L'ONF a replanté quelque 1.600 scions de chênes et de pins maritimes sur une parcelle qui avait été coupée il y a deux ans, entre Châtel-Guyon et Loubeyrat.
Six mois suffisent, assure Loïc Bertrand. Employé aux espaces verts de la commune de Châtel-Guyon, il a déjà eu l’occasion de mesurer la rapidité de la mort des pins sylvestres lorsque les scolytes les attaquent. "Une fois que l’insecte est présent, le résineux roussit tout de suite." La forêt de Châtel-Guyon est sévèrement touchée en plusieurs endroits. À ce mal, facilité par les sécheresses à répétition connues ces dernières années, il n’y a malheureusement pas de remède miracle.
Début avril, les agents de l’ONF ont replanté une parcelle dont les arbres avaient été coupés il y a deux ans. Située face au parc Ecureuil, dans un virage de la départementale qui relie Châtel-Guyon à Loubeyrat, elle avait été victime d’une sévère attaque de scolyte. Après deux années, notamment pour laisser au sol le temps de se régénérer, elle a été replantée. Ce sont ainsi quelque 1.600 plants de chênes pubescents et de pins maritimes (une espèce plus méridionale que le pin sylvestre) qui ont été mis en terre.
Les défis du réchauffement climatique
Ces deux essences sont-elles adaptées aux défis imposés par le réchauffement climatique?? Bien malin qui peut répondre aujourd’hui à cette question. De manière tout à fait informelle, cette parcelle fait office de test. Son évolution, qui sera auscultée de prêt tant par l’ONF que par les services de la ville, apportera une part de réponses.
Une partie de la forêt de Châtel-Guyon est fermée pendant les trois semaines d'un chantier forestier (septembre 2019)
D’autres secteurs de la forêt sont fragilisés par les attaques de scolytes. C’est le cas, notamment, des nombreux pins qui se trouvent dans le secteur du château d’eau. Situés au niveau des agrès du parcours de santé, cinquante-huit de ces arbres ont dû être abattus. "Il fallait intervenir très vite. Les scolytes vont sur les arbres qui sont faibles. C’était le cas ici, avec les sécheresses et le sol pauvre", analyse Loïc Bertrand.
Coupe sanitaire de 700 arbres à Châtel-Guyon, le long de la RD227, à proximité du parc Ecureuil.
Chaque année, dans le cadre des travaux de sécurisation des sentiers de randonnée à travers la forêt communale, ce sont près de 400 arbres qui sont abattus. Ce chiffre est déjà monté à 600. "Normalement, ce sont surtout les sapins et les pins sylvestres. Cette année, on a un peu plus de feuillus que d’habitude", continue Loïc Bertrand.
Un écureuil, un ours... Qui se cache derrière ces sculptures sur souches qui peuplent la forêt de Châtel-Guyon ?
Des chênes qui ne redémarrent pas
Un autre phénomène, surprenant, est constaté : autrefois, les chênes mourraient progressivement, au fil des années. Cette année, quelques centenaires ne redémarrent pas avec le printemps.
Avant la sécheresse, un danger plus immédiat pèse sur les jeunes arbres qui viennent d’être plantés : les chevreuils sont particulièrement friands des pousses fraîches de l’année. Les laisser sans protection dans le sol reviendrait à les servir en salade aux cervidés. Les scions de chênes sont ainsi abrités par de petits grillages. Ceux de pins vont être pulvérisés avec un produit diffusant l’odeur d’ovins, qui a un effet répulsif sur les ruminants.
Implanté depuis 2001 au cœur de la forêt de Châtel-Guyon, le parc Écureuil n’est pas épargné par le problème de mortalité des pins. Pour tenter de freiner et limiter le phénomène, Sébastien Pons, le gérant de la structure, cherche des solutions. "On a mis des copeaux sur le sol pour garder l’humidité", détaille-t-il. Cette précaution a permis de limiter l’impact des sécheresses à répétition. "L’an dernier, je n’ai perdu que deux pins sur quatre hectares", souligne-t-il. Il n’empêche que l’entrepreneur réfléchit depuis deux ans à l’hypothèse d’un déménagement sur un autre site pour installer ses structures. Il souhaite notamment pouvoir installer ses parcours filets et autres parcours accrobranches sur des essences moins sensibles à la sécheresse, des chênes par exemple.
Le projet d’implantation du Parc Écureuil à proximité du parcours de santé, au cœur de la forêt de Châtel-Guyon, soulève de nombreuses réticences.
La forêt de Châtel-Guyon souffre. Les sécheresses répétitives ont affaibli les arbres. Les pins, particulièrement, sont la cible des scolytes, ces insectes qui provoquent irrémédiablement leur mort en quelques mois.
La forêt de Châtel-Guyon souffre des sécheresses répétitives et des scolytes
Implanté depuis 2001 au cœur de cette forêt, le Parc Écureuil, qui n’est pas épargné par la situation. Et aujourd’hui, Sébastien Pons, à la tête de cette structure, réfléchit activement au projet du déménagement de son parc. Depuis deux ans, c’est sur un projet d’implantation à proximité du parcours de santé qu’il travaille. Ce site lui semble idéal : il est relativement plat, un chemin d’accès et un espace de stationnement existent déjà. Par ailleurs, sur cet espace de 5 hectares, les arbres sont à 95 % des chênes, moins sensibles à la sécheresse que ne le sont les pins… « On a déposé notre demande de permis d’aménager début février. Et on a fait faire une étude d’impact faune-flore », insiste Sébastien Pons.
Deux pétitions
Mais ce projet n’est pas sans soulever un certain nombre de réticences. Plusieurs voix demandent qu’un autre secteur soit trouvé pour accueillir le parc, ceci afin de conserver le calme, l’accessibilité et l’ouverture de l’espace public qu’est la forêt de Châtel autour du parcours de santé.
Loïc Bertrand, Jonathan Onzon et Gilles Dolat sur la parcelle de la forêt de Châtel qui a été replantée de chênes pubescents et de pins maritimes.
« Certes, il y a déjà quelques agrès. Mais ça reste limité, accessible à tous, et ça n’amène pas des centaines de personnes chaque jour », s’indigne Sabrina Dulin, une Chatelguyonnaise qui a lancé une pétition contre le déménagement du parc Écureuil dans le secteur du parcours de santé. L’association Adep (Association défense environnement patrimoine) est, elle aussi, à l’origine d’une autre pétition, sur le même sujet.
« Nous n’avons rien contre cet entrepreneur et contre son activité, bien entendu. Mais aujourd’hui, on aimerait que ce secteur reste à la portée de toutes les personnes et qu’elles puissent s’y promener librement »
ALAIN FRAYSSE (Président de l'Adep 63)
"On finit l'analyse"
« Notre but n’est pas de privatiser la forêt. Tous les chemins existants resteront ouverts à la circulation », assure l’entrepreneur. Mais ses promesses peinent manifestement à être crues ou entendues.
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Le maire de Châtel-Guyon, Frédéric Bonnichon, ne souhaite pas réagir à chaud à cette polémique. « Il faut laisser décanter », soupire-t-il. « On finit l’analyse de l’éventualité de ce déménagement avec les services de l’Etat, la Dréal et RLV. Après, il y aura une décision politique », tranche-t-il. La mairie de Châtel-Guyon songe à organiser une réunion publique sur le sujet dans les semaines à venir.
Pas trouvé le troisième, trop tôt à mon avis.