et la jeune recrue... Poulidor demandait largement plus que le salaire dérisoire d'un débutant de l'époque, mais il eut gain de cause, bien que le match ne fût sans doute pas facile entre un Auvergnat et un Limousin !

« Le verdict du pendule [...] m'a révélé que Raymond traversait une période néfaste en juin-juillet »

Antonin Magne, directeur sportif de l'équipe Mercier

 
 
 

Quoi qu'il en soit, le mythique directeur sportif de l'équipe Mercier fut favorablement impressionné par cette nature paisible et cette santé de fer. Antonin Magne aussi avait sa légende personnelle. Au grand jamais il n'engageait un coureur sans l'avoir longuement ausculté à l'aide de son fameux pendule. Au soir de sa vie, « Tonin » fit pourtant cette étrange confidence : « Le verdict du pendule m'a tout de suite inquiété. Il m'a révélé que Raymond traversait une période néfaste en juin-juillet... »

La gloire sans Maillot Jaune

La malchance sembla, en effet, son inlassable compagne. Fallait-il y voir un mauvais présage ? Toujours est-il que c'est avec une main dans le plâtre qu'il découvrit le Tour de France, en 1962, car il s'était fracturé un doigt lors d'une chute à l'entraînement quelques jours avant le départ de l'épreuve. Il se révèle, néanmoins, dans la montagne en remportant l'étape de la Chartreuse et il est intéressant de comparer son retard sur Jacques Anquetil à Paris (9'24'') avec le temps concédé dès la première étape (8'11'')...

Mais le Tour des occasions perdues, c'est par-dessus tout celui de 1964. Au sommet du Puy-de-Dôme, il manque de reprendre le Maillot Jaune à Anquetil pour treize petites secondes qui lui manqueront éternellement. Mais avant ce coude-à-coude mythique, il avait rivalisé avec Anquetil dans le contre-la-montre Peyrehorade-Bayonne et perdu sur une crevaison.

Toutefois, c'est probablement dans les années de transition entre le règne de Jacques Anquetil et l'avènement d'Eddy Merckx que Raymond Poulidor aura véritablement laissé passer sa chance. À commencer par 1965, où il aurait été bien en peine de deviner que la blessure au genou du modeste italien Bruno Fantinato allait lui jouer un sale tour, c'est le cas de le dire.

Le gregario de la Salvarani fut remplacé en dernière minute par le néophyte Felice Gimondi, une révélation qui allait illico condamner « Poupou » à une nouvelle deuxième place ! L'année suivante, pour la dernière participation du Normand, il se laisse berner par Anquetil et Géminiani qui lancent un joker en la personne de Lucien Aimar.

Renversé par une moto et rattrapé par sa légende

« J'ai réalisé que Jacques était le patron », dira-t-il à l'issue de ce jeu de dupes. Son Tour va venir, croit-on, en 1967, mais une chute dans l'étape du Ballon d'Alsace lui fait perdre toutes chances, et c'est avec une grande loyauté qu'il se met spontanément au service de Roger Pingeon, dans le Galibier notamment.

Mais que dire de 1968, l'année où « Poupou » aurait vraiment dû gagner le Tour ? Face à une opposition assez facile, il connaît l'état de grâce. A Font-Romeu, à la sortie des Pyrénées, il occupe la 5e position du classement général, mais est devancé par quatre sprinteurs alors qu'il reste deux étapes stratégiques, l'arrivée en altitude de Sallanches - Cordon et l'ultime contre-la-montre individuel.

Hélas, sur la route d'Albi, Poulidor est rattrapé par sa légende. Alors que Pingeon, cette fois hors-jeu pour le classement général, est échappé, « Poupou » se glisse dans une contre-attaque manquée par Jan Janssen, Herman Van Springel et Ferdinand Bracke qui prendront pourtant les trois premières places à Paris.

En d'autres termes, Poulidor est en train de gagner le Tour lorsqu'il est renversé par une moto et contraint à l'abandon sur traumatisme crânien et fracture du nez ! Et l'on peut dire qu'avec Eugène Christophe, qui avait réparé naguère sa fourche au souffle de la forge de Sainte-Marie de Campan, Poulidor fut bien le champion le plus frustré de toute l'histoire du Tour de France, quoi qu'il l'ait plutôt bien vécu.

