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Vendée Globe 2024-2025 . L'aventure existe encore ..


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1958 réponses à ce sujet

#646 Ptolémée

Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 18:12

Moitessier s'y était tellement trouvé en phase qu'il a abandonné et refait un deuxième 1/2 tour sans escale pour ne pas retrouver la "civilisation"

 

Bernard Moitessier , un navigateur hors du temps ..

 

 

" Alors que tout le monde l'attend en vainqueur (au train où il avance, il dépasse bientôt Robin Knox-Johnston, parti bien avant lui), Bernard, passant pour la seconde fois le Cap de Bonne-Espérance. Le

18 mars 1969

, il catapulte à l'aide d'un lance-pierre un jerrican — dans lequel il a glissé un message accompagné de ses cassettes et bobines de films — sur un cargo dans la baie de Cape-Town. Il annonce à la stupeur générale : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme »4. 


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#647 Bougnat et Breton

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Posté 30 décembre 2020 - 18:17

 

Bernard Moitessier , un navigateur hors du temps ..

 

 

" Alors que tout le monde l'attend en vainqueur (au train où il avance, il dépasse bientôt Robin Knox-Johnston, parti bien avant lui), Bernard, passant pour la seconde fois le Cap de Bonne-Espérance. Le

18 mars 1969

, il catapulte à l'aide d'un lance-pierre un jerrican — dans lequel il a glissé un message accompagné de ses cassettes et bobines de films — sur un cargo dans la baie de Cape-Town. Il annonce à la stupeur générale : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme »4. 

Hors du temps oui, mais tellement attachant !!!

 

Je te conseille si tu ne l'as déjà fait d'aller voir sa tombe dans le cimetière du Bono dans le golfe du Morbihan, c'est plein d'objets personnels et très émouvant , respectueux de ce qu'il a été.



#648 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 18:21

Hors du temps oui, mais tellement attachant !!!

 

Je te conseille si tu ne l'as déjà fait d'aller voir sa tombe dans le cimetière du Bono dans le golfe du Morbihan, c'est plein d'objets personnels et très émouvant , respectueux de ce qu'il a été.

 

merci , j'ignorais qu'il était enterré là ...



#649 Bougnat et Breton

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Posté 30 décembre 2020 - 18:34

 

merci , j'ignorais qu'il était enterré là ...

Sa dernière compagne (Marie Christine Lerebours) était Bonoviste et l'a accompagné jusqu'à la fin.

 

Il a vécu ses dernières années au Bono très impliqué dans la vie locale et en particulier intervenant très régulièrement dans l'école publique pour délivrer des messages de paix et de fraternité.

 

Vraiment un mec hors du temps qui n'a jamais voulu toucher un centime des droits d'auteur considérables de ses livres alors que par ailleurs il ne possédait rien et vivait quasiment comme un clochard.


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#650 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 19:04

423 nm pour Charlie Dalin sur 24h , le plus rapide actuellement 



#651 Ptolémée

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Posté 30 décembre 2020 - 23:19

Clarisse Cremer la guerrière 
respect pour cette jeune femme au combat par 55 degrés Sud    :rolleyes:
 
 
 
joyeux-31e-anniversaire-clarisse-c-1600-© Clarisse Cremer / Banque Populaire X 

Bataille rangée à 1300 milles du Cap Horn 

30 Décembre 2020 - 16h48 • 13901 vues 

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L’atmosphère est à la fois glaciale et électrique à 1 300 milles du cap Horn. D’abord parce que la régate par 55 degrés Sud est toujours aussi intense au sein du top 14. Ensuite parce que les écarts évoluent souvent en faveur des poursuivants. Enfin parce que la météo est loin d’être simple jusqu’à la sortie du tunnel. 

Dans ces conditions, tout est affaire d’équilibre. Cravacher sans s’épuiser et sans abîmer sa monture… un compromis que les navigateurs solitaires tentent de maîtriser après 52 jours de mer.

