Grand ciel bleu et vue paradisiaque. Depuis quatre ans, le quinze de France avait pris l'habitude de se réveiller face à la mer Méditerranée et l'océan Atlantique avant de lancer son Tournoi des Six Nations. D'abord sur la promenade des Anglais de Nice en 2020 et 2021, puis vers les calanques de Cassis (Bouches-du-Rhône) en 2022 et enfin devant les vagues de Capbreton (Landes) en janvier dernier. Loin, très loin de la grisaille hivernale de Marcoussis que les Bleus retrouveront fin janvier pour préparer le match contre l'Irlande, le 2 février à Marseille.
Car si la ville de Nice était prête à les accueillir à nouveau et que l'hypothèse d'un retour à Aix-en-Provence, deuxième camp de base lors du dernier Mondial, avait aussi été un temps évoquée, c'est bien au Centre national du rugby, dans l'Essonne, que Charles Ollivon et ses partenaires s'entraîneront pour des raisons budgétaires. À la FFR, les comptes sont dans le rouge et l'équipe nationale, comme les autres départements fédéraux, devra se serrer la ceinture.
« Le déficit d'exploitation s'élève à environ 40 millions d'euros en deux saisons, rappelle d'entrée le président de la Fédération Florian Grill. Avec d'abord 16 millions pour la saison 2022-2023. Et sur la saison 2023-2024, ils (l'ancienne gouvernance) nous avaient annoncé un déficit de 9 millions, mais avec les problèmes du GIE (groupement d'intérêt économique), le non-accès au Stade de France pendant les travaux sans indemnisation, le déficit d'exploitation sera de 23 ou 24 millions. On a des pistes pour remonter la pente. »
Si Galthié aurait aimé recruter Pierre-Henry Broncan (devenu depuis manager de Brive) et ainsi étoffer son staff, il n'est pas question de le réduire ni d'altérer la compétitivité des hommes du sélectionneur.
« L'équipe de France représente 80 % de nos revenus et l'objectif n'est pas de couper drastiquement ses moyens, selon le patron de la FFR. Mais bien sûr qu'on a le droit d'être modéré. Sans s'interdire quelques stages ailleurs, on va essayer de les effectuer davantage à Marcoussis pour limiter les frais. L'idée n'est pas du tout de couper les ailes de l'équipe de France. »
Sur les déplacements, la FFR entend, là aussi, faire des économies. « On veut de la modération dans tout ce que l'on fait et on le dira aux staffs des équipes de France, explique Grill. On peut faire du très, très bon sans pour autant dépenser autant qu'avant. »
Concrètement, la gamme d'hôtels habituellement réservés depuis 2020 devrait être revue à la baisse tandis que les joueurs et le staff pourraient désormais voyager à l'étranger sur des vols réguliers et non plus avec des avions spécialement affrétés. « C'est exactement ça, et c'est vrai pour toutes les équipes de France, répond Grill. Toutes ces petites décisions qui ont l'air de rien font des grosses sommes au final. Je pense qu'on peut mieux respecter l'ensemble du fonctionnement fédéral sans pour autant se mettre dans le dur du point de vue sportif. Ça vaut aussi pour les élus. On veut vraiment optimiser les coûts de fonctionnement courant de la fédération, et ça concerne tous les domaines. »