« J'ai été malchanceux mais le vélo m'a donné plus qu'il ne m'a coûté »

Raymond Poulidor

 
 
 

Devant cette fatalité récurrente, « Poupou » aura touché le coeur des foules, tandis qu'il possède une grande faculté à relativiser la portée de ses malheurs : « J'ai été malchanceux, concèdera-t-il, mais le vélo m'a donné plus qu'il ne m'a coûté (sic) ».

Et s'il acceptait les coups du sort avec une forme de sérénité, c'est aussi qu'il s'était fondé une philosophie personnelle : « Les chutes et les crevaisons font partie de la loi du sport. Mais il faut tenir compte des acquis. Sans le vélo, mon horizon aurait été limité à la haie d'un champ, dans le Limousin. »

Cette sagesse qui caractérisait en toutes circonstances Raymond Poulidor aura peut-être également été le secret de son exceptionnelle longévité, puisqu'il fut non seulement le rival d'Anquetil et l'adversaire de Merckx, mais il a tout de même couru avec Bobet et même Coppi du temps où il était « indé », mais aussi avec Hinault qui arrivait au moment où lui s'en allait.

Il a plus de quarante ans, en 1976, lorsqu'il atteint pour la dernière fois le podium du Tour (3e), ce qui lui vaut l'admiration de toute une tranche d'âge confrontée, dans le monde du travail, à la « jeunite » aigüe. Mais, au-delà de sa longévité sportive, c'est sa popularité qui perdura longtemps encore. « Je suis étonné, parfois, lorsque des gamins viennent me demander des autographes. Je leur dis : ''mais tu ne me connais pas'' ! Et ils répondent : ''si, c'est mon papy qui m'a parlé de toi''... »

Un visage gris-vert les jours sans

Le nom de « Poupou » fut donc encore très longtemps acclamé sur la route du Tour, y compris au sein de la caravane publicitaire où il voyageait désormais au mois de juillet. Non seulement Raymond Poulidor n'a pas gagné le Tour de France, mais il est presque inimaginable qu'il n'ait jamais porté le Maillot jaune, fût-ce un seul jour. En dehors de l'épisode du Puy-de-Dôme, il est passé près, pourtant, notamment dans le prologue de Scheveningen, au départ du Tour 1973, où il est battu de quelques centièmes par Joop Zoetemelk.

La malchance n'explique certes pas tout. Dans le Tour, il échappait difficilement au jour-sans. Pire, il ne pouvait dissimuler, car ces jours-là, son visage virait au gris-vert et c'était le signe de faiblesse connu de ses adversaires.

« Je n'aurais pas gagné plus d'argent si j'avais gagné le Tour, alors... »

Raymond Poulidor

 
 
 

Par ailleurs, il éprouvait de la peine à s'imposer comme un patron, supportait assez mal le poids des responsabilités. À la vérité, Raymond Poulidor n'était jamais si bon que lorsqu'il évoluait en retrait de la pole-position.

Ainsi, dans le Tour 1974, il est troisième au général derrière Merckx et l'Espagnol Vicente Lopez-Carril au seuil du dernier contre-la-montre à Orléans. 2'16'' le séparent de Lopez-Carril. Il lui reprend... 2'17'' précisément et lui pique la deuxième place du Tour pour une seconde, à laquelle il en ajoutera quatre autres sur les sprints bonifications, probablement libéré moralement. De telle sorte que l'on peut dire que Poulidor savait se sublimer pour être... second.

C'est vrai que « Poupou » ne fut guère dévoré par l'ambition. Il l'admet volontiers : « Je n'aurais pas gagné plus d'argent si j'avais gagné le Tour, alors... »

Raymond Poulidor fut parfois sa propre caricature. Derrière ce portrait, il y eut pourtant de nombreuses contrevérités prononcées à son égard. On le disait volontiers un peu ballot, mais à sa manière, il avait pourtant beaucoup d'humour et, surtout, un solide bon sens.