Le schéma météo avec lequel les leaders doivent composer pour rallier le troisième des trois grands caps de ce tour du monde est plutôt complexe. Les voici pris en tenaille entre une dépression secondaire dans leur Nord qui va se creuser pour donner des conditions musclées le long des côtes chiliennes, jusqu’à la pointe de l’Amérique du Sud et un couloir de vents plus mous et instables. Pour les premiers (Yannick BestavenCharlie Dalin et Thomas Ruyant) l’idée est d’éviter de se faire matraquer dans 45 nœuds et 7 mètres de creux à l’approche du cap Horn. Pour les suivants, qui multiplient les empannages le long de la ZEA, il faudra veiller à ne pas être trop freiné dans une zone très instable.

yannick-bestaven-est-heureux-et-fait-r-3

Dans ce contexte, en fonction de sa position sur l’échiquier, chacun adapte sa stratégie pour éviter « la casse » ou la perte de terrain. En tête, Yannick Bestaven, Charlie Dalin et dans une moindre mesure Thomas Ruyant, accélèrent pour rester à l’avant du front et bénéficier le plus longtemps possible d’un flux de Nord-Ouest et d’une houle régulière. Calé en bâbord amure sur son bon foil, Apivia a même franchement augmenté la cadence : presque 20 nœuds de moyenne entre deux classements.

Ces deux ou trois-là devront néanmoins ajuster leur trajectoire pour ne pas se retrouver au pire endroit au pire moment lorsque la dépression secondaire déboulera sur leur route d’ici 36 heures. Dans tous les cas, tout est affaire de dosage entre le désir d’être compétitif et la préservation de soi. Un art qu’il faut savoir pratiquer sans frustration et que commencent (plus ou moins) à maîtriser les marins du Vendée Globe.
 

31 ans au milieu du Pacifique

Clarisse Crémer qui fêtait ses 31 ans aujourd’hui au large du point Nemo – soit au milieu de nulle part - mesurait la chance d’être aussi bien placée à ce stade du parcours. Pourtant, elle admettait devoir négocier sans cesse avec elle-même : « j’essaye d’aller vite tout le temps, en me préservant. Tout cela est une histoire de compromis entre performance et émotions »  admet-elle. « J’apprends à me connaître. C’est une vraie leçon de vie ». 

Il n’empêche, la skippeuse de Banque Populaire X (12e) s’accroche pour ne pas se faire déborder par Armel Tripon dont le foiler noir et jaune ne cesse de gagner du terrain.

Un boulevard semble même s’ouvrir devant son étrave ronde. « J’ai une météo super favorable jusqu’au cap Horn, reconnaissait-il cette nuit (pour lui) à la vacation. Je vais essayer de saisir cette opportunité pour recoller au paquet. Mais il faut cravacher ! Il y a quand même un sacré niveau d’engagement chez tout le monde ! Mon but est de revenir tout en ménageant mon bateau. C’est un équilibre à trouver, il faut être prudent ».

 



#652 Bougnat et Breton

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Posté 31 décembre 2020 - 00:30

ob_65ede8_bernard-moitessier-le-bono-geo

Bernard repose sous son palmier du Bono.



#653 Bougnat et Breton

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Posté 31 décembre 2020 - 00:46

golden-globe-race-joshua-suhaili-3.jpg

Bernard Moitessier à bord de Joshua sur la première Golden Globe Race


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#654 superelvis

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Posté 31 décembre 2020 - 06:07

Le cam a perdu 100 mn dans la nuit non ?

#655 zone et beu

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Posté 31 décembre 2020 - 07:52

golden-globe-race-joshua-suhaili-3.jpg

Bernard Moitessier à bord de Joshua sur la première Golden Globe Race

 

Le Joshua en hommage à Joshua Slocum le premier circum navigateur en solitaire à la voile à bord du Spray.entre 1895 et 1898



#656 Ptolémée

Ptolémée

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Posté 31 décembre 2020 - 08:41

Yannick Bestaven : « Il vaut mieux prévenir… »

31 Décembre 2020 - 08h23 • 464 vues 

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Toujours leader de la flotte, Yannick Bestaven a mis le turbo ces dernières heures pour passer le cap Horn ce week-end… Avec un bateau en parfait état de marche malgré 53 jours de mer, le Rochelais se projette déjà dans l’Atlantique.

