Comment le Stade Toulousain peut-il retrouver la maîtrise de la saison passée ?
Je crois que dans la vie, quand tu cours après ce qui est passé, c’est rare que tu le rattrapes. Donc peut-être en se focalisant plus sur l’avenir que sur le passé, mais je ne pense pas que ça soit notre problème. Il faut parler de la performance du Stade Toulousain, mais aussi de celle des adversaires que l’on a eus, à savoir Bordeaux et Castres qui, avec deux profils différents, ont su trouver des parades. Et nous, la grosse différence, ou en tout cas la grosse voie de progrès, c’est d’être en mesure de s’adapter.
C’est-à-dire ?
Si on doit se référer à notre passé, c’est qu’on était peut-être un peu plus en mesure de nous adapter à des circonstances de match, à de l’arbitrage, à un adversaire, à des conditions. Et de gagner peut-être un peu plus en sérénité et en enthousiasme autour de ça. Mais notre leitmotiv, en tout cas les piliers de la construction de notre groupe depuis quelques années, c’est malgré tout quand même, en un, de s’adapter. Et évidemment de prendre des initiatives, d’être audacieux et de tenter les choses. Mais en premier, c’est d’être en mesure de s’adapter aux conditions, à la météo, à notre adversaire, à l’arbitrage. On a tous vu que ça posait des problèmes ici ou là et qu’il faut être en mesure de vite s’adapter plutôt que de râler après parce que c’est trop tard (rires). Donc le but, c’est quand même de s’adapter en cours de jeu.
Vous aviez dit après la défaite face l’UBB que cette défaite n’était pas faite pour vous déplaire. Celle contre Castres vous dérange-t-elle un peu plus ?
Qu’elle dérange Ugo Mola, à la limite, je vais régler ça avec moi-même. Je n’ai pas le problème que l’on avait vécu peut-être après les titres en 2019 ou en 2021 où on a eu du mal à réamorcer une forme de continuité dans notre rugby, une forme d’intensité, d’enthousiasme. Déjà, je me dis qu’on a un peu gagné sur ce terrain-là. Mais il faut aussi accepter que les autres équipes travaillent bien. Et la différence peut-être entre les deux matchs, c’est que je pense que les 50 premières minutes, ou en tout cas les 47 premières minutes à Castres, sont réalisées pour gagner à l’extérieur. En tout cas, tu as mis les ingrédients pour rivaliser avec une équipe que l’on sait tous être redoutable. La seule chose quand je vous parlais de l’adaptation, la seule chose, c’est qu’il a manqué ce petit brin d’adaptation malgré un secteur (la mêlée, NDLR) encore une fois déficient. Mais le rugby est fait de secteurs déficients. C’est rare d’avoir un jour tous les secteurs – ta touche, ta mêlée, tes ballons portés, ta défense, ton jeu offensif – avec les baromètres en haut. Il y a toujours un secteur déficient. Mais le problème, c’est peut-être que dans un passé proche, encore une fois, on arrivait à s’adapter beaucoup plus vite et à rectifier le tir. Là, ça n’a malheureusement pas été le cas.
Pourquoi ?
J’insiste : la pression qu’a été capable de nous mettre Castres tout autour de ce secteur-là nous a privés de ballons pendant quasiment 20-25 minutes. Et nous, sans ballons, comme les autres, on devient ordinaire. C’est ce que je voulais dire la dernière fois. Et après, de manière plus globale, redémarrer une nouvelle aventure sur la saison 2024/2025 et ne pas rester sur les standards qui étaient les nôtres, parce qu’évidemment, tout le monde nous a vus battre le Leinster, Bordeaux avec une victoire très certainement historique, mais une fois que tu as dit ça, si tu restes là-dessus, tu restes scotché, tu te racontes des histoires et tu te berces d’illusions. Et il ne faut donc surtout pas rester scotchés sur ça. Mais je ne pense pas que ce soit le cas.
Quel constat faites-vous ?
Je pense qu’on a un peu de mal à se retrouver et à remettre de l’enthousiasme. Mais les standards, en tout cas, purement basiques du rugby et les mesures que l’on peut avoir aujourd’hui, et vous savez qu’on en est fardés, nous montrent qu’on n’est pas non plus trop largués. Mais évidemment, après deux défaites au Stade Toulousain, ce n’est pas normal de se retrouver dans une situation inconfortable. Mais on va essayer de tout faire pour endiguer tout ça.
Rodrigue Neti disait samedi dernier que la semaine de Castres avait été un petit peu tendue. Comment s’est passée la préparation de Clermont ?
(Sourire) Personne n’aime perdre. Sur les 15 derniers matchs si on prend la saison dernière, je crois qu’on était à deux défaites. Forcément, quand tu en fais deux sur cinq, tu as déjà usé ton quota. Le niveau de tension n’est pas mis que par le staff. C’est aussi ce qu’on est capable de se générer à l’intérieur de notre groupe, qui est assez lucide. Les victoires sont souvent mensongères mais les défaites sont aussi riches d’enseignements, de choses que l’on a peut-être sous-estimées un temps.
De quoi avez-vous besoin ?
De contenu. Je n’étais pas forcément satisfait des trois premières victoires, même si comptablement, elles étaient intéressantes. Il n’empêche que le contenu est notre juge de paix. Et si notre contenu n’est pas à la hauteur de ce que nous avons décidé de mettre, souvent le résultat ne colle pas à ça. On a vraiment la conviction que, plus on monte notre niveau de contenu, plus on a des résultats associés. Ça, c’est une évidence donc à nous de remonter le contenu, et à nous d’agir là où on a des leviers, de ne pas se préoccuper de ce qui peut se passer à droite, à gauche, de nos adversaires… Et encore une fois, je le redis, le rugby français a la chance d’avoir plein d’endroits, plein de clubs, plein de staffs, qui bossent très très bien avec des effectifs garnis. On a un peu récolté tous les titres ces cinq dernières saisons, et donc forcément, quand tu entrouvres la porte, tout le monde va y mettre le pied pour s’y engouffrer. On l’a un peu entrouverte, à nous de la refermer assez vite.