De son manager Ugo Mola au diffuseur du rugby historique du Top 14, Canal +, en passant par des supporters rouge et noir qui aimeraient bien en profiter un peu avant de le voir repartir (déjà !) dans quinze jours en équipe de France, tout le monde se réjouit de ce come-back. « Il fait tellement de bien au rugby, il est presque un porte-parole pour nous tous et on ne peut que lui dire merci pour tout ce qu'il fait », saluait cette semaine son coéquipier Dimitri Delibes, au milieu du concert de louanges.
De Mendoza à Dias Beach, en attendant les derniers coups bas de la campagne à la présidence de la FFR, le rugby français s'est fait tellement de mal ces derniers mois qu'il ne peut que se réjouir du retour de sa superstar. Le phénomène n'est pas que médiatique, il est aussi physique. Après dix semaines de vacances à la suite du sacre olympique à 7, Dupont, de retour à l'entraînement collectif lundi, est déjà prêt à jouer.
« La passion pour ce jeu est toujours là, tout le temps, quel que soit le niveau des joueurs autour de lui »
Paul Pimienta, centre ou ailier de Brive et ami d'enfance de Dupont
Malgré toutes les sollicitations estivales qui se sont conclues par un road-trip aux États-Unis, puis une annonce locative de sa maison familiale de Castelnau-Magnoac dont il a assuré lui-même la promotion, le demi de mêlée a visiblement conservé un état de forme optimal. « Antoine et sa bande, ce sont des garçons qui gèrent plutôt bien les à-côtés, qui ne se polluent pas, ou en tout cas peu, avec les sollicitations extérieures, assure Ugo Mola. Ils restent des garçons passionnés par leur sport. » Le troisième-ligne Anthony Jelonch, qui appartient à la fameuse bande, assure avoir retrouvé son pote comme il l'avait quitté fin juin, après la finale à sens unique remportée par Toulouse face à l'UBB (59-3), un soir de récital parmi d'autres d'Antoine Dupont.
Les mois qui arrivent permettront de poser, ou non, la question d'une trop grande dispersion hors rugby d'un joueur devenu très bankable. Dans son entourage, aucune inquiétude là-dessus, tant Dupont semble d'abord concentré sur sa réussite sportive et aurait gardé intact son plaisir de jouer. « Il a cette faculté à être toujours présent dans les grands événements. On le voit de plus en plus sur des plateaux de télévision et des pubs, mais sans perdre son influx, salue l'ancien deuxième-ligne Yoann Maestri, avec lequel Dupont a passé une partie de ses vacances d'août, dans le sud de la France. Avec nous, Il a profité des copains tout en étant pointilleux sur la préparation physique et la nutrition. Il se met lui-même beaucoup de pression, sait qu'on parle beaucoup de lui, que son retour va être commenté, mais il est très bien câblé et bien entouré. Et je peux vous garantir qu'il est en forme, il m'a amené deux-trois fois faire du sport, il m'a carbonisé ! Même sur un toucher contre les juniors de Carqueiranne, il n'a pas voulu perdre. Il était rageux, à deux doigts d'en plaquer certains. (rires) »
Après dix semaines de vacances à la suite du sacre olympique à 7, Dupont, de retour à l'entraînement collectif lundi, est déjà prêt à jouer. ajoute Paul Pimienta, centre ou ailier de Brive et ami d'enfance de Dupont, qui l'a accompagné aux États-Unis quelques jours fin septembre. Il a une lucidité incroyable, malgré la dimension qu'il prend. On est nombreux autour de lui à se demander comment on pourrait gérer tout ça. Chez lui, ce n'est pas un problème. Les sollicitations extérieures, il voit ça comme une opportunité de faire de nouvelles choses, sans faire n'importe quoi non plus. Il rencontre de nouvelles personnes, de nouveaux milieux, ça lui permet de s'ouvrir un peu au-delà du rugby. Et il arrive parfaitement à le concilier avec sa vie de sportif de haut niveau. Aux États-Unis, on passait à la muscu le matin, puis il faisait un toucher avec les mecs du coin. La passion pour ce jeu est toujours là, tout le temps, quel que soit le niveau des joueurs autour de lui. Ça non plus, ça n'a pas changé. Après, s'il faut, il change un peu les règles pour être sûr de gagner, ce qu'il aime bien aussi. (sourire) »
Le rugby à 7 lui a permis de casser la routine et les cadences du quinziste international (52 sélections), mais certainement pas la construction d'un palmarès déjà colossal : quadruple champion de France (2019, 2021, 2023, 2024), double champion d'Europe (2021, 2024), vainqueur du Tournoi des Six Nations en 2022 et donc désormais champion olympique à 7. En club, pour aiguiser son appétit à court terme, les challenges ne manquent pas.
Soyons fous : s'il gagne encore le Top 14 et la Coupe d'Europe cette saison - un double doublé qui serait inédit, mais dont l'ambition ne semble pas démesurée pour ce Toulouse-là - Dupont, bientôt 28 ans (il les fêtera le 15 novembre), dépasserait par exemple son entraîneur des trois-quarts Clément Poitrenaud, vainqueur de quatre Championnats et trois Coupes d'Europe.
Son histoire avec le XV de France, interrompue il y a un an pour la grande cause olympique et une oxygénation définitivement bienfaitrice, reprendra en novembre. Avec comme seul point d'interrogation ou presque son statut de capitaine après l'intérim en son absence d'un autre ami de longue date, Grégory Alldritt, alors qu'à Toulouse, la question ne s'est pas posée et le capitanat lui a été laissé.
Évidemment, plus loin dans son viseur, il y a la Coupe du monde 2027 en Australie, pour décrocher le seul trophée majeur qui lui manque. Son retour ce soir coïncide d'ailleurs, presque jour pour jour à ce quart de finale perdu il y a un an, face à l'Afrique du Sud au Stade de France (28-29, le 15 octobre). Le seul gros échec d'une carrière dont on hâte de lire les prochains chapitres.