Posté 07 août 2024 - 10:16
Nouvel article du midol concernant l'affaire :
Cest ce mardi 6 août que la plaignante à lorigine des accusations de "viol aggravé" qui visent les joueurs du XV de France Oscar Jegou et Hugo Auradou, en Argentine, était entendue par la justice de Mendoza. Une audition en longueur, plus de deux heures, qui lui aura laissé le temps de reprendre en détail le récit quelle a fait de la nuit du 6 au 7 juillet 2024 au Diplomatic hôtel de Mendoza. Mais aussi de répondre aux avocats de la défense des deux Français et les contradictions quils opposent, parlant notamment de relations consenties, pointant des conversations a posteriori où elle disait simplement trouver Oscar Jegou "mignon" ou sétonnant quelle nait pas souhaité remettre son téléphone à la police
Me Romano (avocate de la plaignante) : "Le récit de ma cliente ne présente aucune fissure"
Que retenir de cette audition ? Si aucun élément concret na fuité en provenance du procureur, les avocats des deux parties ont en revanche eu loccasion de la commenter et détayer leur argumentaire, à la sortie du tribunal, presque six heures après y être entrés. Natacha Romano (avocate de la plaignante) en première, puis Rafael Cuneo Libarona ensuite (avocat dOscar Jegou et Hugo Auradou). Une passe darmes riche en enseignements.
La première à sexprimer devant la presse fut donc Natacha Romano, avocate de la plaignante. "Ma cliente, qui est aussi la victime, est toujours restée en contrôle. Les questions de la défense, elles, ont été très brèves, du fait que le récit de ma cliente ne présente aucune fissure." Questionnée sur les éventuelles évolutions des déclarations de la plaignante, lavocate a simplement évoqué "quil sagissait surtout de clarifications nécessaires. La partie de la défense a quant à elle essayé dapporter quelques contradictions, mais notre récit est resté clair et concret."
Des messages audios par Whatsapp qui sèment le trouble
Il y a quelques jours est toutefois apparu, dans lenquête, que des messages audios envoyés via le service de messagerie Whatsapp avaient été échangés entre la plaignante et une amie. Des échanges au cours desquels elle lui disait quelle avait effectivement été avec Oscar Jegou cette nuit-là et quelle le trouvait "mignon". Ces messages ne mentionnaient toutefois à aucun moment des faits dabus sexuels. Cest pourtant cette amie qui lui aurait conseillé de porter plainte auprès du tribunal de Mendoza.
Après un mois denquête, ces échanges jettent le trouble sur les premières déclarations de la plaignante. Interrogée à ce sujet à sa sortie du tribunal, lavocate Natacha Romano a dabord confirmé lexistence de ces messages. Avant de compléter : "Ils lui ont fait écouter ces audios, un moment de re-victimisation très dur pour elle. Mais elle a pu les expliquer un par un, avec beaucoup de calme. [] Malgré tout, elle est très fatiguée et très angoissée. Elle est sous traitement psychologique et psychiatrique permanent. Quatre professionnels lassistent."
La plaignante a-t-elle refusé de remettre son téléphone à la police ?
Autre information importante fournie par lavocat de la défense, et toujours concernant la téléphonie : selon Rafael Cuneo Libarona, la plaignante naurait pas remis son téléphone à lexpert mandaté par la police de Mendoza. "Elle ne veut pas le donner, sous prétexte quelle y a ses communications. Cest un élément de plus en notre faveur", a déclaré Libarona à ce sujet.
Vers une nouvelle demande de remise en liberté ?
Alors quOscar Jegou et Hugo Auradou sont toujours assignés à résidence et sous contrôle judiciaire dans une villa de Mendoza, ils seront entendus à leur tour par la justice Argentine ce jeudi 8 août. Ils pourront alors présenter leur version des faits, laquelle, selon les dires de leurs avocats Me Cuneo Libarona (en Argentine) et Me Vey (en France), est bien éloignée des accusations : "Pour le moment, rien ne permet de présager de leur culpabilité".
Mais une autre échéance proche pourrait leur redonner espoir : toujours selon Natacha Romano, la défense va avoir loccasion de formuler une nouvelle demande de remise en liberté des deux joueurs. Le bureau du procureur de Mendoza devra alors trancher pour savoir sil maintient Jegou et Auradou en détention provisoire sous le régime du contrôle judiciaire, ou sil les autorise à quitter le territoire argentin. "La défense demandera certainement la libération, mais cela ne signifie pas quils ne continueront pas à être inculpés", rétorque encore Natacha Romano. Avant de sy opposer. "La chose raisonnable à faire, compte tenu du risque de fuite, est quils restent dans notre pays."
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Sils venaient effectivement à être soulagés de leur contrôle judiciaire et quils pouvaient rentrer en France, la nouvelle serait un coup de tonnerre dans cette affaire et une nouvelle "victoire" importante pour les deux jeunes Français.
Rafael Cuneo Libarona (avocat des joueurs) : "La plaignante a modifié son récit"
Ces faits, lavocat argentin dOscar Jegou et Hugo Auradou sen sont évidemment servis, lui aussi au terme de cette journée daudition et devant la presse argentine qui lattendait. Sur un ton particulièrement énergique et offensif, parlant en second après sa consur de laccusation, Rafael Cuneo Libarona a également livré une analyse clairement opposée de la situation. "Aujourdhui, linnocence des deux rugbymen a été prouvée", a-t-il lâché demblée. Avant de développer, notamment sur des versions différentes quauraient utilisées la plaignante et "des contradictions notables dans son récit". "Lorsque le bureau du procureur a constaté ces contradictions entre sa première déclaration et cette dernière, la plaignante a modifié son récit."
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Toujours confiant dans ses déclarations et son attitude, Rafael Cuneo a finalement conclu son intervention devant la presse en se projetant sur la journée de jeudi qui sannonce à nouveau décisive, puisque ce seront à Oscar Jegou et Hugo Auradou dêtre entendus par la justice argentine.
"Les accusés vont répondre à toutes les questions qui leur seront posées par laccusation, la plaignante et nous-mêmes, leurs défenseurs. Ils nont rien à cacher. Dailleurs, noubliez pas que ce sont eux qui ont demandé à être entendus, il y a dix jours. Ils devaient témoigner aujourdhui (mardi), mais nous avons laissé la place à la plaignante parce que nous ne voulions pas lui laisser loccasion de donner encore une nouvelle version des faits. [] Pour le public français, jespère quils seront bientôt en France, que la France saura, que le rugby français saura que leur honneur nest pas entaché. Jespère quils joueront au rugby le plus tôt possible. Jai confiance en leur innocence et jen suis absolument convaincu."