Je mets ici l'entretien de La Montagne avec Christophe Urios où il parle notamment de la question de sa prolongation :
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"Ou je prolonge de 3 ans, ou je pars sur un autre projet" : Christophe Urios en dit plus sur son avenir à l'ASM Clermont
À l’aube de sa deuxième saison pleine à l’ASM Clermont, Christophe Urios dit clairement ressentir beaucoup plus de signaux positifs qu’il y a un an. Recrutement, effectif, début de saison, capitanat... le manager général clermontois n’élude aucun sujet, ni celui de son avenir qui devrait se dessiner dans les deux à trois mois qui viennent.
Avant le coup d'envoi du Top 14, samedi (16 h 30) au Michelin face à Pau, le patron sportif de l'ASM Clermont s'est confié à La Montagne ; sans langue de bois, avec sa franchise habituelle.
LA SAISON
Quel jugement portez-vous après plus d’un mois de préparation de la saison qui arrive par rapport à l’année dernière ?
Déjà, je tiens à rappeler que nous avons vécu une saison dernière de souffrance. Une saison dans laquelle j’ai eu du mal à embarquer tout le monde. Il y a un an, après la préparation, je ne l’avais pas vraiment vu venir. Pas à ce point en tout cas. Nous avons été en difficulté dans la cohésion, dans l’identité collective. Notre saison, on peut l’imager par notre défense qui nous a amenés nulle part ; trois essais encaissés par match, 74 % de réussite aux plaquages, des matchs perdus sur la fin en pagaille. Donc, une mentalité pas top et le sentiment d’être sur les braises en permanence. Le plus terrible, c’est que l’on meurt à 1 point : en finale de la Challenge Cup et de la qualification en Top 14.
Donc, ce constat, il était effrayant, mais il a été parfaitement posé par un club dont l’immobilisme saute aux yeux des gens qui arrivent de l’extérieur, comme moi. Aujourd’hui, je trouve que le club est désormais en mouvement. Il y a encore des petits trucs, dans le fonctionnement ou les structures notamment, où ça ne bouge pas assez vite, mais à beaucoup de niveaux, l’ASM est en mouvement : sur le business, sur la formation, chez les pros, dans le stade, sur les ambitions que nous avons, je me retrouve beaucoup mieux dans ce club qui bouge.
Quel regard portez-vous sur le recrutement et trouvez-vous votre effectif plus équilibré ?
J’ai l’impression d’avoir un effectif plus équilibré en effet, plus engagé. Un effectif qui correspond à la mission qui nous attend. Je trouve que l’on a recruté des mecs qui ont envie de participer au projet de l’ASM et pas de se servir de l’ASM. C’est ce que je ressens à cette période de la pré-saison. Et ça n’a rien à voir avec la saison dernière.
On a effectué un recrutement de joueurs que j’appelle, et ce n’est pas péjoratif, des joueurs de groupe. Des gars qui ont envie d’évoluer et de faire partie d’une aventure et de remettre l’ASM en haut du tableau. Ces joueurs sont parfaitement intégrés. Cette phase de recrutement, elle est fondamentale dans la construction d’un projet, il ne fallait pas la louper. Après, la saison prochaine, il sera temps de faire un recrutement de joueurs de score, des mecs qui font basculer les matchs.
Si on vous entend bien, vos sensations avant le coup d’envoi de la saison sont meilleures qu’il y a un an ?
Ce ne sont pas les mêmes sensations. Je suis beaucoup plus à l’aise qu’il y a un an et demi. Le cadre, il est posé, il est partagé. Il y a moins d’incertitudes. L’identité collective, elle est posée, elle est cadrée, elle a été validée. Après, c’est le match qui va construire cette identité. En fait, notre ancrage est présent et c’est une bonne chose. L’année dernière, on avait un ancrage, mais je ne sentais pas la même chose.
Eu égard au calendrier, qui semble intéressant, avez-vous le sentiment que le premier bloc de cinq matchs (Pau, Racing, Bayonne, USAP, Toulon) sera déterminant ?
Mouais... Le calendrier, il est bon quand tu gagnes les matchs. Si ce n’est pas le cas, il ne sera pas bon. Je suis focus sur le premier, face à Pau qui a l’odeur de casse-gueule. La Section a fait un bon championnat la saison dernière, c’est une équipe qui s’est renforcée, notamment dans le secteur des avants. On sent aujourd’hui une identité collective. Ce sera un adversaire dangereux.
Cela étant dit, on a bien sûr l’ambition de réussir notre entame de saison, de bien la lancer. C’est fondamental. Quand tu en prends 30 ou 35 à Oyonnax la saison dernière, tu ne lances rien, tu ne t’assois sur rien. Aujourd’hui, je ne suis pas optimiste, je ne suis pas pessimiste, ce n’est pas ma façon de penser. C’est le terrain qui va parler. Mais, aujourd’hui, que ce soit avec le staff, le groupe, les leaders, je me régale. Il n’y a pas de zone d’ombre. Pour le moment, on est tous sur la même page, mais je sais très bien que dans ce Top 14, il y aura des tensions, des moments tendus comme dans toutes les autres équipes. Et c’est là que l’on verra si on est solide.
