Lettre à M. Vulcain,
Président du forum
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait sur votre forum, à moi l’apatride rugbystique, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?
Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Mais quelle tache de boue sur votre nom — j’allais dire sur votre règne — que cette abominable affaire Aymeric ! Un conseil de la modération vient, par ordre, d’oser refuser de suspendre sa peine, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, le forum des cybervulcans a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.
Et c’est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d’honnête homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le primus inter pares du forum ?
La vérité d’abord sur le procès et sur la condamnation d’Aymeric.
Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c’est le modérateur Frednirom. Il est l’affaire Aymeric tout entière ; on ne la connaîtra que lorsqu’une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsabilités. Il apparaît comme l’esprit le plus fumeux, le plus compliqué, hanté d’intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons, les papiers volés, les lettres anonymes, le pipi, les rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystérieuses qui colportent, de nuit, des preuves accablantes. C’est lui qui imagina de dicter son message à Aymeric ; c’est lui qui rêva de l’étudier dans une pièce entièrement revêtue de glaces ; c’est lui qu’on nous représente armé d’une lanterne sourde, voulant se faire introduire près de l’accusé endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime, dans l’émoi du réveil. Et je n’ai pas à tout dire, qu’on cherche, on trouvera. Je déclare simplement que le modérateur Frednirom, chargé d’instruire l’affaire Aymeric est, dans l’ordre des dates et des responsabilités, le premier coupable de l’effroyable erreur judiciaire qui a été commise.
Ah ! cette première affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais ! Le modérateur Frednirom suspend Aymeric, le met au secret. Pendant ce temps, le malheureux s’arrachait la chair, hurlait son innocence. Et l’instruction a été faite ainsi, comme dans une chronique du XVe siècle, au milieu du mystère, avec une complication d’expédients farouches, tout cela basé sur une seule charge enfantine, ce message imbécile, inopportunément envoyé en pleine période de Coupe du Monde.
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse le modérateur Frednirom d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis neuf mois, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse l’administrateur F@b de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.
J’accuse le sous-modérateur Bad Zé d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence d’Aymeric et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver la modération compromise.
J’accuse les modos Darkminimouf et JB03 de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par haine viscérale des anglais, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la modération l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse Gourine d’avoir, depuis quelques temps et de manière persistante, oeuvré sciemment à semer les graines de la discorde sur le forum, en propageant fausses informations sur le club et attaques personnelles contre Christophe Urios, même si cela, et j’en conviens aisément, n’a que peu à voir avec l’affaire qui nous préoccupe aujourd’hui.
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup de la charte du forum, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.
Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus et, à part pour ce qui est de Gourine, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me bannir et que l’enquête ait lieu au grand jour !
J’attends.