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Vendée Globe 2024-2025 . L'aventure existe encore ..


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1958 réponses à ce sujet

#631 Ptolémée

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Posté 29 décembre 2020 - 15:23

Damien Seguin : "Je rêve de passer dans le top 5 au Cap Horn"

29 Décembre 2020 - 14h02 • 1864 vues 

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Damien Seguin (Groupe APICIL), qui navigue actuellement en quatrième position à seulement quelques milles de Thomas Ruyant (LinkedOut) a envoyé un message du bord ce midi.

« Ce n’est pas simple, les conditions de navigation ne sont pas faciles. La mer est démontée. Les 48 dernières heures n’ont pas été de tout repos avec une mer de face et le bateau qui tapait ! Là, j’ai environ 30 nœuds de vent mais cette nuit, j’ai eu jusqu'à 40 nœuds. 

J’ai réussi à sortir du groupe. Je suis content. Le bateau marche fort. Une fois que tu as trouvé le bon réglage, que tu as choisi la bonne combinaison de voiles, tu ne peux pas faire grand-chose de plus. Tu programmes quelques manœuvres notamment des prises de ris et il ne faut pas les rater ! Mais je me suis bien placé et j’ai réussi à aller vite. J’ai le bateau pour ça. Il est fiable et optimisé pour être sur l’arrière. 

C’est sûr que dans ces conditions, tu subis un peu, tu pries pour que le pilote barre bien. Je n’ai pas le choix avec le pilote, il faut que je lui fasse confiance. Mais ça se passe plutôt bien. Il m’a fait un raté mais c’est assez rare. Heureusement, je n’étais pas très loin de la barre. 

Cette dernière semaine avant le cap Horn va être dure. Les modèles voient des choses différentes. On verra…  J’arrive à me reposer mais ce n’est pas toujours facile de s’alimenter. J’ai mangé beaucoup froid ces derniers temps et je viens de prendre un repas chaud. 

Les derniers jours dans la zone de molle ont été compliqués. C’était très instable, il était particulièrement difficile de se reposer. Je suis sorti de cette zone épuisé. Et derrière on a attaqué la transition. Nous avons été vite mis dans le sujet. Ça tapait énormément ! Ça a vraiment été difficile. Je ne peux pas dire que ce soit la partie la plus difficile de ce Vendée Globe pour l’instant. L’indien a aussi été difficile car j’avais pas mal de problèmes techniques. Là, c’est davantage les conditions de navigation qui étaient complexes. 

Je me prends à rêver de passer dans le top 5 au cap Horn ! Ce serait dingue ! Mais c’est vraiment ce que je vais essayer de faire. Il me faut encore environ sept jours pour y arriver. Ce sera pour dimanche ou lundi je pense.

Depuis le temps que l’on dit que les foilers vont accélérer, ce sera peut-être sur cette remontée de l’Atlantique.  On verra… En tout cas, au cap Horn, ce ne sera pas fini. On sait que la remontée a souvent réservé des surprises. Mais pour l’instant, moi je me focalise sur ce cap mythique ! »



#632 Ptolémée

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Posté 29 décembre 2020 - 18:37

Vacation de 17h 00

Charlie accuse 168 nm ça commence à faire un peu ,

il faut qu'il réagisse ...s'il le peut 



#633 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 09:06

Toutes voiles déployées vers le Cap Horn  :rolleyes:

 

 

 

 

 

 

apicil-start0531b-c-1600-660.jpg© Yvan Zedda/Alea 
Un jour sans fin

30 Décembre 2020 - 06h56 • 4335 vues 

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Si Yannick Bestaven toujours leader, ne creuse pas plus que cela l’écart vis-à-vis de ses poursuivants, c’est bien parce qu’il a dû enchaîner les empannages. Une manœuvre qui se propage aussi le long de la ZEA, mais l’arrivée d’une nouvelle dépression australe avant le cap Horn, risque fort de chambouler la hiérarchie en tête : certes Charlie Dalin devrait conserver son siège de dauphin, mais Damien Seguin actuellement troisième reste dans le collimateur de Thomas Ruyant ! Le passage du détroit de Drake programmé dès le 2 janvier s’annonce plein de rebondissements…