La légende de Raymond Poulidor est éternelle. Et devinez un peu dans quelles circonstances il mit un point final à sa carrière ? Il fut victime d'un bris de cadre, et ça ne s'invente pas.

Autre fait saillant encore : sur ses dix-huit années de carrière professionnelle, Poulidor porta... dix-sept fois le maillot de l'équipe de France aux Championnats du monde et il ne fut pas si loin d'endosser le maillot arc-en-ciel.

L'épisode du Nürburgring, en 1966, fit couler beaucoup d'encre, car si Anquetil et Poulidor avaient collaboré, le titre aurait été français au lieu d'échoir à Rudi Altig. « S'ils avaient coopéré, au lieu de se déchirer, ils auraient dominé le cyclisme mondial pendant dix ans, estimait Marcel Bidot. Anquetil aurait été champion du monde et Poulidor aurait gagné le Tour ».

Une amitié sincère avec Anquetil

De toutes ces années de rivalité exacerbée, dont la presse faisait ses choux gras, était pourtant née une estime réciproque, une amitié profonde et sincère, fondée sur le respect mutuel. C'est vrai que la carrière de Jacques Anquetil n'aurait pas eu le même relief sans Poulidor, qui fut un formidable faire-valoir. « Tu m'emmerderas toujours, lui avait dit le Normand un beau jour, alors qu'il avait raccroché tandis que le Limousin courait encore. Je viens te voir parce qu'il faut que tu me donnes une casquette pour ma fille. Elle est ta supportrice. Elle a su dire Poupou avant papa... »

« On a perdu de nombreuses années d'amitié », assurait le Limousin en regardant dans le miroir de leur rivalité. En 1987, Raymond Poulidor dut se rendre au chevet de son ancien adversaire. Lucide et caustique à l'égard du mal qui le rongeait, Jacques Anquetil eut ce bon mot, à l'humour désespéré : « Tu vois Raymond, tu vas encore faire deux... »

Cette fois, Poulidor a rejoint Anquetil. Et les voici de nouveau inséparables, pour un coude à coude qui appartient depuis longtemps à la légende.

 


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#8 el landeno

el landeno

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Posté 14 novembre 2019 - 07:09

Raymond Poulidor : « J'aurais aimé que l'on me siffle plus souvent » Raymond Poulidor, décédé ce mercredi à l'âge de 83 ans, s'était longuement confié à « L'Équipe » en 2011. L'ancien champion évoquait notamment cette absence d'animosité du public à son égard. Ce qui, selon lui, a pu le desservir.

Le 15 avril 2011, le jour des 75 ans de Raymond Poulidor, L'Équipe s'était rendu dans le fief du grand homme, à Saint-Léonard-de-Noblat. À l'hôtel-restaurant le Grand Saint-Léonard, on avait mis les petits plats dans les grands ce jour-là. À l'heure de l'apéritif, Henri, le frère aîné de Raymond Poulidor, était passé. Il avait séduit tout le monde par son air malicieux et sa gouaille paysanne, surtout au moment d'évoquer des souvenirs de jeunesse, où il fut beaucoup question de vélo, de courses amateurs gagnées et de primes empochées. Plus tard, Poupou avait soufflé ses bougies avant de nous consacrer un long entretien. Le voici, tel qu'il avait été publié dans nos colonnes.

 

« Quel est le quotidien de Raymond Poulidor à soixante-quinze ans ?
Mes journées sont bien remplies. Rien qu'avec les trois livres qui m'ont été consacrés depuis 2004, je pourrais être en séance de dédicaces tous les jours. En ce moment, je m'occupe un peu de mon parc, je taille les haies.

Au sommet de votre gloire, vous avez reçu jusqu'à trois mille lettres par jour. Se passe-t-il désormais une journée sans que vous ne receviez rien ?
Tous les jours, j'ai du courrier, quatre ou cinq lettres, et beaucoup en provenance d'Allemagne. Je ne sais pas pourquoi.

Des demandes vous surprennent-elles parfois ?
J'ai reçu le courrier d'une dame qui avait couché sur son testament la volonté de voir son cercueil tapissé de photos de Poulidor. C'est plus qu'émouvant, ça remue.

