Ernest Wallon Ernest Wallon !
Le stade mythique du mythique club de rugby de la ville rose s'est paré de rouge et noir alors que l'heure du match approche.
Çà et là, quelques taches de rose rappellent que la carte fidélité Flying Blue Air France donne des miles qui arrangent bien les bobos parisiens porteurs de l'American Express, ne sortez pas sans elle.
Dans un râle de jouissance sadique le bus toulousain s'avance, les joueurs en descendent. On s'arrache les tapes dans la main et les regards complices, surtout ceux d'Antoine Dupont que ceux qui ne lui ont jamais adressé la parole appellent Toto avec un air entendu.
Un quidam craque un fumi, vite alpagué par les personnels de sécurité qui lui en distribuent deux autres, histoire de faire moins chiche.
Un autre bus s'avance. Moins décoré, dégageant une impression de moindre puissance, avec un petit écriteau à lavant qui signale que les visiteurs honnis sont là. Quelques quolibets fusent. Les portes souvrent, laissant séchapper une fragrance si nette quelle en est reconnaissable : « Youhou Les Copines » de chez Orlando.
Mika Ivaldi s'avance en premier et se dirige vers la sécurité. Il tient un outil à la main. « Tenez mon brave, M. Mola pourrait en avoir à nouveau l'usage. » Interloqué le vigile regarde alternativement l'outil et Ivaldi. « On a trouvé ça dans le train d'atterrissage de notre avion, poursuit le talonneur en désignant la scie à métaux, un peu plus et il n'y avait pas de match. » « Contre vous il n'y a jamais match » rétorque le vigile patriote, avec un léger accent de Bamako. Les tribunes se remplissent vite. Apeuré, le Parigot passe des accords de non-agression avec Stadeli qui ne répond rien, non par arrogance mais parce quon ne parle pas la bouche pleine et que la sienne est pleine de magret. Symbole dun club au grand cœur, une tribune a été dédiée à une école pour dyslexiques dont les enfants scandent Lou-Tou-Zains ! Tou-Zain-Lou ! au son agreste des tambours taillés dans un bidon de glyphosate.
Dans les vestiaires les équipes se concentrent. Ugo Mola a laissé parler les leaders puis il prend à son tour la parole.4 « Net ! Carré ! Pression dès le coup d'envoi ! Pas de sortie de camp en touche tant qu'ils n'ont pas reculé dans leurs 22 ! »
Dans le vestiaire parisien la tension monte aussi : « huit horizontal, annonce Karim Ghezal, « rêve humide » en huit lettres commençant par F ? « J'ai fantaisie propose Segonds. » « Ca en fait neuf » « Ne me parlez pas de neuf, souffle Kockott » « Graou maigre, le fromage blanc c'est bon ! lâche NDiaye qui tente de détendre l'atmosphère » L'arbitre M. JauzionFritzMarchand tape à la porte. « Au jeu messieurs » « Encore cinq minutes, il ne nous reste que deux mots à trouver. « Soir de défaite, en sept lettres avec BR N EE. Je ne lai pas ! » 