Non, l’histoire ne se répète pas ! Non, puisqu’en 2016, Armel Le Cléac’h avait passé le cap Horn au bout de 47 jours de mer et que le leader actuel, Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) devrait en finir avec le Pacifique au bout de 55 jours… Non, parce qu’il y a quatre ans, le deuxième était à près de 600 milles du premier et le troisième à près de 1 500 milles ! Alors que ça se bouscule pour cette neuvième édition avec pas moins de onze solitaires en moins de 500 milles…

Non, parce que la brise de Sud-Ouest était plutôt légère en 2016 tandis qu’elle s’annonce musclée de Nord-Ouest en 2020 dans le détroit de Drake. Non, parce que le duel de la précédente édition s’est muté cette année en bataille rangée à deux jours de l’entrée dans l’Atlantique… Bref il ne sert à rien de comparer l’incomparable car chaque tour du monde a ses particularités et même pour celui-ci, le passage au Sud de l’Amérique du Sud n’aura rien à voir entre le premier, le huitième, le douzième, le quinzième ou le vingtième…

Une scission avant le Horn ?

Il semble aussi que la dépression qui va intéresser les leaders dès vendredi va provoquer une rupture au sein de la tête de flotte puisque sous la « langue » de brise qui va dévaler vers le cap Horn, butant sur la cordillère des Andes, le centre dépressionnaire dans son Sud jeudi, va ralentir les chasseurs qui arriveront, eux, avec un flux de Sud-Ouest glacial mais modéré, quand les trois premiers (peut-être quatre ou cinq ?) devront gérer un flux de Nord-Ouest en avant de cette perturbation, qui devrait atteindre plus de 35 nœuds fichier…

Il faut donc s’attendre à quelques chambardements hiérarchiques d’ici la Patagonie, car entre bascules de vent et molles, empannages et recadrages, ralentissements et accélérations, le peloton ne va pas vivre les mêmes instants : il faut donc mettre du charbon ces prochaines heures pour trouver le bon placement entre le 54° et le 55° Sud. D’ailleurs la tête de flotte semble imploser derrière le leader Yannick Bestaven, qui suit son « bonhomme » de chemin sur une route plutôt Sud à une bonne cinquantaine de milles de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA).

Ainsi certains pourraient prendre du Nord tels Thomas Ruyant (LinkedOut) ou Maxime Sorel (V and B-Mayenne) afin d’aborder cette dépression qui vient du Nord-Ouest ; d’autres semblent opter pour des « rebonds » le long de la ZEA comme Jean Le Cam (Yes We Cam!) ou Damien Seguin (Groupe APICIL) et plus loin, Giancarlo Pedote (Prysmian Group) ou Louis Burton (Bureau Vallée 2)… Bref il devrait y avoir dans cette journée de mercredi bien des chemins qui mènent au Horn !

Lune de miel ou lune de fiel ?

Et puis à force de « descendre » vers l’Antarctique, les jours (d’été austral) ne font que croître ! Déjà qu’il n’y a que quelques heures de ténèbres, plutôt crépusculaires d’ailleurs avec cette pleine lune qui adoucit les mœurs mais empêche aussi de dormir sereinement, alors quand la banquise darde ses reflets loin dans le Sud, il ne fait presque jamais noir dans ces latitudes à cette époque. Les jours sont sans fin et les nuits, loin d’être câlines…

Pour autant, l’approche du « bout du tunnel » ne va pas être très simple : quand le cœur de la dépression va flirter avec les Cinquantièmes Hurlants, il va laisser traîner une bulle sans vent dans son Sud, justement là où va batailler le groupe de tête. Normalement, les leaders ne seront pas impactés, mais les poursuivants pourraient bien peiner dans ce magma pétoleux… Rien n’est encore calé définitivement pour le réveillon du Nouvel An, mais il faut s’attendre à une bonne dose de stress pour s’extirper de cette zone de brises erratiques avant le coup de pied final, dans un flux très tonique de Nord-Ouest dès le premier jour de l’année !

