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Rugby au Japon


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#1 el landeno

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Posté 16 novembre 2023 - 21:29

Pourquoi le rugby japonais attire autant les Néo-Zélandais et les Sud-Africains De nombreux joueurs néo-zélandais ont décidé de rejoindre le Championnat japonais après la Coupe du monde, alimentant le flux de stars sudistes ayant déjà tenté l'expérience nippone. Et ce, pour des raisons autant financières que culturelles ou stratégiques.

Quel est le point commun entre Aaron Smith, Beauden Barrett, Faf de Klerk, Cheslin Kolbe ou Damian de Allende ? Tous ont disputé la dernière finale de la Coupe du monde, certes, mais tous aussi joueront dans le Championnat japonais la saison prochaine. Ils seront d'ailleurs accompagnés par d'autres finalistes, comme Richie Mo'unga, Sam Cane, Ardie Savea, Shannon Frizell, Dane Coles, Pieter-Steph du Toit, Franco Mostert, Kwagga Smith et Jesse Kriel. Un attrait pour la League One japonaise qui n'est pas nouveau (voir encadré plus bas) mais qui tend à se faire de plus en plus visible, surtout depuis la Coupe du monde 2019, durant laquelle les joueurs du monde entier ont découvert le Japon.

 
 

La première raison avancée pour expliquer ces transferts est, bien sûr, celle des gros salaires perçus par les stars sudistes lors de leur expérience au Japon. En 2020, Beauden Barrett avait signé un contrat d'1,5 million de dollars pour un an (10 matches disputés) avec le club des Suntory Sungoliath. Richie Mo'unga s'est, lui, engagé pour les trois prochaines années avec les Brave Lupus pour un salaire évalué à 1,2 million d'euros par saison. Des chiffres qui en feront l'un des mieux payés au monde (à titre de comparaison, on estime à 600 000 euros le salaire annuel brut d'Antoine Dupont).

Un choix financier que plusieurs joueurs sudistes préfèrent d'ailleurs assumer. Richie Mo'unga avait ainsi déclaré en juin dernier : « Vous venez ici (au Japon) pour gagner de la bonne monnaie. » En février, Ardie Savea, qui rejoindra le Kolbeco Steelers pour une saison, avait lui aussi été honnête sur les raisons de sa venue au Japon : « Clairement et simplement : (je souhaite) installer ma famille. L'argent est bon (ici), je ne vais pas mentir ».

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À l'instar de Sam Whitelock, qui a joué la saison 2020 avec les Saitama Wild Knights, les joueurs sudistes arrivent au Japon avec le statut de stars, très bien payées. (P. Lahalle/L'Équipe)
 
 

À noter que si les joueurs néo-zélandais, sud-africains ou australiens sont très nombreux à être attirés par le rugby japonais, les Français sont bien plus rares à avoir tenté l'expérience nippone. Et pour cause : les joueurs sont - en moyenne - trop chers pour les clubs japonais, la moyenne des salaires du Top 14 étant bien plus élevée qu'en Super Rugby ou en League One japonaise. Le rugby japonais étant moins développé que le rugby européen et perdurant dans un semi-professionnalisme, beaucoup de joueurs, même ceux de l'équipe nationale, ont des salaires modestes par rapport à ceux des joueurs français. Au milieu de cette charge salariale assez faible, les clubs japonais peuvent alors se permettre de recruter à prix d'or des stars mondiales, stratégie sur laquelle ils s'appuient pour se développer et se faire connaître.

Années sabbatiques

Plutôt que celui de « saisons », un autre terme est régulièrement employé par les Sudistes pour décrire leurs contrats à l'étranger, préférant souvent parler de « pause sabbatique ». Et même s'il ne s'agit pas tout à fait de vacances, ce terme englobe bien la réalité derrière ces transferts. Au Japon, les joueurs viennent chercher du repos physique, en évoluant dans un Championnat moins rugueux que le Super Rugby ou que le Top 14, privilégiant la vitesse et l'évitement. Surtout, ils évoluent dans un cadre de vie très privilégié, que Yoann Maestri, exilé neuf mois en deuxième division japonaise, qualifiait en juillet dans nos colonnes de « calme permanent ».