« J’ai un petit front qui est en train de me passer dessus : il y a un peu d’air (27 nœuds) ! C’est aussi ce que je suis venu chercher pour faire une belle trajectoire en bâbord afin de faire la route la plus directe vers le cap Horn. J’ai du vent de Nord sur une mer plutôt jolie avec une belle vitesse, mais derrière le front, le vent passe au Nord-Ouest donc ça va naturellement me faire remonter vers le Nord : je devrais faire une jolie courbe le long de la ZEA.

Pour le passage du cap Horn, il faudra voir le ‘timing’ : je devrais être encore assez Sud mais ce n’est pas encore écrit vu qu’il y aura du vent avec des rafales et surtout de la mer. Il y a déjà de la houle du Pacifique, mais ça va ! Ce n’est pas de la mer mal rangée comme dans l’Indien… Le bateau glisse au lieu de s’arrêter dans la vague de devant.

53 jours de mer, ça tire un peu sur les organismes, physiquement et mentalement. C’est sûr que j’ai hâte de sortir de là pour être un peu plus serein et équilibré. Mais il faut souligner que la météo était assez particulière dans les mers du Sud et on a mis du temps à les traverser… Il est temps que ça s’arrête et qu’on remonte vers des latitudes plus tempérées : sécher le bateau et le marin pour avoir de l’énergie afin d’attaquer le dernier tronçon en forme.

Je suis resté en heure TU et là, la nuit commence à tomber ici : on doit avoir huit à dix heures de décalage avec Greenwich. Le réveillon ne va pas être cotillons et langues de belle-mère et en plus, comme toutes les discothèques sont fermées… Cela va être une soirée comme les autres ! Bien sûr, je vais appeler ma famille et mes amis à terre qui vont fêter le réveillon, mais c’est tout. Ça ne me fait pas grand-chose, même s’il y a plein de façons de déconnecter en mer : je vis un peu au jour le jour. La nouvelle année ne va pas changer ma façon de naviguer ou la météo à venir !

Vingt nœuds de moyenne, c’est beaucoup surtout que nos « petits » foilers ne sont pas très agréables dans ces conditions. Mais c’est sympa de faire des milles ! On s’accroche et je passe beaucoup de temps dans le siège de veille ou dans la bannette. Mais il faut se tenir ! Il ne fait pas trop froid, car j’ai dû m’y habituer. Il ne fait pas trop humide dans le bateau mais je navigue avec tout fermer : je suis au sec ! Et puis il n’y a plus ces « arrêt-buffet » qu’on a connus dans l’Indien…

Je n’ai jamais passé autant de temps en mer : ça commence à faire beaucoup de jours, même si je ne vois pas les journées passer. Je me suis habitué à l’environnement et je commence à bien connaître mon bateau. Dès que cela est possible, je fais un tour du monocoque pour faire un check parce que tout commence à vieillir, à s’user, ce qui est normal. Il vaut mieux prévenir les pépins que les guérir. Mais le bateau est encore à 100%. Je garde un œil sur la météo du cap Horn. Quant aux poursuivants, c’est heureux que ça parte enfin par devant ! Cela n’a pas été le cas avant… Tant mieux si je peux me faire un petit matelas d’avance avant de remonter l’Atlantique plus peinard. Et les foils, c’est vraiment le turbo du bateau. »

 



#657 thurfin

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Posté 31 décembre 2020 - 08:47

423 nm pour Charlie Dalin sur 24h , le plus rapide actuellement 

mais n'oublions pas les 10h15 de compensation de bestaven, il va etre pas simple à aller chercher à la régulière.


golden-globe-race-joshua-suhaili-3.jpg

Bernard Moitessier à bord de Joshua sur la première Golden Globe Race

 

bateau classé monument historique il me semble.



#658 Ptolémée

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Posté 31 décembre 2020 - 08:48

Le cam a perdu 100 mn dans la nuit non ?

 

j'ai l'impression oui , mais j'en suis pas certain

j'ai pas noté les écarts hier soir 

 

914 kms sur 24h pour Charlie Dalin , c'est juste

énorme un record ! , son voilier doit etre torturé

par les contraintes d'une mer croisée et violente

dans le Nord ..

plus ils vont se rapprocher de l'ile Horn , plus ils

seront confrontés aux courants du passage de

Drake ( chocs Pacifique-Atlantique ) 

Antarctique: la redoutable traversée du passage de Drake -antarctique.