Or avec 80 à 95% de couverture nuageuse et des pluies parfois diluviennes avant une giclée de neige fondue et de grêle, l’atterrissage sur les côtes chiliennes ne va pas être de tout repos. Et quand en sus, la longue houle du Pacifique va se mélanger avec des vagues parfois déferlantes de plus de six mètres, les derniers milles dans le plus grand océan de la Terre ne vont pas être très appétissants ! Surtout qu’il ne faut pas croire que les mauvais coups s’arrêtent une fois le cap Horn débordé : il n’y a pas vraiment de repos possible tant que les Malouines ne sont pas loin dans le tableau arrière…

Tous groupés le long de la ZEA

Et 850 milles plus loin, le trio Crémer-Tripon-Attanasio bénéficie de conditions plutôt favorables, mais très fraîches : une langue de vent venue de l’Antarctique va propulser ce triumvirat à vitesse grand « V » vers le cap Horn, ce qui est plutôt rassurant car dans leurs tableaux arrière, une nouvelle dépression australe devrait se glisser dans le détroit de Drake en milieu de semaine prochaine. Le schéma est donc favorable à un retour à quelques centaines de milles du groupe des chasseurs avant la remontée de l’Atlantique.

Et pour presque tous les autres solitaires encore en course, la ZEA est une référence : la plupart glisse le long de cette zone interdite par petites grappes, le trio Roura-Boissières-Hare en bordure de hautes pressions dans le Sud-Est de la Nouvelle-Zélande, le quatuor Beyou-Le Diraison-Costa-Shiraishi sous l’île Campbell avec un flux de Nord-Ouest propulsif, alors que Miranda Merron (Campagne de France) va franchir la longitude de la Tasmanie dans quelques heures et que Ari Huusela (STARK) a enfin pu déborder le plateau AMSA des services de sécurité maritime australiens avec de l’Ouest très modéré. Décidemment, ce Vendée Globe n’a pas fini de nous tarauder.

 



#634 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 09:57

Vendée Globe : Bestaven solide leader, bagarre pour la 3e place

 

 

 

 

 

 

 

 

passage au Point Nemo 

 

 

 

 

point-nemo-personne-autour_5457911_676x4



#635 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 10:09

Vacation de 8h00

Benjamin Dutreux le plus rapide sur 24h : 377nm 

Jean le Cam trés performant lui aussi , j'ai dans l'idée

qu'il faudra compter sur lui pour le podium en Vendée 



#636 thurfin

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Posté 30 décembre 2020 - 10:43

le cam est pour le moment virtuellement 2d au regard de sa compensation, il a (virtuellement) environ 120 milles de retard sur bestaven


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#637 Bougnat et Breton

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Posté 30 décembre 2020 - 12:18

Vendée Globe : Bestaven solide leader, bagarre pour la 3e place

 

 

 

 

 

 

 

 

passage au Point Nemo 

 

 

 

 

point-nemo-personne-autour_5457911_676x4

Même si les conditions météo semblent meilleures il faut quand même noter que "le peloton" est bien plus sur l'orthodromie que la tête et faire moins de route ce n'est pas une mauvaise option.

 

Rien n'est joué



#638 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 14:11

Même si les conditions météo semblent meilleures il faut quand même noter que "le peloton" est bien plus sur l'orthodromie que la tête et faire moins de route ce n'est pas une mauvaise option.

 

Rien n'est joué

 

2 données essentielles dont il faut tenir compte bien plus que l'orthodromie ,

- la limite infranchissable de la ZEA

- son positionnement heure par heure , en rapport aux données informatiques

de la carte des vents ...