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Damian Mckenzie, adepte d'un jeu d'évitement, s'était plu au Japon pendant son exil, en 2022. (Aflo/Presse Sports)

« Les joueurs sudistes ont compris qu'au Japon, le cadre de vie était très agréable, que la sécurité y était bonne, plus qu'en Afrique du Sud ou qu'en Nouvelle-Zélande, confirme Miyuki Fukumoto, ancienne traductrice franco-japonais au sein du RCT ou de la Fédération japonaise de rugby, désormais rédactrice pour la revue Rugby Magazine, au Japon. Aujourd'hui, ce qui attire en priorité les joueurs, c'est la sécurité. D'autant plus que beaucoup viennent lorsqu'ils ont la trentaine, avec leur famille et leurs enfants. Ils cherchent donc de la sécurité, du calme, un mode de vie agréable. »

L'avantage du rugby japonais réside aussi dans sa durée. S'étalant généralement sur cinq mois, de fin décembre (ou début janvier) à mai, la League One permet aux joueurs néo-zélandais de s'épanouir au sein d'un Championnat très court, et de revenir rapidement au pays après leur pige d'une saison. « De plus, au Japon, même quand ils jouent à l'extérieur, les joueurs rentrent plus tôt à la maison qu'en Super Rugby où ils se déplacent parfois jusqu'en Australie. C'est aussi plus proche pour eux d'aller au Japon qu'en France. »

Rapprochement Japon - Nouvelle-Zélande

Ces transferts, nombreux, sont la matérialisation d'une politique de développement du rugby japonais, menée depuis plusieurs années et concrétisée en 2019 avec l'organisation du Mondial. Preuve de ce processus, les fédérations néo-zélandaise et japonaise ont signé, en mai dernier, un contrat assurant que les All Blacks et les Brave Blossoms s'affronteront régulièrement entre 2024 et 2027. Des rencontres entre les deux nations se disputeront au Japon, d'après le protocole d'accord, qui inclut également des potentielles rencontres entre équipes du Super rugby et du Japon, ou des matches entre les sélections féminines.

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Les rugbys néo-zélandais et japonais se sont rapprochés ces dernières années. (Tadashi Miyamoto/Aflo/Presse Sports)

Autre exemple avec le rachat en novembre 2018 de Halo Sport Limited, agence basée en Nouvelle-Zélande qui gère des joueurs de rugby professionnels, par Dentsu, une des plus grosses sociétés japonaises de publicité et d'événements. « Cette acquisition facilite aujourd'hui le contact entre les clubs japonais et les joueurs néo-zélandais, commente Miyuki Fukumoto. Dentsu veut développer la marque ''All Blacks'' au Japon. À la section rugby de Dentsu, il y a également d'anciens rugbymen qui travaillent pour développer la popularité du rugby au Japon. »

Ralentir l'exode des joueurs néo-zélandais ?

L'afflux de joueurs All Blacks au Japon est d'ailleurs devenu si important que la fédération néo-zélandaise (NZRU) doit désormais s'y adapter. Si son modèle d'éligibilité prévoit que les joueurs évoluant à l'étranger ne peuvent pas être sélectionnés pendant la durée de leur contrat, des exceptions sont dorénavant mises en place. Ce fut le cas notamment pour le transfert d'Ardie Savea aux Kobelco Kobe Steelers. Le joueur, qui s'était réengagé en 2021 avec la NZRU pour quatre ans, a pu partir pour une pige rémunératrice dans le Championnat japonais grâce à une clause dans son contrat. Compromis devenu courant mis en place par la fédération kiwi pour éviter l'exode de ses joueurs en Europe, dans des Championnats plus puissants financièrement (Premiership, Top 14, United Rugby Championship).

Ce fonctionnement qui n'autorise aujourd'hui que les Néo-Zélandais évoluant au pays à être sélectionnés avec les All Blacks tend également à être discuté par les différents acteurs du rugby néo-zélandais. En janvier dernier, Richie Mo'unga s'était dit favorable à un changement des règles d'éligibilité. « La Nouvelle-Zélande va devoir s'adapter beaucoup plus rapidement, sinon vous allez voir des joueurs partir beaucoup plus tôt et ne pas pouvoir représenter leur pays. Nous avons vu un certain nombre de Néo-Zélandais venir au Japon, de plus en plus chaque année. Si la Nouvelle-Zélande ne s'adapte pas à cela tôt ou tard, je pense que le niveau du rugby néo-zélandais baissera. »

Ils ont joué (ou jouent encore) au Japon...
Jerry Collins (Yamaha Jubilo), Mils Muliaina (NTT-Docomo Red Hurricanes), Sonny Bill Williams (Sanyo Wild Knights), Ma'a Nonu (Ricoh Black Rams), Fourie du Preez (Suntory Sungoliath), Francois Louw (Kintetsu Liners), Sireli Bobo (NTT Docomo Red Hurricanes), Matt Giteau (Suntory Sungoliath), Dan Carter (Kobelco Steelers), Ryan Crotty (Kubota Spears), Sam Whitelock (Saitama Wild Knights), Bernard Foley (Kubota Spears), Michael Hooper (Toyota Verblitz), David Pocock (Saitama Wild Knights), Adam Ashley-Cooper (Kobelco Steelers), Schalk Burger (Suntory Sungoliath), Malcolm Marx (Kubota Spears), Marika Koroibete (Saitama Wild Knights), Lood de Jager (Saitama Wild Knights), Willie le Roux (Canon Eagles, Toyota Verblitz), Charles Piutau (Shizuoka Blue Revs) ...

 






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