Depuis son arrivée fin janvier au chevet du club clermontois, Christophe Urios a dirigé l’ASM à douze reprises dont dix matchs de Top 14. Avec une statistique très éclairante concernant le bilan comptable à domicile et celui à l’extérieur.
Une question brûle forcément les lèvres quand on effectue la lecture du bilan de l’ASM depuis que Christophe Urios s’est assis sur le banc. Pourquoi cette équipe, aussi intraitable chez elle, au Michelin, peut-elle être aussi inoffensive et inefficace lors de ses matchs en déplacement ?
Un mal des voyages dont elle souffrait d’ailleurs déjà quand elle était entraînée par Jono Gibbes, la saison dernière et sur les cinq premiers mois du championnat qui va s’arrêter dimanche face au Racing.
En championnat, à partir donc du 28 janvier, date du premier match (au LOU) avec l’ancien coach bordelais à la baguette, Clermont a soufflé le chaud à la maison et le froid loin des volcans. Quatre victoires (dont trois bonifiées) au Michelin et un zéro pointé à l’extérieur sur les six déplacements effectués.
Ce différentiel interpelle forcément. A la maison, devant les amis, parents et fans du club, Iturria et ses partenaires ont semblé en tout cas suffisamment mobilisés et motivés pour rouler sur leurs adversaires après l’électrochoc du changement de coach. Par contre, avec Jono Gibbes, la première partie de saison, en Top 14, a été marquée par trois accros au Michelin : un nul concédé face à Bordeaux et deux échecs contre Bayonne et Toulouse.
« Une question d’état d’esprit »
Celui qui était sur le banc des visiteurs (UBB) lors des premiers points lâchés à domicile en octobre, a donc redressé la barre de l’ASM quand elle évolue devant son public. Explications de Cédric Heymans, consultant du diffuseur du Top 14 et observateur averti. « Je pense vraiment que Christophe Urios a redonné les valeurs d’appartenance à ses joueurs, en voulant refaire du Michelin une forteresse difficile à prendre. C’est aussi envoyer des messages aux adversaires quand ils se déplacent à Clermont. Donc, sur le terrain les gars ont peut-être un niveau d’exigence supérieur ».
A l’extérieur, le balancier s’inverse totalement avec un bilan comptable proche du néant : 2 points pris sur les 30 mis en jeu lors de ses six défaites concédées depuis cinq mois. Entre matchs imperdables (Pau, Bayonne), prestations indigentes (Montpellier, voire Lyon) et échecs encourageants (Bordeaux, La Rochelle), l’ASM a donc traîné son spleen loin du Michelin.
« Là aussi, c’est une question d’état d’esprit, estime Cédric Heymans. Urios construit son groupe, ça porte ses fruits à domicile mais à l’extérieur les points d’amélioration restent nombreux. D’évidence, cette équipe ne maîtrise pas encore tous les ingrédients nécessaires pour être performante en déplacement ; à savoir la lucidité, la patience, la discipline. Il y a aussi un équilibre à trouver entre le surinvestissement et la maîtrise ».
Entre matchs à domicile et à l’extérieur, le constat clermontois est en tout cas éloquent et met en exergue des fragilités et un état d’esprit révélateur. Si les joueurs dégagent une force collective dans leurs murs, hors de chez eux, ils ont du mal à former une vraie équipe. Voilà en tout cas, un des chantiers prioritaires auquel vont forcément s’atteler Christophe Urios et le nouveau staff lors de la préparation de la saison prochaine.
En attendant, le coach va mettre un point d’honneur à confirmer la tendance au Michelin, ce dimanche face au Racing, en signant un cinq sur cinq depuis son arrivée à l’ASM.