Vous connaissez la différence entre le mauvais et le bon chasseur ? Le mauvais chasseur, il voit quelque chose bouger dans un buisson et il tire. Alors que le bon, quand il voit quelque chose bouger dans un buisson, bah il tire aussi. Mais ce n'est pas pareil. Pourquoi se référer à un sketch culte des Inconnus en attaque de ce papier ? C'est une réflexion du manager toulonnais Pierre Mignoni, dans l'interview qu'il nous a accordée, qui nous y a incités.
Pour évoquer les rapports qu'entretient son club avec le Stade Toulousain, son prochain adversaire en quarts de finale de la Coupe des champions, dimanche prochain, le Pierrot de la rade disait notamment : « Il y a une forme de respect. Sur le terrain, on ne se fait pas de cadeau, mais on a un lien un peu différent. »
En caricaturant un poil, disons que le RCT aime cogner fort sur ses adversaires, surtout chez lui, à Mayol. Contre Toulouse, il aime aussi cogner fort, surtout chez lui, à Mayol. Mais ce n'est pas pareil. Dans ce dernier cas, il le fait sans animosité outrancière, avec ce respect que se vouent souvent les grands clubs qui n'ont pas toujours convoité les mêmes trophées au même moment.
C'est le paradoxe de cette rivalité. En plus de partager les mêmes couleurs rouges et noires, ce qui les rapproche forcément, le grand club du Sud-Est et le grand club du Sud-Ouest n'ont qu'assez rarement partagé le haut de l'affiche durant les mêmes périodes. En Championnat, il y a bien la deuxième moitié des années 1980, avec notamment ces deux finales remportées par Toulouse en 1985 (36-22, a.p.) et en 1989 (18-12), ou encore le début des années 2010, avec cette autre finale gagnée par le club haut-garonnais en 2012 (18-12). Mais ces ères de domination partagée n'ont pas duré suffisamment longtemps et créé assez d'étincelles pour pousser les deux clubs à ne plus se voir en peinture.
« C'est presque dommage de se rencontrer à ce niveau-là des quarts. Mais on sait à quoi s'attendre »
Ugo Mola, manageur de Toulouse
Même chose en Coupe d'Europe. Malgré leurs neuf sacres au total (6 pour Toulouse, 3 pour Toulon), ces deux poids lourds du continent ne se sont encore jamais affrontés en phase finale de cette épreuve qu'ils chérissent tant. Le duel de dimanche sera donc une première. « Jouer un quart de finale à Mayol, c'est d'abord une superbe fête du rugby, un duel entre deux grands clubs français et européens, observait dès dimanche soir Ugo Mola. Toulon a une équipe très compétitive. Pierre Mignoni fait du très bon boulot, c'est presque dommage de se rencontrer à ce niveau-là des quarts. Mais on sait à quoi s'attendre. On aura un gros challenge à relever, notamment dans le défi physique et collectif. »
Le manager toulousain ne dit pas forcément du bien de tous les entraîneurs qu'il croise. Mais avec Mignoni, le courant passe bien. Même la rocambolesque affaire du transfert de Melvyn Jaminet de Perpignan à Toulouse, en 2022, n'a pas abîmé les relations entre les deux clubs. À l'époque, l'actuel arrière du RCT s'était endetté à hauteur de 450 000 € pour racheter son contrat à l'USAP et signer à Toulouse. Une somme qui aurait dû lui être restituée plus tard par le Stade Toulousain et dont il n'a toujours pas vu la couleur aujourd'hui (dans cette histoire, le club haut-garonnais a dû récemment payer une amende d'1,3 M € à la LNR pour infraction au salary-cap).
« Je ne suis pas de ceux qui veulent la peau du Stade Toulousain et qui s'acharnent, nous disait lundi Mignoni. J'ai confiance en l'institution Stade Toulousain et dans les hommes qui la portent pour régler la situation de mon joueur (Jaminet). »