Les équipes quittèrent la minute d’applaudissements, dont les échos avaient dissimulé un instant les cris aigus des marchands de merguez situés aux abords du stade, marchands dont les étals mêlaient leurs fumées à celle des torches et fumigènes craqués par le bon peuple toulonnais au passage de leurs héros.
L’arbitre effectua les tests de communication usuels, sans succès. Un technicien de Canal Plus s’approcha du référé pour changer son appareil radio.
« C’est bizarre, vous avez déjà deux appareils »
« Nan, l’autre c’est la crosse de mon beretta, abruti de pinsutu ! »
« Vous venez armé ? » souffla le technicien avec un mouvement de la glotte qui trahissait son émoi.
« Les Auvergnhüs viennent bien avec Lavanini ! S’il pète un câble je l’allonge ! eh, oh, eh, ah, eh ajouta l’arbitre dont la langue maternelle était le corse et les cotes des bookmakers.
L’arbitre rajusta son short, vérifia que son arme était à la sécurité puis se tourna vers Paolo Garbisi qui patientait ballon en main.
« prêt le lucquois* ? » (*nom corse pour les Italiens qui ne sont pas nés dans le Var ; les envahisseurs de la Corse venaient pour une bonne part de la ville italienne de Lucques, dont le dérivé traduit en sicilien « Lucchese » a donné son nom à une des cinq familles new-yorkaises de Cosa Nostra.)
Un coup de sifflet, un coup de pied dévissé, sans doute à cause de la mouette ayant choisi l’œil de l’ouvreur comme cible de sa déjection. Mêlée au centre du terrain.
« Mêlée rouge, ordonne l’arbitre sans ciller. »
« Mais mais c’est eux qui ont botté en touche ! » hurle depuis le bord de touche un personnage haut en couleurs aux lunettes épaisses et au ventre digne d’un Parigot !
« Va plutôt te payer un soutien-gorge avec l’argent que rapporte ta femme quand elle fait le trottoir », répond l’arbitre qui a le sens de la répartie et un couteau long comme un aviron dans la main droite. (il fait sans doute référence aux pectoraux surdéveloppés de Christophe Urios, car c’est de lui qu’il s’agit.)
« Bon, on arrête de critiquer mon arbitrage, vous vous rapprochez, vous respectez les commandements et poussez après l’introduction du ballon ! Mais il est où votre numéro trois.
Une sorte de culbuto jaune se présente à ce moment à droite de la première ligne montferrandaise.
« Je suis là. Vous m’avez pas vu passque j’étais penché. Rabah Slimani, de Slimani immobilier. Vous rêvez d’air pur ? Je suis le roi du Sancy ! »
La suite après le match ! 