Pendant trop longtemps, l’ASM a été pénalisée par des blessures revenant inlassablement. Cette tendance semble s’inverser cette saison. Explications.
Après quelques mois d’exercice en Auvergne, Christophe Urios pointait bien évidemment ce problème majeur. "Même avant de venir à Clermont, le nombre de blessés m’avait interpellé. Ce qui est un problème, c’est la charge collective concernant les blessures musculaires. Je n’ai pas encore pointé le doigt sur ce qui n’allait pas, même si j’ai ma petite idée. Mais une chose est sûre, c’est toute la charge de nos semaines qui est à revoir."
Des progrès indéniables sur les pépins musculaires
Pour changer justement le process, Christophe Urios a fait appel à son fidèle adjoint Mourad Abed. Le préparateur physique ayant pour objectif de prévenir plutôt que de guérir. Et si l’on regarde les données brutes, force est de constater que les progrès sont là.
Même si l’on peut légitimement penser que la trêve pendant la Coupe du monde a préservé les organismes, Clermont va tout de même disputer son huitième match de rang à Gloucester. Pour cette rencontre, l’ASM va devoir se passer de seulement huit joueurs : Urdapilleta (biceps), Simone (genou), Raka (cuisse), Jurand (adducteur), Jedrasiak (pectoral), Sanga (cheville), Fischer (genou) et Hériteau (commotion). Le véritable point d’intérêt et de progression réside dans les blessures où seulement quatre éléments sont touchés. La saison dernière et à pareil enchaînement de matchs, Clermont en dénombrait sept (sur 13 absents).
Renforcement des membres inférieurs.
Le staff est parvenu à restreindre le nombre de blessures en changeant la préparation physique. En changeant notamment les habitudes de travail en début de semaine en axant les exercices de musculation sur les membres inférieurs. "Quand je suis arrivé à Clermont, j’ai remarqué qu’il y avait de grosses différences de qualité musculaire sur les membres inférieurs, explique Mourad Abed. Je trouvais que les joueurs manquaient de travail de force et de puissance. Me concernant, mes programmes ont toujours été priorisés sur les membres inférieurs. Ce travail-là possède un double effet. Il développe d’une part les qualités physiques. Le deuxième objectif étant bien sûr d’éviter les blessures."
Par exemple, les entraînements ciblés des ischio-jambiers permettent de faire face à la puissance des quadriceps et donc de prévenir les blessures. Un des facteurs de risque de lésion aux ischios, fréquente la saison dernière, étant une faiblesse musculaire pendant une contraction.
Les joueurs clermontois ont donc dû changer leurs habitudes. Désormais, tous les lundis matin, une séance spécifique est axée sur les membres inférieurs. Avec bien évidemment des exercices individualisés. On ne peut pas demander à un deuxième ligne qui plaque, saute et se baisse pour les mêlées, de travailler de la même façon qu’un ailier. Mais l’intégration du logiciel n’a pas été de tout repos.
"Le lundi matin est le seul moment où l’on peut travailler et développer les membres inférieurs. Car le lundi après-midi est un entraînement très peu coûteux pour les joueurs. Travailler les membres inférieurs le lundi matin alors que l’on a joué le samedi, ça n’a pas été facile à mettre en place. Nous avons pris le parti de les faire travailler dès le lundi alors qu’en principe, il s’agit d’un jour de récupération ou d’une journée de transition. Nous relâchons, en revanche, la charge pour aller sur du qualitatif en fin de semaine."
Comme toutes les équipes du Top 14, Clermont a un bloc de quinze matchs à enchaîner depuis la fin du Mondial. Si début février, celui-ci est digéré sans trop de casse, cela voudra dire incontestablement quelque chose sur les bienfaits de cette préparation physique. À mi-parcours, cela semble en tout cas efficace.
Arnaud Clergue (La Montagne - 14/12/23)