« Lorsque Anquetil a arrêté sa carrière, en 1969, il est devenu l'un de mes plus grands supporters »

 

 
 
 

Ça remue, dites-vous, comme les derniers mots que Jacques Anquetil vous a adressés avant de s'éteindre...
C'est difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux en y repensant, mais Jacques m'a téléphoné quelques jours avant sa mort (c'était le 18 novembre 1987) : "Tu te rends compte, t'as vraiment pas de chance, tu vas encore faire deuxième."Dans un reportage de Paris Match, il disait : "Je préfère vivre jusqu'à cinquante ans mais vivre pleinement." Devant la mort qui arrivait, il ne disait plus la même chose. Car la vie, c'est beau d'être vécue. Lorsque Anquetil a arrêté sa carrière, en 1969, il est devenu l'un de mes plus grands supporters. Un soir de Tour, il est venu dans ma chambre en me disant : "Tu m'as emmerdé sur la route, tu continues à m'emmerder, car ma fille Sophie a dit Poupou avant de dire papa, et elle veut une casquette de toi."

En mai 1968, on peut lire ceci dans le Monde : "Une seule chose marche en France, c'est Poulidor." vous ne vous êtes jamais senti dépassé par votre notoriété ?

On ne s'en rend pas compte sur le moment, parce qu'on est plongé dans son quotidien de coureur. Et d'une certaine façon, j'étais logé à meilleure enseigne que Merckx : une année (en 1974), il gagne un Giro et un Championnat du monde mais pas ses trois ou quatre classiques habituelles et les journaux ont titré :" Le déclin de Merckx".

Vous avez tout de même été sifflé une fois : à l'arrivée du Tour 1963...
Ça, personne ne me l'avait jamais fait remarquer... Et je suis content d'en dire deux mots : l'admiration du public ne m'a pas rendu service. J'aurais aimé que l'on me siffle plus souvent. En 1962, je prends le départ du Tour avec une main dans le plâtre, je gagne une grande étape de montagne, et j'entre dans la peau du grand favori en 1963. Ce Tour est le plus mauvais de ma carrière. Je déçois et le public me siffle. Piqué au vif, je vais voir Antonin Magne pour qu'il m'aligne au Grand Prix des Nations. Il manque de tomber à la renverse du fauteuil de son bureau : "Vous vous rendez compte, 100 km contre la montre ?" Et je gagne. Quelque chose comme quatre minutes infligées à Ferdinand Bracke, un spécialiste.

« Je n'étais pas un gagneur, je n'étais pas un tueur »

 

 
 
 

Vous êtes-vous déjà levé un matin de course avec cette envie de bouffer les autres ?
Jamais, jamais, jamais (il insiste sur chaque syllabe). Je n'étais pas un gagneur, je n'étais pas un tueur. Je vais vous dire pourquoi : j'étais fils de paysans, on travaillait la terre, une terre pauvre de la Creuse, une terre sans rapport, mais jamais on n'a été malheureux. On mangeait tous les jours de la viande, mais on n'avait jamais d'argent dans la poche. Du jour au lendemain, je suis passé professionnel et du jour au lendemain, j'ai tout eu. Qu'est-ce que vous voulez, je me laissais vivre ! Le soir, j'avais le mécano qui s'occupait de mon vélo, je mangeais bien, je dormais bien, j'avais une petite mensualité.

Vous feignez une certaine naïveté de jeune paysan, mais vous avez tout de même négocié à la hausse votre premier contrat auprès de l'intransigeant Antonin Magne : 30 000 francs mensuels au lieu de 25 000...
Bien sûr, car dans les courses régionales amateurs, le vainqueur touchait jusqu'à 100 000 francs. Antonin Magne rechignait à me payer autant que Bernard Gauthier (quadruple vainqueur de Bordeaux-Paris) ou René Privat (vainqueur d'un Milan-San Remo), mais j'ai dit à monsieur Magne : "25 000 ? C'est ce que je peux pratiquement gagner le dimanche en une prime."

