"Il nous faut changer" : Christophe Urios évoque l'avenir proche de l'ASM Clermont, après le stage à Narbonne
Alors que se profilent deux matchs décisifs à la maison, en Top 14 face au Racing et La Rochelle, les rugbymen de l'ASM Clermont étaient la semaine dernière en stage, à Narbonne, où Christophe Urios a élevé l’intensité des entraînements. Où joueurs et staff ont tenté de tracer le chemin vers la fin de saison.
Avec quatre défaites consécutives en Top 14, l’ASM Clermont ne traverse pas la période la plus florissante de sa saison. En ça, le stage à Narbonne de la semaine dernière tombait à pic pour que joueurs et staff se disent les choses.
« Le changement, c’est maintenant », pourrait être le slogan des Clermontois avant deux réceptions (Racing et La Rochelle), qui peuvent, potentiellement, leur permettre de se hisser à nouveau dans le top 6.
Compte rendu de stage et constats avec le patron sportif de l’ASM après cette semaine de travail sur les consciences des uns et des autres.
Christophe Urios et la fable de la grenouille…
Déjà, quel était le but de ce stage ?
Il était convenu depuis l’été dernier. C’était un temps de passage programmé avant le dernier gros bloc de la saison. L’idée de départ était d’aller chercher le soleil, mais on ne l’a pas vu de la semaine. Cela étant dit, depuis quelques mois et matchs, on n’était pas complètement alignés avec ce que l’on pouvait faire, ce que l’on voulait être. Finalement, ce stage arrivait au bon moment.
Quel bilan en tirez-vous ?
Le stage a commencé doucement et il a été, au final, positif. On s’est posé les bonnes questions : sur notre comportement, nos attitudes, nos ambitions, notre jeu… A fil de la semaine, à travers les réunions entre nous et ce que l’on a fait sur le terrain, on a réussi à être davantage aligné. Les joueurs entre eux, les membres du staff aussi et entre les joueurs et le staff.
Quel message avez-vous voulu faire passer ?
Le sujet principal, c’est lequel?? Depuis le début de saison, on était dans le top 6 et là, on n’y est plus. Je me suis servi de la fable de la grenouille pour illustrer mon propos. Quand tu plonges une grenouille dans l’eau bouillante, elle saute en dehors brutalement. C’est la méthode dure. Si tu la plonges dans de l’eau froide que tu la fais monter en température, la grenouille reste dans l’eau et finit par mourir quand elle devient bouillante.
L’idée était de faire comprendre que l’on s’habitue à la médiocrité. Dans le management, parfois, il vaut mieux la méthode dure. Quand tu fais des choses qui se dégradent doucement, tu le perçois moins. Depuis quelques mois, on est moins bien et on a des absences importantes sur le terrain dans notre jeu.
Voilà, ce stage, il servait aussi à démontrer aux joueurs qu’aujourd’hui l’ASM est 7e au classement et que, sans réaction, pourquoi on ne serait pas 10e dans quelques semaines.
Et comment vos joueurs ont réagi ?
J’ai mis des groupes de travail sur ce thème. Celui de Rob Simmons en a conclu qu’il fallait un changement maintenant. Il faut que l’on change… On en a besoin.
Et vous, allez-vous changer, dans vos méthodes par exemple ?
Oui, notamment dans la façon de s’entraîner. Il faut s’entraîner plus sur certains secteurs. On a posé des priorités. Lors de la semaine à Narbonne, on a beaucoup travaillé, plus dur aussi. On ne peut pas le faire tout le temps quand on enchaîne les matches, mais là, j’ai fait des séances d’une heure et quart, ce que je fais très rarement car je n’aime pas ça. On a mis plus d’impacts physiques aux entraînements pour retrouver ce côté laborieux, travailleur, qu’on n’avait pas ces derniers temps.
On imagine que ce stage a été construit sur le bilan des quatre derniers matchs, tous perdus. Quel est votre constat ?
Il est assez simple. Premièrement, devant, on est moins efficace, notamment proche des lignes. On manque d’efficacité dans les zones de marque. Deuxio, la qualité de notre jeu au pied, dans les tirs-au-but comme dans le jeu courant, est très insuffisante. Et troisièmement, c’est tout ce qui est lié à la défense où l’on n’est pas assez robuste.
Il nous faut retrouver des bases fortes, à savoir marquer des essais quand ils se présentent à nous et être beaucoup plus solides en défense.
A la lecture de ce Top 14, à l’instant T, on a l’impression que les équipes qui jouent le plus, envoient le plus de jeu, sont devant au classement...
Franchement, je ne sais pas. Je ne partage pas ça, mais je ne sais pas si j’ai raison. Peut-être que je me trompe.
On a besoin d’élever le curseur. Collectivement et individuellement.
Vous parliez de vos avants moins efficaces. Est-ce vos joueurs qui sont moins performants ou vos adversaires qui vous contrent plus facilement ?
Sans doute un peu des deux. Aujourd’hui, on a une difficulté : on possède un vrai point fort et il est difficile d’en sortir car on a tendance à se réfugier derrière. C’est humain, j’ai envie de dire. Là, nos trois-quarts se disent que les avants vont faire le boulot. Sauf que lorsque ça ne se passe pas comme on veut devant, on est en difficulté. C’est ce qui fait qu’à Bayonne, par exemple, sur le jeu avants - trois-quarts, on n’a pas été bon. Ce qui n’avait pas été le cas à Bordeaux par contre.
Vous travaillez sur la progression de l’équipe, mais vos joueurs progressent-ils individuellement ?
C’est une bonne question. Je le répète, il faut changer et on a besoin d’élever le curseur. Collectivement et individuellement. Et il nous faut mettre plus d’engagement. Dans tout ce que l’on fait.
C. Buron (LM - 17/03/25)