En plus des courants , une houle gigantesque qui

n'est brisée par aucunes terres autour du globe ..

Pour finir cette région des 57èmes Sud est propice aux

terribles vagues scélérates 

un programme qui à de quoi inquiéter ...

 

cartographie



#659 Bougnat et Breton

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Posté 31 décembre 2020 - 09:09

mais n'oublions pas les 10h15 de compensation de bestaven, il va etre pas simple à aller chercher à la régulière.


bateau classé monument historique il me semble.

Oui, classé patrimoine maritime historique et exploité par le musée maritime de La Rochelle.

 

Il est possible de faire des croisières à bord d'autant que maintenant il s'est civilisé avec l'apparition de quelques banettes.

 

A une certaine époque Moitessier avait démonté tout ce qu'il y avait à l'intérieur( pas grand chose en fait car il était plutôt spartiate) pour le transformer en cargo transporteur de terre.

 

L'objectif était de fertiliser la terre d'un atoll en lui apportant de la terre d'un autre atoll qui était bien meilleure pour faire pousser les tomates!!!!

 

Un bateau avec un vécu pareil il n'y en a pas d'autres !!! :rolleyes:



#660 Ptolémée

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Posté 31 décembre 2020 - 09:15

v-and-b-mayenne-c-1600-660.jpg

le " GRAND SUD"

31 Décembre 2020 - 08h30 • 806 vues 

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Dans un mot du bord reçu ce matin, Maxime Sorel (V and B - Mayenne) nous fait revivre son aventure dans le grand Sud. 

Imagines-toi après 25 jours d’isolement dans une boîte en carbone. Tu as déjà commencé ton voyage intérieur et as eu pas mal de questionnement sur toi-même. Tu sembles même avoir déjà obtenu des réponses... Tu entres alors dans un univers inconnu. Ce que les gens appellent “Le Grand Sud” ou “Le Royaume des Ténèbres”... Wow ça glace le sang ça non ? Les marins qui y sont déjà allés, et ils ne sont pas si nombreux, en parlent comme quelque chose d’unique, de froid, de gris, de dur mais semblent en être tombés amoureux.

 

Le Royaume des Ténèbres

Tu es alors aux portes de ce truc qui te fait à la fois peur et envie. C’est une boule au ventre car la peur l’emporte et puis je viens de le dire ça fait déjà 25 jours que tu es en mer avec toutes les séquelles que cela inflige.

À peine le temps de mettre la main sur la poignée et de pousser la porte de ce long tunnel de 9 000 milles nautiques, que tu te fais aussitôt cueillir par la première dépression australe de ta vie... Tu la subis car elle n’arrive pas vraiment comme il le faudrait, tu te fais secouer, un peu perdu dans les manœuvres tu sembles perdre le contrôle mais tu veilles au grain et arrive à gérer la situation en étant attentif. La mer est démontée et les compteurs affichent du vent froid avec jusqu’à 64 nœuds en rafale !! Ouch !!  Ce que tu ne sais pas encore, c’est que cela ne va pas durer 10 heures mais bien 10 jours… Heu pardon, mais vous pouvez répéter là ? Je crois que j’ai mal entendu ! Combien de temps ? 

Oui 10 jours ! Les journées vont s’enchaîner au rythme d’un océan Indien qui est bien décidé à te montrer qui est le patron. Mais toi tu n’en as aucun doute et tu es prêt à t’incliner pour que les éléments se calment ne serait-ce qu’un peu... Juste le temps de te laisser dormir, se restaurer avec autre chose que des gâteaux secs car même te faire chauffer de l’eau est une galère sans nom ! 

Tu arrives tant bien que mal à télécharger des fichiers météo qui te sapent le moral pour t’informer que le vent sera plutôt autour des 55 nœuds que des 45 prévus.

Ton bateau souffre et tu souffres avec lui. Il faut alors puiser dans les réserves de sommeil et de mental pour résister à ce que tu endures. Mais ton mental n’est pas aussi frais que tu l’imagines ! 

Certains conseillent de faire le dos rond ! Si seulement cela suffisait ! Faire le dos rond ça veut dire vivre comme un animal dans un terrier sans savoir combien de temps ça va durer. 