SON AVENIR
Vous êtes en fin de contrat en juin prochain avec une option d’un an de plus, à lever ou pas avant le 31 décembre. Où en êtes-vous de votre avenir ?
Je me considère en fin de contrat en juin 2025. Je ne ferai pas la + 1. Soit je prolonge, soit je ne prolonge pas. On a déjà discuté d’une prolongation avec le président. On s’est vu avant les vacances. Pour moi, c’était beaucoup trop tôt. On s’est dit qu’on se reverrait en septembre. On a refait le point quand on a repris cet été. Voilà. Comme toujours, quand je m’engage ou je ne m’engage pas, c’est qu’à un moment donné il y a des choses qui m’échappent. Ou, au contraire, qui me vont bien. J’ai besoin d’avoir une idée précise du projet, d’avoir une certaine liberté de fonctionnement, sinon ça ne marche pas, et d’avoir les moyens de nos ambitions. Aujourd’hui, dans la façon dont le club évolue, je trouve que ça va dans ce sens. Franchement, c’est bien.
Ce sont quand même les résultats qui vont dicter une bonne partie de la position des dirigeants ?
Bien sûr ! Mais on n’attendra pas fin novembre pour prolonger ou pas prolonger, c’est très dangereux. Dans ma position, à mon poste, on ne peut pas attendre. Déjà, être sur une fin de contrat la dernière année, c’est hyper dangereux. Il peut se passer des choses et puis, en termes de recrutement aussi. Aujourd’hui, on travaille dessus et les futurs joueurs veulent savoir qui va être le coach l’année prochaine.
Si on vous entend, vous souhaitez donc prolonger ?
Aujourd’hui, tant sur le plan familial que sur le plan personnel, je suis très bien, clairement. Franchement, on se sent bien ici. Moi, je me trouve très bien à Clermont et je me trouve de mieux en mieux dans le club. Une chose est certaine, pour moi personnellement et pour le président, on n’attendra pas fin novembre. Ce n’est pas possible. Des deux côtés, on est d’accord là-dessus, sachant que je ne ferai pas une année de plus parce que c’est une option dans mon contrat. Car ça n’a pas de sens dans un projet comme le nôtre.
Donc, ou j’arrête ou je prolonge de trois ans. Parce que c’est de ça qu’il s’agit, ou je prends un autre projet. Voilà, c'est aussi simple que ça. J’ai envie de continuer l’aventure, mais il faut que toutes les pistes soient alignées.
LE CAPITAINE
Qui sera le capitaine de l’ASM cette saison ?
Notre réflexion a évolué, nos leaders aussi ont évolué. Je l’ai déjà dit, le club est en mouvement. À l’ASM, on est fier du passé du club, de son histoire, du territoire et des supporters. Mais voilà, quand on regarde plus loin, on voit des clubs, je pense à Béziers, à Narbonne, à Lourdes, à Agen aussi un peu, où le passé les a écrasés.
Ici, on respecte le maillot, les mecs qui l’ont porté avant nous, qui ont saigné pour ce maillot, mais en même temps, je n’ai pas envie de bâtir que là-dessus. Je ne veux pas forcément faire du neuf avec du vieux, ça ne marche jamais. Et c’est un peu le sentiment que j’avais l’année dernière. Donc ça, c’est terminé. Je ne veux plus de ça. Et cela ne veut pas dire que l’on ne respecte pas ce qui s’est passé avant, bien au contraire, c’est une source d’inspiration. Mais on doit créer notre avenir et notre histoire. On a donc besoin de mettre des leaders qui soient dans cette démarche-là. C’est pourquoi, jusqu’à mi-novembre, où on fera un bilan d’étape, le capitaine sera Baptiste Jauneau.
Pourquoi jusqu’à mi-novembre ?
Déjà, à cette époque, on aura récupéré nos deux Argentins. Et j’ai envie que l’on s’engage pour trois mois, ce qui doit permettre à des joueurs d’émerger. On fera le point et on fera des changements, ou pas. Mais pour moi, Baptiste symbolise assez bien le renouveau. Et puis, les histoires qui recommencent passent toujours par les jeunes. Le dernier exemple en tête, c’est le Stade Toulousain.
Les jeunes sont donc l’avenir de l’ASM ?
L’année dernière, on a déjà lancé pas mal de jeunes. D’autres vont venir. Aujourd’hui, il y a Baptiste (Jauneau), je pourrais parler aussi de Léon (Darricarrère), de Tix (Tixeront), le petit Mathys (Belaubre) et plus loin Yerim (Fall). Et on a les 2006 qui seront avec nous aux entraînements. Ce sont à eux de prendre le pouvoir. Ils seront encadrés. Baptiste ne sera pas seul, il sera encadré par deux vice-capitaines que sont Séb (Bézy) et Fritz (Lee). Eux aussi doivent créer l’émulation pour que Baptiste soit bien. Voilà, je trouve qu’aujourd’hui, l’ASM est dans cette transmission et cette passation de pouvoir.