« Je suis près de mes sous parce que je sais compter »

 

 
 
 

En négociant ce premier contrat, vous jetiez les bases d'une image qui ne vous a plus jamais quitté, celle de l'homme près de ses sous...
N'est-ce pas de votre faute, à vous les journalistes, si l'on m'a présenté comme Poulidor, le gars près de ses sous...

Mais vous n'êtes pas d'accord ?

Je suis près de mes sous parce que je sais compter. Avant, il y avait dans les foires ce qu'on appelle les maquignons, ils traitaient avec une poignée de main. Lorsque le maquignon comptait sa liasse de billets, il ne comptait jamais le dernier billet : s'il devait en toucher dix, il s'arrêtait toujours à neuf, parce qu'il pouvait y en avoir onze. Comme eux, je connais la valeur de l'argent. On me présentait comme le radin du peloton mais j'ai eu des attitudes généreuses dont je ne parlais pas. Savez-vous qu'une année, j'ai salarié, de mes propres deniers, (André) Corbeau et (Robert) Alban ?

Il se murmure que vous n'avez pas su vous créer de réseaux au sein du peloton pour cette réticence à sortir de l'argent...
C'est une autre histoire, ça. Le budget de Mercier était de 50 millions anciens, pour les salaires et tout le reste. En fin d'année, si vous aviez dépensé plus que vous n'aviez gagné, ça ne valait pas le coup. Et puis, à quoi ça rime de payer une course pour gagner ?

« Monsieur Magne nous traitait par homéopathie. Le soir, il plaçait une vingtaine de fioles devant nous, il nous prenait la main et faisait tourner son pendule »

 

 
 
 

Antonin Magne a peut-être contribué à cette facette de votre personnage, car lui-même passait pour un pingre... 
On l'avait surnommé "Semelle de plomb" à cause de la matière inusable de ses chaussures. Lorsqu'il approchait avec le bruit caractéristique de ses pas, (André) Le Dissez gueulait dans les couloirs : "Attention, Semelle de plomb !"C'était sa façon de prévenir (Robert) Cazala et (René) Privat de cacher leur cigarette car, à l'époque, il n'était pas rare de voir fumer des coureurs. Comme monsieur Magne ne voulait pas dépenser d'argent en frais de transport, nous nous entassions dans sa 403, rebaptisée "l'autobus". On plaçait une bâche sur les valises en carton et les vélos par-dessus. Monsieur Magne ne remplissait jamais son réservoir d'essence et nous tombions souvent en panne. Il décrochait le premier vélo sur le toit et généralement c'était celui d'un néopro ou d'un coureur qui n'avait pas encore vécu la panne de carburant. Monsieur Magne avait un principe : il fallait se ravitailler uniquement dans les stations BP (l'équipe s'appelait Mercier-BP). Il m'a dit, quand je suis passé pro : "Vous savez, Monsieur Poulidor, la vie de coureur cycliste est belle, mais ne cherchez pas à gagner à tout prix. Lorsque vous arrêterez votre carrière cycliste, c'est là que votre vie va commencer." Ça m'est resté.

On raconte qu'Antonin Magne avait usé d'un pendule sur vous pour en arriver à une étrange conclusion...
À la fin de sa vie, il m'a fait cet aveu : "Je ne vous l'ai jamais dit pour ne pas atteindre votre moral, mais juillet était un mois très néfaste pour vous. Un Tour en juin, vous l'auriez gagné !" Monsieur Magne nous traitait par homéopathie. Le soir, il plaçait une vingtaine de fioles devant nous, il nous prenait la main et faisait tourner son pendule : s'il tournait dans un sens, c'était bon, dans l'autre, mauvais. Puis il mettait quelques gouttes sur un morceau de sucre. Il y avait aussi la fameuse eau blanche. Quand un coureur marchait, il avait droit à son bidon d'eau blanche. J'ai eu droit à mon eau blanche à Milan-San Remo, au Championnat de France (deux courses qu'il a gagnées). Un jour, un coureur a fait analyser cette eau blanche : c'était du bicarbonate de soude. Ça retirait l'acidité des jambes et ça facilitait la digestion.