#639 zone et beu

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Posté 30 décembre 2020 - 14:19

 

2 données essentielles dont il faut tenir compte bien plus que l'orthodromie ,

- la limite infranchissable de la ZEA

- son positionnement heure par heure , en rapport aux données informatiques

de la carte des vents 

 D'autant plus que l'on s'en fout puisque la terre est plate affirme le capitaine Raoult  B)



#640 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 15:28

" Instantané oppressant , perdu au milieu de ce désert liquide , 40 noeuds à l'anémomètre , c'est brutal , sauvage .." :blink:

 

 

 

 

 

Sang froid

 

 

 

Coup d’œil sur l’anémomètre. 40 nœuds, comme ça, d’un coup, sans prévenir. L’accélération est brutale, sauvage. Les sifflements de la quille et du foil montent dans les aigus comme un avion en plein piqué. La vitesse grimpe encore. Le bateau dévale une vague aussi pentue qu’un toboggan. Dans la cabine, les trépidations s’emballent. L'impression d’être emporté dans une descente vertigineuse, sans rien pouvoir retenir. Comment cela va t-il finir ? Inconsciemment on s’agrippe là où on peut. Les muscles se tendent, les doigts se crispent. Appréhension du choc. Bouche sèche, sueurs froides, gorge bloquée, la poussée d’adrénaline est instantanée.

L’étrave percute le fond de la vague et s’enfonce dans l’eau verte. On se cramponne pour résister au violent coup de frein. Projeté dans l’habitacle, le traumatisme serait terrible. Craquements inquiétants de la coque soumise à d’énormes contraintes. Là-haut, le gréement secoué par la brutalité du choc encaisse mais résiste. Pensées inquiètes pour ces multitudes de pièces dont la défaillance d’une seule pourrait faire écrouler tout l’édifice. Reconnaissance émue pour tous ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes sur ce bateau et travaillé avec minutie pour que rien ne lâche.

Pourtant, malgré la tension de ces hautes vitesses, la rapidité est la méthode efficace pour esquiver les vagues et atténuer la poussée du vent sur les voiles. Une solution possible sur ces bateaux hyper légers pilotés par une électronique capable d’anticiper les trajectoires. On est bien loin de la théorie du « trop fort n’a jamais manqué » des lourdes forteresses tout acier des premiers conquérants de cette Longue Route des 40e.

Les images du « Salaire de la Peur (1) » reviennent en mémoire avec ce camion chargé de nitroglycérine. Ici les vagues remplacent la piste en tôle ondulée mais le souci est le même, garder la bonne vitesse pour ne rien exploser. Quant à la peur et à son salaire, on attendra le cap Horn pour présenter la facture.

On se dit qu’il faut être un peu fou pour oser venir se frotter à cette mer déchaînée. Dans ce désert liquide où l’on ne fait que passer, l’océan est le maître. D’où cette devise des 40e : mieux vaut faire allégeance que jouer l’arrogance.

Nouveau départ en survitesse, moins brutal cette fois. Au manège incessant des dépressions subantarctiques s’associent souvent celles venues du Nord. Par ici m’sieurs dames ! Embarquez dans la ronde ! Roulez, roulez petits bolides ! Et poussez-moi ces vagues pour en faire de jolies déferlantes !

Le danger est là, dans ces dépressions générant des houles de direction différentes qui se croisent et s’empilent en féroces monstres éphémères surnommés vagues scélérates.

Il va falloir régler les voiles et rouler un peu de foc pour réduire la poussée. Envoyer le tourmentin sous les paquets de mer serait la dernière extrémité. Avant de décider, le mieux est de sortir pour bien sentir la mer et le bateau.

Mais d’abord, prendre le temps de s’habiller. Dans cette cabine monacale aux parois lisses et brillantes comme celles d’un laboratoire, il fait aussi froid et humide que dehors. Alors on vit et dort en sous-vêtements et polaire, bonnet et chaussettes. Parfois on met un peu de moteur, histoire de recharger les batteries et la chaleur du corps.