Le bateau continue de souffrir et te rappelle que tu en auras besoin jusqu’au bout, que sans lui tu n’es rien ! Cette machine est solide mais fragile et peut casser, pas complètement mais suffisamment pour te mettre dans des situations critiques. 

Il est impossible de réagir de suite à ses appels de détresse mais tu démarres une liste de choses que tu vas devoir gérer dans l’urgence pour soigner les blessures avant qu’elles ne s’infectent trop. Ce qui affecte directement ton moral et ta motivation. 

 

Tel un boxeur… 

Tel un boxeur qui subit les coups derrière sa défense fébrile, il ne reste plus que son mental pour lui dire de rester debout et de continuer à observer avant de placer le coup fatal à son adversaire. Sauf que dans ce combat ton seul adversaire c’est toi-même. Mais crois-moi c’est l’un des plus coriaces. Digne d’un des plus grand match de boxe international ! 

« Ladies and Gentlemen, boyyyys and Giiirrrlls !! Attention please !! À ma gauche, dans le coin rouge, avec 9 titres mondiaux des poids lourds de la négativité et plus de 110 combats remportés, j’ai nommé Maxime SOREL / À ma droite, dans le coin bleu, avec 10 titres mondiaux des poids lourds de la positivité et plus de 120 combats remportés, j’ai nommé Maxime SOREL ». 

Je divague pardonnez-moi, mais vous voyez de quoi je veux parler ? Si, si, bien sûr... pas besoin d’avoir pratiqué la compétition pour le comprendre, parfois une simple tablette de chocolat peut mettre en duel ces deux “personnes” à l’intérieur de vous.

Cela fait 10 jours maintenant... tu as presque réussi à trouver un rythme dans cet enfer, c’est là que tu te rends compte que l’être humain a une faculté d’adaptation hallucinante ! 

Tes derniers fichiers météo t’annoncent que ça va se calmer pour quelques heures. De suite tu penses à toi, à ce que tu vas pouvoir faire que tu ne pouvais pas faire avant, bref tu te vois dans des conditions clémentes pour profiter et te reposer un peu. Juste récupérer de ce qu’il vient de se passer. 

Mais avant ça, l’heure est au diagnostic. Tel un médecin, tu rentres en consultation pour ton patient le plus cher, ton bateau. Le bilan est bien plus lourd que tu l’imagines car certains organes vitaux sont atteints… Tes voiles J2 et J3 sont déchirées, il va falloir monter plusieurs fois  au mât, réparer tout ça avant de pouvoir espérer les remonter.

« Et nouvel uppercut sur le coin bleu ! Le rouge semble avoir la situation bien en main » 

Tu te rends compte qu’il va vite falloir opérer et que les 48 heures de créneau météo plus clément serviront à faire de la chirurgie avec les moyens du bord et non à te reposer comme tu l’avais tant espéré. Ton degré de lucidité qui était déjà bien bas, risque de s’approcher de la zone rouge. Il va falloir être pragmatique.  L’opération est-elle envisageable ? Quels sont les risques ? Quelle est la probabilité de pouvoir sauver l’organe atteint ? Si on échoue, que se passe-t-il ?

Tu fais donc appel à ton équipe pour avoir un autre diagnostic et confirmer le déroulé de l’opération. Mais le verdict est sans appel : c’est bien une opération sans anesthésie qui se réalise normalement à 4 mains et qu’il va falloir effectuer seul au Royaume des Ténèbres !

« Et le coin rouge enchaîne les coups ! Le bleu est dans les cordes, apparemment  complètement sonné ! Il faut faire quelque chose ! Nous assistons à un véritable massacre ! » 

Tu es à bout de souffle alors que le départ du marathon n’est pas encore donné, tu fais seulement la queue pour récupérer ton dossard ! 

Même si périlleuse, la première étape de cette opération n’est pas la plus compliquée mais elle te pompe énormément d’énergie. 