Étiez-vous un coureur superstitieux ?
Non, mais je croyais au chiffre 18 : j'ai gagné Milan-San Remo et le Championnat de France un 18, je me suis marié un 18, j'ai fait dix-huit ans de carrière professionnelle...

« J'ai la hantise de ne pas être reconnu dans la rue. Le jour où je serai bancal, ce sera ma mort »

 

 
 
 

Votre frère André nous racontait des souvenirs de l'époque où vous couriez tous les deux dans le même peloton amateurs. À propos d'une course, il a dit : "j'ai mis quatre minutes à Raymond et aux autres." Finalement, Poupou, ça aurait dû être lui...
Il vous a raconté aussi ces entraînements de nuit, après les heures de travail à la ferme, mais sa route était à peine perturbée par le passage d'un lièvre. Moi aussi, je roulais de nuit. Ma grande chance, c'est que nous sommes passés de la ferme de Grange rouge à celle du Domaine de Vaux. Là où les quatre frères étaient indispensables auparavant aux travaux agricoles, il n'en fallait désormais plus que deux, avec des machines plus modernes. C'est là que j'ai pris ma décision de consacrer une année au vélo. À la maison, j'étais différent de mes trois frères : j'aimais les travaux ménagers, faire la vaisselle. Dans un article, c'est tout juste si on n'a pas dit que j'étais homo. J'ai pleuré quand j'ai quitté l'école. Au lendemain de mon certificat d'études, j'y suis retourné, mais l'instituteur m'a fait comprendre que je ne devais plus revenir. Ma vie de paysan devait reprendre ses droits. Tenez, je vais vous raconter autre chose qui m'a toujours intrigué. Je devais avoir environ douze ans quand un étrange visiteur a dit : "Dans cette maison, quelqu'un deviendra célèbre." Un jour, sur le Tour, une personne a tenté de m'aborder en faisant référence à cette prémonition, mais dans la foule, je n'ai pas pu prolonger la conversation. C'est un grand regret.

Comme votre frère, vous aimiez la boxe et Marcel Cerdan...
Oh, Marcel Cerdan, c'est plus qu'une passion ! Avec mon papa, on le suivait beaucoup à travers la lecture du Miroir des sports. La boxe était mon sport. Avec mon frère, on s'enroulait les poignets d'un bandage et nous allions frapper contre un punching-ball de notre fabrication. Quand Marcel Cerdan est mort, en 1949, dans un accident d'avion, on a pleuré pendant huit jours. On ne pensait pas que Cerdan puisse disparaître. Je me pose beaucoup de questions à ce propos : Marcel Cerdan, pouvait-on le voir vieillir ? Non. Un peu comme Claude François, ce sont des gens qu'on ne peut pas voir vieillir. Cerdan aurait-il fait un beau ou un vilain vieillard ?

Cette question, on a l'impression que vous vous la posez pour vous-même...
Pour l'instant je suis un vieillard assez potable, mais j'ai peur que l'on ne me reconnaisse plus. C'est ma grande hantise. Oui, j'ai la hantise de ne pas être reconnu dans la rue. Le jour où je serai bancal, ce sera ma mort. Le jour où je me présenterai voûté, vieux, ce sera fini. Je suis comme ça, on ne s'invente pas. »

 

 


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#9 Rugby ?

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Posté 14 novembre 2019 - 08:03

"...

Le manager de l'équipe Gan-Mercier avait levé l'index et le majeur en forme de V. Non seulement en signe de victoire, mais pour indiquer à son coureur qu'il ne devait pas hésiter à proposer deux briques (deux millions d'anciens francs, soit 3000 euros) au Belge pour qu'il le laisse gagner. Moyennant quoi, « Poupou », près de ses sous, offrit à l'autre 5000 balles, et ce qui devait arriver arriva : 1. De Witte ; 2. Poulidor......"

Tiens, de la corruption dans le sport !

On aura tout vu.

Heureusement, tout le rugby est là, pour l'honneur. C'est ça les valeurs.



#10 Bad Zé

Bad Zé

    Si yen a qu'ça les dérange... Et ben on va vous en debarrass

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Posté 19 novembre 2019 - 22:05

Très beau discours de Christian Prud'hommes aux obsèques de Raymond.
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