Enfiler la combinaison étanche, la 3e couche. La première, un sous-vêtement en polyester bien ajusté est là pour calfeutrer et évacuer la transpiration. Ainsi, le corps au sec perd moins sa chaleur. La 2e couche, en polaire synthétique, a un autre rôle : emprisonner l’air, drainer la sueur et créer un cocon isolant autour du corps. Enfin la couche superficielle est une membrane imperméable à l’eau, aux embruns et au vent. Ce sandwich en 3 épaisseurs est le plus protecteur.

Après quelques contorsions, vous voilà harnachés. Bien contrôler l’étanchéité au niveau des poignets et du col. Rien de pire que l’eau glacée qui s’insinue dans les bras ou dans le cou. OK, on y va. Dehors, c’est l’hiver. Pourtant, nous sommes en été, avec un soleil très haut et des nuits de quelques heures. Mais les rafales arrivent en direct du congélateur antarctique où quelqu’un a oublié de refermer la porte. L’air froid est dense, épais, à vitesse égale le vent est ici plus dur, plus puissant. C’est une des caractéristiques du grand Sud.

Avec une température de 2°C et un vent à 60 kilomètres/heure, la sensation de froid équivaut à -6° C. En général, car la résistance au froid n’est pas la même pour tout le monde. Elle est liée à notre patrimoine génétique qui règle le thermostat de la chaudière interne, activant plus ou moins le métabolisme de nos cellules. Une hormone joue également un rôle déterminant. Elle s’appelle testostérone, l’hormone sexuelle mâle. Sa présence bloque certains indicateurs du froid au niveau cérébral. Cette hormone existe aussi chez la femme mais en quantité beaucoup moindre. Deux méthodes pour en augmenter la quantité : la douche froide et l’abstinence. Vu le contexte, on peut penser que les skippers masculins du Vendée-globe sont particulièrement résistants. La masse musculaire joue aussi un rôle majeur. En se contractant un muscle produit 4 fois plus de chaleur que de force. Dans cette production de calories, les hommes ont l’avantage avec une masse de muscles en moyenne 20% supérieure à celle des femmes. Enfin, le mental et une nouvelle fois l’hypothalamus. Ce maitre des horloges est aussi un thermomètre capable de surestimer le froid quand le manque de sommeil, le stress, la fatigue, une baisse de moral pèsent sur l’organisme.

Vous voilà dehors. Faire vite, en surveillant les vagues du coin de l’œil. Méfiance. En voici encore une qui déferle sur le pont. Juste le temps de se planquer sous la casquette du cockpit pour éviter la douche.

Tout est mouillé et glacé. Les gants sont trempés et les mains déjà froides. Au contact de l’eau, la chaleur du corps se disperse trente fois plus vite que dans l’air. Pour éviter que le refroidissement ne se propage en profondeur, l’organisme a une parade. Les vaisseaux de la peau rétrécissent, le sang reflue vers l’intérieur. Ce mécanisme n’a qu’un seul but : maintenir les organes vitaux au 37°C physiologique. Le cœur comme le cerveau supportent très mal les écarts de température.

OK pour les manœuvres. Ranger les écoutes, rapidement. Les doigts font mal. Ils sont blancs, raides et sans force, comme anesthésiés. La faute au manque de sang. Les remuer pour limiter les fourmillements, les crampes. Le déficit sanguin a d’autres conséquences : il fragilise la peau et l’expose aux blessures et aux crevasses.

Allez ! Encore un effort pour peaufiner les réglages et surveiller le comportement du bateau. Bon dieu qu’il fait froid ! Premiers frissons. L’apport thermique de ces spasmes musculaires involontaires est le premier réflexe pour maintenir à bonne température le chauffage central du corps.

Enfin le bateau est sur la trajectoire, pilote automatique bien réglé. Repli rapide dans la cabine, à l’abri du vent. Les pieds sont durs comme des glaçons. Le sang revient doucement dans les mains. La peau est rouge et brûle, comme si le sang avait du mal à se frayer un chemin dans cet épiderme solidifié par le froid.