« Il est temps que la cloche sonne pour le coin bleu, le boxeur a besoin de reprendre son souffle. Je crois même que le coin rouge lui a soufflé à l’oreille qu’il fallait qu’il jette l’éponge s’il ne voulait pas finir K.O ! » 

Tu te reposes une paire d’heures. C’est important de savoir se reposer dans ces moments là où la compétition est mise « entre parenthèses » et que tu as besoin d’une lucidité totale. Tu as du mal à trouver le sommeil car tu es déjà dans la suite de ton opération, tu te répètes le protocole, tu révises le scénario avant de démarrer pour être sûr que tu n’as rien oublié, la moindre erreur pourrait être fatale. 

Dès que le réveil sonne, tu embrayes sans même te poser de questions, tu te sens pousser des ailes, tu ne sais pas où et comment tu fais pour aller chercher cette énergie et même d’où elle provient. Tu y es ! Tout est là, devant toi ! Il va falloir enchaîner les heures pour restructurer et suturer ! C’est un travail titanesque mais tu sais au fond de toi que c’est possible. 

« C’est reparti, le coin bleu semble avoir repris ses esprits mais il est quand même fortement amoché ! Le coin rouge semble être en parfaite forme, il a même le sourire aux lèvres... » 

Tu mets de la musique, n’importe quoi du moment que ça meuble ce silence pesant ! C’est parti ! Une machine programmée sur une chaîne de montage de production ne saurait pas répéter ces gestes avec la même justesse que celle que tu appliques, tu es devenu machine. Ton cerveau tourne à plein régime et tu t’appliques à faire ce que tu n'as jamais vu faire. Tu rentres dans un monde où seule l’adrénaline te nourrit, tu ne vas plus manger, plus dormir, plus parler, plus penser, plus réagir mais seulement agir pour cette opération en question. 1h, 2h, 3h... 6h... Ta lucidité est maintenue grâce aux injections naturelles d’adrénaline que ton corps accepte de sécréter comme une sorte d’auto-défense à ce qu’il t’arrive. Tu commences à te rendre compte que tu es sur le point de réussir le gros de l’opération. La fatigue, le stress, l’émotion et l’adrénaline font un drôle de mélange à l’intérieur de toi. Parfois tu pleures car tu te rends compte de ce que tu es en train de faire et que tu es en bonne voie pour réussir ce défi complètement fou que tu t’es donné. En même temps tu n’as pas vraiment d’autres choix...

« Mais c’est un retournement de situation on dirait ! Le coin bleu passe à l'offensive et semble déséquilibrer le coin rouge mais le match est loin d’être fini ! » 

Après 9h de bloc en continu, tu t’arrêtes, la deuxième étape est réussie. Tu es fier, mais rien ne transparaît. Tu restes concentré sur l’ultime étape de l’opération.

« La cloche sonne, les deux boxeurs rejoignent chacun leur coin, nous allons assister à un 13ème et dernier round, dans cette incroyable rencontre qui est décidément pleine de rebondissements »

1h20 de sommeil, BIBIBIBIP BIBIBIBIP, tu as une vacation visio avec l’organisation de la course. Tu sembles très très fatigué. À peine raccroché, tu appelles ton équipe technique pour les informer que tu passes à l’ultime étape. 

Tu as une boule au ventre, la gorge serrée, dans l’effort tu trouves même encore de l’énergie pour verser une larme, pas de tristesse mais une larme qui vient d’ailleurs, celle qui te dit que tu vas y arriver. C’est peut-être quelque chose de nerveux qui arrive dans la difficulté. Mais celle-ci arrive au moment où tu en as le plus besoin. C’est peut-être la traduction physique de ce que l’on appelle le supplément d’âme ?  En tout cas, tu sembles INVINCIBLE !

« Je crois qu’il s’est passé quelque chose dans le coin bleu, son regard a changé ! Mesdames et Messieurs nous allons assister à quelque chose de grand, très grand ce soir ! Restez bien avec nous ! » 

Tu avales alors cette dernière phase avec une rage de vaincre comme si personne ne pouvait t’arrêter ni te résister !

« Le coin bleu est en train de massacrer le coin rouge qui semble maintenant désemparé alors qu’il avait quasiment gagné le match ! Et ouiiiii voici le coup fatal du coin bleu, le coin rouge en perd ses appuis, il tente de se raccrocher aux filières mais il est complètement sonné mesdames et messieurs, mais oui il semble HS ... 1,2,3,...,7,8,9 et 10 !!!! C’est une victoire par KO du coin Bleu dans l’ultime Round, quel Match incroyable !!! » 

21h… Stop / Fin du combat / DING DING DING !! 

