Barlot, simple et tellement efficace avec Castres avant de se confronter à La Rochelle en Top 14
Discret et travailleur, Gaëtan Barlot le talonneur s'est révélé à Colomiers avant d'exploser cette saison au Castres Olympique en Top 14.
Le doute n'est plus vraiment permis. Longtemps, Gaëtan Barlot (24 ans le mois prochain) a douté, non pas de sa légitimité, mais du chemin qu'il devait emprunter. Formé à Clermont, il a obtenu un BTS de technicien de laboratoire à Toulouse avant d'exploser à Colomiers la saison passée. On ne peut d'ailleurs s'empêcher de penser que la précision, l'habileté, la rigueur, le respect strict des procédures que nécessitent manipulations et analyses décrivent quelque part le joueur qu'il est devenu aujourd'hui.
Un joueur de Top 14 aux charmes insondables, épanoui au CO (15 feuilles de match, 13 titularisations), et déjà dans le collimateur de Fabien Galthié même si le vivier des talonneurs regorge de richesses (Marchand, Chat, Mauvaka, Baubigny, Bourgarit...). « Mais c'est un jeune joueur, précise David Darricarrère, qui le découvre au CO, avec une marge de progression que l'on devine à peine, et c'est ce qui rend l'histoire plus belle encore. »
L'histoire débute à Saint-Ours-les-Roches, dans l'aire urbaine de Clermont-Ferrand, mais change vraiment de cadence à Colomiers, sous la férule de Fabien Berneau. « Il est arrivé à 17 ans comme partenaire d'entraînement au centre, raconte celui qui était directeur de la formation avant de prendre en charge les avants. J'ai immédiatement été frappé par sa maturité, la pertinence de ses raisonnements. Très vite, je l'ai convaincu de rester assidu, motivé. Il a explosé à l'âge de 19-20 ans. »
Gaëtan Barlot a d'abord priorisé le double projet. Le club l'a accompagné dans ses études, adapté les rythmes d'entraînement lorsqu'il exerçait à l'hôpital Purpan, puis s'est penché sur sa préparation physique. « Il était assez mince pour un talonneur, se remémore Berneau. On a aussi travaillé l'explosivité. »
« Le club et la ville correspondent à mon caractère »
Gaëtan Barlot
Tout s'est réellement accéléré la saison passée, que Colomiers a survolée jusqu'à son terme prématuré. « J'ai enchaîné les matches (21 feuilles), murmure-t-il, et j'ai vu que je n'étais pas ridicule. » Toulouse ou le Racing l'ont observé aussi. Il a préféré Castres « parce que je pensais avoir plus d'opportunités de jouer, et puis le club et la ville correspondent à mon caractère ».
Gaëtan Barlot est effectivement « d'une nature vraiment simple », comme le résume son capitaine, Mathieu Babillot, qui l'a pris sous son aile. « J'ai essayé de le mettre à l'aise, dit-il, mais il s'est très vite ouvert à nous et son intégration a été naturelle. » Parce qu'il est d'abord et surtout un bon gars qui ne court pas après l'éloge. « Un gars intelligent, assure Fabien Berneau, qui n'oublie jamais d'où il vient, et qui sait aussi maintenant où il veut aller et qui s'en donne les moyens. En cinq saisons, il n'a manqué qu'un seul entraînement et la raison était impérieuse. Qu'il pleuve ou qu'il neige, il est toujours arrivé un quart d'heure avant les autres. »
Un gars timide, discret, dans son monde, toujours, où l'on ne s'encombre pas de mauvaises pensées. « Mais, sourit Babillot, sur le terrain, c'est une machine. » Un joueur complet, solide en mêlée fermée, doté d'une grosse pointe de vitesse, doué d'une belle dextérité. Éternellement perfectionniste. « Un vrai combattant qui aime jouer les duels, franchir, faire jouer après lui », énumère Darricarrère. « Il enchaîne les courses, s'extasie Babillot, se replace très, très vite. Et puis il défend fort et bas. »« Il est très adroit, ajoute Berneau, avec notamment une très bonne passe dans la chute, à gauche comme à droite. »
Barlot, lui, préfère souligner les manques : « Le timing dans les lancers, le jeu sans ballon, toutes les bases du poste. » Il sait aussi qu'il doit travailler sur lui-même afin de gommer le stress qui l'envahit à l'approche des matches et le met parfois en panique. Il sait qu'il a bénéficié des blessures de Marc-Antoine Rallier et Kevin Firmin pour s'affirmer. Et que le chemin vers Marcoussis ne sera pas toujours aussi dégagé. Il sait tout cela, mais il sait surtout, enfin, qu'il est vraiment fait pour ce monde-là. « Je l'ai senti la saison passée, dit-il, et quand Castres m'a proposé un contrat de trois ans. Trois ans, ça n'est vraiment pas rien... »