Un bol de soupe bien chaude. Les doigts sont engourdis pour tourner la mollette du briquet. Aller, essaye encore ! La douce chaleur des flammes du réchaud rayonne enfin sur le visage et les mains. Petit moment de bien-être. Après la soupe, ce sera un plat de nouilles lyophilisées. C’est rapide et riche. Le menu quotidien des latitudes froides avoisine les 5000 calories. Si la température baisse encore de 10%, il faudra 5% de Calories en plus. C’est la règle. Si vous n’avez plus faim ou pas assez mangé, pas d’inquiétude, les graisses stockées sous la peau feront l’appoint. Pour une fois, le réflexe ancestral d’emmagasiner sans cesse des réserves de gras pour d’hypothétiques jours de famine, va servir à autre chose que prendre du poids et du cholestérol. Avec 100 000 Calories disponibles en moyenne sous la peau, on peut faire face et voir venir. Quitte à en perdre un peu, du poids.

Voilà le bateau qui repart dans une glissade interminable qui pourrait faire froid dans le dos. Pourtant, on reste zen, confiant. On garde la tête froide. Pour naviguer dans ces latitudes hostiles et glaciales, le défi est simple et contradictoire: ne pas avoir froid aux yeux tout en gardant son sang froid.

 



#641 Bougnat et Breton

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Posté 30 décembre 2020 - 15:34

 

2 données essentielles dont il faut tenir compte bien plus que l'orthodromie ,

- la limite infranchissable de la ZEA

- son positionnement heure par heure , en rapport aux données informatiques

de la carte des vents ...

Justement, la limite de la ZEA provoque un goulot d'étranglement au niveau du Horn qu'il peut être intéressant de négocier en limitant les empanages et si possible tout sous la même amure, c'est pour ça que ça va peut être lisser un peu les avances.

 

Maintenant  forcement l'évolution du vent sera déterminante ça c'est évident, mais avec un si faible écart tout peut encore se jouer d'autant que la remontée de l'atlantique est en principe moins favorable aux foilers



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Posté 30 décembre 2020 - 15:42

Justement, la limite de la ZEA provoque un goulot d'étranglement au niveau du Horn qu'il peut être intéressant de négocier en limitant les empanages et si possible tout sous la même amure, c'est pour ça que ça va peut être lisser un peu les avances.

 

Maintenant  forcement l'évolution du vent sera déterminante ça c'est évident, mais avec un si faible écart tout peut encore se jouer d'autant que la remontée de l'atlantique est en principe moins favorable aux foilers

 

bien d'accord , une opportunité dont Jean le Cam pourrait tirer parti ..

il est encore admirablement placé après son passage à la longitude

du Point Nemo 



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Posté 30 décembre 2020 - 16:25

 

bien d'accord , une opportunité dont Jean le Cam pourrait tirer parti ..

il est encore admirablement placé après son passage à la longitude

du Point Nemo 

Exact, avec une boni de 16h il reste un candidat potentiel à la victoire finale.

 

Si ça se réalise celui qui aurait parié sur ça au départ va faire fortune c'est certain



#644 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 17:01

Dans ces contrées hostiles , ces nuits d'angoisse , le lieu est propice

à la découverte de soi ..

Le Vendée Globe est une redoutable expérience sportive , psychologique ,

mais avant tout une formidable aventure humaine qui n'à pas d'équivalence



#645 Bougnat et Breton

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Posté 30 décembre 2020 - 17:31

Dans ces contrées hostiles , ces nuits d'angoisse , le lieu est propice

à la découverte de soi ..

Le Vendée Globe est une redoutable expérience sportive , psychologique ,

mais avant tout une formidable aventure humaine qui n'à pas d'équivalence

Moitessier s'y était tellement trouvé en phase qu'il a abandonné et refait un deuxième 1/2 tour sans escale pour ne pas retrouver la "civilisation"






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