21h c’est pas l’heure qu’il est quand tu as fini l’opération c’est le temps cumulé de tes 3 phases d’opération !

Alors tu le reconnais ce duel dans ta tête ? Tu as fini par la manger cette tablette de chocolat ? ????

 

Amoureux du Grand Sud ?

Revenons dans notre boîte en carbone !  

Tu viens donc de passer 10 jours à vivre dans des conditions inimaginables. Finalement tu en as fini avec cet Océan Indien et attaque maintenant le Pacifique. Tu espères que cet autre océan, le plus grand de la planète, porte bien son nom… Bas non en fait ! Dès les premiers milles nautiques de ce nouvel univers, tu te rends compte que tu vas naviguer face au vent et essuyer une forte dépression par la même occasion. 

L’aventure continue ! Même si les conditions sont plus clémentes, il y a ce décalage horaire qui te pollue et t’empêche de recharger tes batteries qui, sans que tu t’en aperçoives, a déjà atteint la zone rouge. Un problème au niveau de l’alarme de batterie ? Non, juste l’effet inhibiteur de l’adrénaline sur la fatigue. Une fois cette drogue naturelle dispersée et consommée par le corps, le contre coup est très violent. L’ascenseur émotionnel de la réussite de ton opération vient s’ajouter à tout cela. Il te faut alors plusieurs jours pour reprendre et retrouver un vrai rythme à bord.

Souviens-toi ! On m’avait dit quoi déjà sur le grand sud ? Que ceux qui sont allés dans ce royaume semblent en être tombés amoureux... 

Peut-être qu’il faut attendre de sortir du tunnel alors ? Ou alors, attends un peu… L’homme de défis ne serait-il pas un brin masochiste!? Ne serait-ce pas le goût de cette difficulté que l’on trouve nul par ailleurs, du moins pas avec la même intensité, dont l’homme serait tombé amoureux ? 

Tu n'as pas eu le droit pour le moment à ce que l’on t’a raconté des mers du sud : cette longue houle et les incroyables surfs avec des vitesses vertigineuses qui font rêver tous les marins d’aujourd’hui. Mais finalement, peut-être que ce n’est pas ça le plus important ? Peut-être que ce que tu as vécu et que tu as essayé de partager en immersion à la fois sur le bateau mais aussi dans ta tête est bien plus intense et plus profond que tout le reste.

Il est vrai que ce chemin intérieur, que l’on trace à travers cette longue route qu’est le Vendée globe, est d’une rare intensité ! Revivre les moments difficiles peut être encore douloureux mentalement mais quand finalement cela se termine bien c’est d’une jouissance infinie, bien plus intense que n’importe quelle vague qui emporterait notre bateau à vive allure !

Notre cerveau a la capacité de nous offrir plus d'émotions que n’importe quoi d’autre !!  Notre corps peut sécréter des hormones te permettant d’atteindre l’extase à travers la difficulté... « faire de ces difficultés une opportunité plutôt qu’un obstacle » c’est ça finalement, prendre du plaisir dans la souffrance. 

Il y a une chanson qui dit que « toutes les machines ont un cœur », en effet car l’homme est une machine au grand cœur. Tu ne pensais pas être capable d’accepter de telles conditions, un tel ressenti que même un animal ne voudrait pas, jusqu’en oublier de manger et presque de boire tant que l’objectif n’est pas atteint. « Surhumain » ne veut rien dire car on ne sait pas ce dont l’homme est finalement capable. En tout cas, les limites que l’on croit inatteignables ne sont en réalité pas celles que l’on imagine !!

On m’a demandé au départ ce que j’allais chercher sur cette course..!? Je ne savais pas trop et je me disais que j’aurais les réponses en passant la ligne d’arrivée. 

Mais le fait de forcer l’avancement de ce chemin intérieur est déjà une bonne partie de la réponse ! C’est pour moi la plus grande des difficultés de ce Vendée Globe mais probablement celle que je préfère. 

Quand je vous disais que les marins étaient maso !!!

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